L’ASEAN a fêté son cinquantième anniversaire, elle a un passé, a-t-elle un avenir ?
FAITS
Créée en 1967 contre la menace communiste, l’ASEAN s’est ensuite donnée une ambition économique concrétisée par le traité de libre-échange (Asean free trade area, AFTA) de 1992 et l’objectif de Communauté économique. Peuplée de 550 millions d’habitants, l’ASEAN se présente comme une alternative au marché chinois et depuis 2010 elle accueille presque autant d’investissements directs étrangers (IDE) que la Chine. Toutefois, ces investisseurs choisissent leurs implantations en fonction des caractéristiques propres aux pays et non de leurs « dimensions ASEAN » car elle est loin de fonctionner comme un marché unique du fait des barrières tarifaires et non tarifaires qui subsistent.
En 50 ans, la part du commerce intra-ASEAN a très peu augmenté (25 % du total des échanges) et si elle est plus intégrée que d’autres groupements au Sud (comme le Mercosur ou SADC en Afrique australe), l’ASEAN l’est beaucoup moins que l’ALENA ou l’UE. La nature des produits échangés s’est modifiée : 60 % relèvent de l’industrie dont une proportion élevée de composants électroniques. Cette modification s’explique par l’édification des « chaines globales de valeur » par les entreprises internationales, aussi l’intégration économique de l’ASEAN est un phénomène de facto, résultat du fonctionnement de ces chaînes plus de jure, conséquence des mesures élaborées par l’ASEAN. Basé à Jakarta, son secrétariat fort de 300 professionnels fonctionne avec un budget de seulement 20 millions de dollars, financé à part égale par les pays adhérents (le Laos cotise autant que l’Indonésie). L’ASEAN est une organisation « molle » dont le dynamisme institutionnel dépend de l’intérêt que lui manifeste l’Indonésie, le poids lourd de la région.
ENJEUX […]
Jean Raphaël Chaponnière, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°109 septembre 2017