Le débat stratégique australien
Éléments documentaires
Rémi Perelman, Asie21, mars 2018
PLAN
Avant-propos
Chapitre I – Le cadre du débat stratégique australien
1) Un débat sur la stratégie australienne pour les vingt ans à venir
2) Des positions partisanes différentes
Chapitre II – Les sujets du débat stratégique australien
1) Deux sujets de consensus
2) Les questions qui font débat
A) L’Australie en Asie-Pacifique
B) Les relations avec les États-Unis
C) L’Australie et l’option nucléaire
Chapitre III – Les Forces armées australiennes
Annexes n°…
1) Le manifeste travailliste FutureAsia* , 2017, premières propositions
2) L’Australie et la lutte contre le terrorisme islamiste
3) Pourquoi l’Indo-Pacifique ?
4) Les relations de l’Australie avec son environnement indopacifique et asiatique
5) Les campagnes de l’armée australienne
6) Armée australienne, les prochains équipements de puissance
7) Les Flottes et bases navales en Indo-Pacifique (sauf Australie)
8) Les dispositifs régionaux de sécurité en Indo-Pacifique
9) La France et l’Indo-Pacifique
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Avant-propos
Le Livre blanc sur la politique étrangère de l’Australie de novembre 2017 (Opportunity Security Strength) a été le premier depuis 1951 dans lequel Canberra n’a pu tenir pour acquis la solidité de l’alliance forgée avec Washington, s’obligeant à réinventer, tâche délicate, une stratégie plus autonome, dans un cadre fraîchement conceptualisé : l’Indo-Pacifique. Dès lors, le choix de ses alliances (ASEAN, Quad…) va dessiner la menace qu’elle perçoit dans la région, en provenance de la Chine, de la Corée du Nord et du terrorisme islamique.
À l’intérieur, la Coalition au pouvoir sera vraisemblablement contrainte d’aller, tout en s’en démarquant dans la forme, dans le sens que prône l’opposition travailliste, favorable à une intégration plus poussée dans l’environnement géopolitique de l’Australie. Les prochaines élections générales sont prévues en 2019.
Chapitre I – Le cadre du débat stratégique australien
1) Un débat sur la stratégie australienne pour les années à venir
L’ensemble Australie-Nouvelle-Zélande constitue la pointe sud du triangle indopacifique et un relais vers l’Antarctique. Malgré son faible peuplement, cet ensemble occupe à la surface du globe, une position qui compte entre les océans Indien et Pacifique et qui confère à sa politique étrangère et de défense une dimension caractérisée classiquement par :
– L’alliance entre l’Australie et les États-Unis depuis 1951 ;
– Quelques relations bilatérales déterminantes (Japon et Inde en particulier) ;
– Par ses capacités militaires propres.
L’articulation de ces dispositifs dans la politique étrangère australienne varie, notamment en fonction des alternances politiques à Canberra. Le consensus qui lui donne néanmoins une certaine continuité est attribuable à un défi. Celui de devoir concilier en permanence la capacité à tirer profit des opportunités que lui offre la montée en puissance économique du voisinage asiatique d’une part et, de l’autre, la nécessité de tenir compte de l’environnement potentiellement hostile que certains pays peuvent représenter. Plus qu’une » grande stratégie « , de conquête par exemple, il s’agit d’une posture conduite par le pragmatisme et la prudence, appuyée sur une situation marquée par la récurrence.
Un thème récurrent : le balancement Asie-Occident
L’Australie est en quelque sorte otage de la température des relations sino-américaines, laquelle dépend d’un rapport de force dont les mutations en cours de part et d’autre risquent d’aggraver les termes du dilemme de sécurité régionale.
Elle doit en effet tenir l’équilibre entre deux relations majeures, attachées, l’une à l’Occident, l’autre à l’Asie et à l’Indo-Pacifique, mais dont la solidité n’est cependant pas assurée :
Côté Occident, l’histoire commune avec les États-Unis et l’Europe, est forte. À la suite de la Grande-Bretagne, les États-Unis sont devenus la puissance » protectrice « . Le » système de San Francisco » ou pax americana dans le Pacifique appuyé sur l’Australie maintient la stabilité régionale, garantit la protection des routes maritimes et la liberté de navigation, au total une assurance nécessaire au développement du commerce et de la prospérité de l’Australie. Mais, dans la réalité des faits, le lien australo-américain, qui s’était distendu durant l’ère Obama malgré le » pivot « , s’est fissuré avec l’arrivée de Donal Trump. Comment s’assurer du soutien d’une puissance lointaine et moins sûre aujourd’hui pour se prémunir de dangers proches ?
Côté Asie, le dynamisme économique, qui assure largement le commerce en matières premières et en retour les investissements de la Chine, est devenu la réalité tangible de l’environnement asiatique. Mais la différence des régimes et l’engagement chinois dans la région – notamment en mer de Chine du Sud – comme les dynamiques propres aux États du Pacifique qui fragilisent l’influence réelle de Canberra dans sa sous-région, poussent l’Australie à chercher de nouveaux marchés d’exportation pour ne pas en dépendre à l’excès.
La nouvelle configuration asiatique suggère à Canberra de faire de sa stratégie extérieure un instrument nouveau au service de sa sécurité et de la stabilité régionale tout en assurant à l’Australie une place inédite dans son environnement. Cette démarche implique la définition des partenariats prioritaires (Chine, États-Unis, etc.), le rapprochement avec quelques puissances voisines (Indonésie, Japon, Corée du Sud, etc.) et le renforcement des moyens d’intervention et de défense.
2) Des positions partisanes différentes
Au regard des approches opposées des deux partis de gouvernement, clarifier les relations entre l’Australie et l’Asie met la diplomatie de Canberra à l’épreuve à chaque changement de majorité. La difficulté tient à ce que la politique étrangère est un enjeu considérable dans le débat bipartisan, entre la Coalition (confédération politique australienne constituée depuis 1923 de plusieurs partis politiques de centre-droit) au pouvoir, menée aujourd’hui par Malcolm Turnbull et, dans l’opposition, les travaillistes du Labor conduits par Bill Shorten. Le débat ne va cependant pas sans ambiguïté.
Le primat économique pour la majorité tenue par la Coalition
Ambiguïté. Tout en rejetant le rapport du gouvernement travailliste sur » L’Australie dans le siècle asiatique » publié en octobre 2012, la Coalition a maintenu son ambassadeur auprès de l’ASEAN et confirmé un intérêt prioritaire pour l’ASEAN, le Sommet de l’Asie orientale et les relations bilatérales avec la Chine, le Japon et l’Indonésie, tout comme les travaillistes. La grande différence tient au primat économique que la Coalition donne à sa diplomatie en poursuivant des accords de libre-échange avec le Japon, la Corée du Sud et la Chine, en cherchant actuellement à intensifier les relations avec l’Inde et en réduisant simultanément son aide publique au développement à la région asiatique, variable d’ajustement dans le cadre des réductions globales de crédits. On se souvient que lors des élections anticipées du 2 juillet 2016 qu’il avait provoquées (disposant d’une confortable majorité à la chambre basse, ces élections anticipées avaient pour objectif de renforcer sa présence au Sénat), le chef du Parti libéral, Malcom Turnbull, malgré la formation d’une coalition avec des indépendants, n’avait disposé que d’une très courte majorité. Il avait alors essuyé des critiques et des appels à la démission, à gauche comme dans son propre parti – les libéraux traversant alors une crise interne. L’Australie a récemment fait de la confusion politique sa spécialité : entre 2007 et 2017, aucun Premier ministre n’est arrivé au terme de ses trois ans de mandat. Après la décennie passée au pouvoir par le libéral John Howard, la politique australienne a été particulièrement mouvementée. Le travailliste Kevin Rudd, arrivé en 2007 à la tête du gouvernement, a été renversé par la travailliste Julia Gillard en 2010 avant de reprendre le pouvoir en 2013, puis de le céder à nouveau quelques mois plus tard lors des législatives à son adversaire de la Coalition Tony Abbott, lui-même renversé en septembre 2015 par M. Turnbull. Ce contexte n’est pas le meilleur pour débattre sereinement sans arrière-pensée électorale et définir une claire vision de la politique étrangère susceptible d’être assumée par l’ensemble du gouvernement. D’autant que les travaillistes se sont donnés une ligne précise en la matière. Hormis le primat économique, le gouvernement australien a été choqué par les tentatives chinoises d’influer sur sa politique étrangère : voir asie21.com/…/australie-ingerence-chinoise-et-reactions.
L’intégration dans le monde asiatique pour l’opposition, le Labor
Le Livre blanc sur la politique étrangère, » l’Australie dans le siècle asiatique en 2013 « , » Australia in the Asian Century » – rédigé par l’actuelle opposition travailliste alors aux affaires, rendu public en octobre 2012 mais rejeté par la Coalition comme déjà évoqué – proclame que » Le siècle asiatique est une opportunité pour l’Australie. Alors que le centre de gravité mondial se déplace vers notre région, la tyrannie de la distance est remplacée par les perspectives de la proximité. L’Australie est située au bon endroit au bon moment – dans la région asiatique au siècle asiatique « . On notera que l’actuelle leader de l’opposition (travailliste) au Sénat est Penelope Ying-Yen (Penny) Wong, née à Kota Kinabalu (Malaisie) et d’origine chinoise. Le shadow Cabinet où elle occupe le poste des Affaires étrangères, ferraille contre la Coalition, regrettant que les relations de l’Australie avec l’Asie se réduisent à des accords commerciaux, sans accorder la place qu’il conviendrait à un approfondissement de nature culturelle marquant un désir d’intégration et d’interdépendance. Le manifeste FutureAsia (annexe 1), publié en septembre 2017, destiné à redonner vie au livre blanc de 2012, présente la première série d’initiatives de la future politique du Parti travailliste en Asie visant à développer l’engagement de l’Australie en Asie. Cette initiative politique pour une consolidation de la collaboration avec » l’Asie de l’avenir » met l’accent sur le renforcement des capacités – pertinentes pour l’Asie – du système éducatif australien et de la communauté des affaires.
Gérer les relations internationales tout en visant la victoire partisane
Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull s’est trouvé confronté à l’épineuse question sur ce que l’Australie veut de la région lors des trois sommets qui se sont tenus en novembre 2017, successivement au Vietnam (APEC) et Manille (ASEAN et sommet de l’Asie orientale). Il devra y répondre plus directement encore lorsqu’il accueillera à Sydney ses homologues asiatiques lors du sommet spécial ASEAN-Australie prévu en mars 2018, tout en ayant en ligne de mire les prochaines élections générales prévues en 2019.
Chapitre II – Les sujets du débat stratégique australien
Entre l’actuelle majorité et son opposition, certains de ces sujets font consensus tandis que d’autres sont l’objet de discussion.
1) Deux sujets font consensus
– La lutte contre le terrorisme islamiste. L’Australie, comme bon nombre de pays dans le monde, doit faire face aux menaces en développant l’efficacité des forces de police et mettre à contribution sa politique étrangère avec des coopérations en matière, notamment, de renseignement (annexe 2).
– La réorganisation de sa pensée diplomatique dans le cadre indopacifique. Cité, pour la première fois dans un contexte géostratégique, par le Livre blanc sur la défense de mai 2013, ce concept conduit à considérer dans un cadre unique les enjeux et intérêts des deux océans qui encadrent le continent australien (annexe 3 : Pourquoi l’Indo-Pacifique ?).
2) Les questions débattues entre les deux partis
Mettant provisoirement de côté leurs implications financières, trois interrogations de nature prospective marquent la réflexion stratégique australienne :
– Quelle devra-t-être la nature de relations entre l’Australie et l’Asie-Pacifique ? Les pays qui composent cette région sont dotés d’une diversité telle qu’ils contraignent à une diplomatie à la fois subtile et souple.
– L’alliance historique avec les États-Unis constitue-t-elle une clé de voûte indéfectible de la défense australienne ? L’épisode Trump est certes conjoncturel, mais il joue – tout comme pour l’Europe – le rôle d’une sérieuse alerte.
– L’Australie devra-t-elle se doter d’une capacité nucléaire ? La situation régionale, rendue aigüe par la crise nord-coréenne, est caractérisée par la disposition effective – ou à moyen terme – de l’arme nucléaire dans les armées du grand voisinage. Pour les Australiens, déjà effleurée à propos des sous-marins, la question est de nature existentielle.
A) L’Australie en Asie-Pacifique
Un positionnement pragmatique dans un environnement géopolitique régional complexe
Géostratégiquement avantagée par le déplacement du centre de gravité du monde vers l’Asie et la région indopacifique, l’Australie promeut de bonnes relations avec son voisinage et souhaite, en dépit des différences partisanes qui viennent d’être signalées, assumer le rôle de médiateur entre grandes puissances. Sa situation de continent et sa position de » puissance moyenne « , voire de leader régional, la conduisent à rechercher une place de base incontournable dans les coalitions potentielles qui se formeraient en cas de conflit avec la Chine. Sa position longuement éprouvée de supplétif des États-Unis lui ont appris les inconvénients autant que les avantages de ce format. Elle en compense les désagréments en se rapprochant d’autres puissances moyennes (Japon, Inde, Indonésie, Corée du Sud), ce qui lui ménage une certaine autonomie à l’égard des très grandes puissances. En résumé, Canberra adopte un positionnement pragmatique ou hybride de pays libéral-réaliste appuyé sur une réserve de force suffisante pour jouer honorablement dans un système d’alliances flexible.
En matière de politique étrangère, la complexité de la situation actuelle de l’Asie ne facilite pas la réflexion. En novembre 2017, Susan Harris Rimmer, du Lowy Institute, un des meilleurs think tanks australiens, énumérait ainsi les points saillants de l’environnement géopolitique – dangereusement évolutif – auquel est confrontée la diplomatie australienne :
Les tensions en mer de Chine du Sud, un conflit aux Philippines – nouveau front du groupe État islamique en Asie ? -, la question ethnique des Rohingya en Birmanie, les difficultés affrontées par la justice transitionnelle au Sri Lanka, l’autoritarisme au Cambodge, les tensions frontalières entre la Chine et l’Inde et comme entre la Chine et le Japon, la Corée du Nord ajoute le piment nucléaire…
D’un type nouveau et de portée plus large, des difficultés, voire des crises, ont surgi. Le changement climatique menace en premier lieu et sérieusement les micro-États insulaires proches de l’Australie mais aussi les métropoles asiatiques situées sur le littoral (Osaka, Hong Kong, Shanghai, Jakarta…). La fragilité de la démocratie dans la région est plus que perceptible que jamais. Les perspectives commerciales ont évolué avec la position plus protectionniste des États-Unis et son retrait du Partenariat Trans-Pacifique. L’ASEAN++ se trouve de ce fait, placé au centre d’un partenariat économique régional.
La montée de la Chine domine l’actualité internationale. D’ici 2020, Pékin possédera 70 sous-marins et la moitié des aéronefs et navires de combat seront présents dans la région Asie-Pacifique. Les facteurs d’instabilité imposent une force militaire à la mesure des risques, mais les modalités de sa mise en œuvre étaient encore à l’étude en février 2018. En conséquence, la défense australienne a ébauché trois alternatives mais aucune ne concilie la tension entre économie et défense (le financement repose sur une bonne croissance économique qui dépend de la Chine dans une large mesure). Cette épineuse question empêche l’émergence d’une grande stratégie combinant telle ou telle de ces alternatives :
– Le développement d’une capacité de déni d’accès et d’interdiction de zone (A2AD) à l’égard de la Chine et de l’Indonésie – pour sa vulnérabilité à l’extrémisme islamique ;
– Le soutien à la stratégie américaine avec accent sur l’interopérabilité entre forces (la » disparition » de l’Amérique va-t-elle se prolonger ?) ;
– La coopération militaire avec les pays de la région pour renforcer la résilience face à l’affirmation de la Chine, malgré la présence d’États clients de Pékin (Laos et Cambodge).
Points saillants de la politique régionale de l’Australie
L’Australie, un véritable creuset pour d’importantes communautés asiatiques
L’Australie est un pays qui s’est construit grâce à l’immigration. Les membres des communautés asiatiques, dont un bon nombre ont adopté la nationalité, forment désormais une partie visible de la population australienne sans ostracisme particulier de la part des Européens d’origine. Le recensement de 2016 donne des indications récentes à ce sujet. En chiffres arrondis, les minorités asiatiques comptent aujourd’hui pour environ 10 % d’une population totale de 24,5 millions d’habitants.
La moitié d’entre ces ressortissants sont des Chinois (1 214 000 en 2016, dont 510 000 déclarés nés en Chine lors du recensement ; 615 000 en 1998), puis viennent les Vietnamiens (515 000), les Indiens (500 000) et les Philippins (310 000, en croissance rapide).
Le nombre des étudiants asiatiques est révélateur de l’attrait des institutions d’enseignement de type occidental pour le voisinage asiatique. Un bon nombre d’entre eux s’installeront en Australie.
Voici quelques ordres de grandeur : 140 000 étudiants chinois en mars 2017, soit 20 000 de plus qu’un an auparavant et 30 % du total des étudiants étrangers en 2017. En 2016, plus de 10 000 étudiants philippins se sont inscrits dans des établissements d’enseignement australiens, soit une augmentation de plus de 100 % par rapport à 2010. 56 000 étudiants indiens, soit 11 % des étudiants étrangers en Australie.
La Chine est devenue le premier partenaire académique de l’Australie dans des domaines tels que l’ingénierie, les mathématiques et la chimie. Sur les quelque 885 accords existant entre universités australiennes et chinoises, 89 % comprennent une dimension de coopération académique ou de recherche (Anthony Welch, Université de Sydney, 2015).
NB. On notera un enchaînement qui pourrait faire système : le partenariat intégral renforcé entre le Vietnam et l’Australie s’articule avec le partenariat stratégique entre le Vietnam et Singapour.
Les relations de l’Australie avec son environnement indopacifique et asiatique
(une revue plus détaillée pays par pays figure en annexe 4).
Chine. Pour mémoire, le sujet est extrêmement bien documenté.
Asie du Sud-Est
L’Australie avait conclu dès 2007 un partenariat global avec l’ASEAN et signé un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande et l’ASEAN en 2009 qui prévoit une levée des droits de douane sur 96 % des échanges commerciaux. Membre fondateur du Forum régional de l’ASEAN (Asean Regional Forum, ARF). L’Australie participe aux réunions des ministres de la Défense (Asean Defence Ministers Meeting PlusADMM+), comme aux Sommets de l’Asie orientale. Les bons connaisseurs de la politique étrangère australienne estiment cependant que l’engagement de l’Australie vis-à-vis de l’ASEAN devait être subordonné à une politique plus large de l’Asie du Sud-Est, comprenant Timor Est et qu’elle avait probablement tardé à se rendre compte qu’elle devait s’engager plus résolument en Asie du Sud-Est, alors que l’engagement américain dans la région devenait un sujet d’interrogation et que le poids économique et l’empreinte coercitive de la Chine venaient remplir l’espace délaissé par Washington.
Indonésie. Depuis la Revolusi – lutte pour l’indépendance indonésienne de 1945 à 1949 – les gouvernements australiens ont constamment placé les relations avec l’Indonésie au premier plan de leurs préoccupations de politique étrangère. C’est le plus important partenaire extérieur de l’Australie, et probablement aussi celui avec lequel les relations sont les plus complexes, évoluant en dents de scie.
Timor Est. L’accord signé le 2 septembre 2017 sous le regard de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye, entre Timor Est et l’Australie sur le tracé de leur frontière maritime met fin aux frictions et devrait favoriser l’exploitation de Greater Sunrise, un gisement gazier estimé à 40 milliards de dollars. L’Australie et la Timor Est sont convenues d’instaurer un régime spécial pour son exploitation.
Papouasie-Nouvelle Guinée. Ce pays a conservé d’étroites relations diplomatiques avec son ancienne métropole et dépend largement de l’aide australienne dont elle est le premier pays bénéficiaire. Les Papous connaissent mieux les Australiens qu’ils ne sont connus de ceux-ci. L’Australie envoie les demandeurs d’asile sur l’île papoue de Manus.
Japon. Partenaire prépondérant de l’Australie. Tokyo a toujours été un partenaire commercial clé, des sommets réguliers (dialogues » 2+2 » réunissent les ministres australiens et japonais des Affaires étrangères et de la défense), les relations sont ponctuées par des exercices militaires communs et marquées par un partage de renseignements, etc. Un dialogue stratégique trilatéral entre Canberra, Washington et Tokyo se poursuit depuis 2002.
Corée du Sud. La relation entre l’Australie et la Corée du Sud, récente, est en pleine expansion. Depuis 2013, les deux pays organisent eux aussi des réunions » 2+2 » et approfondissent leur collaboration militaire, en bilatéral comme au travers d’exercices multilatéraux – tel le Rim of the Pacific Exercise (RIMPAC). De plus, la Corée du Sud a signé un accord de libre-échange avec l’Australie en avril 2014.
