LE DIAGRAMME DE L’ÉLÉPHANT
Dans un essai publié quelques années après la crise asiatique, Joseph Stiglitz* a analysé la désillusion des pays émergents vis-à-vis de la mondialisation. Leur attitude a évolué tandis qu’Américains et Européens sont devenus de plus en plus critiques de ce phénomène global, accusé de provoquer des maux – chômage, stagnation des salaires, inégalités – qui sont également les conséquences du progrès technique. Quelle est l’origine de cette divergence ? Pour Branco Milanovic**, elle s’explique par l’évolution des gains relatifs de revenus au cours des vingt années qui ont précédé la crise mondiale : une période d’hyperglobalisation. Exception faite des migrations plus fortes pendant la première mondialisation, l’ouverture de l’économie mondiale appréciée au niveau des échanges et des capitaux pendant ces deux décennies a été sans précédent.
LES PROFITS DES INÉGALITÉS
L’une des illustrations de ce phénomène se trouve dans le personnel de maison. Les rassemblements des employées philippines tous les dimanches à Geylang (Singapour) ou à Admiralty (Hong Kong) sont spectaculaires. Mais les statistiques sur les employées de maison sont lacunaires. Elles seraient autour de […]