L’élection de Donald Trump marquera-t-elle enfin le début du « siècle chinois » ?

Depuis de très longues décennies, les prophéties prolifèrent d’un XXIe siècle asiatique et chinois, scandées à coup de bascule du centre de gravité de l’économie mondiale vers le Pacifique et de « retour » de l’empire chinois à sa première et légitime place parmi les civilisations. Si le repli sur soi que semble promouvoir le futur président américain semble donner enfin un peu de crédit à ces fresques grandioses, il est cependant peu probable que ces prophéties aient beaucoup plus de substance aujourd’hui qu’hier.

FAITS

Le mythe d’un « siècle pacifique », ou d’un « siècle chinois » qui au XXIe siècle serait destiné à succéder au « siècle américain » qu’aurait été le XXe, a la vie dure. « Le siècle chinois » : c’est ainsi que début 2015 encore, fort de son autorité de prix Nobel, l’économiste Joseph Stiglitz intitulait un article retentissant qui enjoignait les États-Unis à mettre fin à leur politique de containment de Pékin et à accepter la domination mondiale de la Chine. Face à « l’émergence de la Chine » (un slogan du Parti communiste chinois), beaucoup en Occident et ailleurs promeuvent une politique qui se veut raisonnable d’accommodement, prenant acte de ce qu’ils pensent être l’inéluctabilité de la prééminence chinoise au cours du XXIe siècle. Avec la fin du siècle américain, c’est l’Occident dans son ensemble qui est appelé à céder la première place sur la scène mondiale aux puissances émergentes, au premier rang desquelles la Chine.

Dans ses prises de position de campagne électorale, Donald Trump a souvent affirmé sa volonté de prendre ses distances à l’égard de la politique de « pivot » de l’administration Obama qui implique une réaffirmation de la présence américaine en Asie, notamment sous une forme diplomatique et militaire. L’isolationnisme géopolitique de Trump et sa défiance à l’égard de la globalisation économique sont présentés comme devant favoriser les desseins chinois de domination de la région asiatique, voire de domination mondiale. Le professeur Shi Yinhong s’est hâté de se féliciter dans le Global Times du « déclin américain » que manifeste selon lui l’élection de Donald Trump.  […]

Emmanuel Dubois de Prisque, Asie21

 

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°100 novembre 2016

La suite de l’article est réservée aux abonnés : abonnement en ligne

Laisser un commentaire