Inde. Canberra et New Delhi des intérêts communs dont la sécurité des routes maritimes, la lutte contre la piraterie, un solide partenariat scientifique ou le développement de leur relation économique et partagent une certaine méfiance envers la Chine. Leur rapprochement a longtemps été freiné par le refus australien de vendre de l’uranium à une Inde non signataire du Traité de non-prolifération nucléaire. » L’enjeu majeur de la relation entre l’Inde et l’Australie en matière de sécurité régionale réside ainsi moins dans le développement de leur coopération militaire future stricto sensu que dans son rôle dans la création, par les États concernés de la zone indopacifique, d’un ordre régional non- hégémonique, incluant la Chine sans être dominé par elle » (Frédéric Grare, Océan Indien : le rapprochement stratégique indo-australien, Politique étrangère, 3 mars 2016).
Sri Lanka. En avril 2009, le gouvernement australien a annoncé une aide humanitaire supplémentaire de 4,5 millions de dollars australiens pour aider à la fin de la guerre civile au Sri Lanka. Le Premier ministre Tony Abbott, lors de la visite du au Sri Lanka à l’occasion de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth en 2013, a annoncé que l’Australie ferait don de deux navires de patrouille à la marine sri-lankaise pour promouvoir une meilleure collaboration contre la contrebande.
Océanie et Pacifique. La perception de la politique australienne dans le Pacifique sud n’est pas sans ambiguïté, les pays riverains de la zone oscillent entre besoin d’aide et besoin d’autonomie. Les relations entre l’Australie, acteur dominant du Pacifique sud, et les îles-États de la région sont délicates malgré le fait que 95 % du PIB et 98 % des dépenses de sécurité et de défense, 60 % de l’aide au développement en proviennent. En 2014, l’aide au développement australienne avait été réorientée vers le Pacifique Sud au détriment de l’Afrique, par le Premier ministre alors en poste, Tony Abbott. Son successeur, Malcolm Turnbull a poursuivi dans cette voie en créant en septembre 2015 un portefeuille ministériel dédié au Pacifique et en assurant une présence appuyée au Forum des îles du Pacifique.
B) Les relations avec les États-Unis
Quid de l’alliance historique avec les États-Unis ?
Sur le plan stratégique l’Australie observe avec perplexité le va-et-vient de Washington qui, après l’apparent volontarisme du » pivot » semble y avoir renoncé, victime de la première année de l’administration de D. Trump marquée par un notoire manque de cohérence. Si le volontarisme du pivot est qualifié d’apparent, c’est que les dirigeants australiens avaient bien observé que dans ses discours Barak Obama mettait l’accent principal sur la lutte contre le terrorisme islamique au Moyen-Orient et à l’Iran plus que sur l’Asie, principalement considérée sous l’angle de marchés commerciaux. L’alliance avec les États-Unis a fini par n’être invoquée que par habitude comme une assurance platonique. La présence, depuis 2017 des 2 500 marines stationnés, par roulement de six mois à Darwin, reste symbolique au regard des troupes américaines en garnison au Japon (47 000), en Corée du Sud (30 000) ou à Guam (6 000).
L’ANZUS (Australia, New Zealand, United States Security Treaty), pacte militaire signé en 1951, est devenu bilatéral en 1985 avec la sortie d’une Nouvelle-Zélande refusant le nucléaire militaire. La raison d’être de l’ANZUS a été de s’opposer successivement au militarisme japonais, au communisme international et, aujourd’hui, à l’hégémonie chinoise. Il a marqué l’effacement du Royaume-Uni dans le Pacifique et son remplacement par les États-Unis. Cet effacement avait été précédé par les décisions britanniques de 1942 à l’origine de la chute de Singapour, exposant l’Australie au péril, une » inexcusable trahison » pour le gouvernement australien de l’époque.
Conséquence : l’alliance stratégique de Canberra avec Washington s’est substituée aux liens historiques avec Londres dans le cadre du Commonwealth au point de devenir un lien de subordination. Isolée dans un environnement régional perçu à la fois comme hétérogène et menaçant, l’Australie a en effet longtemps considéré comme vital le lien avec un grande démocratie. Mais Michael McKinley, de l’Université nationale australienne, ANU estimait en 2014 que » l’architecture intellectuelle de la politique étrangère et de sécurité des États-Unis est incompatible avec des politiques visant à promouvoir la paix « . Il montrait ainsi, notamment après les guerres livrées au Moyen-Orient et en Afghanistan, que dans la réflexion sur la politique de défense australienne, le doute s’était insinué à propos de l’alliance avec Washington. Lors des réunions entre partenaires de l’ANZUS, l’attitude des représentants américains était sans ambiguïté : l’opinion de leurs collègues australiens et néozélandais ne comptait que si elle allait dans le même sens que la leur. Plus récemment, » l’épisode Trump » a révélé brutalement la fragilité de cette alliance, l’absence de poids politique d’une Australie réduite au rôle de supplétif ou de relais géographiquement bien placé. Les relations personnelles entre D. Trump et M. Turnbull confirment le quasi mépris du premier à l’égard du second. En témoignent les 24 minutes d’échanges téléphoniques acrimonieux du 28 janvier 2017 (alors que la durée de l’entretien devait durer une heure) à propos des immigrants. Selon les mots de Trump à Turnbull, ça avait été son » appel le plus désagréable toute la journée » (verbatim divulgué par le Washington Post du 3 août 2017) ; ou encore de l’absence de contact à Danang, à l’occasion de la tenue de l’APEC, pire : l’annulation de dernière minute du dîner prévu à Manille lors du sommet de l’ASEAN en novembre 2017. Par contraste Trump avait proclamé son estime pour le président philippin, Rodrigo Duterte, qui fait » un incroyable job » pour éradiquer l’usage de la drogue dans son pays. Invité il y a quelque temps à rencontrer le président Trump à la Maison Blanche, Duterte avait décliné en disant » J’ai vu l’Amérique et c’est moche … «
Le doute sur l’intérêt d’une alliance avec les États-Unis mine la confiance que l’Australie devrait avoir à l’égard d’un partenaire stratégique. Ce doute ne date pas d’aujourd’hui, il s’appuie sur le rappel des erreurs d’appréciation commises depuis 1945 par Washington. Michael McKinley en a dressé la liste : la première bombe atomique soviétique, l’invasion de la Corée du Sud par la Corée du Nord, l’intervention de la Chine en Corée, le soulèvement hongrois de 1956, la mise en orbite de Spoutnik, la victoire de Castro en 1959, l’installation consécutive de missiles soviétiques à Cuba en 1962 (opérationnels pour certains, ce qui était de loin plus important), l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968, l’effort massif des Soviétiques au milieu des années 1960 pour rattraper l’Amérique en nombre et en capacité de missiles, la guerre de 1973 au Proche-Orient, l’acquisition par l’Inde d’une capacité nucléaire en 1974, le renversement du Chah d’Iran en 1979, l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS la même année, l’ascension du Japon en tant que puissance économique majeure, l’émergence de l’inflation en tant que mal chronique de tous les pays industrialisés et le déclin de productivité de tous les pays occidentaux dans les années 1970 ; la perte flagrante de leadership des États-Unis après la défaite au Vietnam, la surprise stratégique de la désintégration de l’URSS en 1991 – sur laquelle le renseignement américain était principalement focalisé et qui constituait même sa raison d’être -, la crise financière asiatique de 1997, les essais nucléaires indiens de mai 1998, le 11-Septembre, la crise financière mondiale de 2008, » autant d’événements qui ne furent ni envisagés ni anticipés, et encore moins compris « . Le désamour ne date pas de Trump. Peu après que Barak Obama ait prononcé son discours sur l’état de l’Union le 29 janvier 2014, Robert Kelly, un universitaire australien, professeur de sciences politiques à l’université nationale de Pusan, après avoir constaté que le mot Chine ne revenait que deux fois dans le discours, en fait un commentaire désabusé dans The Interpreter, l’organe du Lowy Institute : » Rappelez-vous toujours que les États asiatiques ont besoin des États-Unis beaucoup plus que les États-Unis ont besoin d’eux « .
S’agissant d’une posture intellectuelle plus qu’un sentiment populaire, il est sans doute prématuré d’évoquer un bouleversement stratégique, mais elle rejoint le mouvement d’une Australie désireuse de se rapprocher de son voisinage géographique et de partager davantage avec lui. Le puissant lien commercial avec la Chine et la forte composante chinoise dans la population australienne, la nécessaire coopération avec l’Indonésie dans la lutte contre le terrorisme islamique ont entraîné, chez les Australiens, une certaine familiarité propice à une vision différente des relations internationales, sinon à une intégration régionale.
L’absence passagère mais significative de l’interlocuteur américain
À cette situation intrinsèquement difficile à appréhender, s’ajoute l’absence inédite de l’allié américain, l’interlocuteur habituel à consulter. En effet, Trump n’a nommé que très tardivement ses ambassadeurs en Asie, peu avant sa propre tournée asiatique de 10 jours en novembre 2017 jalonnée par trois sommets (APEC, ASEAN, Asie orientale). L’ambassade des États-Unis à Canberra est restée 16 mois sans titulaire, » une insulte diplomatique « . Alors que son prédécesseur avait quitté l’Australie en septembre 2016, le nouvel ambassadeur, l’amiral Harry Harris, n’a été nommé que le 11 février 2018, mais, début mars 2018, cette nomination restait suspendue à l’approbation du Sénat. Les postes diplomatiques de New Delhi, Séoul, Hanoi, Manille, Jakarta… n’ont été pourvus qu’entre septembre et décembre 2017. Quant à la sous-Secrétaire d’État pour les Affaires d’Asie et du Pacifique, Susan Thornton, elle n’a été nommée qu’en toute fin d’année 2017. Le document National Security Strategy of the United States of America publié en décembre 2017 ne contient, concernant la région indopacifique, que les généralités habituelles, si l’on excepte les menaces lancées à la Corée du Nord, à l’Iran, au terrorisme islamique et aux organisations criminelles transnationales, les mises en garde adressées la Chine, les compliments appuyés prodigués au Japon et à l’Inde. L’Australie n’est citée que comme fidèle auxiliaire au combat des États-Unis, soutien des intérêts communs et gardien des valeurs démocratiques dans la région.
Le débat est ouvert : continuer la politique de forward defence (défense avancée, correspondant souvent aux intérêts des États-Unis) ou privilégier la defence self-reliance (défense des intérêts stricts de l’Australie) ? Canberra semble privilégier une combinaison des deux stratégies. Le dernier Livre blanc comporte un appel rhétorique (voire un défi ?) à Washington : » Sans un fort engagement politique, économique et de sécurité des États-Unis, le pouvoir changera plus rapidement dans la région et il sera plus difficile pour l’Australie d’atteindre les niveaux de sécurité et de stabilité que nous recherchons « . Sous-entendu : » si ce n’est pas le cas, alors, afin de soutenir un équilibre dans l’Indo-Pacifique favorable à nos intérêts et de promouvoir une région ouverte, inclusive et fondée sur des règles, l’Australie travaillera également plus étroitement avec les grandes démocraties de la région, bilatéralement et en petits groupes ». Ci-après, in-extenso, le texte du Livre blanc consacré aux relations en Indo-Pacifique.
Des alliances alternatives
Pour répondre à la menace latente en provenance de Chine, de Corée du Nord et du terrorisme islamique la défense australienne a ébauché pour sa part trois alternatives :
1) continuer à soutenir la stratégie américaine ;
2) développer une capacité de déni d’accès et d’interdiction de zone à l’égard de la Chine et de l’Indonésie – pour sa vulnérabilité à l’extrémisme islamique ;
3) coopérer avec les pays de la région pour renforcer la résilience face à l’affirmation de la Chine et accéder à une certaine indépendance stratégique.
Cette dernière option place l’Australie devant deux possibilités, non exclusives l’une de l’autre : s’engager dans la logique du Quadrilatère (Australie, États-Unis, Inde, Japon) poussée par ce dernier et une série d’alliances bilatérales au sein de l’ASEAN – celle-ci, stratégiquement désunie sous l’influence de Pékin étant inutilisable en matière de défense. Le Quadrilatère lui ménagerait, bien que lointains, de sérieux appuis mais afficherait d’emblée son hostilité à l’égard de Pékin, ce à quoi Canberra répugne, les secondes porteraient les attributs inverses. Un choix difficile pour qui ne veut pas se voir imposer des choix binaires entre prospérité et sécurité ou entre Chine et États-Unis. Pour l’instant, la faiblesse de ces alternatives purement militaires tient à ce qu’aucune n’intègre la problématique défense-économie car le financement du premier terme repose sur la croissance du second qui dépend aujourd’hui largement de la Chine.
Extrait du Livre blanc sur la politique étrangère de l’Australie (nov. 2017) A stable and prosperous Indo-Pacific » Notre alliance avec les États-Unis est au cœur de l’approche australienne de l’Indo-Pacifique. Sans un fort engagement politique, économique et de sécurité des États-Unis, le pouvoir changera plus rapidement dans la région et il sera plus difficile pour l’Australie d’atteindre les niveaux de sécurité et de stabilité que nous recherchons. Pour soutenir nos objectifs dans la région, le gouvernement élargira et approfondira notre coopération dans le cadre de l’alliance, y compris par le biais des initiatives américaines de maintien de la force. |
C) L’Australie et l’option nucléaire
En termes diplomatiques, le Livre blanc australien sur la défense, publié en février 2016, explique le doublement du nombre de sous-marins (12 Shortfin remplaçant 6 Collins) par la prévision selon laquelle » D’ici à 2035, environ la moitié des sous-marins du monde opéreront dans la région indo-Pacifique, où l’Australie a le plus d’intérêts « . En clair : les frottements de la Chine avec ses voisins à propos de la souveraineté de divers îlots voire des tests dans le voisinage même de l’Australie* et, accessoirement, le bellicisme de la Corée du Nord, entraînent une militarisation de l’environnement maritime dans la région. De proche en proche, quelques acteurs majeurs sont ou seront des puissances nucléaires (Chine, Inde, Pakistan voire Japon et… Corée du Nord). L’Australie ne peut en rester à la posture conventionnelle qui prévaut chez elle à l’abri du parapluie nucléaire américain.
* Selon J. Lusaf, Asie21, la présence d’unités navales chinoises au large de Darwin se fait plus régulière et plus importante. Il s’agit de la zone où parviennent les navires chargés d’immigrants clandestins venus de Chine qui cherchent à s’installer en Australie. L’aviation chinoise multiplie ses survols de reconnaissance de la Nouvelle-Zélande où les autorités les tiennent pour des tests de leur capacité de réponse. L’aide des États-Unis a été sollicitée qui pourraient accroître la présence de leur marine dans ces parages.
Dialogue agressif avec Pyongyang. Le 22 avril 2017 la Corée du Nord mettait abruptement en garde l’Australie contre une éventuelle attaque nucléaire si Canberra persistait à » suivre aveuglément et avec zèle les tentatives des États-Unis d’isoler et d’étouffer la RPDC. Ce serait un acte suicidaire que de se mettre ainsi sous la portée de la frappe nucléaire de la force stratégique de la RPDC « .
NB. L’Australie se trouve à portée du missile nord-coréen Hwasong-14.
La ministre australienne de la défense, Julie Bishop, après avoir déclaré que la » nation voyou » serait soumise à des sanctions a qualifié le programme d’armement nucléaire de la Corée du Nord de » menace sérieuse » pour l’Australie. Les sanctions devaient envoyer » le message le plus clair possible à la Corée du Nord, que son comportement ne sera pas toléré et qu’une Corée du Nord nucléaire n’est pas acceptable pour la région « .
En réponse, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères nord-coréen a déclaré que les commentaires de Julie Bishop » ne lui seront jamais pardonnés » et que Pyongyang n’agissait qu’en état de légitime défense.
De son côté, le porte-parole travailliste chargé de la défense, Richard Marles, a déclaré que si la menace de la Corée du Nord était extrêmement préoccupante, une telle formulation appartenait à la rhétorique quotidienne du régime. Il estimait que les signes venant de Chine, un allié de la Corée du Nord, étaient positifs. » Nous avons donc un énorme intérêt pour une péninsule coréenne stable et la stabilité dans cette région où se situe la zone d’action économique principale de l’Australie, avec la Chine, le Japon et la Corée du Sud comme principaux partenaires commerciaux « .
Deux opinions, émises par des collaborateurs de centres australiens de réflexion dignes de respect, se sont posé la question quasiment sacrilège dans leur pays (elle avait été cause d’un refroidissement durable dans les relations avec la » France de Mururoa « ) : pour éviter de devoir compter à moyen et long terme sur un appui américain qui vient subitement de se révéler peu fiable, ne faudra-t-il pas doter les forces australiennes de défense d’une capacité nucléaire ?
Peter Layton, The Interpreter, publication du Lowy Institute : » Pour toutes les nations à l’ère moderne, le grand égalisateur est l’arme nucléaire. Sans eux, le futur chantage nucléaire de l’Australie est possible. Les menaces nucléaires pourraient être utilisées pour influencer négativement nos politiques étrangères ou intérieures. Quelle alternative réaliste aurions-nous ? Geoffrey Barker, déjà cité, va dans le même sens : » Des sous-marins nucléaires permettrait à l’Australie de se battre aussi durement que possible sans craindre de subir sans réponse une dévastation nucléaire « . Ce point est développé plus loin.
L’éventualité de conflits régionaux amènent l’Australie à se poser plusieurs questions. En cas de conflit nucléaire, pourrait-elle faire face efficacement à une première frappe et à une campagne aérienne. Plus généralement, malgré ses effectifs limités, son armée aurait-t-elle la résilience voulue ? Quelle est son expérience prouvée au combat ? La qualité de ses commandants ? Sa capacité à s’adapter aux menaces qui se présentent à elle ?
Chapitre III – Les Forces armées australiennes
Australia Defence Forces
Évolution doctrinale et capacitaire
Pour renforcer sa politique étrangère, l’Australie maintient une armée (terre, air, mer) bien équipée et dont l’histoire remonte à la guerre des Boers, en Afrique du Sud (Revue des opérations auxquelles a pris part l’armée australienne : annexe 5).
L’Australie a récemment révisé sa posture stratégique et l’a basée sur le concept d’indépendance, même si Canberra apparaît souvent comme un supplétif de Washington. Indépendance militaire pour assurer la protection de ses frontières maritimes et indépendance tant matérielle que politique pour choisir ses alliances et ses projections de troupes sur des théâtres d’opérations extérieures.
Canberra a choisi :
1) de jouer un rôle régional (Timor, opérations humanitaires en Asie du Sud-Est),
2) de montrer sa détermination face à la Chine, certes son partenaire commercial mais dont la flotte s’aventure dans les océans Indien et Pacifique et
3) de favoriser la création d’industries d’armement solides, autant pour gagner en indépendance que pour créer des emplois sur son sol.
Les forces armées australiennes en 2017
L’armée australienne, qui, en juin 2017, comptaient 58 200 personnes auxquelles s’ajoutent 21 694 personnels de réserve, devrait en compter 62 400 en 2025.
Le budget consacré à la défense en 2017-2018 est de 28 milliards de dollars américains (26,2 en 2012 ; 23,6 en 2015, 24,6 en 2016 selon le Stockholm International Peace Research Institute, SIPRI) soit 1,9 % du PIB. Il classe l’Australie au 12e rang mondial. Toujours selon le SIPRI, l’Australie est le 6e plus gros importateur d’armes majeures dans le monde. Les fournisseurs sont les États-Unis, l’Espagne et la France. L’Australie modernise ses forces armées mais acquiert également des armes qui augmentent considérablement ses capacités à longue distance.
Pour permettre à son armée d’atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés, le budget australien de la défense devrait dépasser le seuil symbolique de 2 % du PIB en 2020, à plus de 55 milliards d’euros en 2025-2026.
La politique de défense devrait passer par une ambitieuse modernisation de son armée via de nombreux programmes d’armement, plus que par augmentation des effectif (limitée à 2 500 personnes). Le chef des forces armées a estimé que les dépenses prévues pourraient représenter, d’ici la fin des années 2050, un total d’environ 117,5 milliards de dollars américains (150 milliards de dollars australiens).
L’accent est placé sur le développement des capacités de projection de force de la Marine et d’une présence en mer réaffirmée grâce aux mesures suivantes :
– Remplacement des six sous-marins de classe Collins par au moins 12 nouveaux sous-marins (les Barracuda Shortfin français de Naval Group, voir ci-dessous).
– Remplacement des frégates de classe Perry (les Adelaïde) modernisées dans les années 2000, par des destroyers de classe Hobart en construction sur le type de la frégate Álvaro de Bazán (F-100) de l’espagnol Navantia.
– Construction de deux Landing Helicopter Docks de classe Canberra, inspirés du Juan Carlos espagnol.
– Plan d’acquisition de 72 avions de chasse F-35 au profit de l’Armée de l’Air, et remplacement de certains matériels de l’Armée de Terre.
