1Consciente de sa dépendance énergétique à l’égard de l’étranger et de la vulnérabilité de ses routes commerciales, la République populaire de Chine a, par la voix de son président Hu Jintao, initié un vaste programme destiné à répondre à ces contraintes. Cette ambition suscite de nombreux débats depuis le discours de ce dernier en date du 29 novembre 2003, résumé dans l’expression désormais célèbre de « dilemme de Malacca » dont les contours restent assez ambigus [2][2]Sur les origines et les contours de cette expression cf.…. Ces discussions et en particulier les aspects maritimes internationaux de ce projet sont perçus avec une certaine suspicion aux États-Unis où elles offrent des arguments de poids aux partisans de la « menace chinoise », ceux justement qui parlent ici de « collier de perles » [3][3]Cf. Bill Gertz, « China builds up Strategic Sea Lines »,…, pour actualiser et restructurer leurs argumentaires, s’interrogeant notamment sur l’adéquation de ladite stratégie à la doctrine du « développement pacifique » (peaceful development), inaugurée au milieu des années 1990 pendant l’ère du précédent président, Jiang Zemin [4][4]Cf. Christopher J. Pehrson, String of Pearls : Meeting the….
2La réalité semble plus complexe, dans la mesure où la diffusion de cette expression – la stratégie dite « du collier de perles » –, puis sa reconnaissance médiatique [5][5]Cf. Olivier Zajec, « Actualité et réalité du Collier de…, alimentent une perception réciproque et biaisée de la menace qui provoque, par effets de miroir, des réactions aux conséquences non négligeables qui la confortent. Aussi, afin d’identifier les enjeux réels que cette expression recouvre, il convient d’en examiner les origines et les contours avant d’étudier la pertinence de sa réalité.
LA STRATÉGIE DITE DU « COLLIER DE PERLES » DANS LE DISCOURS AMÉRICAIN SUR LA « MENACE CHINOISE »
3L’expression « collier de perles » trouve son origine géopolitique dans le rapport Energy Futures in Asia, un document interne de la société de consultants Booz Allen & Hamilton pour le compte de l’Office of Net Assessment, une structure du Département de la Défense alors pilotée par le secrétaire Donald Rumsfeld en personne [6][6]Cf. Juli Mac Donald, Amy Donahue and Bethany Danyluk, Energy…, et divulguée par le journaliste Bill Gertz dans un article du Washington Times intitulé « China Builds up Strategic Sea Lines » [7][7]Cf. Bill Gertz, “China builds up”, op. cit.. Elle sera popularisée par des auteurs comme Spinetta et surtout Pehrson, dont les travaux constituent depuis le socle de toutes les études portant sur ce sujet [8][8]Cf. Christopher Pehrson, String of Pearls, op. cit. et Lawrence…, en particulier en Inde et parmi les pays d’Asie du Sud-Est riverains de la mer de Chine du Sud.
4Le premier propose une analyse technique, militaire et fonde sa réflexion sur l’expérience de l’armée américaine au cours de la Seconde Guerre mondiale et de la victoire contre le Japon. Le second présente une réflexion plus politique dont les contours ont été évoqués plus haut. Ces différents auteurs, situés à chacune des extrémités du diagramme, participent à la renaissance du discours américain sur la « menace chinoise » [9][9]Rappelons utilement que le rapport Booz Allen & Hamilton fut….
PRÉTEXTE : LE « DILEMME DE MALACCA »
5Confrontée au « dilemme de Malacca », la République populaire de Chine étend son influence de la mer de Chine du Sud à la Corne de l’Afrique et au golfe Arabo-Persique en passant par l’ensemble du pourtour nord de l’océan Indien, à l’exception de l’Inde ; ceci à travers une politique qui combine le développement portuaire avec un accent particulier sur l’intégration des infrastructures énergétiques [10][10]Cf. Daniel Schaeffer, « Le théâtre maritime indo-pacifique dans…, les partenariats politico-économiques centrés sur le soutien diplomatique et financier ainsi que la vente d’armes et la modernisation accélérée de l’Armée de libération populaire – mer et air, principalement. Cette politique, structurée depuis la fin de la première moitié des années 2000, participe officiellement d’une logique spécifique, à caractère défensif, dont la composante première est d’ordre géoéconomique. Il s’agit de protéger les routes commerciales chinoises. Elle ne fait l’objet d’aucune appellation particulière en République populaire de Chine tandis que les États-Unis la qualifient, eux, de stratégie du « collier de perles » [11][11]Même si cette qualification fait l’objet de débats aux….
6Washington, sans contester obligatoirement la nécessité pour les Chinois de protéger leurs approvisionnements énergétiques en provenance de l’étranger, estime que derrière cette politique se cache en réalité un objectif offensif plus ambitieux, aux implications stratégiques majeures. La réflexion, aux États-Unis, est en effet la suivante : depuis la fin de la Guerre froide, la Chine percevait la scène internationale comme placée sous hégémonie de Washington puisque aucune décision majeure touchant aux grands enjeux contemporains ne pouvait être prise sans son assentiment ; mais au fur et à mesure que la puissance de Pékin s’accroît, cette situation lui convient de moins en moins ; la stratégie du « collier de perles » répond alors à une ambition, celle de créer un « nouvel ordre international multipolaire » se traduisant en particulier par la remise en question de l’équilibre des puissances en Asie au détriment des Américains qui étaient jusqu’alors garants de la sécurité du continent et singulièrement de ses voies de communication maritimes [12][12]Cf. Christopher J. Pehrson, String of Pearls, op. cit...
