sous la direction de David Camroux et J.L. Domenach, Seuil, 1997, 348 p., octobre 1997
L’asiatisme indien au service d’un nationalisme anticolonial
Au-delà du cliché qui présente traditionnellement l’Asie comme une réalité géopolitique et culturelle, l’intensification récente des flux économiques régionaux, les conditions politiques nouvelles de l’après-guerre froide et les succès qui en ont découlé ont fait émerger la question nouvelle de l’identité régionale de l’Asie. L’« asiatisme » existe-t-il ? C’est à cette question que les auteurs tentent de répondre en analysant idéologie, doctrine, stratégie économique ou politique, réalités régionales et en étudiant les positions et poids relatifs des pays d’Asie, dont émergent les trois grands : Chine, Inde et Japon qui sont les seuls susceptibles d’exister par eux-mêmes sur la scène mondiale.
L’existence de « valeurs asiatiques » apparaît comme l’argument majeur des triomphes économiques. Le développement de ces valeurs morales liées au confucianisme et à l’islam expliquerait à lui seul l’ascension de l’Asie, l’Occident étant a contrario en déclin voire en décadence par abandon de ces valeurs.
La relation du Japon à l’Asie est ambiguë et complexe. L’ordre japonais, inégalitaire par essence, confère au Japon-père l’autorité sur ses « enfants asiatiques ». L’« asiatisme » est, pour le Japon, avant tout, une manière de se définir lui-même face aux Occidentaux. La Chine, elle, développe tout autant que les autres un « asiatisme » intéressé pour renforcer son poids politique à l’intérieur du pays mais aussi sur la scène internationale. Cela ne l’empêche pas d’éprouver des difficultés rémanentes pour comprendre ses deux grands voisins : le Japon pour son choix de l’occidentalisation et pour la réussite de sa transformation économique, l’Inde parce qu’elle a choisi la voie démocratique sans s’effondrer. L’autosuffisance et un extraordinaire mépris pour les voisins asiatiques restent des facteurs dominants du comportement chinois. Quant à la sensibilité asiatiste de l’Inde, elle se manifeste avant l’heure, dans les années 1930, par le biais de certains porte-parole du mouvement nationaliste indien. Cela ne l’empêche pas de devenir isolationniste, et de se tourner vers l’URSS dans les années 1950. Le retournement dans les années 1990 vers sa sensibilité « asiatiste » répond davantage à une logique économique mais aussi à une dimension nationaliste et anti-occidentale, qui va de pair avec l’essor du militantisme hindou. L’Inde (isolationniste) s’ouvre d’autant plus à l’Asie orientale qu’elle peut y voir une extension de sa propre civilisation.
Si l’islam a contribué à tourner l’Inde vers les pays arabes et le golfe Persique, tendance renforcée dans le passé par différents mouvements de soutien au monde musulman (mouvement du Califat, participation de l’Inde à la Conférence islamique et prises de position en faveur de l’O.L.P.), et aujourd’hui par une présence (1/4 de la population avant 1947) de 100 millions de musulmans (soit 12 % de la population) sur son territoire, l’Inde a irrigué l’Asie orientale par son grand rayonnement culturel (essor du bouddhisme et de l’hindouisme).
Comprendre les rapport de l’Inde à l’Asie, c’est d’abord comprendre les lignes de force de son nationalisme. Le mouvement nationaliste aux sensibilités religieuses plurielles (hindou, musulman ou sikh) procède au XIXème siècle d’une même réaction provoquée par la pénétration occidentale : reconnaissance de la supériorité du colonisateur et zèle réformateur, puis attachement à montrer la grande valeur des traditions indiennes, explique Christophe Jaffrelot, dans son chapitre sur « l’Inde et l’asiatisme ». Gandhi ne cherche pas à lier le combat de l’Inde contre le matérialisme occidental à d’autres cultures d’Asie orientale, mais codifie ainsi une forme de nationalisme qui prépare le terrain d’un asiatisme opposant l’Occident et les valeurs de l’Asie, formule dont Nehru sera le principal porte-parole.