Les investissements prévus concernent les équipements présentés dans l’annexe 6.
Les nouveaux sous-marins
La flotte actuelle des six Collins de conception suédoise doit être désarmée à partir de 2026 et progressivement remplacée, selon l’accord signé le 20 décembre 2016 avec DCNS (Naval Group depuis juin 2017) par 12 sous-marins d’attaque français SMX-Océan Shortfin. Le Shortfin est un dérivé conventionnel du programme Barracuda de la classe Suffren à propulsion nucléaire – dont le premier exemplaire sera livré à la Marine française en 2019.
Le Shortfin – le Barracuda australien-, à propulsion conventionnelle (anaérobie diesel/électrique en circuit fermé) et pompes-hélices ultra silencieuse au lieu d’hélices classiques, mesurera 97 mètres de long et présentera un déplacement de 4 500 tonnes en surface. Capable de mener de longues patrouilles – 18 000 milles nautiques à 10 nœuds, vitesse de transit de 14 nœuds, trois mois en mer – il pourra plonger à 300 m de profondeur. Construit dans le chantier naval d’Adélaïde, les livraisons devraient s’échelonner entre 2030 et 2050. Le partenariat stratégique liera Paris et Canberra pour au moins une cinquantaine d’années.
L’hypothèse nucléaire conduit à trois questions
1) Pourquoi pas des Barracuda nucléaires ?
» L’achat de sous-marins diesel-électrique français reflète une préférence gouvernementale établie de longue date pour les forces sous-marines non nucléaires. Mais cette préférence restera-t-elle stratégiquement crédible dans les années à venir ? « . Telle est la question posée par Geoffrey Barker*. Il suggère de rester ouvert à l’éventualité d’acquérir des Barracuda nucléaires dont le voisinage avec des sous-marins conventionnels pourrait s’avérer un résultat optimal pour l’Australie. » Bien que passant de six Collins à douze Shortfin Barracuda – ce qui contribuerait sans aucun doute à la capacité de l’Australie à décourager les intrusions étrangères potentielles et à soutenir des coalitions navales internationales avec des alliés comme les États-Unis et le Japon – la flotte sous-marine australienne conventionnelle resterait tout de même très réduite « , écrit-il.
* G. Barker est chercheur invité au Centre d’études stratégiques et de défense de l’Université Nationale Australienne et chroniqueur pour la défense et les affaires étrangères de l’Australian Financial Review. L’article cité, Should some of our Barracudas go nuclear ? est paru le 19 juin 2017dans The Strategist, de l’Australian Strategic Policy Institute.
2) Le Dreadnought britannique ?
Si l’obstacle de l’opposition au nucléaire est franchi, une autre hypothèse a été soulevée : pourquoi ne pas participer au programme britannique de construction de 4 sous-marins nucléaire de classe Dreadnought lancé en 2016 par BAE Systems Maritime-Submarines, destinés à remplacer les sous-marins de la classe Vanguard et dont le coût en première évaluation, 49 milliards d’euros, est à la limite du supportable pour le Royaume-Uni. En partager les coûts d’acquisition, d’exploitation, de personnel et de ciblage avec l’Australie serait d’intérêt commun. Le premier sous-marin de la classe doit entrer en service en 2028. Le Dreadnought est capable de transporter 12 missiles balistiques intercontinentaux Trident, chacun avec huit ogives pouvant avoir des cibles individuelles. Un Dreadnought au milieu de l’Atlantique pourrait ainsi menacer toute cible russe, chinoise ou nord-coréenne.
3) Question subsidiaire
Les Barracuda nucléaires (six, par exemple) et Dreadnought (un ou deux ?) seraient-ils associés dans la flotte sous-marine australienne ou bien exclusifs ? Bien que la question ne soit pas définitivement tranchée, un début de réponse peut être trouvé dans le rapport rédigé par Insight Economics à la demande du gouvernement australien, ministère de la défense (Public Policy Report to : Submarines for Australia, http://www.submarinesforaustralia.com.au/wp-content/uploads/2017/09/Insight-Economics-Submarine-Report.pdf) et publié en septembre 2017. Son chapitre 5.4 répond en effet, mais avec une certaine ambiguïté, à la question » Does the RAN [Royal Australian Navy] need nuclear submarines ? « . L’ambiguïté tient au fait que le rédacteur paraît quasiment assuré qu’en cas de conflit majeur, les États-Unis seront concernés au premier chef et que, la région bénéficiant des sous-marins nucléaires américains, il ne sera pas nécessaire d’engager le pays dans les dépenses très lourdes qu’entraînerait le choix nucléaire. Sinon, il est reconnu qu’au regard des avantages de la propulsion nucléaire, les divers obstacles énumérés (nécessité de doter le pays d’une filière nucléaire, recruter les équipages hautement qualifiés, créer des structures spécifiques dans les sept ports d’attache à envisager au regard de la longueur du littoral australien, etc.), pourraient trouver des solutions à 10 ou 15 ans. Le pari semble reposer sur le retour à une politique américaine moins hasardeuse qu’elle ne l’est avec la présidence Trump.
Chapitre III – Le déploiement naval en Indo-Pacifique
L’Australie et son armée sont immergées dans le contexte régional militarisé sommairement présenté dans le chapitre suivant et ses annexes. Une région lourdement armée. Les acteurs présents dans cet espace composite qui se redessine sont engagés dans des relations complexes qui en font un foyer d’instabilité mondiale. On y trouve en effet – à l’exception notable et très regrettable de l’Europe bien que la France y ait cependant un pied – huit puissances régionales classées parmi les vingt plus grandes puissances mondiales (Chine, Inde, Corée du Sud, Japon, Pakistan, Taïwan et Indonésie). Les deux premières (Chine et Inde) peuvent être considérées comme des superpuissances régionales. La Russie, autre superpuissance régionale, n’est pas très loin. Parmi elles, les puissances nucléaires que sont les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et sans doute, le Japon.
L’Australie ne peut être que concernée. L’abondance de ses ressources terrestres, marines et sous-marines constitue un enjeu majeur dans une région qui concentre environ la moitié de la population du globe.
Quant aux pays de l’ASEAN, ils ne pèsent globalement rien, mais seront des supplétifs des uns ou des autres au gré de ralliements douteux comme en témoigne l’attitude des Philippines.
Sur le plan stratégique, le poids démographique n’est évidemment pas suffisant pour évaluer les masses combattantes. Lesquelles s’articulent dans le cadre d’institutions bi- ou multilatérales, d’accords de programmes ou d’alliances, à l’intérieur desquels évoluent, selon leurs doctrines et stratégies, les forces armées avec leurs effectifs et leurs équipements.
Deux facteurs majeurs d’instabilité très différents, déjà évoqués, affectent peu ou prou chaque pays de la région indopacifique : 1) la compétition entre la Chine et les États-Unis, avec les dangers de la surenchère et les risques des dérapages, accessoirement, la menace nord-coréenne, 2) le terrorisme, avec la présence de groupes inspirés par l’idéologie jihadiste ou un nationalisme exacerbé.
On s’en tiendra aux forces navales compte-tenu de son importance dans la région et de la présence grandissante des sous-marins, devenus, avec les porte-avions, les fers de lance des Marines modernes comme des marqueurs de la puissance de projection. On trouvera chez C. Galactéros (http://galacteros.over-blog.com/2016/09/marines-du-monde-le-grand-basculement-vers-l-asie-sans-l-occident.html) un point, actualisé en 2016, sur les différentes marines qui comptent dans le monde et sur la prédominance – en cours de développement – des marines asiatiques : du » Rule, Britannia ! Britannia, rule the waves » au » Rule, China ! China, rule the waves « .
La répartition des sous-marins en Indo-Pacifique
Sources : GFP (Global Fire Power 2017 Military Strength Ranking, https://www.globalfirepower.com/countries-listing.asp) et FRS, Fondation pour la recherche stratégique (Rapport FRS, fév. 2018 : Implications des ambitions maritimes des États puissances et des innovations navales, de l’historien naval A. Sheldon-Duplaix, https://www.frstrategie.org/web/documents/publications/recherches-et-documents/2018/201804.pdf
Pays | GFP 2017 |
Chiffres complémentaires (Rapport FRS fév. 2018) |
GFP & complément FRS | ||
En exercice | En chantier | À terme | |||
Japon | 17 | 5 (2021) | 22 | 22 [0 SNLE ; 0 SNA ; 22 SMD] | 22 |
Inde | 15 | 15 | 16 [1 SNLE ; 1 SNA ; 14 SMD] | 16 | |
Australie | 6 | 6 (2030) | 12 | 12 | |
Corée du Sud* | 15 | 1 (2019) | 16 | 12 [0 SNLE/0 SNA/ 12 SMD] | 12 |
Vietnam | 6 | 6 | 6 | ||
Singapour | 4 | 2 (2020)*** | 6 | 6 | |
Taiwan | 4 | NC (2025) | 4+ | 4+ | |
Malaisie | 2 | 2 | 2 | ||
États-Unis** | 42 | 42 | 42 | ||
Chine | 68 | 68 | 74 [7 SNLE/7 SNA/60 SMD] | 74 | |
Corée du Nord | 76 | 76 | 76 | ||
Pakistan | 8 | 8 (?)*** | 8 | 8 | |
TOTAL | 263 | 22 | 285 | 280 |
* Corée du Sud : le site Mer et Marine donne le chiffre de 18 sous-marins.
** Avertissement : le chiffre affiché est théorique, calculé à partir du ratio annoncé sans autre détail pour le » pivot asiatique » : soit 60 % du total actuel de 70 – à condition que ce ratio concerne bien les sous-marins.
*** Source autre que GFP 2017.
NB. Les Marines des autres pays de la région ne comportent pas (encore) de sous-marins (Thaïlande, Birmanie, Philippines, Bangladesh, Sri Lanka, Cambodge, Nouvelle-Zélande)
Remarque. La différence entre les deux totaux, provient sans doute de la difficulté de pouvoir démêler clairement le nombre de bâtiments en service et ceux qui sont (ou étaient au moment des enquêtes) en chantier à différents stades de leur construction. À titre indicatif, ces chiffres permettent cependant de disposer d’une vision globale du potentiel de la flotte des sous-marins en Indo-Pacifique.
Selon l’hebdomadaire Le marin, cité le 26/04/2016 par Ouest France, le monde comptait 490 sous-marins d’attaque en 2016. La moitié des sous-marins du monde sera exploitée en Indo-Pacifique d’ici 2030 est-il prédit. Le millésime pourrait bien se rapprocher plus vite que prévu. Le vérifier supposerait que Global Fire Power distingue dans ses chiffres le nombre de sous-marins d’attaque, ce qui n’est pas le cas.
Les Flottes et bases navales en Indo-Pacifique (sauf Australie)
Une vision traditionnelle des belligérances potentielles consisterait à considérer deux camps. Celui de la Chine et celui des Occidentaux, avec des incertitudes à propos de certains pays d’Asie du Sud-Est. C’est la facilité qui est adoptée ici, en notant le cas ambigu du Pakistan.
– La Chine travaille avec détermination à l’augmentation et à la modernisation de sa flotte, troisième marine mondiale et dispose désormais hors de son territoire de plusieurs bases militarisées en mer de Chine du Sud, casus belli, dans les Paracels et les Spratly, et de la base militaire de Djibouti, inaugurée en août 2017.
– Corée du Nord. Bien qu’issue de technologies obsolètes ou modernisée de façon douteuse, sa flotte sous-marine est la plus importante de la région. La Marine nord-coréenne ne serait capable que d’opérer jusqu’à 50 kilomètres des côtes de la Corée du Nord.
– États-Unis. Si les décisions de l’administration Obama sont suivies d’effet, la flotte américaine – VIIe et Ve Flottes – devrait avoir déployé 60 % de son dispositif global en 2020 dans le Pacifique, contre 50 % auparavant. Les bases militaires américaines de la région sont réparties entre le Japon, la Corée du Sud et l’Australie ; Guam ; Hawaï ; Diego Garcia et Djibouti. Les États-Unis disposent de loin la flotte sous-marine la plus puissante au monde avec quelque 70 submersibles, tous à propulsion nucléaire.
L’Initiative de stabilité en Asie-Pacifique est un plan proposé par le sénateur John McCain pour le renforcement de la présence américaine en Asie-Pacifique au cours des cinq prochaines années. Les États-Unis sont en effet contraints de s’adapter à l’échelle des défis de la Chine et de la menace nucléaire nord-coréenne.
– Japon. Aux côtés des flottes américaines, les forces navales japonaises confortent leur position en remplaçant la Royal Navy à la quatrième place en raison des sévères restrictions que vient de connaître cette dernière. Six destroyers sont dotés de la version navale du système de défense antimissile Aegis, en vue d’intercepter d’éventuels missiles nord-coréens (et sans doute, chinois). La dernière mise en service d’un sous-marin date du 12 mars 2018, au chantier naval de Mitsubishi Heavy Industries (MHI) à Kobe. Il s’agit du JS Seiryu, le neuvième sous-marin d’attaque diesel-électrique (SSK) de classe Soryu sur un total de 12 de même classe, la plus avancée au monde, d’ici mars 2021. Il devrait être basé à Yokosuka. Ce sous-marin de 4 200 tonnes en immersion est équipé de deux moteurs diesel Kawasaki 12V 25/25 SB et de quatre moteurs APS Stirling Kawasaki Kockums V4-275R pour un fonctionnement silencieux. Son système de propulsion indépendants de l’air (AIP) lui permet de rester en immersion pendant deux semaines avec une autonomie de 6 100 milles marins (11 297 km) avec une vitesse de surface maximale de 13 nœuds et une vitesse de déplacement sous la surface de 20 nœuds (profondeur de plongée maximale : environ 650 mètres). Sa bonne capacité de manœuvre, lorsqu’il opère à proximité du fond marin dans des eaux peu profondes, est assurée par des gouvernes en X de conception suédoise. Il est armé de six tubes lance-torpilles HU-606 de 533 mm qui peuvent accueillir des torpilles à tête chercheuse de type 89 et des missiles anti-navires UGM-84 Harpoon. À côté des systèmes de sonar Hughes / Oki ZQQ-7 montés sur flancs et flancs, le sous-marin est également équipé d’un sonar à réseau remorqué capable de détecter les navires à plus de 70 kilomètres. Coût : 496 millions de dollars.
La base de Djibouti est la première base navale permanente des Forces japonaises d’autodéfense à l’étranger. Elle a été inaugurée en juillet 2011.
NB. On estime que le Japon est à même de créer une ogive nucléaire en 6-12 mois.
– Taiwan possède actuellement 4 sous-marins, achetés aux États-Unis et aux Pays-Bas, dont deux sont opérationnels et les deux autres servent à la formation des équipages. Le 21 mars 2017, le premier projet de développement de sous-marins a été lancé par le constructeur taïwanais CSBC Corporation et l’Institut national Chung-Shan, chargé de développer les systèmes de combat. Ces sous-marins devraient être livrés en 2025.
– Corée du Sud. La Marine sud-coréenne accède au 8e rang des grandes marines mondiales. Elle devrait constituer dans les années 2030 une marine de haute-mer capable, notamment avec des porte-avions légers, de projeter sa puissance non plus seulement dans la péninsule mais dans tout l’océan Pacifique. Même si elle possède moins de bateaux que sa rivale nord-coréenne, elle la dépasse en tonnage. Le sous-marin Nagapasa, livré début août 2017 est le premier sous-marin achevé par la Corée du sud pour le marché export.
– En Asie du Sud-Est, l’Indonésie dispose de 4 sous-marins conventionnels. En 2015, elle a modernisé une base aérienne militaire et construit un nouveau port militaire sur l’archipel des îles Natuna, avant-poste indonésien en Mer de Chine du Sud. La Corée du Sud et l’Indonésie sont convenues de renforcer leur coopération militaire. En 2002 la marine malaisienne a acheté à DCNS, aujourd’hui Naval Group, deux sous-marins Scorpène ; le Vietnam a acquis en 2009, six sous-marins conventionnels de classe Kilo modernisés en Russie. Singapour disposait de quatre sous-marins suédois Challenger en 2001 auxquels se sont ajoutés deux sous-marins classiques Archer en 2009. Deux sous-marins allemands 218SG s’ajouteront en 2020.
La Thaïlande a exprimé la volonté d’acquérir trois sous-marins conventionnels chinois de class Yuan).
– Inde. La Marine indienne est la 7e marine mondiale en termes de tonnage de navires de combat et la 4e en effectifs. Selon son État-Major, il manquerait 10 frégates au plan d’équipement en cours pour atteindre le contrat opérationnel indien.
– Pakistan. La Marine pakistanaise compte 8 sous-marins, 8 autres, des S-20 dérivé du type 039A chinois, ont été commandé à Pékin en 2016. En cas de conflit, quel parti serait-elle amenée à prendre ?
On trouvera par ailleurs l’énumération, respectivement, des dispositifs régionaux de sécurité et de portée générale en Indo-Pacifique dans l’annexe 7.
*****
ANNEXES
Annexe 1
Le manifeste travailliste FutureAsia* , 2017, premières propositions
Engagement national
. Donner à chaque étudiant australien l’opportunité d’étudier une langue asiatique ;
. Rétablir un financement de 1,5 million de dollars australiens à l’Asia Education Foundation ;
. Affecter le financement de 3 millions de dollars australiens à l’Australian Institute of Company Directors pour construire des compétences de l’Asie au niveau des conseils d’administration des entreprises australiennes ;
. Établir un programme visant les diasporas (communauté asiatique en Australie et communauté australienne en Asie) ;
. Établir un centre d’études Australie-ASEAN.
Engagement régional
. Envisager l’organisation d’un forum réservé aux ministres des finances de l’Asie-Pacifique avant la réunion des ministres des Finances du G20.
. Établir des réunions officielles annuelles entre les ministres australiens et indonésiens des finances et du commerce ;
. Rester ouvert d’esprit à l’initiative des Routes chinoises de la soie, y compris des collaborations possibles en Australie du Nord ;
. Établir des rapports réguliers par le ministre des finances au Parlement sur les progrès de la mise en œuvre de la politique de FutureAsia.
Ce manifeste a été présenté le 29 septembre 2017 à Sydney, par le député travailliste Chris Bowen, shadow minister des finances devant l’Asia Society Australia.
Sources : Australian Labor Party et Australian Financial Review.
Annexe 2
L’Australie et la lutte contre le terrorisme islamiste
Les attentats du terrorisme islamique en Australie
L’Australie, bien que soutenant le jugement de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye donnant raison à Manille dans le conflit maritime qui l’oppose à Pékin en mer de Chine du Sud, reste prudente à l’égard de Pékin. Elle a préféré s’emparer de la lutte contre le terrorisme, dénominateur sûr pour la coopération en matière de sécurité avec l’Asie du Sud-Est et axe de coopération militaire avec ses voisins.
Une conférence sur le contre-terrorisme devrait accompagner le sommet ASEAN-Australie des 17-18 mars 2018. Plusieurs ministres de la défense de l’Asie du Sud-Est ont été récemment invités à Perth pour des discussions préparatoires sur la lutte antiterroriste, se concentrant sur la menace potentielle de retour dans la région, alors que les djihadistes quittent l’Irak et la Syrie. Le siège sanglant de Marawi (Philippines, voir ci-dessous) a mis en lumière la difficulté du combat en environnement urbain, considéré la prochaine phase des défis terroristes en Asie du Sud-Est comme en Australie.
La capacité militaire de l’Australie est modeste mais au titre des partenariats de défense en Asie du Sud-Est son armée estime être » plus agile » que celle des États-Unis. L’aide que l’Australie peut offrir aux pays d’Asie du Sud-Est dans leur lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent (via l’ADMM Plus) comporte cependant le risque de faire double emploi avec la Our Eyes’ Intelligence Initiative récemment proposée par l’Indonésie (voir encadré) et impliquant six membres de l’ASEAN. Cette aide a par ailleurs une limite : ne pas compromettre le futur renforcement des capacités antiterroristes et de sécurité maritime de l’Australie, y compris les patrouilles trilatérales coordonnées de la mer de Sulu, entre l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines.
On notera que le contre-terrorisme est une » activité duale » en offrant une couverture utile pour la coopération stratégique en matière de sécurité. Les avions de patrouille australiens envoyés aux Philippines au cours des dernières étapes de la bataille de Marawi ont certes comblé les lacunes de surveillance dans les efforts de détection des terroristes par l’armée philippine. Mais ils ont également été déployés à proximité de la mer de Chine méridionale, afin de permettre le suivi de la mise en place de l’infrastructure stratégique de la Chine dans les îles Spratly.
L’Australie redoute que des combattants islamistes rentrés du Moyen-Orient commettent des attentats sur son sol. Près d’une centaine d’individus ont quitté l’Australie pour rejoindre la Syrie et combattre dans les rangs d’organisations extrémistes, selon le ministre de l’Immigration.