7Cette ambition est d’autant plus inquiétante selon Washington qu’elle ne se limite pas à l’Asie, à l’océan Indien. Dès la seconde moitié des années 1990, l’US Southern Command tirait la sonnette d’alarme, évoquant une « grande stratégie » chinoise de présence à proximité de tous les points de passage maritimes obligés [13][13]Cf. Bill Gertz, « China builds up », op. cit.. à défaut de pouvoir les contrôler. Ce qui inquiétait à l’époque, c’était le développement de la présence chinoise sur le canal de Panama [14][14]Cf. Lawrence G. Mrozinski, Thomas Williams, Roman H. Kent,….
8Cette stratégie du « collier de perles » va bien au-delà de l’angélisme chinois sur le « développement pacifique » [15][15]Cf. Christopher J. Pehrson, String of Pearls, op. cit... Washington pouvait encore considérer il y a peu que tant que Pékin ne représentait pas une menace militaire directe contre ses intérêts et ceux de ses alliés en Asie, on pouvait s’en tenir à une approche pragmatique marquée par des accords tacites de cohabitation [16][16]Ibid.. Cette politique ne faisait déjà pas à l’époque l’unanimité. Elle ne la fait plus du tout aujourd’hui. Certains prônent désormais une attitude nettement plus déterminée : les États-Unis ne doivent plus reculer devant des avancées chinoises de nature à menacer à terme leur capacité de projection de puissance et de forces, leur liberté de circulation sur les routes maritimes commerciales ainsi que leur aptitude à garantir la sécurité de leurs alliés, et susceptibles de déclencher tant une course aux armements que la montée en puissance de rivalités subrégionales ou régionales, voire transrégionales [17][17]Cf. Mac Donald, Donahue and Danyluk, Energy Futures, op. cit...
AGENDA CACHÉ : LA SUPRÉMATIE SUR L’ASIE, VOIRE L’HÉGÉMONIE MONDIALE
9Une « menace chinoise » de plus en plus explicite et récurrente dans la littérature spécialisée outre-Atlantique [18][18]Cf. par exemple Lawrence Spinetta, « Cutting China’s String of…. La République populaire de Chine n’est plus considérée comme un pays en développement, comme une puissance réémergente, mais bien comme une puissance mondiale capable, de plus en plus souvent, de s’opposer frontalement aux États-Unis sur un certain nombre de dossiers précis. Cette accession de la République populaire de Chine au rang de puissance mondiale, de puissance « globale », constitue pour les promoteurs du discours sur la « menace chinoise » le principal défi que doivent aujourd’hui affronter les États-Unis [19][19]Cf. Andrew Arnold, Strategic Consequences of China’s expanding….
10Le slogan du « développement pacifique » ainsi que la phase défensive du « dilemme de Malacca » qui consistait à protéger l’accès chinois au pétrole moyen-oriental et africain et les routes commerciales qui le soutiennent sont désormais dépassés [20][20]Autant d’expressions qui s’ancrent dans la réflexion globale…. La République populaire de Chine est entrée dans une phase plus offensive : consolidation et densification de son réseau de « perles », avec en parallèle la modernisation accélérée des capacités de projection, en particulier des composantes navales, aériennes et spatiales [21][21]Le Pentagone, entre autres, semble assez « surpris » de la…, afin de disposer des moyens militaires suffisants pour a minima défier les États-Unis, ou toute autre puissance occidentale, en cas de menace exercée sur des intérêts perçus comme vitaux [22][22]Cf. par exemple Wu Lei, Shen Qinyu, « Will China Go to War Over…, et a maxima servir des ambitions de superpuissance mondiale, de puissance essentielle sur la scène internationale [23][23]Cf. Christopher J. Larson, China’s Energy Security and its…. Cette modernisation des forces armées chinoises participant donc d’une ambition qui va au-delà du simple duel avec les États-Unis et qui se manifeste dans un vaste et complexe plan d’expansion à caractère hégémonique s’appuyant également sur des instruments culturels, politiques et diplomatiques, économiques. Les objectifs intermédiaires de ce plan s’articulent autour de trois axes : avoir la capacité de contrecarrer la puissance navale américaine ; assurer et consolider la souveraineté chinoise, singulièrement dans sa dimension maritime ; promouvoir et protéger les intérêts chinois à l’étranger [24][24]Cf. Andrew Arnold, Strategic Consequences, op. cit... Washington devrait alors être en mesure de réagir avec des moyens militaires si l’application de ce plan venait à affecter ses intérêts [25][25]Ibid., et Lawrence Spinetta, The Malacca Dilemma – Countering….
11Cette politique d’empire à partir d’un réseau de « perles », soit de formidables vecteurs de diffusion de l’influence chinoise, a bénéficié de l’absence d’une politique asiatique des États-Unis tout au long des deux mandats de George W. Bush dont l’Administration resta focalisée sur la « guerre contre le terrorisme » et dont l’image était gravement altérée depuis l’expédition en Irak, à partir de 2003 [26][26]L’élection du président Obama a permis, en partie, de renverser….
