Depuis 2 ans, le président Joko Widodo a pris les rênes de l’Indonésie. Son parcours atypique – homme d’entreprise, maire de Surakarta, puis gouverneur de Jakarta – rappelle que Jokowi n’appartient pas aux cercles de pouvoir traditionnels indonésiens. Ce sont son charisme, ses compétences éprouvées localement et ses projets qui l’ont propulsé à la tête du plus grand archipel au monde. À ce titre, son arrivée au pouvoir a été considérée comme un changement systémique salutaire. Après deux ans, un premier bilan de son Administration confirme-t-il ou infirme-t-il cette interprétation ?
FAITS
- Politique, 26 octobre 2016 : la campagne pour les élections (15 février 2017) de gouverneurs est lancée. Elle sera suivie de très près à Jakarta car le poste avait servi de tremplin lorsque Joko Widodo était passé de l’échelle locale à l’échelle nationale. Pour la première fois dans l’histoire de l’Indonésie, un candidat d’origine chinoise et chrétien brigue le poste. Il s’agit du gouverneur actuel, Basuki « Ahok » Tjahaja Purnama, qui avait succédé à Jokowi (il était alors vice-gouverneur) lorsque celui-ci avait été élu à la présidence.
- Sociétal, 4 novembre 2016 : des manifestations importantes sont organisées par des organisations islamiques pour dénoncer la candidature d’un chrétien au poste de gouverneur et ses propos jugés « blasphématoires ». Déjà, des critiques dénoncent cette tentative pour « déchirer et diviser le pays » et appellent au respect du Pancasila.
- Économie : Jokowi, pénalisé par la baisse du prix des matières premières, s’en tire plutôt honorablement. Le taux de croissance prévu pour 2016 devrait frôler les 5 % et le pari de conforter la croissance interne pourrait réussir. Les investissements extérieurs, notamment asiatiques (chinois et japonais), sont en hausse. Les remaniements ministériels de juillet 2015 et 2016 ont mis en place des personnalités reconnues pour leurs compétences (dont l’ancienne directrice générale de la Banque mondiale, Sri Mulyani Indrawati) avec comme objectif prioritaire la lutte contre la pauvreté et les inégalités. L’axe maritime mondial lancé dès la prise de fonction de Jokowi prend forme progressivement : des liaisons maritimes se matérialisent, des ports commerciaux se construisent, le secteur de la pêche est modernisé.
- Diplomatie : le président Joko Widodo tente de maintenir, dans la tradition de l’archipel, une équidistance équilibrée :
– la Chine continue à courtiser Jakarta avec une diplomatie du chéquier opportuniste,
– pendant que les États-Unis ont réussi à convaincre le président de rejoindre le fameux TransPacific Partnership et à renforcer la coopération sécuritaire. […]
Sophie Boisseau du Rocher, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°100 novembre 2016
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