Les autorités australiennes, qui craignent depuis plusieurs années des attaques de la part d’extrémistes, ont renforcé en septembre 2014 le niveau d’alerte terroriste, adopté une nouvelle législation dans le domaine de la sécurité et mené une série d’opérations antiterroristes. Elles déclarent que 13 attentats ont été évités ces dernières années, (dont six attentats au cours de 2016, l’un d’entre eux pendant la période de Noël dans le centre de Melbourne), inspirée par l’organisation État islamique.
Our Eyes’ Intelligence Initiative
La crainte du terrorisme en Asie du Sud-Est – tel que révélé lors d’attentats en Asie du Sud-Est ou lors du siège de la ville de Marawi aux Philippines – est très vive. Elle a amené les États concernés à réagir en coopérant à différents niveaux. Un exemple en est la coopération trilatérale entre l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines en mer de Sulu-Sulawesi, qui a commencé à se concrétiser en 2017.
Fin 2017, le ministre indonésien de la Défense, Ryamizard Ryacudu, proposait à ses homologues de mettre en place un nouveau dispositif sous régional de coopération baptisé Our Eyes’ Intelligence Initiative, OEI.
Le 25 janvier 2018, l’initiative était lancée officiellement à Bali par les hauts responsables de la défense de six États membres – Brunei, Indonésie, Malaisie, Singapour, Thaïlande et Philippines.
Au niveau le plus élémentaire, l’OEI a été conçue comme une plate-forme de partage d’informations pour les pays membres destinée à faciliter l’échange de renseignements sur le terrorisme, le radicalisme et l’extrémisme violent. Cette nouvelle initiative de partage de renseignements vise à aider les États participants à réagir plus rapidement et plus efficacement aux menaces de sécurité transnationales. Cette initiative mérite d’être vue dans le contexte plus large des réponses régionales au terrorisme et au radicalisme en Asie du Sud-Est et en Asie-Pacifique en général. Grâce à une coopération régionale, l’OEI devrait améliorer la synergie et la coordination ainsi que la rapidité et l’exactitude des informations et, partant, l’efficacité des réactions face aux menaces terroristes. Pour que l’OEI prenne pleinement sa place, il faudra que les États membres sachent dépasser les méfiances inhérentes à ce genre d’opération : les rivalités bureaucratiques et les différences de culture organisationnelle. La question de son élargissement se posera tôt ou tard (Japon, États-Unis, Australie ?). Source : The Diplomat, 27 janvier 2018.
Les attentats du terrorisme islamique en Australie
Bali, 2002.
Un double attentat à la bombe s’est produit le 12 octobre 2002 visant un bar et une boîte de nuit de la station balnéaire balinaise de Kuta, fréquentés seulement par des touristes (Paddy’s Pub et Sari Club), tuant 202 personnes – dont 88 australiens – et en blessant 209 autres. Cette attaque est considérée comme l’attentat le plus meurtrier de l’histoire de l’Indonésie. Les auteurs de l’attentat appartenaient à la Jemaah Islamiyah (JI), réseau islamiste réputé proche d’Al-Qaïda.
Deux mois plus tard, le gouvernement australien pouvait justifier, vis-à-vis d’une opinion d’abord très réticente, la politique de frappes préventives américaine contre l’Irak. L’Australie fait partie depuis septembre 2014 de la coalition combattant le groupe terroriste en Syrie et en Irak.
En septembre 2014, l’Australie relevait son niveau d’alerte aux attaques terroristes, de peur d’attentats inspirés par des organisations similaires au groupe État islamique. Depuis lors, une dizaine d’attaques ont été déjouées et 70 personnes ont été inculpées. Les autorités n’ont cependant pas empêcher d’autres attaques.
Un attentat terroriste a été déjoué mardi à Sydney, a annoncé la police australienne, indiquant avoir arrêté deux hommes et saisi une machette, un couteau de chasse, une vidéo et un drapeau du groupe État islamique (EI). Ces arrestations s’inscrivent dans le cadre de l’opération Appleby, une enquête au long cours sur des personnes soupçonnées d’être impliquées dans des actes ou des projets d’actes de terrorisme en Australie, des voyages en Syrie ou en Irak et le financement d’organisations terroristes.
En décembre 2014, quinze personnes ont été interpellées en Australie dans le cadre d’une enquête antiterroriste portant sur un projet d’attentat. Les documents saisis à Sydney mentionnaient clairement un projet visant nommément un bâtiment gouvernemental. Le 15 décembre, une prise d’otages dans le café Lindt de Sydney s’était soldée par la mort de deux otages et de l’assaillant.
Le 10 décembre 2015, cinq personnes ont été inculpées jeudi à Sydney pour complot en vue de préparer un acte terroriste contre un bâtiment gouvernemental. Ces dernières arrestations interviennent à quelques jours du premier anniversaire de la prise d’otages commise dans le café de Sydney.
Le 5 juin 2017. Melbourne. Alertés par des habitants de, les forces de l’ordre ont neutralisé un homme qui venait de tuer le gardien d’un immeuble. Trois policiers ont été blessés dans la fusillade. L’attaque a été revendiquée par l’organisation État islamique disant s’en prendre aux citoyens des pays de la coalition.
Le 29 juillet 2017, la police antiterroriste australienne a interpellé et placé en garde à vue quatre personnes samedi lors d’opérations menées dans plusieurs communes de la banlieue de Sydney : deux pères à la double nationalité australienne et libanaise et leurs fils. Téléguidés par le groupe État islamique, ils avaient tenté de se servir d’un passager pour poser à son insu une bombe artisanale dans un avion décollant de Sydney. Mais le bagage dans lequel l’engin se trouvait aurait été jugé trop lourd, le contrôle effectué lors de l’enregistrement sur le vol a empêché la tentative d’attentat d’aboutir. L’enquête qui a suivi a stoppé un projet d’attentat au gaz toxique visant des lieux fréquentés en général.
Le 28/11/2017, la police australienne a annoncé avoir arrêté dans la banlieue de Melbourne un sympathisant de l’organisation État islamique qui projetait d’acheter une arme et de tirer dans la foule le soir du Nouvel An.
Par ailleurs, l’armée australienne, entre autres, a prêté son concours à l’armée philippine lors de la bataille de Marawi (200 000 habitants, Région autonome en Mindanao musulmane) a eu lieu de mai à octobre 2017 pendant l’insurrection moro aux Philippines, opposant pendant cinq mois les forces armées philippines (20 000 soldats en août) aux djihadistes de l’État islamique (environ un millier d’hommes) pour le contrôle de la ville de Marawi. Des avions américains et australiens ont assuré la surveillance aérienne. Le siège aura fait plus d’un millier de mort (165 militaires et policiers, 920 de l’État islamique et 47 civils).
NB. Les conséquences géopolitiques ont été analysées par le général (2s) Daniel Schaeffer, du Groupe Asie21, pour Asie Pacifique News (https://asiepacifique.fr/?s=Marawi).
Annexe 3
Pourquoi l’Indo-Pacifique ?
Plusieurs facteurs conduisent l’Australie à forger ses relations dans ce cadre nouveau : ses intérêts économiques, l’accroissement ambivalent des investissements chinois, les tensions dans le Sud-Est asiatique où elle a ses principaux intérêts commerciaux, notamment en Indonésie, les interrogations autour du rôle qu’entend jouer dans cette région la Russie, l’intensification des risques sécuritaires qu’il s’agisse du terrorisme islamiste, de la criminalité transnationale ou des pressions migratoires, les conséquences du réchauffement climatique (les Îles-États du Pacifique se sont fait entendre sur ce sujet, notamment lors de la COP 21), sans oublier une part d’Antarctique. Toutes ces questions ne peuvent pas se régler dans le seul Pacifique Sud mais demandent une perception globale, d’où le concept d’indopacifique. La réflexion sur l’arc indo-pacifique est en train d’émerger, reliant l’océan Indien et l’océan Pacifique à travers l’Asie du Sud-Est. En lisant les océans Indien et Pacifique dans un même ensemble, ce concept prend en compte les évolutions de l’économie mondiale ainsi que la montée en puissance de la Chine et de la lente maturation de l’Inde et, plus lointaines, les promesses et la fragilité de la masse des terres polaires du sud. Il facilite la mise en rapport des ambitions géopolitiques croissantes de ces deux géants. Plus encore, il capitalise sur l’image du » corridor énergétique » qui relie le Moyen-Orient aux marchés asiatiques, donnant à la protection des voies maritimes une nouvelle importance pour la sécurité et la prospérité de l’Australie, et plus largement de la région. L’Australie se retrouve au milieu de la scène géostratégique régionale, un atout pour sa diplomatie de puissance moyenne.
Conséquence immédiate : les îles australiennes de l’océan Indien (Christmas et l’archipel des Cocos), relais vers l’Asie du Sud-Est et Sri Lanka, pourraient voir une présence militaire accrue dans les années à venir pour renforcer le contrôle des voies de communication et la défense d’intérêts économiques majeurs, la plus grande part des réserves de matières premières (gaz, charbon) onshore et offshore (North West Shelf) se trouvant dans les États de l’Australie occidentale et des Territoires du Nord.
Rappel historique par Suzuki Yoshikatsu, ancien rédacteur en chef de la revue Gaikô (Diplomatie) Nippon.com, 29.01.2016]
« Dans le cadre d’une visite en Inde pendant son premier mandat, M. Abe a donné le 22 août 2007 un discours au Parlement indien. L’approche qu’il y a développée est un élément essentiel de la politique étrangère qu’il mène actuellement. Dans son discours qui avait pour thème » Le Mélange des deux océans « , le titre d’un ouvrage de Dârâ Shikôh, un prince de l’empire moghol, le Premier ministre japonais s’adressait à l’ensemble du peuple indien. Il y développait l’idée d’une » Asie élargie » par le lien entre les océans Pacifique et Indien et y exprimait sa détermination à créer ensemble une mer ouverte et transparent grâce à un partenariat stratégique global entre les deux pays. Ce discours a été bien accueilli par la partie indienne et a ému ceux qui l’ont entendu […] Depuis qu’il a réussi l’exploit de revenir au pouvoir à la fin de l’année 2012, M. Abe travaille à concrétiser cette stratégie dans les deux océans, qui est un des piliers de sa politique étrangère. Cinq ans et quatre mois après son discours au Parlement indien, la forme de ce » Mélange des deux océans » a été annoncée : celle d’un » diamant pour garantir la sécurité démocratique de l’Asie » , qu’il a évoquée dans un essai rédigé pour l’organisation internationale Project Syndicate mis en ligne le 27 décembre 2012, le jour du lancement de son deuxième gouvernement :
– La paix et la stabilité ainsi que la liberté de navigation de l’océan Pacifique sont inséparables de celles de l’océan Indien ;
– Mais la mer de Chine méridionale est en passe de devenir le lac de Pékin ;
– Le Japon ne saurait reconnaître les pressions exercées par la Chine de manière quasi-quotidienne autour des îles Senkaku.
Ces propos limpides l’étaient tellement que les proches du Premier ministre, inquiets de leurs répercussions sur les relations entre le Japon et la Chine ont cherché après leur publication à éteindre les flammes qu’ils avaient allumées. À ce moment-là, les idées proposées par M. Abe étaient tellement en avance sur la réalité que l’on craignait qu’elles ne servent qu’à mettre dans la lumière le côté » faucon » du nouveau gouvernement. L’expression » vision du diamant » n’a plus été employée par la suite, et de fait a été abandonnée comme le souhaitaient vivement ses proches. La théorie de la solidarité Japon-USA-Australie-Inde l’a remplacée à partir du discours de politique étrangère intitulée » Les bienfaits des mers ouvertes : les cinq nouveaux principes de la diplomatie japonaise « , dans lequel elle apparaissait sous un nouvel habillage plus orthodoxe et moins menaçant « .
Délimitation de la région
En l’absence d’une définition précise de la région indopacifique, on entendra ici l’ensemble composé des pays suivants : Chine, Hong Kong, Macao, Taiwan, Inde, Pakistan, Bangladesh, Sri Lanka, Japon, Corée N & S, ASEAN, Timor Est, Australie, Nouvelle-Zélande, États insulaires du Pacifique. S’y ajoutent les espaces maritimes de l’océan Indien jusqu’au littoral oriental de l’Afrique et l’océan Pacifique jusqu’à la longitude de Hawaï. Les États-Unis comptent à ce titre en Indo-Pacifique, plus pour leur puissance » hors-sol » (marine et aviation) ou leur capacité de projection de force que pour leur territoire stricto sensu. On peut en dire autant de la Chine, dont le territoire est loin d’être immergé dans l’Indo-Pacifique. En toute rigueur, la région comprend la portion correspondante du continent antarctique. Lequel ne va pas manquer de devenir un enjeu de moyen terme en Indo-Pacifique.
Cette énumération dessine l’Indo-Pacifique dans son ampleur maximale à partir de laquelle d’autres définitions plus restrictives ou sous-ensembles, pourront être définies en fonction de critères particuliers (climatique, géostratégique propre à tel pays, économique, etc.).
Par rapport aux appellations de la plupart des régions du monde stabilisées par l’Histoire, ancienne ou récente, on pourra dire que la définition de l’Indo-Pacifique est » de nature prospective » et que comme telle elle est non seulement une désignation géographique mais aussi porteuse d’un rôle, notamment géostratégique.
NB. Convention orthographique provisoire : on adoptera le substantif » Indo-Pacifique » pour désigner la région (Cf. Asie) et l’adjectif » indopacifique » pour en qualifier les caractéristiques (Cf. asiatique).
Le poids démographique de la région indopacifique et son évolution entre 2017 et 2050
Selon des projections de septembre 2017 (Population & Sociétés, Bulletin d’information de l’INED, n° 547, septembre 2017), ce poids était de 4 milliards d’individus à la mi-2017, soit 63 % de la population mondiale., il devrait atteindre 4,55 milliards en 2050 mais son poids dans la population mondiale diminuerait pour passer à 46 %.
Entre les deux périodes, le poids de la Chine au sein de la région indopacifique se réduirait de 34,28 % à 29,10 % tandis que celui de l’Inde passerait de 33,43 % à 36,32 %, celui de l’ASEAN+Timor-Est augmenterait de 15,88 % à 17,05 %.
L’Australie, même associée à la Nouvelle-Zélande, stationnerait à moins de 1 % (0,72 % en 2017, 0,93 % en 2050).
Population (milliers) mi-2017 proj. 2050 | mi-2017 | projection 2050 |
Chine | 1386,8 | 1343,0 |
HK+Macao | 8,0 | 8,8 |
Taiwan | 23,6 | 23,0 |
Inde | 1352,6 | 1676,0 |
Japon | 126,7 | 102,0 |
Corée N & S | 76,9 | 76,0 |
ASEAN | 642,7 | 786,6 |
Timor Est | 1,3 | 2,4 |
Total Asie | 3618,6 | 4017,8 |
Australie | 24,5 | 37,0 |
Nlle-Zélande | 4,8 | 6,0 |
États insulaires du Pacifique 24,5 | 12,7 | 20,0 |
Total Océanie 42,0 43,0 | 42,0 | 43,0 |
Total Indo-Pacifique | 3660,6 | 4080,8 |
Pour en savoir plus sur l’Indo-Pacifique : https://www.asie21.com/Indo-Pacifique-lindo-pacifique-entre-en-geostrategie/
Annexe 4
Les relations de l’Australie avec son environnement indopacifique et asiatique
L’Asie du Sud-Est
Sur le plan économique, l’ASEAN est un marché important de plus de 637 millions de personnes, bien qu’il ne représente que 15 % du commerce de l’Australie. Agrégée, l’ASEAN est le troisième partenaire commercial de l’Australie. En termes de sécurité, l’Asie du Sud-Est » encadre les approches septentrionales de l’Australie » et les routes commerciales les plus importantes et, selon le Livre blanc 2017 sur la politique étrangère » se situe au carrefour de la concurrence stratégique dans l’Indo-Pacifique « . Presque autant d’étudiants provenant de l’ASEAN viennent étudier en Australie (environ 100 000 inscrits) que de la Chine. De nombreux résidents australiens ont un héritage des pays de l’ASEAN (896 000). L’Australie fait plus de 93 milliards de dollars de commerce avec l’ASEAN.
Le sommet spécial Australie-ASEAN organisé en mars 2018 à Sydney démontre l’importance croissante de l’Asie du Sud-Est dans la politique étrangère de l’Australie. Cependant, aux yeux de Canberra, l’ASEAN vaut plus par les liens bilatéraux avec chacune de ses composantes nationales que comme organisation supranationale. En fait, Canberra est partagée. D’une part, elle apprécie l’ASEAN comme principal point d’ancrage de sa diplomatie du fait de son pouvoir de rassemblement à l’égard des 18 membres ADMM Plus et du Sommet de l’Asie orientale. La prospérité et la sécurité de l’Australie ne peut que souhaiter le maintien d’une telle architecture multilatérale ouverte et inclusive. En revanche, Canberra ne veut pas voir émerger des groupements exclusifs qui imposent des choix binaires entre la prospérité et la sécurité, ou entre la Chine et les États-Unis. C’est là que l’ASEAN montre ses limites depuis que la mer de Chine méridionale est devenue un théâtre où la Chine joue avec succès sur les divisions intra-ASEAN, certains de ses membres cédant au diktat chinois ou refusant systématiquement de compromettre leurs intérêts nationaux.
L’Australie a probablement tardé à se rendre compte qu’elle devait s’engager plus lourdement en Asie du Sud-Est, alors que l’engagement américain dans la région devenait un sujet d’interrogation et que le poids économique et l’empreinte coercitive de la Chine venaient remplir l’espace délaissé par Washington.
Les références à la » région de l’ASEAN » sont toujours populaires dans certains milieux observateurs de la politique étrangère australienne, où l’espoir demeure que l’Australie rejoindra un jour le groupement. Le Livre blanc de 2017 à côté de l’engagement auprès de l’ASEAN, les relations bilatérales de l’Australie en Asie du Sud-Est sont qualifiées de » haute priorité « . Les bons connaisseurs de la politique étrangère australienne estiment cependant que l’engagement de l’Australie vis-à-vis de l’ASEAN doit être subordonné à une politique plus large de l’Asie du Sud-Est, comprenant Timor Est.
Vietnam. L’Australie est l’un des principaux investisseurs au Vietnam, les deux pays connaissent une forte croissance du commerce bilatéral. La communauté vietnamienne en Australie compte 300 000 d’origine ou de nationalité vietnamienne. L’éducation est un élément important du partenariat, quelque 22.000 étudiants vietnamiens suivent un cursus en Australie. Le partenariat intégral en 2009 entre les deux pays a été renforcé en 2015 (accent sur les relations économique, la coopération technologique, la stabilité et la sécurité régionale) et devrait se transformer en partenariat stratégique en 2018, année qui marque le 45e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques bilatérales.
L’Australie a identifié le Vietnam comme un partenaire stratégique pour renforcer les mesures de confiance dans la coopération maritime. Pour sa part, le Vietnam a développé de manière proactive ses relations avec l’Australie, en utilisant un tel partenariat comme stratégie de couverture contre la Chine.
Singapour. Relations renforcées entre Singapour et l’Australie. Le 29 juin 2015, l’Australie et Singapour ont signé une Déclaration commune sur le partenariat stratégique global à l’occasion du cinquantième anniversaire de leurs relations diplomatiques. Une déclaration concrétisée en octobre 2016 par la signature à Canberra de l’accord de partenariat stratégique global Australie -Singapour, destiné à approfondir les domaines de coopération existants (Accord de modification de l’Accord de libre-échange de Singapour-Australie, protocoles d’entente sur la défense et la police) et en amorcer de nouveaux (mémorandum d’accord sur l’innovation et la science).
Depuis 1980, un accord bilatéral prévoit, l’utilisation des installations australiennes pour l’entraînement des forces armées singapouriennes. D’autre part, en cas d’agression de la Malaisie ou de Singapour, les Five Power Defence Arrangements (FPDA) signés en 1971 lient par un engagement réciproque de défense le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie et Singapour. Ils permettent l’entraînement, dans le nord de l’Australie, d’une partie des pilotes singapouriens. L’armée de terre singapourienne effectue tous les ans, au titre des FPDA, des manœuvres communes en Australie au niveau de la brigade 1 200 à 1 500 hommes). Dans ce cadre, Singapour a financé – 1,5 milliard d’euros – des infrastructures nécessaires à la formation annuelle de 14 000 de ses militaires.
Pour mémoire. Depuis 2003, un accord de libre-échange régit les relations commerciales entre les deux pays. Il a été renforcé en 2004, 2011 et 2015.
NB. On notera l’enchaînement, destiné à faire système : le partenariat stratégique entre le Vietnam et Singapour, s’articule avec le partenariat intégral renforcé entre le Vietnam et l’Australie. Elles contribueront à saluer le 45e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques Vietnam-Singapour.