UN SOUTIEN DE POIDS : LE DISCOURS INDIEN SUR L’ENCERCLEMENT CHINOIS
12Ce renouveau du discours américain sur la « menace chinoise » articulé autour de la stratégie du « collier de perles » reçoit un écho favorable aussi bien en Inde, où il conforte celui de New Delhi sur son encerclement par la République populaire de Chine, qu’en Asie du Sud-est, en particulier parmi les pays riverains de la mer de Chine du Sud avec lesquels Pékin est en litige de souveraineté à propos, notamment, des archipels Paracels et Spratleys [27][27]Cf. Daniel Schaeffer, « Mer de Chine méridionale, Mythes et…. Cette situation n’est pas vraiment étonnante dans la mesure où tous ces États ont des contentieux avec Pékin. En outre, le poids objectif du rapport Chine – pays de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) concernés [28][28]Il s’agit du Viêt-nam (Paracels et Spratleys), de Brunéi, des… (pris individuellement ou collectivement) penche largement en faveur de Pékin, ce qui explique l’intérêt de ces derniers pays à rechercher des partenaires extérieurs, en particulier les États-Unis, afin de ne pas rester enfermés dans des relations bilatérales et multilatérales déséquilibrées. Le discours américain les conforte dans leur conviction, d’autant que Pékin a tendance à pratiquer une double politique de pression et de coopération pour les amener à renoncer à leurs prétentions [29][29]Cf. Daniel Schaeffer, « Le théâtre maritime indo-pacifique dans…. Sans compter que la proximité géographique des deux très grandes puissances asiatiques, l’Inde et la Chine, est source de compétition et de rivalité. La pénétration de l’influence chinoise dans l’océan Indien est autant le fait d’une volonté d’expansion de Pékin afin de protéger ses accès aux ressources énergétiques du golfe Arabo-Persique et d’Afrique tout en se positionnant comme une puissance majeure sur cet espace maritime que celui d’une opportunité offerte aux pays d’Asie du Sud de s’extraire d’une relation bilatérale déséquilibrée avec l’Inde [30][30]Au-delà des contentieux historiques qui opposent l’Inde à ses….
13Cette expansion dans l’océan Indien est inévitablement perçue avec méfiance, sinon suspicion, par New Delhi qui voit son rival septentrional pénétrer à l’intérieur de sa zone d’influence sur ses flancs nord (Bhoutan et Népal), est (Bangladesh et Birmanie), sud (Sri Lanka) et ouest (Pakistan). Même si la dénonciation indienne d’un encerclement par la Chine est parfois exagérée, cette inquiétude reste compréhensible [31][31]Cf. Gurpreet S. Khurana, « China’s « String of Pearls » in the…, d’autant que Pékin multiplie les tentatives de rapprochement avec les Seychelles, Maurice [32][32]Lors de sa visite officielle (première historique) à Maurice en… et l’Iran, partenaires de New Delhi, ce qui pousse par contrecoup l’Inde elle-même à approfondir ses relations avec la Birmanie, le Japon et le Viêt-nam, au cœur de la zone d’influence chinoise, et en Afrique orientale – le Mozambique en particulier – afin de suivre de façon plus précise les activités chinoises aussi bien dans l’océan Indien que dans la Corne de l’Afrique, tout en raffermissant ses liens avec Madagascar, les Seychelles et Maurice de façon à limiter la pénétration chinoise sur zone [33][33]L’Inde et la République populaire de Chine conduisent des…. D’une certaine manière, le rapprochement indo-américain initié dans l’ère Clinton s’inscrit aussi dans une stratégie consistant à faire front contre celle dite du « collier de perles », même si elle répond également à d’autres logiques plus anciennes.
14Tout se passe comme si les discours et perceptions de Washington et New Delhi quant à la « menace chinoise » et à la stratégie du « collier de perles », assez proches, se confortaient réciproquement. Pour les deux capitales, l’intrusion chinoise dans l’océan Indien est un facteur de modification de l’équilibre des puissances et des rapports de forces régionaux qui aura des implications majeures pour l’Asie, voire le reste du monde, en faveur de la République populaire de Chine. De plus, New Delhi considère que Maurice, les Seychelles, voire l’Iran, comme des « perles » chinoises potentielles.
LA STRATÉGIE DITE DU « COLLIER DE PERLES » : MYTHE, RÉALITÉ OU PROPHÉTIE AUTO-RÉALISATRICE ?
15La stratégie du « collier de perles » se concentre sur la partie nord de l’océan Indien où la République populaire de Chine aménage un réseau de relais – les « perles » – pour réduire les contraintes que lui impose le « dilemme de Malacca ». Cette architecture perçue comme légitime par Pékin dans la mesure où elle doit lui permettre de protéger son approvisionnement énergétique est au contraire présentée comme agressive à Washington, car susceptible de bouleverser l’équilibre des puissances dans la région.
