L’Inde : une géographie

L’Inde : une géographie

sous la direction de Brigitte Dumortier, éd. Armand Colin, octobre 2015, 396 P.

Pour cette année universitaire, l’Inde est au programme de géographie du CAPES et de l’agrégation. Plusieurs livres ont été édités à cet effet et l’un d’eux, dont nous avons pris connaissance, nous paraît comporter des qualités qui devraient intéresser un public plus large que celui des seuls agrégatifs ou futurs capétiens.

Le CIDIF essaie, chaque jour, de relever dans l’actualité des nouvelles qui peuvent manifester du sens pour le destin de ce pays immense qui devient rapidement le plus peuplé du monde et dont le caractère émergent soutenu peut surprendre dans le contexte plutôt maussade de la globalisation que nous connaissons. L’Inde : une géographie fait le point sur les principaux points qu’il est important d’avoir à l’esprit quand on parle de ce pays.

Les dix-neuf auteurs qui ont participé à l’ouvrage ont su très bien intégrer leurs contributions dans l’organisation du projet qui conserve de bout en bout son unité. Tous les problèmes qui se posent à cette Inde, qui n’est souveraine que depuis 1947, sont exposés avec leurs problématiques particulières. En moins de 70 ans, ce pays est passé du sous-développement à l’émergence, en triplant sa population, en organisant des Etats de l’Union qui ont pris sur le plan politique un rôle de plus en plus important, tout en maintenant une organisation centralisée et, quelles que soient les difficultés, en conservant un système qui, au bout du compte, est toujours une démocratie.

Tous les domaines sont approchés dans une expression claire qui évite les écueils du jargon universitaire et qui en rend la lecture agréable. Ces domaines intègrent l’organisation spatiale, la sécurité interne et externe dans le cadre géostratégique plein d’acuité de la région, les mutations économiques agricoles et industrielles, l’accès inégalitaire au développement et le surgissement de ce qui peut être qualifié de « nouvelle économie ».

Ce type d’ouvrage renvoie normalement à toute une bibliographie qui sert à compléter sa documentation par des lectures appropriées. Chaque chapitre le fait normalement. Un dernier chapitre d’ « indications bibliographiques » renvoie surtout à des références essentiellement universitaires. Elles sont utiles, mais on aurait aimé un horizon plus large (aucune allusion aux essais de Pavan K. Varma pourtant traduits en français) et en ce qui concerne la littérature indienne, on est surpris par la courte liste présentée : trois titres et rien sur, par exemple, Rohinton Mistry (L’équilibre du monde) …

Enfin nous aurions aimé trouver deux domaines :

  • le système d’éducation n’est pas abordé. Or, le délitement du l’enseignement primaire public est certainement une des causes de l’inégalité des chances pour les classes déshéritées des campagnes…
  • le rôle de la diaspora indienne de haut niveau dans le monde n’est pas suffisamment mis en valeur.

Mais, tel qu’il est, ce livre constitue un excellent panorama de l’Inde contemporaine et trouve sa place dans les bibliothèques de toutes celles et de tous ceux qui s’intéressent à ce pays.

 

Roland Bouchet, CIDIF

Laisser un commentaire