Malaisie. La coopération militaire entre la Malaisie et l’Australie est réglée dans la cadre des Five Power Defence Arrangements, cités plus haut. L’Australie et la Malaisie participent souvent à des exercices militaires conjoints. Dans l’ensemble, les deux pays entretiennent des relations étroites, bien que la situation ait été quelque peu tendue durant les années du Premier ministre Mahathir. Des problèmes occasionnels, tels que l’influence perçue de l’Australie dans les affaires de l’Asie du Sud-Est, ainsi que la détention (et l’exécution) de citoyens australiens en Malaisie, compliquent davantage les relations entre les deux pays.
Relations économiques
La Malaisie est le neuvième partenaire commercial de l’Australie, 2012. Les deux pays ont entamé un accord de libre-échange en janvier 2013.
Relations militaires
La Malaisie et l’Australie ont une tradition bien établie de coopération militaire. Les forces aériennes et terrestres australiennes ont participé à la défense de la Malaisie pendant l’invasion japonaise de Malaya et de Bornéo. La Royal Australian Air Force a géré la base de Butterworth en Malaisie jusqu’à son transfert en Australie en 1988 et maintient toujours une présence sur cette base.
Philippines. L’Australie et les Philippines ont marqué 70 ans de relations bilatérales en 2016 marquées par la coopération. Des relations diplomatiques ont été instaurées en mai 1946. Le premier ambassadeur australien aux Philippines a été nommé en 1957. Les Philippines ont ouvert une ambassade à Canberra en 1962.
Le 18 novembre 2015, le Premier ministre Malcolm Turnbull et le Président Benigno Aquino III ont signé la Déclaration conjointe sur le partenariat global Australie-Philippines, un accord visant à approfondir les liens entre les deux pays. Les réunions bilatérales régulières comprennent la réunion des ministres des affaires étrangères et du commerce (réunion ministérielle Philippines-Australie, ou PAMM), le dialogue d’affaires PAMM associé et la réunion des hauts fonctionnaires. L’Australie et les Philippines coopèrent étroitement dans un large éventail de domaines, la défense (dialogue stratégique), la lutte contre le terrorisme, l’application de la loi et le développement mais aussi l’exploitation minière et l’agriculture.
L’Australie et les Philippines partagent des points de vue communs sur de nombreuses questions régionales, économiques et de sécurité ainsi qu’un intérêt commun à coopérer dans les affaires régionales à travers des forums tels que le Sommet de l’Asie orientale (EAS), la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) et le Forum régional de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ARF). Avec les relations militaires existant entre les Philippines et l’Australie, établir une coopération en matière de sécurité maritime ne sera pas une tâche difficile. La coopération militaire existante peut être élargie pour inclure le renforcement de la confiance dans la coopération maritime. Mais les relations entre les Philippines et l’Australie se sont compliquées sous une administration Duterte qui veut ignorer la primauté du droit et de ses institutions.
L’Australie et les Philippines sont des membres actifs du Groupe de Cairns, une coalition de 19 pays exportateurs de produits agricoles.
Les liens entre l’Australie et les Philippines se manifestent par le commerce, l’investissement, les échanges culturels, l’éducation, le tourisme et, depuis les années 1960, par l’existence de l’une des communautés d’immigrants les plus dynamiques en Australie. Au recensement de 2016, 304 022 Australiens identifiés comme ayant une ascendance philippine, en hausse de 225 000, 35 %, par rapport au recensement de 2011. En 2016, plus de 10 000 étudiants philippins se sont inscrits dans des établissements d’enseignement australiens, soit une augmentation de plus de 100 % par rapport à 2010.
Aide au développement, voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Australia%E2%80%93Philippines_relations#Development_cooperation
Thaïlande. Les relations de défense entre le Royaume de Thaïlande et le Commonwealth d’Australie sont anciennes. Elles datent d’août 1945 lorsqu’une section australienne de défense a été créée à la légation australienne à Bangkok pour superviser le rapatriement des prisonniers de guerre australiens survivants. À la fin des années 1940, la menace de la montée des insurrections communistes dans la région a révélé la nécessité de développer des liens de défense plus étroits entre la Thaïlande et l’Australie. Les deux pays ont envoyé des contingents de troupes pour soutenir les opérations militaires des Nations Unies (ONU) en Corée du Sud au cours de la période 1950-53. En 1954, le siège de l’Organisation du Traité de l’Asie du Sud-Est (OTASE) a été établi à Bangkok et le Bureau de l’Attaché de Défense basé à l’ambassade a été complété par un contingent australien.
De 1962 à 1968, un escadron de chasseurs à réaction Sabre de l’Aviation Royale Australienne (RAAF) était basé à la base aérienne d’Ubon au nord-est de la Thaïlande et entre 1967 et 1971, une force opérationnelle australienne combattait aux côtés des membres de la Force Volontaire Thaïe, ces activités faisant partie de la défense régionale contre l’agression communiste.
En 1972, un programme formel de coopération en matière de défense (DCP) a été lancé, mettant l’accent sur l’entraînement individuel et les exercices combinés maritimes, terrestres et aériens.
Ces activités ont continué de se développer. Un dialogue bilatéral annuel sur les questions de sécurité régionale réunit des responsables des affaires étrangères, de la défense et de l’armée. Les navires de guerre de la Royal Australian Navy et de la Royal Thai Navy (RAN) échangent des visites régulières.
Dans le courant des années 1990, les forces armées thaïlandaises et australiennes ont servi côte à côte dans des opérations des Nations Unies au Cambodge, en Somalie et au Timor oriental et en Irak. Au Timor oriental, les troupes thaïlandaises ont servi sous un commandant militaire australien dans le cadre de la Force internationale au Timor oriental (INTERFET) et inversement, les troupes australiennes ont opéré sous le commandement militaire thaïlandais des Nations Unies (Autorité provisoire des NU au Timor oriental, ATNUTO).
Birmanie. Pendant près d’un demi-siècle, la Tatmadaw, l’armée birmane, a été évitée par l’Australie comme par l’ensemble des pays occidentaux, car elle a brutalement réprimé les libertés politiques et écrasé la dissidence dans le pays. En 2014, alors que la Birmanie commençait à mettre en œuvre des réformes économiques et politiques, l’Australie a rétabli un bureau de la Défense au Myanmar en vue de renforcer ses liens de défense avec Tatmadaw. Lors des pourparlers conjoints de mars 2017, elle a promis 66 millions de dollars d’aide au Myanmar en 2017-18. La Force de défense australienne fournit à la Tatmadaw une formation au maintien de la paix et a soutenu de nombreux ateliers et formations sur l’aide humanitaire, les secours en cas de catastrophe et le droit international. Les navires de la marine australienne visitent les ports du Myanmar.
L’Australie, engagée dans une coopération de formation auprès de l’armée birmane va mette un terme à son soutien à l’armée birmane, accusée d’avoir commis des atrocités généralisées contre les civils Rohingya dans l’État de l’Arakan. Julie Bishop, la ministre australienne de la défense, a déclaré que l’Australie est » profondément préoccupée » par cette escalade de la violence. » Nous exhortons toutes les parties à faire preuve de retenue et à respecter les droits de l’homme et nous réitérons notre appel à la proportionnalité, à la protection des civils et à la fin de l’usage de la violence « .
L’Indonésie. Depuis la Revolusi – lutte pour l’indépendance indonésienne de 1945 à 1949 – les gouvernements australiens ont constamment placé les relations avec l’Indonésie au premier plan de leurs préoccupations de politique étrangère. C’est le plus important partenaire extérieur de l’Australie, et probablement aussi celui avec lequel les relations sont les plus complexes.
La coopération entre les polices indonésienne et australienne s’est particulièrement développée après les attentats de Bali en 2002 (sur les 202 victimes, 88 étaient australiennes). Cette coopération touche également des domaines militaires tels que la formation des cadres indonésiens et la coopération entre centres de recherche. La coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme islamiste est un sujet de préoccupation du gouvernement australien.
Les relations bilatérales évoluent en dents de scie entre la coopération (soutien australien à l’indépendance indonésienne, aval à l’intervention au Timor, attentats terroristes de Bali, etc.) et la dégradation (critiques officielles en matière de droits de l’homme, scandale des » milliards de Suharto « , affaire Snowden, etc.). Reconnue comme l’une des puissances émergentes asiatiques, l’Indonésie a constitué l’une des priorités de la politique étrangère de T. Abbott, Premier ministre (Coalition) du 18 septembre 2013 au 15 septembre 2015, remplacé par l’actuel M. Turnbull. La coopération militaire est forte et constante malgré des suspensions temporaires, comme la dernière, début 2017 (un instructeur des Komando Pasukan Khusus (ou Kopassus, les forces spéciales indonésiennes) aurait découvert du » matériel de formation » à la base autralienne du Special Air Service, à Perth, qu’il a estimé irrespectueux à l’égard de la Pancasila, les cinq principes fondateurs de la république indonésienne). Ces brouilles n’entament pas la forte coopération économique entre les deux pays mais témoignent de la susceptibilité indonésienne et du manque de sensibilité culturelle de l’Australie.
Pour mémoire : en 2014, l’Indonésie était le 12e partenaire économique de l’Australie et le premier bénéficiaire de l’aide australienne.
Timor Est. Canberra avait reconnu de facto l’annexion de la Timor Est par l’Indonésie et conclu avec Suharto en 1989 un traité sur le partage des eaux de la mer de Timor qui lui était favorable. Un accord signé en 2002, le jour de l’indépendance de Timor, créait une zone conjointe d’exploitation pétrolière (Joint Petroleum Development Area) de 61 000 km2 dont 90 % des ressources revenaient au Timor. L’accord d’utilisation concernant le gisement gazier en mer la zone de Greater Sunrise attribuant 82 % des revenus à l’Australie a été modifié en 2006 par le traité CMATS (Certain Maritime Arrangements in the Timor Sea) qui porte la part des revenus à égalité pour chaque pays.
L’accord signé le 2 septembre 2017 sous le regard de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye, entre Timor Est et l’Australie sur le tracé de leur frontière maritime met fin aux frictions et devrait favoriser l’exploitation de Greater Sunrise, un estimé à 40 milliards de dollars. L’Australie et la Timor Est sont convenus d’instaurer un régime spécial pour son exploitation.
Pays de 1 234 000 habitants en 2017, Timor Est, indépendant depuis 2002, est un des pays les plus pauvres d’Asie. L’économie du pays est marquée par une très forte dépendance aux ressources pétrolières qui constituent près de 80% du PIB en 2012 est l’essentiel de ses revenus d’exportation. L’agriculture, qui de vivrière est devenue d’exportation (café, vanille, épices, huile de palme), représentait moins du quart du PIB non-pétrolier en 2012 mais fournissait les deux tiers des emplois. Le secteur privé étant faiblement développé, le pays dépend des importations pour sa consommation domestique, notamment en provenance d’Indonésie.
Relations économiques. En 2013-2014, la Timor Est était le 118e partenaire commercial de l’Australie avec un commerce total de marchandises évalué à 24 millions de dollars. L’Australie et la Timor Est entretiennent une coopération en agriculture favorable à l’augmentation des exportations de produits agricoles.
Relations militaires. La Force de défense de la Timor Est a bénéficié d’une assistance en matière de formation, de conseils et d’autres formes de soutien de la part de la Force de défense australienne dans le cadre du programme australien de coopération. En 2015, 25 militaires australiens étaient stationnés en Timor Est pour fournir cette assistance.
Papouasie-Nouvelle Guinée. La Papouasie-Nouvelle-Guinée, premier pays bénéficiaire de l’aide australienne, dépend largement de son ancienne puissance coloniale. Les liens économiques ne cessent de se renforcer avec de nombreux investissements australiens. La présence australienne : banques, cabinets d’avocats, de comptables, représentations de petites entreprises sont sur place.
La Papouasie-Nouvelle-Guinée, en tant qu’ancienne colonie australienne, maintient des relations diplomatiques étroites avec l’Australie, beaucoup plus qu’avec l’Indonésie. Néanmoins, des tensions sont apparues entre les deux pays dans les années 2000.
En 2005, en visite en Australie, l’humiliation subie par le Premier ministre Sir Michael Somare lors d’un contrôle de sécurité avait refroidit les relations diplomatiques entre les deux capitales. En 2006, les relations entre les deux pays se tendent à nouveau à la suite de » l’affaire Moti « . À la suite d’une demande d’extradition formulée par l’Australie, la police papoue arrête cet avocat d’origine fidjienne. Mais Moti parvient à s’enfuir, provoquant la colère de Canberra. En 2015, l’Australie, annonce son intention d’ouvrir une mission diplomatique sur l’île Buka, l’une des trois îles de la province insulaire de Bougainville et néglige d’en avertir le gouvernement papou. L’annonce intervenant au moment les citoyens de cette province autonome s’apprêtent à élire leur président et leurs députés qui auront la charge d’organiser le référendum d’autodétermination, avant 2020, laisse penser que l’Australie parie à l’avance sur la victoire du camp pro-indépendance, ce qui provoque la colère du gouvernement. L’incident provoque le rappel précipité de l’ambassadrice australienne à Port-Moresby, la décision des autorités papoues d’interdire l’importation de certains légumes australiens, et le renvoi des conseillers australiens travaillant en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Malgré ces péripéties, les deux pays restent très proches. Les rapports de force entre les deux pays ont quelque peu changé ces dernières années, depuis que l’Australie a décidé d’envoyer des demandeurs d’asile sur l’île papoue de Manus. Canberra a désormais besoin de son voisin pour mettre en place sa politique migratoire et a donc du mal à critiquer certains aspects du gouvernement papou (corruption ou mauvaise gestion), publiquement ou en privé.
L’actuelle ministre des Affaires étrangères, Julie Bishop veut avoir de meilleures relations avec les pays de la région et souhaite que l’Australie ne soit plus perçue comme s’ingérant dans les affaires intérieures de ses voisins. Elle cherche à établir un partenariat équilibré et ne veut pas donner l’impression d’adresser des leçons à la Papouasie-Nouvelle-Guinée et.
Par ailleurs, même si certains ont du ressentiment envers l’ancienne puissance dominante, la relation entre les deux pays est très étroite, les Papous connaissent très bien l’Australie – dans les villes, ils regardent la télévision australienne, ils lisent les journaux australiens, ils sont habitués à travailler avec des Australiens. Ils connaissent mieux les Australiens que les Australiens ne les connaissent.
L’Asie du Nord-Est
Japon. Le Japon est un partenaire prépondérant de l’Australie. Tokyo a toujours été un partenaire commercial clé, ce que confirme l’accord de libre-échange signé en avril 2014, mais la relation se développe aussi depuis le début des années 2000 en matière de politique étrangère et de sécurité. Cela se traduit par des sommets réguliers (dialogues » 2+2 » réunissant les ministres des Affaires étrangères et de la Défense australiens et japonais), des exercices militaires communs, un partage de renseignements, etc. Un dialogue stratégique trilatéral entre Canberra, Washington et Tokyo se poursuit depuis 2002.
Un Accord de sécurité Australie-Japon (Japan-Australia Defense Agreement) est signé en mars 2007 par les deux Premiers ministres, Shinzo Abe et John Howard (lutte contre la piraterie maritime et contre le terrorisme, non-prolifération nucléaire, désarmement, protection des frontières). En 2010 l’Australie et le Japon ont lancé l’initiative de désarmement et de non-prolifération nucléaire. Ils ont participé à des manœuvres militaires communes, souvent avec d’autres pays, notamment les États-Unis. En octobre 2013 Julie Bishop, ministre australienne des Affaires étrangères, a déclaré lors de sa visite à Tokyo que le Japon était » l’ami le plus proche [de l’Australie] en Asie « . Le 18 janvier 2018, le Premier ministre australien Malcolm Turnbull a rencontré son homologue japonais Shinzo Abe à Tokyo pour faire progresser ce pacte. Un nouvel accord prévoit de définir le transfert d’équipements militaires entre les deux pays et permettre à l’Australie d’utiliser des bases militaires au Japon si un conflit devait se déclencher à propos de la Corée du nord.
Des relations plus étroites entre l’Australie et le Japon vont irriter la Chine notamment si elles conduisent à des exercices militaires nippo-australiens près de la ville de Darwin, dont le port abrite aujourd’hui une enclave » commerciale » chinoise.
Le durcissement des tensions entre la Chine et le Japon met en effet l’Australie sous pression. Tout en renforçant ses liens militaires avec Tokyo, Canberra cherche à apaiser Pékin à travers un approfondissement de leurs relations économiques et un discours rassurant : la bonne entente avec le Japon n’est dirigée » contre personne « .
Corée du Sud. La relation entre l’Australie et la Corée du Sud, récente, est en pleine expansion. Depuis 2013, les deux pays organisent eux aussi des réunions » 2+2 » et approfondissent leur collaboration militaire, en bilatéral comme au travers d’exercices multilatéraux – tel le Rim of the Pacific Exercise (RIMPAC). De plus, la Corée du Sud a signé un accord de libre-échange avec l’Australie en avril 2014.
Chine. Hormis leurs liens économiques notables (commerce et investissement), l’Australie et la Chine connaissent un flux important d’étudiants au point que la Chine est devenue le premier partenaire académique de l’Australie dans des domaines tels que l’ingénierie, les mathématiques et la chimie. Sur les quelque 885 accords existant entre universités australiennes et chinoises, 89 % comprennent une dimension de coopération académique ou de recherche (Anthony Welch, Université de Sydney, 2015).
Océanie et Pacifique
L’Australie y a une image de grand voisin difficile à gérer
L’importance du déséquilibre existant entre l’Australie et les petits États insulaires du Pacifique, la disproportion dans tous les domaines, tant les équilibres de population que les équilibres économiques ou de défense, ont conduit à une perception quasi hégémonique du grand voisin australien. De fait, les relations de l’Australie avec son voisinage sont assez délicates et ne sont pas simplifiées par la sensibilité des liens avec son ex-colonie de Papouasie-Nouvelle-Guinée58(*). Les défis de la politique de voisinage australienne portent donc sur les questions de développement, les questions identitaires et humanitaires et les questions de gouvernance de la zone.
Une pensée stratégique basée sur la » tyrannie de la distance « 55(*) a fondé une politique australienne dans le Pacifique sud traditionnellement marquée par l’isolement géographique du reste du monde. L’alliance traditionnelle avec les États-Unis a longtemps conforté l’Australie dans la nécessité d’assumer une certaine responsabilité régionale, ce que le premier ministre John Howard alors en poste avait formalisé en parlant de la » responsabilité particulière » de l’Australie dans le Pacifique sud.
Comptant pour environ 95 % du PIB et 98 % des dépenses de sécurité et de défense, 60 % de la population et 60 % de l’aide au développement, l’Australie est l’acteur dominant du Pacifique sud. De fait, elle a multiplié les déploiements de forces56(*) dans la zone jusqu’au début des années 2000 et entretient aujourd’hui des programmes de coopération de défense et de développement avec de nombreux États insulaires du Pacifique. Elle est le principal acteur humanitaire dans la région comme l’a confirmé l’importance des moyens qu’elle a déployés aux îles Fidji après le passage du cyclone Winston en février 2016.
En 2014, le Premier ministre alors en poste, Tony Abbott, avait réorienté l’aide au développement australienne vers la zone du Pacifique Sud au détriment de l’Afrique. Malcolm Turnbull qui lui a succédé au poste de Premier Ministre a poursuivi dans cette voie en créant en septembre 2015 un portefeuille ministériel dédié au Pacifique, sous la tutelle des affaires étrangères avec les priorités suivantes : l’intégration économique régionale des États insulaires, la gestion des risques climatiques, l’amélioration de la condition des femmes et la communication vers l’opinion publique australienne trop peu sensibilisée aux enjeux du Pacifique sud. Coprésidant en 2016 le Fonds vert pour le climat de l’ONU, l’Australie a orienté ses investissements vers le Pacifique sud et a annoncé la mise à disposition d’un milliard de dollars australiens sur les 5 prochaines années pour favoriser la résilience climatique des pays du Pacifique57(*).
La création en 2011 du Forum de développement des îles du Pacifique, initiative concurrente fidjienne au Forum des îles pacifiques59(*), visait à permettre aux États et territoires insulaires du Pacifique sud de se réunir entre eux, sans leur grand voisin.
Aujourd’hui, les petits États du Pacifique sud semblent enclins à développer une nouvelle voie collective propre dans une dynamique renouant avec celle des années 1970 et une attitude très pragmatique dans la recherche de nouveaux partenaires.
La perception de la politique australienne dans le Pacifique sud n’est pas sans ambiguïté, entre besoin d’aide et besoin d’autonomie, les pays riverains de la zone oscillent.
Les États du Pacifique. La plus grande part des relations entre l’Australie et les États insulaires du Pacifique s’exprime par un vaste programme de coopération pour le développement, par des missions d’assistance au service du renforcement de la stabilité politique, par la fourniture de matériel (para)militaire, ainsi que par une présence appuyée au Forum des îles du Pacifique
La Nouvelle-Zélande. Les relations sont ancrées dans un héritage politique et culturel anglo-saxon commun. Les intérêts et visions stratégiques de Canberra et Wellington se recoupent largement. Leurs rapports sont renforcés par l’imbrication de leurs économies et d’importants liens sociétaux. L’Australie fournit enfin à la Nouvelle-Zélande une certaine » couverture » de sécurité, de par ses capacités propres et le traité ANZUS.
