Entre 2010 et 2016, l’investissement chinois en Europe a été multiplié plus de 20 fois (de 1,6 à 35 milliards d’euros) selon le groupe Rhodium. Il a ciblé tout particulièrement le secteur de l’énergie où il a pu notamment profiter des privatisations imposées par l’Union européenne dans le cadre des mesures de rigueur budgétaire. Aujourd’hui, cette même UE tente de réguler l’irruption des capitaux chinois au nom de la liberté du marché et de la transparence des transactions… Après la Grèce, le Portugal se trouve dans une position inconfortable à cet égard, d’autant que les positions des responsables ne sont pas unanimes.
FAITS
En plein affrontement économique avec les États-Unis, la Chine tente d’apaiser les préoccupations que soulèvent ses investissements dans les pays de l’UE et notamment, en Espagne et au Portugal. Xi Jinping s’est rendu, sur la route du G20 en Argentine, à Madrid du 27 au 29 novembre 2018 et, au retour, à Lisbonne le 4 décembre, pour une visite d’État de deux jours. Si l’Espagne s’en tient à l’Initiative européenne de connectivité avec l’Asie, le Portugal, — avec la signature d’un mémorandum d’entente en vue « d’établir les modalités de coopération bilatérale dans le domaine de l’initiative chinoise (…), couvrant une vaste gamme de secteurs, concernant en particulier la connectivité et la mobilité électriques » —, est prêt à coopérer avec la Chine dans le cadre des nouvelles Routes de la soie. En outre, l’exploration commune des marchés tiers est envisagée.
- Le Portugal, que Macao a rendu moins sourcilleux que l’Espagne à l’égard de l’activisme chinois, est engagé depuis 2004 dans un partenariat stratégique avec Pékin ; la crise financière de 2008 a créé un appel d’air pour les capitaux chinois. Depuis 2012 et pour ne s’en tenir qu’au secteur de l’énergie, l’investissement le plus emblématique a concerné l’acquisition progressive du gestionnaire du réseau, Redes Eléctricas Nacionais, REN et de l’opérateur national, Energias de Portugal, EDP, 4e opérateur mondial d’électricité éolienne. Pour en prendre le contrôle, une OPA à 9 milliards d’euros a été lancée en mai 2018 sans provoquer d’opposition gouvernementale mais l’affaire butte sur le prix proposé de l’action, insuffisant aux yeux des administrateurs d’EDP.
- Le port en eaux profondes de Sines qui reçoit la moitié du trafic portuaire portugais, en particulier celui des conteneurs, va probablement s’intégrer à l’initiative des nouvelles Routes de la soie. La branche atlantique du Trans European Transport Network dont l’interopérabilité progresse, assure des liaisons avec le réseau européen. Le souhait des autorités portugaises est d’attirer des entreprises chinoises dont la production sera réexportée avec le « timbre » européen. NB. De nombreux câbles sous-marins ont un point d’atterrage au Portugal.
- L’opérateur portugais de télécommunications MEO et le chinois Huawei se sont […]
Rémi Perelman, Asie21
- Encadré 1 L’entrée de la Chine dans le capital des deux entreprises publiques de l’électricité du Portugal
- Encadré 2 Paris Asia Business Center / « Silk Road Paris »
- Encadré 3 Réseaux transeuropéens de transport (RTE-T) et Asie
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°123 décembre 2018
- Lire également : Asie21 n°122 Chine – Portugal : expectative, Jorge Lusaf
- Et dans ce même numéro : Grappillages : Chine-Portugal : coopération
- Une note de Nicolas Mazzucchi, 11 septembre 2018 (FRS) permet d’aller plus loin :