16La réalité se situe probablement à l’intersection de ces deux perceptions adverses et s’alimentant l’une l’autre. En effet, l’action de l’un (la Chine) justifie le discours du second (les États-Unis) lequel s’amplifie et justifie dans une même mesure la crainte du premier, le conduisant à adopter des mesures qui semblent à leur tour confirmer la justesse des propos du second et réciproquement. Certes, il convient de relativiser certains facteurs de cette dialectique binaire [34][34]Le discours américain sur la stratégie chinoise du « collier de…, mais il apparaît évident que la République populaire de Chine mène une politique de puissance dont il est indispensable de prendre conscience et qu’il faut bien comprendre dans ses tenants et ses aboutissants afin de pouvoir y répondre clairement et efficacement.
L’ARCHITECTURE DE LA STRATÉGIE CHINOISE DU « COLLIER DE PERLES » VUE DE WASHINGTON
17Sur l’artère névralgique qui se situe entre les zones pétrolières du golfe Arabo-Persique et la Corne de l’Afrique, d’une part, les zones de consommation de ses régions côtières, de l’autre, la République populaire de Chine se dote d’un réseau de « perles » pour protéger ses intérêts énergétiques et promouvoir ses ambitions stratégiques ; celles-ci étant identifiée par Washington ou bien comme des bases navales ou aéronavales, ou bien comme des ports aux capacités duales [35][35]Cf. Christopher J. Pehrson, Strings of Pearls, op. cit... À l’origine, on dénombrait sept « perles » entre l’île de Hainan – sud de la Chine continentale – et Gwadar dans la province pakistanaise du Baloutchistan : l’île Woody aux Paracels, Sihanoukville au Cambodge, Mergui et Sittwe [36][36]Sittwe est l’un des principaux lieux d’affrontement portuaire… en Birmanie et Chittagong au Bangladesh [37][37]Cf. Mac Donald, Donahue and Danyluk, Energy Futures, op. cit... En 2007, Pékin a ajouté une huitième « perle » à son réseau avec Hambantota au Sri Lanka [38][38]Les travaux d’infrastructures de ce port en eau profonde situé…. On peut aussi considérer Port Soudan comme une « perle » supplémentaire et noter que Pékin dispose de facilités en Birmanie dans au moins trois localités côtières supplémentaires – Thilawa, Hainggyi et Kyaukpyu [39][39]Cf. Laurent Amelot, « La Chine et l’océan Indien : l’enjeu… – voire d’une station d’écoute aux îles Coco [40][40]L’existence de cette station qui aurait pour mission à la fois…, ce qui densifie encore plus avant son réseau. Sur les huit « perles » officiellement identifiées, trois sont de nature militaire : Hainan, une base chinoise de sous-marins (d’attaque, principalement) ; Woody, une base aéroportuaire chinoise ; Mergui, une base navale birmane avec des facilités accordées à l’Armée populaire de libération – marine. Gwadar est de nature potentiellement mixte puisque le concernent outre une fonction portuaire classique le projet éventuel d’installation d’une station d’écoute et l’octroi de facilités élargies à l’Armée populaire de libération – marine. Les quatre dernières bases – Sihanoukville, Chittagong, Sittwe et Hambantota – ont pour le moment une vocation portuaire exclusivement civile. Cette dernière « perle » a permis de rééquilibrer le « collier », car six sur sept d’entre elles se situaient auparavant ou bien à l’est – Hainan, Woody, Sihanoukville – ou bien à l’ouest – Mergui, Sittwe, Chittagong – du détroit de Malacca ; la septième, Gwadar, se situant plutôt non loin des zones d’extraction de pétrole. Cela signifie-t-il que les six premières « perles » avaient pour mission de promouvoir la surveillance des activités maritimes et navales dans le détroit de Malacca et dans le golfe du Bengale, zones d’opération de l’Indian Navy [41][41]Port Blair, situé sur l’ile South Andaman, a été lui aussi… et de l’US Navy, les deux principales rivales navales de l’Armée populaire de libération – marine – sur zone ? La question reste posée. Dans le même ordre d’idée, Gwadar, sur la mer d’Oman et à proximité de l’Iran comme du détroit d’Ormuz, n’a-t-il pas pour fonction de surveiller les activités de l’Indian Navy et de l’US Navy entre cette zone et la Corne de l’Afrique où la Chine possède par ailleurs, à l’instar de Tokyo, de Séoul ou de New Delhi (et en passant par Diego Garcia pour la Marine américaine) des bâtiments dans la cadre de la lutte internationale contre la piraterie maritime ? Si les rapprochements de Pékin avec Port Louis et Victoria venaient à se confirmer, ce que semble redouter New Delhi, l’inclusion de ces deux futures « perles » – où la vocation militaire des investissements en infrastructures est cependant loin d’être acquise – renforcerait la présence chinoise sur zone et accroîtrait la capacité de Pékin à surveiller les rivaux indien et américain. D’autant que les Chinois ont apparemment des projets de plus en plus concrets pour rivaliser avec les Indiens en Iran, en particulier à Chabahar.
18Mais ce qui ressort aussi de ce panorama, c’est que la stratégie chinoise du « collier de perles » ressemble à s’y méprendre à celle, chez les Américains, de constitution de bases avancées à proximité des points de passage maritimes obligés, des zones perçues comme stratégiques du point de vue de leurs intérêts, les « perles » étant stratégiquement localisées sur la route pétrolière chinoise et leur fonction pouvant être d’ordre ou bien géoéconomique [42][42]Ce réseau s’appuie également sur deux corridors énergétiques…, ou bien géostratégique, voire les deux.
