Après le rapport du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations unies, la nouvelle de l’existence de camps d’internements d’Ouïghours abritant un million d’individus a été commentée par l’ensemble de la presse mondiale. Mais l’aspect géopolitique du problème reste peu évoqué. Étant donné les relations étroites entre la Chine et le Pakistan mais aussi d’autres pays musulmans comme l’Iran, la Turquie ou l’Indonésie, la politique anti-ouïghoure chinoise pourrait pourtant compliquer les relations diplomatiques de Pékin avec ces pays – surtout en cas de crise au Xinjiang.
Following the report of the United Nations Committee on the Elimination of Racial Discrimination (CERD), the news of Uighur internment camps housing a million people was commented by the world’s press. Given the close relations between China and Pakistan but also other Muslim countries such as Iran, Turkey or Indonesia, China’s “anti-Uyghur” policy could nevertheless complicate its diplomatic relations with its countries – especially in the case of crisis in Xinjiang.
FAITS
Le 30 août 2018, la publication des observations finales concernant les rapports (14 à 17) périodiques de la Chine (y compris Hong Kong, Chine et Macao, Chine) du CERD a sans doute marqué une étape essentielle dans la reconnaissance internationale d’un problème spécifiquement chinois de la gestion du terrorisme au Xinjiang.
La presse internationale a retenu le cas des discriminations et atteintes aux droits élémentaires des Ouïghours mais les rapports se penchent également sur les cas des Tibétains et des Mongols. Si on y évoquent notamment la quasi-impossibilité pour les Tibétains de voyager à l’étranger, c’est bien le cas ouïghour qui retient le plus l’attention. Ils soulignent cinq points spécifiquement :
1. les minorités musulmanes sont détenues au secret et souvent pendant de longues périodes sans être inculpées, sous prétexte de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme religieux ;
2. une surveillance de masse cible de manière disproportionnée les Ouïghours de souche, y compris à travers la numérisation des téléphones portables aux postes de contrôle ;
3. tous les résidents du Xinjiang sont tenus de remettre leurs documents de voyage à la police et de demander la permission pour quitter le pays ;
4. beaucoup de Ouïghours vivant à l’étranger auraient été renvoyés au pays contre leur volonté ;
5. l’enseignement de la langue ouïghoure a été interdit dans les écoles de la préfecture de Hotan. »
Selon Adrian Zeng, la politique d’internement et rééducation massive serait liée à l’arrivée du nouveau chef du Parti au Xinjiang, Chen Quanguo 陈全国 en 2016 (après avoir été gouverneur du Tibet depuis 2011)1. Le nombre de Ouïghours concernés varierait entre […]
Jean-Yves Heurtebise, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°120 septembre 2018
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