Alors que l’intransigeance de l’administration Obama ne faisait que renforcer la détermination de la république populaire et démocratique de Corée à parfaire sa maîtrise des armes nucléaires et des vecteurs balistiques, l’élection de Donald Trump avait laissé croire à la communauté d’experts que la nouvelle administration allait mettre en œuvre une politique ouverte au dialogue.
FAITS
Durant une campagne présidentielle américaine marquée par un langage assez dur vis-à-vis de la Chine, principal partenaire commercial de la Corée du Nord -et à ce titre, accusée de « soutenir » la RPDC -, le candidat Donald Trump avait défrayé la chronique en expliquant qu’il serait prêt, une fois élu, à discuter avec Kim Jong-un « autour d’un hamburger ». Ce retour annoncé de l’administration américaine vers une diplomatie moins coercitive et plus ouverte à la négociation avec Pyongyang avait plutôt enthousiasmé les experts de la Corée du Nord et les spécialistes de la prolifération nucléaire1. En effet, la politique dite de « patience stratégique » qui a marqué les deux administrations Obama, composée de sanctions économiques, de pressions sur Pékin et de refus du dialogue avec Pyongyang, s’est révélé être un échec majeur de la diplomatie américaine dans la zone.
Cette attitude d’ouverture du candidat Trump vis-à-vis du dossier coréen a néanmoins été vite remisée une fois élu à la Maison Blanche : outre les bombardements syriens et afghans, clairement vus par la presse internationale et surtout chinoise comme étant des avertissements à l’égard de Pyongyang, l’ambassadrice américaine auprès du Conseil de sécurité de l’ONU a publiquement évoqué Kim Jong-un en termes disgracieux, plus mauvaise entrée en matière possible pour entamer des discussions avec un État où le « respecté camarade » tient une place centrale et omniprésente. L’annonce de l’envoi d’un porte-avion américain vers la péninsule coréenne a constitué le point d’orgue du dernier cycle de tensions : une frappe « préventive » américaine déclencherait très probablement une immédiate riposte de la Corée du Nord, qui tient Séoul à portée de canon. […]
Théo Clément*
(*) Chercheur à l’université de Lyon, doctorant à l’université de Vienne.
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°106 mai 2017