L’asiatisme indien au service d’un nationalisme anticolonial
L’Inde et la Chine ont en commun leur résistance aux influences occidentales, ainsi qu’une philosophie de la vie qui les distingue de l’Occident matérialiste : l’individu se concentre moins sur lui-même et davantage sur les autres. Le bouddhisme constitue la pièce maîtresse du transfert culturel qui, à travers la promotion d’une identité asiatique, permet de chanter la gloire de l’Inde. Nehru, admirateur de la Chine, était très critique envers le Japon dont le shintoïsme est une religion propre à légitimer la hiérarchie sociale et l’obéissance aveugle aux prêtres, alors que le Bouddha, lui, était un révolté. Pour Nehru, les Japonais ont une rare capacité au repli sur soi. Ayant emprunté sa civilisation à la Chine, le Japon peut donc la remplacer plus facilement. L’occidentalisation du Japon est en partie à l’origine de son expansionnisme.
Pour l’auteur, le discours de Nehru sur la Chine et le Japon annonce les lignes de force de l’asiatisme tel que défini aujourd’hui : effort de rapprochement avec des pays proclamés de même culture, élaboration d’une identité commune face à l’Occident. Gandhi, lui, ne donnait pas de dimension asiatique à son antioccidentalisme. Il y a eu certains échos dans le milieu nationaliste hindou dont l’idéologie a toujours considéré comme hindoues les religions apparues sur le sol de l’Inde. Les appels de Shyam Prasad Mookerji (fondateur du parti nationaliste hindou) au rapprochement des nations d’Asie, sous la houlette de l’Inde, étaient dirigés contre l’Occident.
En mars 1947, l’Inde se pose en leader de la marche de l’Asie vers l’indépendance et confirme cette ambition lors de la Conférence spéciale sur l’Indonésie qu’elle organise en janvier 1949, réunissant 15 pays. Lors de la conférence de Bandung en 1955, Nehru voit en la Chine un partenaire asiatique mais aussi un modèle économique (coopératives agricoles). New Delhi, qui a reconnu la République populaire de Chine dès janvier 1950, milite pour son intégration à l’ONU et défend la thèse de l’unité de la Chine contre Taiwan. L’effort de rapprochement avec la Chine culmine avec la reconnaissance par l’Inde, en juin 1954, de la souveraineté chinoise sur le Tibet. Cette attitude conciliante de Nehru s’explique par l’alliance sino-soviétique qui aurait rejeté l’Inde vers les Etats-Unis en cas de conflit entre Delhi et Pékin. Or les Etats-Unis sont plus proches du Pakistan que de l’Inde. Et l’Inde est attachée au non-alignement. Elle doit donc établir des garde-fous en amenant la Chine à « se comporter en gentleman ». Nehru pense que, par ses affinités culturelles, les deux pays peuvent servir d’axe à la structuration de l’Asie, face à l’Occident.
Géostratégie avant asiatisme
L’intérêt indien pour la Chine et pour l’Asie se trouve rapidement hypothéqué par la rivalité opposant Pékin et New Delhi pour le leadership asiatique (déjà perceptible à Bandung). L’invasion du Tibet en 1959 et la guerre sino-indienne de 1962 le confirment. Une configuration géostratégique tend à couper l’Inde de l’Asie et à renforcer ses liens avec l’URSS : menace chinoise, insertion du Pakistan dans des alliances militaires d’inspiration occidentale (le Pakistan devient membre de l’OTASE9 en sept. 1954) et rapprochement du frère ennemi pakistanais avec Pékin.
