Le Laos est un État enclavé, frontalier de la Chine, de la Thaïlande, du Vietnam et de la Birmanie. Dirigé par le Pathet Lao, Parti communiste local, c’est l’un des pays d’Asie du Sud-Est parmi les moins développés : le PIB/habitant (6, 9 millions) n’atteint pas 2000 dollars. Néanmoins, sa croissance en 2016 était de 7,4 % : bien surprenant même si on sait que les secteurs clés de l’énergie et des mines sont en plein développement. Ce qui justifie ce taux enviable a un nom « magique » : les Routes de la soie, la fameuse « Initiative une Ceinture, une Route » (BRI) de Xi Jinping. État-tampon et porte de l’Asie du Sud-Est péninsulaire, le Laos en a été un des premiers bénéficiaires.
FAITS
Tout a commencé par une opération de séduction bien orchestré. Les premiers contacts au sujet d’un projet de train traversant le Laos à partir du Yunnan (Kunming) datent du début des années 2000 après la visite de Jiang Zemin à Vientiane. Puis c’est un défilé ininterrompu auquel le Laos ne peut se soustraire :
- le Premier ministre Wen Jiabao en 2004 et en 2008,
- le Président Hu Jintao en 2006,
- le Vice-président Xi Jinping en 2010 et à nouveau comme Président en 2017.
Xi Jinping est le plus enthousiaste et prétend débarrasser le Laos des « pesanteurs de la géographie » (70 % de la superficie est montagneuse). Les Routes de la soie, programme mis en œuvre pour activer les connectivités, tombent à pic.
Un protocole d’accord est signé en 2012 mais les débats au sein du Parti communiste lao sont agités. Le très sinophile (et chinois d’origine) vice-Premier ministre, Somsavat Lengsavat, intervient directement pour défendre « le train chinois » et accorder à Pékin des avantages précieux (avant d’être démis de ses fonctions). Quand le projet est estampillé BRI, il n’y a plus moyen de faire marche arrière. Les travaux […]
Sophie Boisseau du Rocher, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°115 mars 2018