LES CHINOIS RÉCUSENT ABSOLUMENT UNE QUELCONQUE STRATÉGIE DU « COLLIER DE PERLES »
19La République populaire de Chine conteste la notion, l’expression même de stratégie du « collier de perles » et nie vigoureusement qu’il s’agisse là de la pointe visible d’un plus vaste projet hégémonique. Les chercheurs et les analystes de ses principales boîtes à idées [43][43]Soit notamment le China Institute of Contemporary International… avaient même reçu un temps la consigne formelle de ne pas évoquer le sujet ou, mieux encore, de ne pas en traiter [44][44]Une interdiction levée au tournant des années 2007-2008..
20Pékin part du constat que plus son développement est rapide, plus sa dépendance à l’égard de l’étranger, en particulier en matière énergétique [45][45]La République populaire de Chine est importatrice nette de…, sera considérable, et plus il sera indispensable de protéger ses routes commerciales, perçues comme vulnérables. Le président Hu Jintao a parfaitement identifié les enjeux dans son discours du 29 novembre 2003 : formaliser la constitution d’un réseau de relais dans l’océan Indien afin d’assurer la sécurité des approvisionnements énergétiques, multiplier les voies de contournement du détroit de Malacca afin de réduire la vulnérabilité chinoise qui lui est associée, moderniser la composante navale de l’Armée populaire de libération afin de soutenir la mise en place des deux instruments précédents [46][46]Cf. par exemple You Ji, « Dealing with the Malacca Dilemma :…. Cette modernisation de l’Armée populaire de libération – marine – est d’ailleurs une priorité officielle depuis 2006, les Livres blancs de la défense chinois publiés dans le sillage du discours présidentiel l’ayant gravée dans le marbre.
21Ce discours tend à légitimer les dimensions défensive et économique de l’action chinoise dans l’océan Indien en tant que réponse au « dilemme de Malacca ». Les analystes rappelant de surcroît que Pékin accepte l’idée d’une coopération internationale en matière de protection des voies de communication maritime qui, cependant, ne doit pas l’empêcher de se doter des moyens de son autonomie, de son indépendance dont l’Armée populaire de libération – marine – est le fer de lance. La mission prioritaire de cette dernière reste néanmoins de dissuader Taiwan de se lancer dans une entreprise sans issue : la déclaration formelle d’indépendance. La protection des routes commerciales dans l’océan Indien est donc une mission secondaire que l’Armée populaire de libération – marine – n’est de toute façon pas en mesure d’assurer pleinement en regard de ses moyens actuels. Mais il y a là une source supplémentaire d’inquiétude pour Pékin. Il s’agit d’un autre constat de vulnérabilité.
22Pékin a donc construit un discours cohérent pour appuyer sa politique dans l’océan Indien. Elle tente parallèlement de mettre en évidence l’ambiguïté de la politique américaine à son égard ; derrière la rhétorique sur la « menace chinoise » et la « guerre contre le terrorisme international » il y aurait en creux une volonté d’encercler la République populaire de Chine pour en contrôler le développement et la montée en puissance [47][47]Les principaux exemples cités par Pékin sont l’intervention en…, d’où l’adoption logique de contre-mesures par les autorités chinoises.
UNE AUTO-ALIMENTATION DE LA MENACE PAR EFFET DE MIROIR
23Il ressort de ce qui précède une sorte de « guerre de l’expression » fondée sur des représentations antagonistes et des analyses diamétralement opposées de la situation actuelle dans l’océan Indien et de ses évolutions à moyen ou long termes, le continent africain étant susceptible de devenir le tremplin d’une vaste politique portuaire chinoise déployant ses ailes aussi bien à travers l’océan Indien à partir de Port Soudan et du golfe Arabo-Persique puis via le détroit de Malacca, que depuis le golfe de Guinée à travers les océans Atlantique et Pacifique via le Canal de Panama en direction des zones côtières et des provinces occidentales chinoises.
24Semblable politique exigerait de vastes moyens maritimes et navals dont Pékin ne dispose pas encore, ainsi que des relais solides et fiables sur l’ensemble des routes commerciales, ce qui n’est pas le cas. Si le Pakistan est un allié fidèle dans l’océan Indien, sa situation intérieure reste particulièrement instable. La Birmanie, autre pivot de la politique chinoise dans la région, est plus stable, mais ses relations avec Pékin sont beaucoup plus complexes. Des signes de tension se profilent aussi entre la République populaire de Chine et certains de ses partenaires africains. Cette politique ferait cependant la part belle au discours sur l’expansion chinoise qui, à force d’être répété, persuade Pékin de sa réalité et redonne confiance à des autorités chinoises qui avancent sans complexe et avec de plus en plus de certitude leurs pions.
25Cette « guerre des discours » promeut la compétition sino-américaine qui, de la sorte, s’auto-alimente. Les actions américaines confortent Pékin dans sa conviction que Washington a pour objectifs principaux son encerclement et l’encadrement de sa croissance, de sa montée en puissance ; les actions chinoises persuadent plus avant Washington qu’il existe un décalage entre les mots et les actes, Pékin dissimulant ses ambitions hégémoniques.