L’océan Indien : nouvelle priorité
Le Livre blanc sur la défense de mai 2013 est marqué par l’innovation conceptuelle d' » Indo-Pacifique « , citée pour la première fois dans un contexte géostratégique* : il n’est plus possible de séparer les enjeux et intérêts des deux océans : » Un nouvel arc indo-pacifique est en train d’émerger, reliant l’océan Indien et l’océan Pacifique à travers l’Asie du Sud-Est. En liant les océans Indien et Pacifique dans un même ensemble, ce concept prend en compte les évolutions de l’économie mondiale ainsi que la montée en puissance de la Chine et du sous-continent indien. Il permet une mise en rapport des ambitions croissantes des deux géants, aux niveaux économique et politique. Plus encore, il capitalise sur l’image du » corridor énergétique » qui relie le Moyen-Orient aux marchés asiatiques, donnant à la protection des voies maritimes une nouvelle importance pour la sécurité et la prospérité de l’Australie, et plus largement de la région. L’Australie se retrouve au milieu de la scène géostratégique régionale, une nécessité pour conduire sa diplomatie de puissance moyenne.
*https://www.asie21.com/2016/12/17/indo-pacifique-lindo-pacifique-entre-en-geostrategie/
L’Inde. Canberra et New Delhi des intérêts communs dont la sécurité des routes maritimes, la lutte contre la piraterie ou le développement de leur relation économique et partagent une certaine méfiance envers la Chine. Les deux pays sont membres de multiples organisations régionales – ASEAN Regional Forum, ASEAN Defense Ministers’ Meeting (ADMM-Plus), Indian Ocean Rim Association (IORA). L’Australie exporte déjà du gaz et de nombreuses matières premières (charbon, cuivre, or) vers l’Inde. Enfin, l’intérêt pour l’océan Indien est aussi sans doute lié aux revendications territoriales de Canberra en Antarctique.
Leur rapprochement a longtemps été freiné par le refus australien de vendre de l’uranium à une Inde non signataire du Traité de non-prolifération nucléaire.
À l’occasion de la visite en Inde du Premier ministre australien en novembre 2009, les relations politiques ont été élevées au niveau de partenariat stratégique. » L’enjeu majeur de la relation entre l’Inde et l’Australie en matière de sécurité régionale réside ainsi moins dans le développement de leur coopération militaire future stricto sensu que dans son rôle dans la création, par les États concernés de la zone indopacifique, d’un ordre régional non- hégémonique, incluant la Chine sans être dominé par elle » (Frédéric Grare, Océan Indien : le rapprochement stratégique indo-australien, Politique étrangère, 3 mars 2016).
Le renforcement des relations politiques s’appuie sur un solide partenariat scientifique entre les deux pays et sur une importante communauté indienne en Australie soit 450 000 personnes, dont 56 000 étudiants, ce qui représente 11% des étudiants étrangers en Australie.
Outre le rapprochement économique opéré avec l’Indonésie et les autres pays de l’ASEAN, l’Australie tente de développer de nouveaux marchés d’exportation, notamment vers l’Inde. Cette évolution a longtemps été freinée par le refus australien de vendre de l’uranium à une Inde non signataire du traité de non-prolifération nucléaire. Les exportations australiennes vers l’Inde comprennent déjà du gaz et de nombreuses matières premières telles que le charbon, le cuivre et l’or. Ces deux pays partagent des intérêts communs pour la sécurité des routes maritimes et la lutte contre la piraterie. Tous deux souhaitent le développement de leurs relations économiques. Enfin, ils se rejoignent dans une certaine méfiance envers les ambitions géostratégiques de la Chine.
L’Inde est désormais le 10e partenaire économique de l’Australie.
Sri Lanka. L’Australie et Sri Lanka sont deux États membres du Commonwealth
Un Haut-commissariat est ouvert à Canberra en 1949 au moment de l’indépendance de Ceylan. Le gouvernement australien s’est déclaré préoccupé par le conflit entre le gouvernement sri-lankais et les Tigres tamouls. En 2007, un accord commercial bilatéral a été conclu entre l’Australie et le Sri Lanka, d’une valeur de 232 millions de dollars par an. L’accord commercial inclut les exportations de l’Australie telles que les légumes et les produits laitiers. Le thé et d’autres aliments, les textiles, les vêtements, le caoutchouc, le fer et l’acier qui sont les principales importations en provenance du Sri Lanka. En mai 2009, le ministre australien des Affaires étrangères, Stephen Smith, a déclaré que Sri Lanka devrait chercher une solution politique avec les Tamouls pour empêcher une autre génération de se tourner vers le terrorisme. En 2008-09, le budget estimé pour l’aide à Sri Lanka est de 27 millions de dollars. En avril 2009, le gouvernement australien a annoncé une aide humanitaire supplémentaire de 4,5 millions de dollars australiens pour aider à la fin de la guerre civile au Sri Lanka. Un montant de 1,5 million de dollars est alloué au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et à l’Organisation internationale pour les migrations.
Le Premier ministre Tony Abbott, lors de la visite du au Sri Lanka à l’occasion de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth en 2013, a annoncé que l’Australie ferait don de deux navires de patrouille à la marine sri-lankaise pour promouvoir une meilleure collaboration contre la contrebande. 2017 a marqué les 70 ans de relations entre l’Australie et le Sri Lanka.
Annexe 5
Les campagnes de l’armée australienne
Les corps expéditionnaires australiens ont participé à la guerre des Boers en Afrique du Sud aux côtés des Britanniques. Ils étaient en nombre dans le cadre de l’effort de guerre du Commonwealth britannique durant les deux guerres mondiales. En 1914-1918 : 416 000 militaires australiens et 60 000 morts. À la fin de la guerre 1939-1945, près d’un million d’Australiens avaient combattu sur deux fronts (contre 1) l’Allemagne et l’Italie ; 2) l’Empire du Japon) avec un effectif maximal de 680 000 militaires pour une population totale de moins de 7,5 millions d’habitants.
Plus récemment, le fait que le pays soit en paix n’a pas empêché qu’en soixante ans, du fait de son appartenance à l’alliance avec les États-Unis, l’armée australienne prenne à sept reprises sa part dans différents conflits : état d’urgence en Malaisie ; Corée ; Vietnam (8 500 hommes au maximum de l’engagement australien) ; Indonésie ; guerre du Golfe en 1990-91, Afghanistan (plus de 20 000 Australiens ont servi en rotation au sein de la Force internationale de l’Otan en Afghanistan, l’ISAF, entre 2001 et 2013) et Irak (2 000 hommes). L’Australie participe à la coalition contre le groupe État islamique avec 600 hommes (dont 200 des forces spéciales) et huit avions de chasse F-18.
Elle est également intervenue dans les opérations de maintien de la paix des Nations unies, de secours en cas de catastrophe naturelle et de sécurité maritime.
Annexe 6
Armée australienne, les équipements de puissance
Pour la Royal Australian Navy :
– 12 sous-marins Shortfin Barracuda, sous-marins conventionnels à vocation océanique,
– 8 frégates anti sous-marines,
– 15 avions de patrouille maritime P-8 destinés à renforcer les capacités A2/AD (*1) et à sanctuariser le territoire australien, emprises maritimes comprises,
– 12 bâtiments de surveillance (OPV – Offshore Patrol Vessel). Ces navires patrouilleurs assureront des missions de surveillance, de recherche, de police, d’assistance en mer et de défense du territoire,
– 2 porte-hélicoptères de la classe Canberra capables de transporter 1 000 soldats et d’accueillir la fonction de commandement et contrôle dite C2 lors des déplacements de troupes. Cette dernière devrait être renforcée par une amélioration des systèmes de communication et des liaisons avec les satellites. Ces équipements doivent permettre de renforcer les capacités de projection des forces australiennes,
– des missiles anti-navires Sea Sparrow (*2) ont également été commandés.
Pour la Royal Australian Air Force, sont prévus :
– 72 avions de chasse F-35 équipés de missiles air/air pour une entrée en service aux alentours de 2020,
– 10 hélicoptères CH-47F, hélicoptères de transport lourd, destinés aux forces spéciales australiennes,
– des avions de transport, des avions ravitailleurs,
– des drones et de nouveaux hélicoptères de reconnaissance armés,
– 5 avions Gulfstream 550 (*3) et Growler EA-18G (*4) pour contrer les actions de guerre électronique.
____________________
*1 Anti-Access/Area Denial.
*2 Ces missiles mer-air anti-aéronefs et anti-missiles à courte portée sont utilisés depuis les navires de guerre essentiellement pour contrer des attaques de missiles anti-navires.
*3 Le Gulfstream 550 est un avion de transport long courrier, pouvant voler pendant 12 heures et parcourir 12 000 km. En l’occurrence, il est équipé de matériels de guerre électronique.
*4 Avion de guerre électronique américain dérivé du F/A-18F Super Hornet.
Annexe 7
Les Flottes et bases navales en Indo-Pacifique (sauf Australie)
États-Unis
En 2020, la marine américaine devrait avoir déployé quasiment les deux tiers de sa flotte forces dans le Pacifique : 60 % contre 50 % auparavant.
La VIIe Flotte des États-Unis (United States 7th Fleet ; un ou deux porte-avions, entre 50 et 70 navires et sous-marins, 140 avions et environ 20 000 marins et marines) opère, entre la ligne de changement de date dans l’océan Pacifique et la frontière entre l’Inde et le Pakistan en longitude et, en latitude, des îles Kouriles au nord et Antarctique. Cette flotte, la plus importante des flottes américaines, maintient une présence continue en Indo-Asie-Pacifique depuis plus de 70 ans.
La Ve Flotte des États-Unis (United States 5th Fleet, deux porte-avions, 20 navires, 103 avions de combat, environ 20 000 marins et marines) flanque la VIIe à l’ouest, en opérant dans les golfes Arabique, d’Oman, d’Aden et dans les mers Rouge et d’Arabie avec une attention particulière pour trois points d’étranglement critiques : le canal de Suez et les détroits d’Ormuz et de Bab al Mandeb.
Chacune de ces flottes peut être renforcées ou réduites en fonction de la situation.
Les États-Unis ont de loin la flotte sous-marine la plus puissante au monde avec quelque 70 submersibles, tous à propulsion nucléaire.
Bases militaires américaines
L’armée américaine est significativement présente dans la région indopacifique : Japon (39 300 soldats), Corée du Sud (23 400 militaires ; système avancé antimissile THAAD), Australie (1 250 marines par rotation semestrielle sur la base de Darwin, 2 500 à terme) ; dans deux territoires liés aux États-Unis : dans les îles Mariannes du Nord : Guam (bases aérienne et navale, 6 000 militaires, THAAD) et la base aérienne de Saipan, destinée à décharger celle de Guam ; Hawaï (50 000 militaires et 20 000 civils ) ; Îles Marshall (site d’essai balistique) ; Micronésie (Palaos, station radar) ; Diego Garcia (4 000 militaires, base aéronavale et Ground-based Electro-Optical Deep Space Surveillance) et Djibouti (4 000 militaires et contractuels, drones).
Le Traité de défense mutuelle des États-Unis comprend cinq alliés : l’Australie, la République de Corée, Japon et Thaïlande. Les Philippines du président Duterte laissent planer le doute sur la force de leurs liens avec Washington.
L’Initiative de stabilité en Asie-Pacifique est un plan proposé par le sénateur John McCain, approuvé par le Pentagone en mai 2017, visant à investir 7,5 milliards de dollars – et sans doute 9 – dans le renforcement de la présence américaine en Asie-Pacifique au cours des cinq prochaines années. Les États-Unis sont en effet contraints de s’adapter à l’échelle des défis de la Chine et de la menace nucléaire nord-coréenne.
La Chine
La Chine travaille avec détermination à l’augmentation et à la modernisation de sa flotte.
La Marine de l’Armée populaire de libération, la troisième marine mondiale et la plus importante d’Asie, comptait en 2012 près de 225 000 membres et plus de 400 navires de guerre dont 68 sous-marins dont une dizaine sont nucléaires. Outre sa marine de guerre, la Chine dispose de cinq corps paramilitaires de garde-côtes qui arment de très nombreux bâtiments de petit ou moyen tonnage dont plusieurs navires transférés de la marine de guerre.
Flotte de la mer de l’Est
La flotte de la mer de Chine orientale est chargée entre autres de la protection de Shanghai et de la surveillance de Taïwan, elle couvre la mer de Chine orientale de Lianyungang au nord à de Nan’ao et à Shantou au Sud, QG à Ningbo.
Flotte de la mer du Sud
La flotte de la mer du Sud couvre la mer de Chine méridionale, du détroit de Taïwan à la frontière du Vietnam. Base de Yulin près de Sanya (Hainan) : sous-marins et futurs porte-avions. Q.G à Zhanjiang.
Bases militaires en mer de Chine du Sud. Les bases sont édifiées sur les îles artificielles à partir de sept récifs (Fiery Cross, Subi, Mischief, Cuarteron, Gaven, Johnson South et Hughes), essentiellement dans deux archipels :
Dans celui des Paracels, l’île Woody – Yongxing pour les Chinois comporte une base de lancement d’engins balistiques sur.
Plus au sud, dans celui des Spratley, trois nouvelles îles (Fiery Cross, Subi et Mischief) sont dotées de pistes pouvant accueillir des avions civils ou militaires. Fiery Cross comporte un port suffisamment grand pour accueillir des pétroliers ou de grands navires de guerre.
Base militaire de Djibouti. Inaugurée en août 2017, c’est la première base navale chinoise hors de son territoire. Elle devait abriter 400 militaires, mais elle est conçue pour permettre le décuplement de ce chiffre.
Le Japon
La Marine japonaise conforte sa position en remplaçant la Royal Navy à la quatrième place en raison des sévères restrictions que vient de connaître cette dernière.
Les forces navales japonaises (plus de 45.000 militaires) alignent 120 navires de guerre principaux : 4 porte-hélicoptères (2 de classe Hyuga de 19000 tonnes et 2 de classe Izumo de 27000 tonnes), 22 sous-marins, 47 destroyers et frégates, 29 bateaux dédiés à la guerre des mines, 9 patrouilleurs et 9 navires amphibies, le tout totalisant un déplacement d’environ 432 000 tonnes (Corée du Nord :109 000 tonnes ; Chine : 1 070 000 tonnes). L’essentiel de l’aéronautique (179 avions et 135 hélicoptères) est destiné à la lutte anti-sous-marine et à la guerre des mines.
Le commandement des forces navales
Le centre national de commandement des forces navales est à Yokosuka, tandis que 5 centre de commandement régional situées à Kure, Maizuru, Sasebo et Yokosuka, Atsugi (flotte aéronavale) les deux flottes de sous-marins et dragueur de mines se partagent entre Kure et Yokosuka. Le centre d’entrainement est placé à côté du centre national de Yokosuka. L’industrie japonaise (Kawasaki, Mitsubishi…) construit ses propres sous-marins.
La défense antimissile
En vue d’intercepter d’éventuels missiles nord-coréens (et sans doute, chinois), la couverture du pays par le système de défense antimissile Aegis (composante du bouclier anti-missiles américain en Asie) devrait être terminée avant 2023. Six destroyers de classes Atago et Kongo de 10 000 tonnes de conception récente sont déjà dotés du système naval correspondant armés de missiles anti-aériens et anti-missiles SM-2. Tokyo a l’intention de les compléter par le système terrestre (Aegis Ashore) en achetant trois batteries aux États-Unis. Par ailleurs, en assumant le suivi du déplacement des navires et des sous-marins chinois, les sous-marins japonais coopèrent étroitement avec la marine américaine.
NB. On estime que le Japon est à même de créer une ogive nucléaire en 6-12 mois.
Le Japon dispose de la 6e plus importante zone économique exclusive mondiale (4 479 358 km²). Comparaison : la France, à la 2eplace après les États-Unis, possède une zone économique exclusive de 11 035 000 km².
Base de Djibouti
La première base navale permanente des Forces japonaises d’autodéfense à l’étranger a été inaugurée en juillet 2011. D’une surface de douze hectares, elle peut accueillir 600 personnes et deux avions de patrouille maritime. Deux frégates sont également déployées sur zone.
La Corée du Sud
La Marine sud-coréenne accède au 8e rang des grandes marines mondiales (effectifs : 68 000 personnes + 25 000 personnes du Corps des Marines ; 70 aéronefs et 120 navires. En 2010, elle comptait 18 sous-marins de conception allemande : 9 Type 209 (sous-marins d’attaque à propulsion classique acquis dans les années 1990) et 9 Type 214 (propulsion à pile à combustible et diesel, construits en Corée du Sud avec l’aide technique allemande). Une nouvelle classe devrait faire son apparition, aux alentours des années 2020, avec la réalisation du programme KSX-III qui prévoit la construction de 9 sous-marins de 3 000 tonnes chacun.
Même si elle possède moins de bateaux que sa rivale nord-coréenne, sa Marine la dépasse en tonnage.
NB. Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering a livré début août 2017 le sous-marin Nagapasa, premier d’une série de trois unités dérivées du type allemand 209/1400 commandées en décembre 2011 par l’Indonésie. C’est le premier sous-marin achevé par la Corée du sud pour le marché export.
La Marine sud-coréenne possède trois flottes (1e, 2e, et 3e) et la flotte de manœuvres stratégiques, dédiée aux opérations lointaines.
Ayant pour objectif de sécuriser les voies maritimes vitales à l’économie du pays, elle devrait constituer dans les années 2030 une marine de haute-mer capable, notamment avec des porte-avions légers, de projeter sa puissance non plus seulement dans la péninsule mais dans tout l’océan Pacifique.
La Corée du Nord
Bien qu’issue de technologies obsolètes ou modernisée de façon douteuse, la flotte sous-marine de Corée du Nord, la plus grande de la région. La Marine nord-coréenne comprenait en 2008 environ 46 000 marins et 708 bâtiments dont 3 frégates, 76 sous-marins selon Global Fire Power (20 de classe Romeo, 40 de classe Sang-o et 10 sous-marins de poche). Le reste de ses navires est en grande partie constitué de patrouilleurs. Capable de mener des opérations défensives, des opérations sous-marines contre des navires marchands et des actions conventionnelles, il s’agit d’une marine côtière capable d’opérer jusqu’à 50 kilomètres des côtes de la Corée du Nord. Elle est divisée en deux flottes :
» une flotte de l’Ouest (environ 300 navires) basée à Nampo
» une flotte de l’Est (environ 470 navires) basée à Wonsan.
compterait 76 unités selon Global Fire Power (source des chiffres relatifs aux forces navales cités ici, année 2017).
En Asie du SE
Le Vietnam et l’Indonésie ont augmenté leurs dépenses militaires de près de 150 % entre 2005 et 2015 (moyenne en Asie du Sud-Est : 64 % pour atteindre 42,2 milliards de dollars).
– L’Indonésie dispose de 4 sous-marins conventionnels de la classe Chang Bogo (deux en service, deux en cours d’essais en mer) et un en construction. En 2015, elle modernise une base aérienne militaire et construit un nouveau port militaire sur l’archipel des îles Natuna, avant-poste indonésien en Mer de Chine méridionale.
La Corée du Sud et l’Indonésie sont convenues de renforcer la coopération militaire bilatérale, en particulier en ce qui concerne le développement de chasseurs et de sous-marins. Les deux pays avaient signé en 2016 un accord pour développer un avion de chasse ayant pour nom de code KF-X/IF-X. L’avion de génération 4,5 devrait être produit vers 2025 (Yonhap, 31 jan. 2018).
– La Malaisie. La marine malaisienne acheté à DCNS deux sous-marins Scorpène en 2002 et six corvettes GoWind françaises dans leur plus grande version dite « 2500 » (le tonnage du navire) qui devaient être livrées à partir de 2017.
– Les Philippines. La marine philippine dispose de six frégates et d’une quinzaine de corvettes toutes étant des navires américains de seconde main.
– Singapour disposait de quatre sous-marins suédois Challenger en 2001 auxquels se sont ajoutés deux sous-marins classiques Archer en 2009. Deux sous-marins allemands 218SG s’ajouteront en 2020.
– La Thaïlande a annoncé en juillet 2016 sa volonté d’acquérir trois sous-marins conventionnels chinois de class Yuan ; elle pourrait avoir passé un contrat (non encore officiellement révélé) pour deux sous-marins de classe Kilo modernisés.
– Le Vietnam a acquis en 2009, six sous-marins conventionnels de classe Kilo modernisés en Russie. Quatre frégates de classe Guépard (2000 tonnes) et 12 frégates de classe Molnyia (500 tonnes) dont une dizaine sont construites directement au Vietnam.
