Retardée de deux ans en raison des sanctions infligées à la Russie par le camp occidental, la visite du président russe au Japon a finalement eu lieu les 15 et 16 décembre 2016 malgré les mises en garde américaines. Avant cette visite longuement préparée, le Premier ministre japonais Shinzo Abe avait lui-même rencontré Vladimir Poutine trois fois à Sotchi, Vladivostok et Lima au cours de l’année 2016. Le but des deux hommes est de tirer un trait final sur la deuxième guerre mondiale par la signature d’un traité de paix entre les deux pays (cf. Asie21 n° 95, mai 2016, « Tentatives de rapprochement russo-japonais »). Ils en sentent tous deux le besoin, et le président Poutine a lui-même qualifié cette situation d’anachronique. Cependant, son séjour au Japon n’a pas suffi à résoudre ce problème.
FAITS
Les entretiens se sont déroulés dans une atmosphère cordiale. Vladimir Poutine, maître, entraîneur émérite et auteur d’un manuel de judo, s’est rendu à Nagato dans le fief de Shinzo Abe et a visité le Kodokan, temple du judo à Tokyo. Les deux parties ont signé une quantité importante de documents (68 dont 12 engageant les gouvernements et les autres constituant des lettres d’intention) portant sur des programmes de coopération déjà définis à Sotchi dans des domaines tels que la pêche, l’aquaculture, le tourisme, la médecine et l’écologie. Selon la déclaration commune, ces accords doivent paver la route vers la conclusion d’un traité de paix. Le président russe a souligné que son objectif premier était de parvenir à ce résultat, afin de jeter les bases d’une interaction à long terme.
Les deux dirigeants ont décidé d’examiner la possibilité de simplifier les procédures d’octroi de visas pour les Japonais désireux de se rendre sur les tombes de leurs parents situées dans des districts des Kouriles jusque-là fermés. De son côté, Vladimir Poutine a proposé d’instaurer un régime d’entrée sans visa pour les habitants de la région de Sakhaline dont font partie les Kouriles et pour ceux de Hokkaido. L’idée, exprimée par le Premier ministre japonais, est de faire de ces îles une « zone de cohabitation et de coprospérité ». Pour le président russe, celles-ci ne doivent pas être une pomme de discorde mais, au contraire, quelque chose qui unit la Russie et le Japon. […]
Jean Perrin, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°102 janvier 2017