26Ce qui est cependant avéré, c’est que Pékin conduit patiemment une politique de puissance, privilégiant des outils non militaires, afin de retrouver sa place au centre des relations internationales. Washington en est persuadé et les pays occidentaux doivent s’en convaincre. La politique chinoise dans l’océan Indien étant une illustration de ce phénomène.
EN GUISE DE CONCLUSION
27Les États-Unis convoquent l’opacité du discours chinois pour restructurer le leur sur la « menace chinoise ». L’expression de la stratégie du « collier de perles » se situe au cœur de cette reformulation. Elle semble révéler plus globalement au moins trois enjeux. Le premier sous-tend les débats sur la réévaluation de la hiérarchie des menaces au sein de l’establishment américain ; question cruciale : la République populaire de Chine ne doit-elle pas remplacer la « guerre contre le terrorisme international » en tant qu’élément structurant de la Grand Strategy des États-Unis, même si cette dernière, malgré tous ses défauts, a offert certaines opportunités rapidement saisies par Washington ? Le deuxième, intimement lié au précédent, s’intéresse à la posture de défense qui devrait en résulter et, surtout, à la bataille budgétaire au sein du Pentagone qui façonnera celle-ci, telle que vont la mener en particulier l’US Navy et l’US Air Force, l’US Army semblant quelque peu extérieure au débat, engluée qu’elle est dans ses réflexions sur les stratégies de sortie de conflit en Irak et en Afghanistan. Le troisième porte sur l’entrée de la communauté internationale dans une période de transition, dont Washington semble avoir pris conscience et qui se caractérise par l’ascension inexorable ( ?) de la puissance chinoise et l’amorce d’un possible déclin des États-Unis ( ?), par un effet de bascule susceptible de perturber gravement l’ordre mondial [48][48]Sur la notion de perturbation cf. notamment Raoul Castex,…. On n’en est qu’aux prémisses, mais l’Administration Obama a d’ores et déjà pris acte de ces évolutions. Le passage du partenariat stratégique (Strategic Partnership) à la réassurance stratégique (Strategic Reassurance) [49][49]L’expression de Strategic Reassurance a notamment été utilisée… comme élément structurant du dialogue bilatéral sino-américain laisse entrevoir à Washington un changement de perception des rapports de force favorable à Pékin. Cette perception est-elle de nature à s’affirmer ? On verra. Il n’empêche que Washington retardera à coup sûr au maximum le passage du relais, d’autant que les assises de la puissance chinoise ne sont peut-être pas aussi solides qu’il y paraît, ce qui inaugure du même coup une nouvelle phase de tension entre les deux principales nations mondiales du moment. La question des ventes d’armes à Taiwan, tout comme celle du Tibet ou des visites officielles du dalaï-lama dans les capitales occidentales, en particulier à Washington, sont déjà des indices de crises majeures à venir.
Notes
- [2]
Sur les origines et les contours de cette expression cf. notamment Ian Storey, « China’s « Malacca Dilemma », China Brief, vol. 6, 8, 11 avril 2006 et « China seeks to reduce its dependence on Strait of Malacca », Jane’s Intelligence Review, mai 2005.
- [3]
Cf. Bill Gertz, « China builds up Strategic Sea Lines », Washington Times, 17 janvier 2005 ; l’auteur est reconnu comme un promoteur du discours américain sur la « menace chinoise ».
- [4]
Cf. Christopher J. Pehrson, String of Pearls : Meeting the Challenge of China’s Rising Power Across the Asian Littoral, Strategic Studies Institute, US Army War College, juillet 2006.
- [5]
Cf. Olivier Zajec, « Actualité et réalité du Collier de perles », Monde chinois, n° 18, été 2009.
- [6]
Cf. Juli Mac Donald, Amy Donahue and Bethany Danyluk, Energy Futures in Asia, Booz Allen & Hamilton, novembre 2004.
- [7]
Cf. Bill Gertz, “China builds up”, op. cit.
- [8]
Cf. Christopher Pehrson, String of Pearls, op. cit. et Lawrence Spinetta, « The Malacca Dilemma » – Countering China’s “String of Pearls” with Land-Based Airpower, School of Advanced Air and Space Studies, Maxwell Air Force Base, juin 2006.
- [9]
Rappelons utilement que le rapport Booz Allen & Hamilton fut soumis aux autorités américaines (et donc rédigé) moins d’un an après le discours de Hu Jintao (en date du 29 novembre 2003) ayant donné naissance à l’expression « dilemme de Malacca » et que Pékin ne remet pas en cause. Ce rapport et les études ultérieures qui se réfèrent à lui situent la construction d’une stratégie dite du « collier de perles » dans ce dernier discours ; Pékin n’en infère au contraire rien d’autre que l’élaboration d’un des axes de contournement du détroit de Malacca et d’une réduction de sa vulnérabilité/dépendance à l’égard de cette route commerciale majeure, mais conteste tout projet plus vaste. Voilà l’ambiguïté que viennent aggraver les arrière-pensées des uns et des autres. Ce « dilemme » n’est pas exclusivement chinois dès lors que les principaux États d’Asie de l’Est – Japon, Corée du Sud et Taiwan – sont comme la Chine continentale confrontés à une dépendance extrême des ressources énergétiques en provenance de l’étranger, notamment du Moyen-Orient, et à la vulnérabilité potentielle de leurs voies de communication maritimes, en particulier à travers le détroit de Malacca…
- [10]
Cf. Daniel Schaeffer, « Le théâtre maritime indo-pacifique dans la stratégie navale globale de la Chine », Défense, avril 2009.
