La situation en Corée du Nord semble être proche d’un point de non-retour. L’échec des résolutions de l’ONU à empêcher le développement du programme balistique et des essais nucléaires de Pyongyang semble avoir été acté. Le principal problème est que le régime de Kim Jong-un ne fait rien pour faciliter la vie de son principal, pour ne pas dire unique, « allié », à savoir la Chine. Le dilemme pour Pékin est réel : si la république populaire de Chine se refuse absolument à concevoir un effondrement du régime nord-coréen en même temps la persistance agressive de celui-ci donne aux États-Unis un prétexte en or pour s’imposer militairement dans la région et rallier Japon et Corée du Sud à sa cause.
FAITS
En 2010, l’artillerie nord-coréenne fut responsable du naufrage de la corvette Cheonan et de la mort de 46 soldats sud-coréens et du bombardement de l’île de Daeyeonpyeong causant la mort de deux civils. Malgré le refus de Pékin de critiquer le régime de Kim Jong-il, la Corée du Sud continua de faire confiance à Pékin pour contrôler le régime nord-coréen.
Sous la présidence de Park Geun-hye (2013-2017), les relations entre Pékin et Séoul sont au beau fixe jusqu’en 2015. Ces relations étaient cependant toujours conditionnées aux agissements de Pyongyang. Or l’avancée continue des essais nucléaires et balistiques nord-coréens entre 2013 et 2016 ont conduit les autorités sud-coréennes à accepter en juillet 2016 l’installation d’un système aérien de défense antimissile américain (THAAD).
La Chine populaire y répond très négativement en prenant des sanctions économiques immédiates contre la Corée du Sud : limitation des touristes, boycott de certains produits sud-coréens, etc.
Deux jours avant la rencontre entre Xi Jinping et Donald Trump les 6 et 7 avril 2017 en Floride, la Corée du Nord procède à un nouvel essai balistique (raté) et prépare sans doute un nouvel essai nucléaire.
Le 9 avril 2017, des linéaments du rapport du Conseil de sécurité nationale des États-Unis (NSC) sur les options possibles face à la crise nord-coréenne sont publiés dans la presse. Parmi les options évoquées :
- la dotation d’ogives nucléaires à Séoul,
- l’assassinat de Kim Jong-un,
- le sabotage des sites militaires.
Le 12 avril 2017 paraît dans le Global Times un édito signé par l’Armée chinoise précisant les lignes rouges de Pékin : toute contamination du nord de la Chine par un essai nucléaire nord-coréen sera suivie d’une destruction immédiate des installations nucléaires nord-coréennes. […]
Jean-Yves Heurtebise, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°105 avril 2017