Inde. Le budget militaire s’est accru de 11 % en 2015, s’établissant à 35,6 milliards d’euros.
La Marine indienne, la septième marine en termes de tonnage de navires de combat et la quatrième marine du monde en effectifs, compte plus de 155 navires, dont 15 sous-marins et un porte-avions, 68 000 marins (dont 5 000 membres de l’aviation navale et 2 000 commandos de marine). Selon l’État-Major de la Marine indienne, il manquerait 10 frégates au plan d’équipement en cours pour atteindre le contrat opérationnel indien.
Elle est organisée en trois commandements régionaux (ouest, sud et est), siégeant dans les trois bases navales de Mumbai, Kochi et Vishakhapatnam où, en outre sont assurées les fonctions d’entraînement, d’entretien et de logistique.Un récent accord de coopération entre Washington et New Delhi, » partenaires majeurs de la défense « , le Logistics Exchange Memorandum of Agreement (LEMOA), signé le 29 août 2016, vise à donner aux forces armées des deux pays un accès réciproque aux bases militaires pour la maintenance et le réapprovisionnement de leurs équipements.
Pakistan
La Marine pakistanaise compte 63 navires de combat, dont 8 sous-marins, et 101 avions, 30 700 militaires d’active et 5 000 dans la réserve. Détails : 11 frégates, 2 patrouilleurs lance-missiles un navire de soutien logistique, cinq sous-marins Agosta (2 70 et 3 90B). En outre, huit sous-marins S-20 dérivé du type 039A chinois ont été commandé à la Chine en 2016.
La Marine pakistanaise s’est dotée d’un » Commandement de la force navale stratégique « .
Annexe 8
Les dispositifs régionaux de sécurité en Indo-Pacifique
I – Les dispositifs de sécurité
Forum Régional de l’ASEAN (ASEAN Regional Forum, ARF)
Le Forum régional de l’ASEAN (ASEAN Regional Forum, ARF), initié en 1993 par cette organisation est, depuis 1994, le premier grand forum multilatéral de la région Asie-Pacifique pour des consultations officielles sur les questions de sécurité.
Objectifs : 1) favoriser un dialogue et une consultation constructifs sur les questions politiques et de sécurité d’intérêt commun ; 2) apporter une contribution significative aux efforts visant à renforcer la confiance et la diplomatie préventive dans la région Asie-Pacifique.
En juillet 1996, le Forum a adopté les critères de participation suivants : les nouveaux participants doivent être des États souverains, obtenir le consensus de ses membres et démontrer qu’ils ont un impact sur la paix et la sécurité de » l’empreinte géographique » des principales activités de l’ARF (Asie du Nord-Est et du Sud-Est, Océanie).
Autour des 10 États membres de l’ASEAN (Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam), l’ARF regroupe désormais 17 » partenaires de dialogue » : Australie, Bangladesh, Canada, Chine, Corée du Nord, Corée du Sud, États-Unis, Inde, Japon, Mongolie, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Russie, Sri Lanka, Timor-Est, Union européenne.
La présidence tournante est assurée par les membres du comité permanent de l’ASEAN, le secrétariat siège à Jakarta.
Le dialogue quadrilatéral de sécurité en région indopacifique
Évoqué pour la première fois par le Premier ministre japonais Shinzo Abe lors de son premier mandat (2006-2007), le dialogue a été repris en novembre 2017. Organisée autour du thème « Indo-Pacifique libre et ouvert », la première réunion quadrilatérale a abordé sept thèmes principaux: l’ordre des règles en Asie, la liberté de navigation et de survol dans les biens communs maritimes, le respect du droit international, le renforcement de la connectivité, la sécurité maritime, la menace nord-coréenne et la non-prolifération, et le terrorisme.
Five Power Defence Arrangements (FPDA). L’Australie est, avec le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie et Singapour l’un des signataires de cet accord en matière de défense et de sécurité (1971). Les FPDA ont été mis en place à la suite de la résiliation par le Royaume-Uni de ses garanties de défense de la Malaisie et de Singapour à la suite de la décision de la Grande-Bretagne, en 1967, de retirer ses forces armées à l’est de Suez.
Symposium naval de l’océan Indien (Indian Ocean Naval Symposium, IONS)
Le Symposium naval de l’océan Indien est destiné à renforcer la coopération maritime entre les États riverains de la région de l’océan Indien. Similaire au Symposium naval du Pacifique occidental (Western Pacific Naval Symposium, WPNS), IONS est né d’une initiative des forces navales (Iandian Navy, Royal Australian Navy, etc.) et agences de sécurité maritime des pays membres.
Des séminaires et des réunions du » Conclave des chefs » ont eu lieu au début de chaque année paire. La présidence de l’IONS : Émirats arabes unis en 2010, Afrique du Sud en 2012, Australie en 2014 et le Bangladesh en 2016. En avril 2018, la présidence de l’IONS a été confiée à l’Iran et en 2020, à la France. Forum de discussion sur les questions maritimes régionales en vue notamment de renforcer la coopération en matière de sécurité maritime, il offre l’occasion de promouvoir des relations amicales entre les nations membres. Outre les symposiums, de nombreuses autres activités telles qu’ateliers, concours de dissertation et conférences sont également organisées sous l’égide de l’organisation. Le symposium inaugural, organisé par la marine indienne, s’est tenu à New Delhi en 2008. Le forum aide à préserver les relations pacifiques entre les nations et est donc essentiel pour la mise en place d’une architecture de sécurité maritime efficace dans la région de l’océan Indien et est également fondamental pour la prospérité collective.
Objectifs
– Promouvoir une compréhension commune des problèmes maritimes auxquels sont confrontés les États-nations littoraux de l’océan Indien et la formulation d’un ensemble commun de stratégies visant à renforcer la sécurité maritime régionale.
– Renforcer la capacité de tous les États-nations littoraux de l’océan Indien à faire face aux défis actuels et prévus en matière de sécurité et de stabilité maritimes.
– Mettre en place et promouvoir une variété de mécanismes transnationaux, maritimes et coopératifs, conçus pour atténuer les problèmes de sécurité maritime dans l’océan Indien.
– Développer l’interopérabilité en termes de doctrines, procédures, systèmes organisationnels et logistiques et processus opérationnels, de manière à promouvoir le développement des capacités navales régionales pour une assistance humanitaire et un secours aux sinistrés rapides et efficaces dans la région de l’océan Indien.
Les 35 pays membres de l’IONS sont regroupés en quatre sous-régions *:
» Asie du Sud (Bangladesh, Inde, Maldives, Pakistan, Seychelles, Sri Lanka, Royaume-Uni (Territoire britannique de l’océan Indien) ;
» Asie occidentale (Bahreïn, Iran, Irak, Koweït, Oman, Qatar, Arabie Saoudite, Émirats arabes unis, Yémen) ;
» Afrique de l’Est (Afrique du Sud, Comores, Djibouti, Égypte, Érythrée, France (La Réunion, Mayotte), Kenya, Madagascar, Maurice, Mozambique, Somalie, Soudan, Tanzanie) ;
» Asie du Sud-Est (Australie, Birmanie, Indonésie, Singapour, Thaïlande, Timor-Est).
NB. Les pays membres figurant en italiques, cités sur celui de IONS sont absents de la liste postée par le site de la marine australienne.
Les 8 pays observateurs : Chine, Allemagne, Italie, Japon, Madagascar, Malaisie, Pays-Bas, Russie et Espagne.
* Remarque : le site officiel de IONS (http://ions.gov.in/, qui n’est plus mis à jour depuis 2014) comporte deux rubriques (About IONS et Member’s Country) où figure la liste des pays membres sans qu’il y ait coïncidence entre elles, la première comptant 35 pays membres sans les observateurs, la seconde, 26 pays membres et observateurs : ainsi le Royaume-Uni (au titre de Diego Garcia ?) figure sur l’une des listes de IONS et non sur l’autre… La Malaisie figure comme membre sur l’une, observateur sur l’autre.
Les dates différentes de mise à jour des uns et des autres sont probablement la cause de ces incohérences.
Les pays observateurs sont listés dans l’article de Wikipedia (anglais) et sur le site de la marine australienne.
The Galle Dialogue*
Sous l’égide du ministère sri-lankais de la défense, le Dialogue se consacre à l’organisation d’échanges échanges susceptibles de déboucher sur des coopérations dans le domaine de la sécurité maritime (piraterie, terrorisme, trafics d’êtres humains, d’armes et de stupéfiants) et de la mise en jeu de la stabilité régionale. Les pays représentés sont ceux de la région maritime de » l’Indo-Pacifique « ** (appellation utilisée officiellement pour la première fois par le Livre blanc australien 2013 sur la défense : » un nouvel arc stratégique Indo-Pacific commence à émerger comme un système, reliant les océans Indien et Pacifique via l’Asie du Sud-Est qui en est le centre « ).
* prononcer Golle.
** La participation aux sessions est beaucoup plus large que les seuls pays riverains de l’océan Indien, comme en témoigne la liste des pays représentés lors de la 8e Conférence maritime internationale, tenue en octobre 2017.
Pays : Afghanistan, Afrique du Sud, Allemagne, Australie, Bangladesh, Birmanie, Brésil, Canada, China, Corée du Sud, Cuba, Égypte, Espagne, États-Unis, Émirats arabes unis, Fidji, France, Inde, Indonésie, Iran, Irak, Italie, Japon, Koweït, Libye, Malaisie, Maldives, Maurice, Mexique, Népal, Nouvelle-Zélande, Nigeria, Norvège, Oman, État palestinien, Pakistan, Pays-Bas, Philippines, Pologne, Qatar, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Arabie Saoudite, Sénégal, Seychelles, Soudan, Suisse, Thaïlande, Turquie, Vietnam.
Organisations : UNHCR (United Nations High Commissioner for Refugees) ; ORF (Observer Research Foundation) ; ReCAAP ISC (Regional Cooperation Agreement on Combating Piracy and Armed Robbery against Ships in Asia, Information Sharing Center) ; IOM (International Organization for Migration) ; UNODC (United Nations Office on Drugs and Crime,) ; CMF (Combined Maritime Forces) ; CAN (Commission Against Narcotics) ; NMF (National Maritime Foundation) ; NESA (Near East South Asia, Center for Strategic Studies – National Defense University, Washington DC) ; USII (?) ; EU (European Union) ; ICRC (International Committee of the Red Cross).
Les dialogues sur la sécurité en Asie
Asia-Pacific Roundtable, APR, depuis 1987 considéré aujourd’hui comme le principal forum de la deuxième voie (experts) pour les questions de sécurité régionale dans la région Asie-Pacifique. Organisé par l’Institut d’études stratégiques et internationales (ISIS) Malaisie, avec l’aide des instituts d’études stratégiques et internationales de l’ASEAN (ASEAN-ISIS), se tient habituellement en Malaisie fin mai.
Le Dialogue Shangri-La (SLD), depuis 2002, lancé à Singapour par le think tank britannique l’Institut international d’études stratégiques (IISS) et le soutien du gouvernement de Singapour. Le SLD est en fait le premier forum de la région pour les questions de sécurité – combinant l’objectif initial d’un groupe de ministres occupant des créneaux et des délégations officielles, nombre croissant de délégués non-officiels.
Le Dialogue international de défense de Jakarta (Jakarta International Defense Dialogue, JIDD) depuis 2011, vise à promouvoir la coopération régionale et à renforcer la confiance afin de pouvoir répondre aux menaces et aux défis communs. Le premier » Dialogue » s’est tenu en 2011 avec l’ambition devenir le principal mécanisme de coordination de la sécurité de la région pour la région Asie-Pacifique. L’Australie, le Bangladesh, Brunei, la Chine, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Pakistan, la Russie, Singapour, le Sri Lanka, le Timor-Leste et les États-Unis figuraient parmi les quelque 40 pays participants. Le Dialogue bénéficie de l’appui de l’International Peace Institute (IPI), la durée est de 3 jours, il se tient en mars.
Parmi les thèmes traités : » Military Operations Other Than War, la cyber sécurité et la sécurité maritime » en 2012 ; » La défense et la diplomatie dans la région Asie-Pacifique » en 2013 ; » Building Maritime Collaboration for Security and Stability » en 2014.
Le Dialogue de défense de Séoul (SDD) depuis 2012, forum lancé par la Corée du Sud et axé sur l’Asie du Nord.
Le forum de Xiangshan, depuis 2006, a commencé comme un forum bisannuel de la voie 2 (non officiel et largement académique), en 2014, la Chine l’a fait passer au statut de voie 1.5 (participation de fonctionnaires et d’experts) et transformé en un forum annuel de la catégorie 1.5 en 2015.
Shared Awareness and Deconfliction (SHADE), Groupe de contact sur la piraterie au large des côtes somaliennes. Le groupe SHADE, dirigé par les Forces maritimes combinées et la force navale de l’Union européenne, est un Groupe militaire international à participation volontaire créé en décembre 2008, sans statut juridique précis. Il sert surtout à « échanger des pratiques optimales, tenir des discussions informelles et harmoniser les activités des pays et des organisations participant aux opérations militaires de lutte contre la piraterie dans la région. »
À l’origine, seules y participaient les Forces maritimes combinées (basées au Bahreïn), la force navale de l’Union européenne et l’OTAN. Cependant, il s’est agrandi rapidement, incluant la plupart des forces navales des pays de la région et d’autres pays agissant indépendamment, notamment celles de la Chine, de l’Inde, du Japon et de la Russie. Le groupe SHADE se réunit chaque mois au Bahreïn au niveau des experts. Bien souvent, il y a plus d’une vingtaine de pays représentées autour de la table, en plus des dirigeants des trois coalitions et de représentants des milieux maritimes.
Ce groupe SHADE a notamment contribué à lancer des opérations navales coordonnées et ciblées au large des côtes somaliennes et encouragé les échanges d’officiers et de moyens entre les participants, permettant notamment à des commandants de Singapour et de Turquie de travailler à bord de bâtiments américains. Il a en outre créé dans le golfe d’Aden le couloir de transit international recommandé, approuvé par l’OMI en juillet 2009, mis au point un guide de coordination relatif à ce couloir et renforcé sensiblement la coordination avec les milieux maritimes.
Centres de recherche sur les systèmes d’information (CISR). Trois grands réseaux de Centres de recherche ont été mis en place pour répondre aux problèmes et aux défis posés par les pirates et les terroristes. Ces réseaux reçoivent des informations vitales de plusieurs systèmes tels que le système d’identification automatique (AIS), l’identification et le suivi à longue distance (LRIT), les satellites et les systèmes électro-optiques et les radars à terre pour les données en temps réel des navires opérant dans les océans.
Code de Conduite de Djibouti (DCoC)
Le Code de conduite concernant la répression des actes de piraterie et des vols à main armée à l’encontre des navires dans l’océan Indien occidental et le golfe d’Aden, également appelé le Code de conduite de Djibouti, a été adopté le 29 janvier 2009 par les représentants des États suivants : Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya, Madagascar, les Maldives, la République-Unie de Tanzanie, les Seychelles, la Somalie et le Yémen. L’Afrique du Sud, l’Arabie saoudite, les Comores, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Érythrée, la Jordanie, Maurice, le Mozambique, Oman et le Soudan ont depuis signé le Code, portant ainsi le nombre total de signataires à 21 pays. Ce code de conduite, signé au départ par 9 États, est aujourd’hui adopté par 21 États. Les objectifs. Il apour but de favoriser la coopération technique et judiciaire entre les États et la coordination des opérations de lutte contre la piraterie ; sa mise en place repose sur 4 piliers (l’entraînement régional, le recueil de l’information de situation maritime, le partage de l’information et la mise en place de législations nationales). Pour mettre ces 4 piliers en œuvre, des projets ont été associés au Code de conduite de Djibouti, notamment la création et la mise en réseau de plusieurs centres de partage d’informations sous-régionaux (Mombasa, Sanaa et Dar Es Salam) chargés de collecter les informations en provenance des centres nationaux, ainsi que la création d’un Centre de formation et de documentation à Djibouti.
Dans le cadre d’une réunion de haut niveau organisée à Jeddah (Arabie saoudite), du 10 au 12 janvier 2017, les signataires du Code de conduite de Djibouti ont adopté un Code de conduite révisé, dénommé » Les amendements de Jeddah de 2017 au Code de conduite de Djibouti. «
Les États participants ont accepté de travailler main dans la main, avec le soutien de l’Organisation maritime internationale (OMI) et d’autres parties prenantes, afin de renforcer les capacités nationales et régionales et ainsi faire face à d’autres problèmes de sûreté maritime, ce qui permettra de favoriser le développement durable du secteur maritime.
Les amendements de Jeddah de 2017 au Code de conduite de Djibouti reconnaissent le rôle essentiel joué par l’économie bleue – dont font partie les transports maritimes, les gens de mer, le secteur des pêches, ou encore le tourisme – pour soutenir la durabilité de la croissance économique, la sécurité alimentaire, l’emploi, la prospérité et la stabilité. Ils expriment toutefois les profondes préoccupations concernant les actes de piraterie, les vols à main armée à l’encontre des navires et les autres activités maritimes illicites, y compris la criminalité des pêches, dans l’océan Indien occidental et le golfe d’Aden. De tels actes présentent de graves dangers pour la sécurité et la sûreté des personnes et des navires en mer, et pour la protection du milieu marin.
Le Centre de formation et de documentation de Djibouti
Ce centre, qui aura pour mission de coordonner, au niveau régional, la planification, la conduite et l’exécution des activités de formation et d’entraînement déjà existantes, est principalement financé par l’Union européenne et l’OMI, qui a mis en place un fonds fiduciaire destiné à la mise en œuvre du Code de conduite de Djibouti, fonds auquel participe en grande partie le Japon (qui a versé 14 millions de dollars) mais également la France, les Pays-Bas, la Norvège et la république de Corée. 2,5 M€ ont déjà été débloqués pour la construction du centre. Le financement des cours dispensés par le centre est assuré par l’Union européenne à travers son Instrument de stabilité (projet MARSIC). La première formation a été organisée au mois de mai 2011 dans des locaux encore provisoires. La France, qui soutient le Code de conduite de Djibouti, projette de participer au fonctionnement du centre de Djibouti en envoyant ponctuellement des formateurs, ainsi qu’en faisant profiter le centre de l’expertise des trois coopérants français » action de l’État en mer » en poste à Djibouti.
Programme Piracy, Maritime Awareness and Risks (PMAR)
L’Union européenne a institué le Programme Piracy, Maritime Awareness and Risks opérationnel seulement pendant 15 mois de juillet 2014 à octobre 2015, pour participer au renforcement des capacités de sensibilisation et de lutte contre la piraterie maritime de la région Afrique de l’Est/Afrique australe/Océan Indien (AOI-OI). Le PMAR fournit en temps réel une » image situationnelle maritime » de l’océan Indien occidental et du golfe d’Aden au Centre régional de coordination du sauvetage maritime (CRRCC) sous le contrôle de l’Autorité maritime du Kenya à Mombasa et de l’unité anti-piraterie de la Commission de l’océan Indien (IOC) aux Seychelles.
Pour mémoire : liste dressée dans le rapport du Sénat, déc. 2016, intitulé » Australie : le rôle de la France dans le nouveau monde « ,
» Traité de San Francisco, traité de paix avec le Japon, 8 septembre 1951 ;
» Convention d’armistice en Corée, 27 juillet 1953 ; la France est membre de la coalition du Commandement des Nations unies (UNC) et de la Commission militaire d’armistice (UNCMAC) ;
» Traité de Manille pour la sécurité collective en Asie du Sud-Est, 8 septembre 1954, en vigueur malgré la dissolution de l’OTASE en 1977 ;
» Traité de Bali d’amitié et de coopération en Asie du Sud-Est, 24 février 1976, auquel la France a adhéré en janvier 2007.
» Proliferation Security Initiative (PSI) prévoit des programmes opérationnels destinés à aider les États à agir de façon coordonnée, pour lutter contre le trafic de marchandises illicites. L’Australie, les États-Unis, la Corée du Sud, le Japon et la France participent dans ce cadre à l’exercice » Bouclier du Pacifique « .
» Shangri-La dialogue (Singapour), au niveau politique et stratégique, réunion annuelle entre ministères de la défense de la région Asie-Pacifique,
» Raisina Dialogue (New Delhi)
» South Pacific Defence Ministers Meeting (SDPMM), communauté régionale de défense créée en 2013 qui réunit tous les deux ans les ministres de la défense de l’Australie, la France, la Nouvelle-Zélande, le Chili, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les Tonga. Fidji pourrait prochainement adhérer ;
» La Pacific Armies Chiefs Conference et sa déclinaison méridionale, le Chief of Defence Conference (CHOD), qui est la réunion annuelle des chefs d’état-major des nations du Pacifique soit environ 30 pays ;
» Western Pacific Naval Symposium (WPNS). Les échanges qui s’y tiennent sont consacrés à l’interopérabilité des armées. Le WPNS regroupe 21 membres. La France est le seul pays européen permanent depuis 2002. Prochaine réunion des chefs d’état-major de la marine : en 2018 ;
» Indian Ocean Naval Symposium (IONS), l’homologue du WPNS pour l’océan Indien ;
« Séminaires des chefs d’état-major des armées du Pacifique, USPACOM,
» Réunion annuelle des chefs du renseignement militaire d’Asie- Pacifique ;
« Central South Pacific Coast Guard forum.