- [11]
Même si cette qualification fait l’objet de débats aux États-Unis, justement, comme dans la plupart des pays asiatiques et occidentaux.
- [12]
Cf. Christopher J. Pehrson, String of Pearls, op. cit..
- [13]
Cf. Bill Gertz, « China builds up », op. cit..
- [14]
Cf. Lawrence G. Mrozinski, Thomas Williams, Roman H. Kent, Robin D. Tyner, « Countering China’s Threath to the Western Hemisphere », International Journal of Intelligence and Counterintelligence, vol. 15, 2, été 2002.
- [15]
Cf. Christopher J. Pehrson, String of Pearls, op. cit..
- [16]
Ibid.
- [17]
Cf. Mac Donald, Donahue and Danyluk, Energy Futures, op. cit..
- [18]
Cf. par exemple Lawrence Spinetta, « Cutting China’s String of Pearls », Proceeding, n° 132, octobre 2006.
- [19]
Cf. Andrew Arnold, Strategic Consequences of China’s expanding maritime power, Strategy Research Project, US Army War College, mars 2008.
- [20]
Autant d’expressions qui s’ancrent dans la réflexion globale initiée par Deng Xiaoping à la suite des événements de Tian’anmen, au printemps 1989, la notion de Tao Guang Yang Hui renvoyant à la modération et à la prudence dans l’action politique à l’extérieur ; extrêmement ambiguë, cette dernière s’inscrivait dans le cadre d’une stratégie plus vaste dite « des vingt-quatre caractères » : « observer avec sang-froid, assurer sa position, agir avec calme, cultiver la modestie, ne jamais se vouloir le leader, cacher ses talents et attendre son heure. Semblable stratégie n’avait pas évidemment pas sans susciter certaines inquiétudes dans les milieux diplomatiques et militaires étrangers, notamment aux États-Unis, en Asie du Sud-est, voire en Inde du moment où une puissance qui réémergeait comme la République populaire de Chine reconnaissait ouvertement « dissimuler ses capacités » ; ce qu’allait rapidement comprendre en particulier le Pentagone. D’autant que Deng Xiaoping avait ultérieurement complété la notion de Tao Guang Ynag Hui par celle de You Suo Zuo Wei : « agir comme il convient », afin d’en compenser la modération, le manque relatif d’ambition…
- [21]
Le Pentagone, entre autres, semble assez « surpris » de la rapidité avec laquelle la République populaire de Chine modernise ces composantes de ses forces armées…. , cf. Christopher J. Pehrson, String of Pearls, op. cit..
- [22]
Cf. par exemple Wu Lei, Shen Qinyu, « Will China Go to War Over Oil », Far Eastern Economic Review, n° 169, 2006.
- [23]
Cf. Christopher J. Larson, China’s Energy Security and its Military Modernization efforts : How China Plans to Dominates the World, Joint Forces Staff College, Joint Advanced Warfighting School, mai 2007.
- [24]
Cf. Andrew Arnold, Strategic Consequences, op. cit..
- [25]
Ibid., et Lawrence Spinetta, The Malacca Dilemma – Countering China’s « String of Pearls » with Land-Based Airpower, mémoire de master, Air University AFBAL, School of Advanced Air and Space Studies, 2006.
- [26]
L’élection du président Obama a permis, en partie, de renverser cette tendance. Cependant, la République populaire Chine s’est engouffrée dans la brèche. Il semble assez difficile de ralentir sa progression, à défaut de l’arrêter…
- [27]
Cf. Daniel Schaeffer, « Mer de Chine méridionale, Mythes et réalités du tracé en neuf traits », Diplomatie, n° 36, janvier-février 2009 et « Aperçu des résultats de l’atelier international de réflexion sur la Mer de Chine du Sud », Lettre confidentielle Asie 21, n° 25, janvier 2010. On notera par ailleurs que le Viêt-nam semble s’engager dans l’organisation d’une coalition informelle réunissant les pays de l’ASEAN impliqués dans ces contentieux territoriaux afin de tenter de mieux résister face aux pressions de Pékin.
- [28]
Il s’agit du Viêt-nam (Paracels et Spratleys), de Brunéi, des Philippines, de la Malaysia (Spratleys).
- [29]
Cf. Daniel Schaeffer, « Le théâtre maritime indo-pacifique dans la stratégie navale globale de la Chine », op. cit..
- [30]
Au-delà des contentieux historiques qui opposent l’Inde à ses voisins comme la Chine aux siens, voire l’Inde et la Chine, le poids réciproque de l’Inde et la Chine dans leur région respective les conduit à ériger autour d’elles une zone d’influence et à entretenir des relations bilatérales aussi pesantes que contraignantes pour des voisins qui espèrent, en se rapprochant du rival périphérique, disposer d’une marge de manœuvre plus conséquente vis-à-vis de la puissance « hégémonique ».
