Népal. Hommage à un pays meurtri, Corinne Atlan et Franck Bernède, Éditions Guérin, Paris, décembre 2015
À l’initiative de Français vivant sur place, un groupe de spécialistes et de passionnés du Népal vient de publier un ouvrage collectif en « hommage à ce pays meurtri » par le tremblement de terre du 25 avril 2015. Les bénéfices de la vente de ce livre seront intégralement reversés à des organisations humanitaires travaillant à la reconstruction dans les régions affectées par le séisme.
Les dix-sept contributions que compte l’ouvrage ne sont pas toutes d’un égal intérêt mais beaucoup éclairent le lecteur sur la prégnance de la religion, hindouisme ou bouddhisme, sur chacun des actes de la vie quotidienne des Népalais et sur la survivance des pratiques chamaniques chez les ethnies des collines, sur les aspects pittoresques que revêtent souvent les excursions hors de Katmandou (le voyage en autocar de M. Lecomte-Tilouine, par exemple) ou les utopies auxquelles rêve parfois le gouvernement local comme la mine de plomb de Lari décrite par J. Smadja. Mention spéciale doit être faite de la visite de J. Edou à l’expert italien chargé de la restauration des peintures murales des temples du Mustang et du récit par Bruno Philip, actuellement correspondant du « Monde » à Bangkok, de sa rencontre à l’été 2002 avec un groupe d’insurgés maoïstes dans le district de Rolpa.
Un point frappe toutefois le lecteur : le livre décrit, souvent bien, le Népal des collines et des montagnes himalayennes mais pas une allusion n’est faite à la grande plaine du Teraï au sud où habite la moitié de la population du pays et qui représente environ 60 % de son PIB. On y trouve pourtant des sites d’un grand intérêt qui auraient pu faire, eux aussi, l’objet d’une contribution : le lieu de naissance de Bouddha à Lumbini, celui à Janakpur (selon la légende) de la princesse Sita, héroïne du Ramayana, ou les parcs naturels de Chitwan et de Bardiya où vivent les derniers rhinocéros blancs de la planète. On en vient alors à se dire que les manifestations des populations du sud contre la nouvelle constitution (cf.Asie21 n°90) ont quelque fondement et que les Madeshi à l’est et les Tharus à l’ouest n’ont pas tout à fait tort quand ils se sentent négligés et traités comme des citoyens de seconde zone par leurs compatriotes des collines.
Michel Lummaux, Asie21