II – Les dispositifs de portée générale
Asia Pacific Economic Community (APEC), 1989, pour mémoire
L’ASEAN. L’Australie, est devenue en 1974 le premier partenaire de dialogue de partenaire de dialogue de I’ASEAN*, haussé au niveau d’un partenariat stratégique en novembre 2014. En 2007, elle signe un partenariat global avec l’ASEAN et participe à son Forum régional (ARF) consacré aux questions de sécurité et de défense. Un Forum ASEAN-Australie est organisé tous les l8 mois ou deux ans (1e édition : septembre 2016, Vientiane ; 2e édition : mars 2018, Sydney). Le Livre Blanc de 2012 prévoit de nommer un ambassadeur australien auprès de I’ASEAN. Accord de libre-échange entre l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’ASEAN (AANZFTA) signé en 2010.
* Les dix partenaires de dialogue de l’ASEAN Australie, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, Inde, Japon, Nouvelle-Zélande, Russie et Union européenne.
Sommet de l’Asie orientale
(East Asia Summit) ou ASEAN+6 puis +8. L’Australie participe aux sommets successifs depuis sa création (2005).
Déclaration [indo-australienne] sur la coopération en matière de sécurité (India-Australia Joint Declaration on Security Cooperation), 2009.
Le Plan de Colombo pour le développement économique coopératif dans le Sud et le Sud-Est asiatique (1950) découle d’une initiative de la diplomatie du Commonwealth britannique (Australie & Nouvelle-Zélande, Canada, Royaume-Uni, Inde, Pakistan, Sri Lanka).
NB. Malgré son appellation, le » nouveau plan Colombo » lancé en décembre 2013 par le gouvernement de Tony Abott, Parti libéral, similaire au plan Erasmus européen, ne succède pas au précédent. Mais il est significatif de l’attention portée par Canberra à la formation des futures élites de la région.
National maritime domain awareness – NMDA
L’Organisation maritime internationale a souhaité promouvoir la compréhension effective de tout élément associé au domaine maritime qui pourrait avoir un impact sur la sécurité, la sûreté, l’économie ou l’environnement. Chaque pays a été convié à désigner une entité administrative responsable de ce programme.
Indian Ocean Rim Association, IORA
Lancée à l’initiative de l’Afrique du Sud et de l’Inde, l’Association des rivages de l’océan Indien (IORA), est une organisation internationale réunissant des représentants du gouvernement, du monde des affaires et des milieux universitaires, officiellement lancée en mars 1997.
Il repose sur les principes du régionalisme ouvert pour le renforcement de la coopération économique, en particulier en matière de facilitation des échanges et d’investissement, de promotion et de développement social de la région. Six domaines prioritaires : sécurité maritime, commerce et investissement, gestion des pêches, réduction des risques de catastrophe, coopération académique et scientifique, promotion touristique et échanges culturels. Le Secrétariat de coordination de l’IORA est situé à Ebene, Maurice.
21 États membres : Afrique du Sud, Australie, Bangladesh, Comores, Émirats Arabes Unis, Inde, Indonésie, Iran, Kenya, Madagascar, Malaisie, Maurice, Mozambique, Oman, Seychelles, Singapour, Somalie, Sri Lanka, Tanzanie, Thaïlande, Yémen.
7 partenaires de dialogue : Allemagne, Chine, Égypte, France, Japon, Royaume-Uni, États-Unis.
2 organisations au statut d’observateur : Indian Ocean Tourism Organisation, Indian Ocean Research Group.
L’Association sud-asiatique pour la coopération régionale (South Asian Association for Regional Cooperation, SAARC)
La SAARC est une association régionale initiée par le Bangladesh, en 1983 et établie par une charte signée en 1985. Objectifs : encourager la coopération dans les domaines de l’agriculture, le développement rural, la science et les technologies, ainsi que la culture, la santé, le contrôle de la natalité, des politiques anti-narcotrafic et la lutte anti-terrorisme.
Elle regroupe 8 pays membres : Bangladesh, Bhoutan, Inde, les Maldives, Népal, Pakistan, Sri Lanka et Afghanistan à partir d’avril 2007.
9 entités ont le statut de membre observateur (2006) : Australie, Birmanie, Chine, Iran, Japon, Corée du Sud, États-Unis, Maurice, Union européenne.
Le secrétariat de la SAARC est situé à Katmandou, Népal.
Critique : cette organisation n’applique pas ses résolutions, réalise peu, reste sous-financée et les rivalités régionales traditionnelles, en particulier entre l’Inde et le Pakistan, entravent tout progrès.
Conseil de coopération en matière de sécurité dans les pays d’Asie-Pacifique (Council for Security Cooperation in the Asia Pacific, CSCAP)
Le CSCAP a été créé à Kuala Lumpur en juin 1993 à l’initiative de 24 centres d’études stratégiques de dix pays de la région Asie-Pacifique (Australie, Canada, Indonésie, Japon, Corée du Sud, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande et États-Unis) pour contribuer, dans un processus régional de nature non gouvernementale, aux efforts de renforcement de la confiance régionale et renforcer la sécurité régionale par le biais de dialogues, de consultations et de coopération.
Ont rejoint le Conseil en tant que membres à part entière : Cambodge, Chine, Corée du Nord, Inde, Mongolie Nouvelle-Zélande, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Russie, Union européenne, Vietnam.
Membre associé : Institut indien d’études et d’analyses de la défense (IDSA).
Le CSCAP souhaite consolider ses liens avec le premier forum régional de l’ASEAN (ARF).
Le Comité de pilotage du CSCAP se réunit deux fois par an – en juin à Kuala Lumpur et en décembre dans l’un des autres pays membres. Le comité directeur est coprésidé par un membre d’un comité membre de l’ASEAN et un membre d’un comité membre non membre de l’ ASEAN.
Le secrétariat est situé à l’Institut d’études stratégiques et internationales (ISIS) à Kuala Lumpur, Malaisie.
Coopérative régionale de sécurité portuaire d’Asie du Sud (South Asia Regional Port Security Cooperative, SARPSCO)
La Coopérative régionale de sécurité portuaire d’Asie du Sud, créée en 2008 aux Maldives, composée de la Garde côtière de 9 pays riverains de l’océan Indien : Bangladesh, Comores, Inde, Madagascar, Maldives, Maurice, Oman, Pakistan, Sri Lanka.
Objectif : coopérer pour combattre la piraterie et les menaces terroristes dans l’océan Indien (pêche illégale, trafic d’êtres humains, transport de cargaisons et de drogues illicites), assurer la sûreté portuaire et maritime et la protection des câbles sous-marins.
L’US Coastguard, le corps des garde-côtes américains, sert d’agence de facilitation pour le développement du forum régional sans que les États-Unis n’en soient membre. Elle a encouragé cette coopération – sans doute en a-t-elle patronné l’initiative -, pour prévenir les actions terroristes susceptibles 1) de mettre à mal l’activité portuaire et, partant, l’économie des pays qui en dépendent ; 2) de perturber le transport maritime international, notamment l’approvisionnement pétrolier.
SARPSCO fait partie de la série d’initiatives de coopération économique et de sécurité dans la région. Elle a le mérite d’amener les rivaux traditionnels que sont l’Inde et le Pakistan à travailler ensemble sur des questions concrètes d’intérêt mutuel, ce qu’ils n’ont sans doute pas l’occasion de faire au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai, où ils cohabitent également.
La création de la SARPSCO est une suite de l’attaque tentée en 2006 contre le port de Galle – au sud du Sri Lanka – mais déjouée par la marine sri-lankaise. L’officier de sûreté du port de Galle a voulu en partager les leçons avec ses homologues et les garde-côtes de la région. Les Américains se souviennent également de l’attentat meurtrier contre l’USS Cole survenu en cours de ravitaillement dans le port d’Aden au Yémen, en octobre 2000.
Interpol, l’Organisation maritime internationale et la douane et la protection des frontières des États-Unis ont témoigné de leur intérêt pour les activités de la SARPSCO.
Commission de l’océan Indien
La Commission de l’océan Indien (COI) est une organisation intergouvernementale créée en 1982 à Port-Louis (Maurice) et institutionnalisée en 1984 par l’Accord de Victoria (Seychelles). Elle réunit cinq îles-pays de la région océan Indien : Union des Comores, Réunion/France, Madagascar, Maurice, Seychelles.
Sa mission principale est de resserrer les liens d’amitié et de solidarité entre les populations de l’Indianocéanie, de bâtir des projets régionaux de développement durable, destinés à les protéger, améliorer leurs conditions de vie et préserver les ressources naturelles dont elles dépendent fortement.
Seule organisation régionale africaine composée exclusivement d’îles, la COI défend leurs intérêts insulaires sur la scène régionale et internationale et promeut un développement plus durable et solidaire.
Communauté du Pacifique (CPS) [ancienne appellation : Commission du Pacifique Sud] ou Secretariat of the Pacific Community
La Communauté du Pacifique est la principale organisation internationale d’assistance scientifique et technique visant à soutenir le développement durable dans la région Pacifique. Bilingue, elle compte parmi ses membres les États et les territoires anglophones et francophones de la région. Œuvrant en Océanie, la CPS a été fondée en 1947 par le traité de Canberra par l’Australie, les États-Unis, la France, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. À l’époque, ces six pays administraient des territoires du Pacifique et anticipaient les avantages qu’ils pourraient retirer en leur apportant une aide » coordonnée « . Appelée à l’origine » Commission du Pacifique Sud, CPS « , elle a été rebaptisée en 1997, » Secrétariat général de la Communauté du Pacifique « , sa zone d’intervention s’étendant désormais du nord au sud du Pacifique.
Le Samoa fut le premier pays insulaire à devenir un État indépendant, en 1962, et un membre à part entière de la CPS. Par la suite, d’autres nations insulaires ont, à leur tour, acquis leur indépendance ou une large autonomie et, en 1983, lors de la vingt-troisième Conférence du Pacifique Sud qui se tint à Saipan, les vingt-deux États et Territoires insulaires océaniens se virent reconnaître le statut de membre votant, redevable d’une contribution statutaire.
Les Pays-Bas et le Royaume-Uni se sont retirés en 1962 et en 2004 respectivement, après avoir pris leurs distances de leurs intérêts océaniens. Le Royaume-Uni avait toutefois rejoint de nouveau l’organisation de 1998 à janvier 2005.
Depuis 2010, la CPS compte vingt-six membres, parmi lesquels figurent les vingt-deux États et Territoires insulaires océaniens, ainsi que quatre des pays fondateurs.
La CPS contribue au développement des compétences techniques, professionnelles, scientifiques et des capacités de recherche, de planification et de gestion de 22 États et territoires insulaires du Pacifique. Dans la poursuite d’un développement durable au bénéfice des Océaniens, la CPS travaille dans plus de 25 secteurs. Elle est réputée pour son travail de recherche et d’innovation au service du développement dans des domaines tels que les pêches, la santé publique, les géosciences, l’énergie, le changement climatique, les droits de l’Homme, les statistiques ou la conservation génétique des plantes pour l’alimentation et l’agriculture.
Pays hôte de cette organisation depuis 1949 et conscient du rôle important et du poids de la CPS dans le Pacifique, la Nouvelle-Calédonie a depuis quelques années considérablement développées son implication au sein de la CPS.
L’organe directeur de la CPS est la Conférence de la Communauté du Pacifique, qui se réunit tous les deux ans. La dixième Conférence de la Communauté du Pacifique s’est tenue en juillet 2017 au siège de l’Organisation, à Nouméa, sous présidence de la Nouvelle-Calédonie.
Le Comité des représentants des gouvernements et administrations (CRGA), comité émanant de la Conférence, se réunit tous les ans. Les années où la Conférence n’a pas lieu, c’est le CRGA qui est habilité à prendre des décisions en matière de gouvernance. La quarante-septième session du CRGA s’est tenue en juillet 2017, juste avant la 10ème Conférence.
La CPS a fêté ses 70 ans en 2017.
La Communauté du Pacifique est composée de 26 États membres dont
» Quatre membres fondateurs : Australie, France, Nouvelle-Zélande, États-Unis (ils contribuent financièrement au fonctionnement des divers programmes ) ;
» Vingt-deux États et territoires insulaires du Pacifique :
Îles Cook, Fidji, Guam (États-Unis), Kiribati, Îles Mariannes du Nord (États-Unis), Îles Marshall, États fédérés de Micronésie, Nauru, Niue, Nouvelle-Calédonie (France), Palau (ou Palaos), Papouasie-Nouvelle-Guinée, Îles Pitcairn (Royaume-Uni), Polynésie française (France), Salomon, Samoa, Samoa américaines (États-Unis), Tokelau (Nouvelle-Zélande), Tonga, Tuvalu, Vanuatu, Wallis-et-Futuna (France).
Le Forum des îles du Pacifique
Le Forum des îles du Pacifique est une organisation politique internationale de coopération régionale, créée en août 1971 à Wellington, en Nouvelle-Zélande, sous le nom de Forum du Pacifique Sud. Il réunit les 16 pays indépendants de l’Océanie, ainsi que la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française (depuis 2016). Le siège de son secrétariat est à Suva (Fidji).
Le budget du Forum est largement assuré par l’Australie (30 %) et la Nouvelle-Zélande (30 %). Les autres donateurs sont les États-Unis, le Japon, l’Union européenne, le Canada, le PNUD et la France.
Les secteurs d’activités concernés par les missions du Forum sont l’environnement, les télécommunications, l’aviation civile, l’énergie, la sécurité, le commerce, la pêche et les communications maritimes.
Le Forum comprend également deux agences :
» L’Agence des pêches (Forum Fisheries Agency),
» La Compagnie de navigation maritime (Pacific Forum Line).
États membres :
Australie, Îles Cook, Fidji*, Kiribati Îles Marshall, États fédérés de Micronésie, Nauru, Niue, Nouvelle-Calédonie (France), Nouvelle-Zélande, Palau (ou Palaos), Papouasie-Nouvelle-Guinée, Polynésie française (France), Salomon, Samoa, Tonga, Tuvalu, Vanuatu,
NB. Bien qu’elles ne soient pas des États souverains, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française sont admises comme membres à part entière par décision des autres membres le 10 septembre 2016.
Observateurs : Banque asiatique de développement, Commonwealth, Organisation des Nations unies, Timor-Est, Tokelau, Wallis-et-Futuna (France)
Partenaires du Dialogue Post-Forum : Canada Chine Corée du Sud États-Unis France Inde Indonésie Japon Malaisie Philippines Royaume-Uni Union européenne
*Cas des Fidji (2009-2013)
La participation des Fidji à l’organisation est suspendue à partir du 1er mai 2009, en raison de la suspension de la démocratie dans ce pays. La suspension est levée en 2014, à la suite d’élections démocratiques dans ce pays. Le premier ministre fidjien Frank Bainimarama boycotte toutefois le Forum, exigeant que l’Australie et la Nouvelle-Zélande en soient exclues.
Forum du développement des îles du Pacifique (FDIP)
Le Forum du développement des îles du Pacifique (Pacific Islands Development Forum, PDIF) est une organisation internationale regroupant onze États souverains d’Océanie sous la présidence des Fidji jusqu’en 2016. Inauguré en août 2013, il promeut la coopération de ces États dans le développement de leur » économie vert-bleue » : une économie qui mobilise leurs ressources marines dans le cadre du développement durable. Le FDIP est une initiative fidjienne concurrente au Forum des îles du Pacifique.
Il constitue une plateforme réunissant des leaders des secteurs public et privé et de la société civile pour relever les défis du développement régional, grâce à des partenariats novateurs mutuellement bénéfiques. Le PIDF utilise l’expertise du secteur privé, le leadership normatif du secteur public et les mécanismes de prestation réussis de la société civile. Il fournit un cadre pour rassembler les dirigeants des gouvernements, des entreprises et de la société civile afin de garantir des engagements concrets et de mobiliser des actions en faveur de l’économie verte.
Les partenaires du secteur public assurent la légitimité, la stabilité, l’accès, l’information et la base institutionnelle du partenariat. Le secteur des entreprises est inventif, productif ; apporte des ressources financières et technologiques et des approches innovantes à la résolution de problèmes, tandis que la société civile veille à ce que le partenariat reste réactif et inclusif pour toutes les parties prenantes. Le PIDF est l’avocat et le protecteur des intérêts des partenaires les moins influents.
Le PIDF est le point régional des missions des Nations Unies sur les Petits États insulaires en développement du Pacifique, PEIDP (Pacific Small Island Developing States).
Siège : Suva, Fidji.
États ou territoires membres : Fidji, Kiribati, Îles Marshall, États fédérés de Micronésie, Nauru, Salomon, Timor-Est, Tonga, Vanuatu, Tuvalu, Tokelau (territoire semi-autonome sous souveraineté néo-zélandaise).
Groupe mélanésien » Fer de lance « (GMFL ou GFL)
Le Groupe mélanésien Fer de lance est une alliance de cinq pays mélanésiens regroupant les îles Salomon, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Vanuatu (les trois membres fondateurs), Fidji, l’Indonésie (membre associé depuis 2015) et le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), officiellement créé en mars 1988 à Port-Vila. Sauf les Îles Salomon, les membres du Mouvement des non-alignés.
Créé à l’origine par les États mélanésiens pour » regrouper leurs forces afin de peser lourd dans la balance régionale et internationale en faveur de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie « , l’organisation a évolué depuis les années 1990 vers un accord de coopération économique, renforcé par une volonté de solidarité inter-mélanésienne.
Le 23 mars 2007, les membres signent l’Accord d’établissement du Groupe mélanésien Fer de lance, qui régularise l’organisation au regard du droit international, créant par la même occasion un secrétariat général permanent, installé à Port-Vila au Vanuatu dans un bâtiment construit par la République populaire de Chine et cédé au GMFL en novembre 2007.
En juin 2015, le Groupe prend la décision controversée d’admettre la candidature de l’Indonésie à devenir membre associé. Dans le même temps, il rejette la candidate du Mouvement de libération uni pour la Papouasie-Occidentale (qui souhaite l’indépendance de la Nouvelle-Guinée occidentale vis-à-vis de l’Indonésie), mais l’admet comme observateur.
Annexe 9
La France et l’Indo-Pacifique
La France est un acteur stratégique de la région, sans être frontalement opposée à la Chine comme le Japon, ce qui rassure les Australiens La France possède la deuxième zone économique exclusive (ZEE) derrière les États-Unis et devant l’Australie. La France est la seule puissance européenne dont la marine croise chaque année dans cette partie du monde, compris en mer de Chine méridionale. La France a établi des relations solides avec de nombreux États de la région et a conclu des partenariats stratégiques comprenant un volet relatif aux questions internationales de défense et de sécurité, avec le Japon en 1995, la Chine en 1997, l’Inde en 1998, l’Indonésie en 2011, l’Australie en 2012, Singapour en 2012 et le Vietnam en 2013.
Le dialogue régional franco-australien ne se limite pas au Pacifique, il est aussi très développé :
– dans l’océan Indien où il se traduit par une coopération en matière de lutte contre la pêche illicite, et un dialogue au sein des instances régionales de coopération des pays riverains,
– sur l’Antarctique où l’on peut constater une intense coopération scientifique et logistique.
Les principales actions de coopération opérationnelle dans le Pacifique sud s’appuient sur les accords multilatéraux FRANZ (France, Australie & Nouvelle Zélande). Dans ce cadre, la coopération de défense s’appuie sur une série d’exercices de défense régionaux dont » Croix du Sud « , organisé tous les deux ans par les Forces armées de la Nouvelle-Calédonie, FANC. Dans cette zone si sensible aux risques naturels, la Marine, comme les autres composantes des FANC, se tient prête à intervenir rapidement en soutien des populations, sur le territoire de Nouvelle-Calédonie et de Wallis et Futuna, mais également chez les voisins mélanésiens et polynésiens de la région. L’action des FANC s’inscrit alors dans le cadre d’assistance aux PICs (Pacific Island Countries).
Le Rapport d’information fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, déposé le 14 décembre 2016 sous l’intitulé » Australie : quelle place pour la France dans le Nouveau monde ? » 1) met l’accent sur l’importance des territoires français dans cette zone pour le rayonnement de la France et 2) souligne la nécessité d’une réflexion sur l’utilisation du concept indo-pacifique dans la diplomatie française. Ce concept, qui met en relation l’océan Indien et l’océan Pacifique, permet de donner 1) toute sa mesure à la coopération stratégique entre la France et l’Australie et 2) toute son importance à la question sécuritaire des détroits.
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