En 2018, la campagne contre la corruption s’est accélérée et son champ d’application s’est étendu. De même, les sanctions ont gagné en sévérité. De nombreuses personnalités de premier plan ont déjà été poursuivies et condamnées pour des fraudes massives1. Sans aucun doute, l’amplification de la campagne a d’autres intentions que la seule lutte anticorruption : elle permet, comme en Chine voisine, d’intensifier le contrôle du Parti communiste sur la société et de neutraliser une éventuelle opposition. Comme en Chine d’ailleurs, la campagne est populaire auprès de la population ; l’objectif annoncé est de sélectionner la prochaine génération de dirigeants qui se prépare pour le prochain congrès du Parti qui se tiendra en 2021.
FAITS
Longtemps, le Vietnam a été considéré comme l’un des pays les plus corrompus d’Asie du Sud-Est2. Lancée à partir de 2012 par le secrétaire général du Parti Nguyen Phu Trong avec le soutien du président Tran Dai Quang3, la campagne anticorruption, qui a débuté avec un certain scepticisme, s’est amplifiée en 2018 après les 8e et 9e plénums du Parti (octobre et décembre 2018) qui ont validé la nomination de Trong à la présidence du pays.
Il ne s’agissait pas seulement de punir ceux qui sont directement responsables de pratiques de corruption, mais aussi de poursuivre ceux qui ne font pas respecter la loi, au niveau national, provincial, voire local. Au même moment, le Politburo se voyait confier la responsabilité d’établir de nouvelles lois pour inciter les cadres à « donner le bon exemple ». Immédiatement, une « chasse aux sorcières » a commencé4. Que les agences de renseignement soient la nouvelle cible de cette campagne démontre qu’elle n’épargne aucun organe de l’État. Il a été estimé que […]
Sophie Boisseau du Rocher, Asie21
Encadré 1 Nombreuses personnalités poursuivies et condamnées pour fraudes massives
Encadré 2 Chasse aux sorcières avec mesures disciplinaires
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°124 janvier 2019