L’influence de la Chine dans cette zone amène les pays de la région sauf la Malaisie à ne pas soutenir l’Inde lors de la guerre de 1962. Dans le cadre de la guerre froide, l’Indonésie fut la seule nation, avant que le Vietnam bascule, à ne pas rejoindre le camp occidental dont l’Inde s’était résolument éloignée après le traité d’amitié signé avec les Soviétiques en 1971. Or l’Indonésie s’était rapprochée du Pakistan à la fin du règne de Sukarno, au point d’apporter son soutien à ce pays lors de la guerre qui l’opposa à l’Inde en 1965.
À sa formation en 1967, l’ASEAN est ouverte à un rapprochement avec l’Inde, mais cette dernière reste indifférente, voire hostile, envers une organisation en qui elle voit un cheval de Troie de l’Occident. Puis sa position se complique : en 1980 elle s’apprête à reconnaître le gouvernement de Heng Samrin. Cette décision, motivée par le souci de renforcer le Vietnam face à la Chine, lui aliène durablement les gouvernements d’Asie du Sud-Est.
À sa formation en 1967, l’ASEAN est ouverte à un rapprochement avec l’Inde, mais cette dernière reste indifférente, voire hostile, envers une organisation en qui elle voit un cheval de Troie de l’Occident. Puis sa position se complique : en 1980 elle s’apprête à reconnaître le gouvernement de Heng Samrin. Cette décision, motivée par le souci de renforcer le Vietnam face à la Chine, lui aliène durablement les gouvernements d’Asie du Sud-Est.
L’Inde, coupée non seulement de la Chine mais aussi du reste de l’Asie orientale, s’est tournée vers l’URSS. Mais avec l’effondrement du bloc de l’Est, elle est obligée de redéployer sa politique extérieure car l’Asie apparaît désormais comme un modèle de réussite. La crise des paiements de juillet 1991 exerce un effet de catalyse dans sa décision de s’ouvrir au marché mondial.
La nécessité de se tourner vers l’Est
L’Inde se tourne vers le « modèle asiatique » et pense qu’il peut y avoir « un miracle indien », son souci étant la recherche d’un rapprochement avec l’Asie de l’Est et du Sud-Est à travers les organisations de coopération économique régionale et les investissements extérieurs d’une part et l’imitation des méthodes mises en œuvre par les pays d’Asie orientale d’autre part.
L’auteur explique comment l’adhésion à l’ASEAN est au cœur de la nouvelle stratégie de l’Inde. Une telle intégration ferait plus qu’accompagner la politique de libéralisation économique amorcée en 1991, faciliterait le commerce avec les pays d’Asie du Sud-Est et donnerait confiance aux investisseurs. En revanche, les réserves de l’ASEAN à cette intégration viennent d’une certaine volonté de faire payer à New Delhi son soutien au régime de Heng Sarim et d’une certitude que si l’Inde adhère, le Pakistan suivra et que cela aura pour conséquence un effet déstabilisateur des tensions entre les deux pays. En décembre 1995, lors du cinquième sommet de l’ASEAN, au grand dam de la Chine et de la Russie, l’Inde s’est vu reconnaître le statut de full dialogue partner. Par ailleurs, New Delhi a posé sa candidature à l’APEC mais sans succès. L’Inde, soucieuse de s’intégrer à une zone de coopération économique régionale et cherchant à intensifier ses relations économiques bilatérales avec les pays d’Asie orientale, a lancé l’idée d’une zone « Océan Indien » de l’Afrique du Sud à l’Australie en passant par l’Asie du Sud.
Les efforts de l’Inde pour se rapprocher des pays d’Asie du Sud-Est s’illustrent par de nombreuses visites diplomatiques effectuées chez ses voisins dans les années 1990 et qui se sont concrétisés par des coopérations diverses : Singapour a investi 1 milliard USD entre 1992 et 1995 et récemment, un accord de coopération militaire lui permet de tester certains missiles grâce à des installations indiennes. Alors que, peu de temps avant, Singapour considérait la marine indienne comme une menace. En Malaisie, un accord de coopération militaire a été conclu pour la formation des pilotes de MIG 29.
