Les émeutes qui se sont produites à Janaozen le 16 décembre 2011, jour du 20e anniversaire de l’indépendance du Kazakhstan, (cf. Asie21 n°46) ont été un coup de semonce pour le gouvernement du Kazakhstan déjà aux prises avec des cellules islamistes dont il avait minimisé le danger.
FAITS
Les autorités centrales se sont attachées à déterminer les responsabilités des uns et des autres et avant tout à désigner des coupables. Dix personnes ont été livrées à la justice. Les dommages matériels sont considérables : 46 bâtiments incendiés. Les dégâts sont estimés à 13,5 millions US$. La police a également été blâmée pour avoir tiré sur la foule. Le couvre-feu a été prolongé jusqu’au 31 janvier. Le président Nazarbaiev a relevé de ses fonctions son gendre Timour Koulibaiev, mari de sa fille Dinara, qui dirigeait le fonds national de bien-être Samruk-Kazina. Il a mis à la retraite les présidents des compagnies Kazmunaigaz et Exploration Production Kazmunaigaz, et a révoqué le chef de l’administration du district de Mangystau dont relève Janaozen.
Les manifestants protestaient contre les retards dans le paiement de leurs salaires et d’une manière générale contre leurs conditions de travail dans une contrée particulièrement inhospitalière où il ne pleut qu’une fois par an, torride l’été, glaciale l’hiver. Selon les observateurs, les autorités locales ont affiché leur mépris de la population et les responsables de la société pétrolière Uzenmunaigaz, filiale de Kazmunaigaz, ont négligé de prendre des mesures d’apaisement alors que le feu couvait depuis le mois de mai. On fait aussi remarquer que la direction de cette compagnie ne comportait aucun représentant du clan (jouz) majoritaire local. Or les clans (il y en a trois) et les lignées, une centaine par clan, revêtent une grande importance pour l’équilibre du pays. […]
Jean Perrin, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-futuribles n°47 janvier 2012