Philippines : Rodrigo Duterte en Chine, répercussions probables en Asie

Les concessions du président Duterte faites à la Chine à Pékin reposent sur sa conviction que les États-Unis ne viendront pas mourir pour la mer de Chine. Il a obtenu des Chinois la suppression de leurs mesures de rétorsion imposées aux Philippines après la saisine de la CPA.

FAITS

  • À l’été 2015, lors de la campagne électorale, le candidat Rodrigo Duterte déclarait : « L’Amérique ne mourra jamais pour nous ; si elle se souciait de nous, elle se serait opposée militairement à la Chine dès que celle-ci a commencé à revendiquer la mer de Chine. Mais elle n’a rien fait ». Il a répété ce message tout au long de sa campagne présidentielle. Le rapprochement qu’il entame avec la Chine n’est donc pas une surprise.
  •  Il fut élu président avec 38 % des suffrages par le scrutin majoritaire à un tour, donc par une minorité d’électeurs. Mais en octobre 2016 plusieurs sondages confirment que sa politique intérieure et extérieure est approuvée par 80 % des Philippins qui le soutiennent désormais. Cette notoriété mérite réflexion. 
  • Il invective les Américains mais n’a pas révoqué l’accord de défense négocié par son prédécesseur avec les États-Unis en 2014 et approuvé par la cour suprême des Philippines début 2016. L’aide américaine a doublé pour atteindre 1 md $ permettant d’acheter 12 avions de chasse coréens, des équipements pour la marine et des moyens de détection. C’est bon à prendre, dit le président. Pourquoi s’en priver ? Mais il a sommé les soldats américains à Mindanao de partir, a annulé les manœuvres conjointes avec les Américains après celles d’octobre 2016, a réduit l’accès des forces américaines aux ports philippins. 
  • Sa visite en Chine, où il a apporté en tribut la sentence arbitrale de la CPA de la Haye qui condamne les prétentions chinoises en mer de Chine, lui a permis d’obtenir de Pékin sans doute plus que s’il n’y avait pas eu la décision de la Haye. La Chine a abrogé les mesures de rétorsion qu’elle avait imposées après la saisine de la CPA par les Philippines : levée de l’embargo sur les exportations philippines, dégel de l’aide publique au développement et des investissements chinois, nouveaux investissements chinois pour moderniser les chemins de fer philippins, les routes et les ports, accès des pécheurs dans les eaux des Scarborough.
  • Il a déclaré à Pékin le 20 octobre : « Je me suis réaligné sur votre mouvance idéologique et je vais peut-être me rendre en Russie pour parler à Poutine et lui dire qu’on est trois contre le reste du monde, la Chine, les Philippines et la Russie. C’est la seule voie ». Ses ministres tentent de minimiser la portée de ses déclarations.
  • Le président s’était fait accompagner par une importante délégation d’hommes d’affaires philippins pour chercher des partenaires, des financements ou des marchés. Ce qui est habile car son opposition politique se recrute jusqu’à maintenant dans l’élite économique du pays.

ENJEUX

[…]

Philippe Delalande, Asie21 

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°100 novembre 2016

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