Le facteur culturel des valeurs asiatiques est mis en avant pour attirer les investisseurs d’Asie orientale. L’exploitation économique du bouddhisme se développe : restes de figuier, objet de culte, avec temples financés par le Japon, la Corée du Sud, et la Thaïlande et financement japonais pour le développement d’infrastructure touristique autour des « circuits bouddhiques ». Cet usage du bouddhisme peut prêter à sourire, d’autant plus qu’une fois sur place les pèlerins d’Asie orientale fraternisent peu avec les Indiens.
Les résultats des efforts indiens pour attirer les capitaux d’Asie orientale ne sont pas négligeables : Suzuki fonde une joint venture dans le secteur automobile : Maruti (1983). Sony, chose rare, possède une filiale indienne à 100 %. Cependant, les PME japonaises hésitent à s’aventurer sur le marché indien faute de pouvoir, en cas d’échec, retirer leur investissement aussi facilement que dans d’autres pays et s’inquiètent du maintien des restrictions bureaucratiques et des hypothèques qui pèsent sur l’approfondissement de la libéralisation économique. De tous les pourvoyeurs d’aide, le Japon est celui qui a le plus donné à l’Inde : 3,3 milliards USD entre 1992 et 1994. Samsung s’apprêterait à investir un milliard USD sur 10 ans, et Daewoo 152 millions USD dans une usine fabriquant des équipements pour le port de Bombay. Daewoo a décidé de transférer une partie de son budget chinois vers l’Inde parce que la liberté d’investissement, dit-on, y est plus grande. En 1995 a eu lieu le festival de l’Inde en Thaïlande « pour renforcer la synthèse culturelle qui a existé entre les deux pays au cours des siècles ». Il est trop tôt pour dire si l’intégration de l’Inde dans une zone économique Asie-Pacifique se poursuivra, mais une telle évolution a été amorcée.
Les résultats des efforts indiens pour attirer les capitaux d’Asie orientale ne sont pas négligeables : Suzuki fonde une joint venture dans le secteur automobile : Maruti (1983). Sony, chose rare, possède une filiale indienne à 100 %. Cependant, les PME japonaises hésitent à s’aventurer sur le marché indien faute de pouvoir, en cas d’échec, retirer leur investissement aussi facilement que dans d’autres pays et s’inquiètent du maintien des restrictions bureaucratiques et des hypothèques qui pèsent sur l’approfondissement de la libéralisation économique. De tous les pourvoyeurs d’aide, le Japon est celui qui a le plus donné à l’Inde : 3,3 milliards USD entre 1992 et 1994. Samsung s’apprêterait à investir un milliard USD sur 10 ans, et Daewoo 152 millions USD dans une usine fabriquant des équipements pour le port de Bombay. Daewoo a décidé de transférer une partie de son budget chinois vers l’Inde parce que la liberté d’investissement, dit-on, y est plus grande. En 1995 a eu lieu le festival de l’Inde en Thaïlande « pour renforcer la synthèse culturelle qui a existé entre les deux pays au cours des siècles ». Il est trop tôt pour dire si l’intégration de l’Inde dans une zone économique Asie-Pacifique se poursuivra, mais une telle évolution a été amorcée.
Une asiatisation « japonisée »
Depuis quelques années, le pays redécouvre le capitalisme dans le cadre de la libéralisation économique. Les grandes firmes indiennes, de plus en plus soumises à la concurrence, se montrent soucieuses d’importer des techniques japonaises de management. Cette nippophilie, nippophobie du temps de Nehru, s’explique en partie parce que l’Inde cherche un modèle de capitalisme qui ne soit pas purement occidental.
L’asiatisme de l’Inde, dont la nippophilie représente la partie la plus visible, constitue un détour tactique pour se régénérer aux sources de sa propre culture, analyse l’auteur. Le Japon a réussi à orienter les sources de sa cohésion sociale vers la réussite économique. Les Japonais ont étudié la civilisation indienne et assimilé ses valeurs. : imiter le Japon, c’est se retrouver soi-même.