- [31]
Cf. Gurpreet S. Khurana, « China’s « String of Pearls » in the Indian Ocean and its Security Implications », Strategic Analysis, vol. 32, 1er janvier 2008.
- [32]
Lors de sa visite officielle (première historique) à Maurice en février 2009, le Président Hu Jintao a notamment proposé la modernisation de l’aéroport de Port Louis et la création d’une zone économique spéciale. Maurice peut être perçu comme un point d’entrée stratégique de la République populaire de Chine en Afrique de l’Est. Les ambitions chinoises aux Seychelles sont moins claires, New Delhi s’inquiétant du développement possible de relations militaires entre Pékin et Victoria.
- [33]
L’Inde et la République populaire de Chine conduisent des manœuvres d’influence au cœur même de la zone d’influence indienne et qui se traduisent en particulier dans une compétition portuaire en Birmanie, en Iran, voire prochainement au Bangladesh dont les relations avec l’Inde semblent en passe de s’améliorer, cf. Alain Lamballe, « Rapprochement entre l’Inde et le Bangladesh et nouvelle donne stratégique », Lettre confidentielle Asie 21, n° 26, février 2010.
- [34]
Le discours américain sur la stratégie chinoise du « collier de perles » » s’inscrit dans celui proclamant la « menace chinoise », qui revoie lui-même à la notion de « compétiteur pair » dont l’objectif prioritaire est de prévenir l’émergence ou la réémergence d’un nouveau rival susceptible de constituer une menace comparable à celle de l’Union soviétique. Au fondement de cette réflexion le rapport Discriminate Deterrence rédigé en 1988 sous la direction de Fred C. Iklé et Albert Wohlstetter pour le compte du gouvernement américain dans le cadre de la commission Integrated Long-Term Strategy.
- [35]
Cf. Christopher J. Pehrson, Strings of Pearls, op. cit..
- [36]
Sittwe est l’un des principaux lieux d’affrontement portuaire entre l’Inde et la Chine avec Chittagong au Bangladesh.
- [37]
Cf. Mac Donald, Donahue and Danyluk, Energy Futures, op. cit..
- [38]
Les travaux d’infrastructures de ce port en eau profonde situé dans la partie sud de l’île devraient être définitivement terminés en 2022.
- [39]
Cf. Laurent Amelot, « La Chine et l’océan Indien : l’enjeu birman », Stratégique, n° 70/71, 1999.
- [40]
L’existence de cette station qui aurait pour mission à la fois de surveiller les mouvements de l’Indian Navy dans le golfe du Bengale et la mer d’Andaman et de recueillir des données lors de tests de missiles par l’Inde, en particulier dans le désert de l’Orissa, est controversée. Deux hypothèses cohabitent : ou bien il s’agit d’un mythe, ou bien elle a effectivement été installée au début des années 1990 mais détruite au moment du tsunami de 2004, les généraux birmans n’ayant pas permis par la suite à la République populaire de Chine de la reconstruire parce que la donne politique intérieure avait évolué. Il ne semble donc pas que cette station d’écoute soit encore active.
- [41]
Port Blair, situé sur l’ile South Andaman, a été lui aussi durement touché par le tsunami de 2004.
- [42]
Ce réseau s’appuie également sur deux corridors énergétiques dont il constitue le point de départ : le premier part de Gwadar et se termine au Xinjiang, le second débute à Sittwe et s’achève au Yunnan.
- [43]
Soit notamment le China Institute of Contemporary International Relations (CICIR), le China Institute of International Studies (CIIS) et le Shanghai Institute for International Studies (SIIS).
- [44]
Une interdiction levée au tournant des années 2007-2008.
- [45]
La République populaire de Chine est importatrice nette de pétrole depuis 1993 et seconde importatrice mondiale de cette ressource derrière les États-Unis et devant le Japon à partir de 2004.
- [46]
Cf. par exemple You Ji, « Dealing with the Malacca Dilemma : China’s Effort to protect its Energy Supply », Strategic Analysis, vol. 31, n° 3, mai 2007 et Lee Jae-Hyng, « China’s Expending Maritime Ambitions in the Western Pacific and the Indian Ocean », Contemporary Southeast Asia, vol. 24, n° 3, décembre 2002, ce dernier article rappelant par ailleurs que la République populaire de Chine, en dépit de tout discours pacifique, n’hésite pas à employer la force pour faire avancer ses intérêts, en particulier en mer de Chine du Sud.
- [47]
Les principaux exemples cités par Pékin sont l’intervention en Afghanistan qui a permis à Washington de s’installer entre le flanc sud de la Russie et le flanc ouest de la Chine, d’une part, et l’expédition en Irak qui a autorisé la prise de contrôle direct du pétrole irakien, l’or noir étant une ressource stratégique pour le développement économique chinois.
- [48]
Sur la notion de perturbation cf. notamment Raoul Castex, « Théorie de la perturbation », in Théories Stratégiques, Economica, 1997 (2e éd.) et Michael P. Gerace, « Between Mackinder and Spykman : Geopolitics, Containment and After », Comparative Strategy, 4, 1991 (en particulier les paragraphes portant sur Spykman).
- [49]
L’expression de Strategic Reassurance a notamment été utilisée par le Président Obama lors de sa tournée en Asie fin 2009.