Mais cet asiatisme a des limites : l’Inde se conçoit volontiers comme le centre de rayonnement de la culture asiatique en raison de l’ancienneté de sa civilisation et du fait que le bouddhisme est apparu sur son sol. Cette tendance ambivalente va de pair avec la montée en puissance du nationalisme hindou.
Asiatisme et nationalisme hindou
La guerre sino-indienne (1962) a exacerbé l’hostilité des nationalistes hindous envers la Chine communiste. Et les Chinois ont cependant toujours considéré le bouddhisme comme une des grandes religions de l’Inde. Si de nombreux idéologues nationalistes hindous déploraient que le bouddhisme ait introduit en Inde une spiritualité individualiste à l’origine d’une dissolution du lien social, en 1956, lorsque le leader intouchable B.R. Ambedkar décida de se convertir au bouddhisme pour se soustraire au système des castes et que des centaines de milliers d’intouchables l’imitèrent, les nationalistes hindous furent satisfaits de ce choix parce qu’il portait sur une religion de l’Inde.
La classe moyenne supérieure, base électorale urbaine principale des nationalistes hindous est particulièrement soucieuse de se moderniser, non seulement parce qu’elle craint la Chine, mais aussi par consumérisme. Pour elle, le Congrès n’est pas en mesure d’assurer ce progrès en raison de son populisme démagogique, de son factionnalisme et parce que les choix économiques opérés en 1991 menacent l’Inde d’occidentalisation. Le mouvement nationaliste hindou se montre d’autant plus favorable au modèle japonais qu’il y voit une méthode pour que l’Inde reste elle-même, face à l’Occident. Mais la notion de synthèse culturelle de type « asiatiste » ne le séduit qu’à condition que l’hindouisme puisse jouer le rôle de ciment ou de principe tutélaire. Ce genre d’ethnocentrisme semble encore prévaloir aujourd’hui.
Conclusion
Les auteurs rappellent que l’« asiatisme » laisse dans le flou l’existence d’un mode universel des droits de l’homme et qu’il a fourni une légitimité aux pratiques répressives de certains gouvernements. Le rêve « asiatiste » est une lente construction intéressée : il sert les intérêts nationaux. Nehru y voyait une manière de mettre en place une alternative à la civilisation dominante, fondée sur le capitalisme et l’individualisme. La position de la Chine donne une bonne image de la complexité de cet asiatisme. Rentrée en Asie, nul ne sait ce qu’elle y fera. Sur ce point, comme sur d’autres, l’ouvrage nous fait partager les certitudes et les doutes de ses auteurs confrontés à l’hétérogénéité asiatique et à un côté « méthode Coué » du discours asiatiste. Ce discours ne cache-t-il pas un malaise profond de l’Asie ? Avec clarté et précision, les auteurs détaillent les positions de tous les protagonistes et développent les rapports entre religions, mentalités et comportements. La qualité de l’ouvrage et la situation actuelle de la « crise asiatique » poussent le lecteur à attendre une suite de l’analyse d’ici quelque temps.
L’asiatisme a fait long feu
Le Japonais Hisayoshi Ina dans le Courrier International n°366 du 6 au 12 novembre 1997, explique que les spécificités culturelles de l’Asie ne constituent pas une supériorité vis-à-vis de l’Occident. Le défaut de cette supériorité de l’Asie réside dans la confusion de la politique avec les valeurs philosophiques. Ivres de succès économique, les dirigeants des pays asiatiques ont pris la politique pour le système de valeurs. Il suffit de renverser la situation pour comprendre leur erreur : l’échec économique remet en question l’ensemble des valeurs. Cette confusion a poussé le Washington Post à écrire : « Affaiblis, les tigres d’Asie ont besoin des valeurs occidentales. »