Quel que soient les résultats des élections du 24 mars 2019, le futur gouvernement sera confronté à des défis économiques majeurs.
FAITS
En dépit d’une légère progression en 2018, la croissance thaïlandaise est la plus lente d’Asie du Sud-Est depuis dix ans. Elle est freinée par les carences de l’enseignement (notamment dans les zones rurales) et de son agriculture qui avec 30 % des actifs produit 10 % du PIB. Plus élevé qu’en Indonésie ou au Vietnam, l’écart de productivité (valeur ajoutée par tête) entre agriculteurs et non agriculteurs (1 à 5) diminue lentement. La marginalisation d’une partie importante de l’électorat contribue à l’impasse politique car faute de réformes, les gouvernements pallient les conséquences sociales de cet écart par des transferts (subventions, financements de travaux) que critique la classe moyenne. Thaksin élu en 2001 et sa sœur ont opéré des transferts considérables et les agriculteurs leur vouent une large reconnaissance.
Depuis 2013, la croissance est tirée par les exportations manufacturières (automobile, électronique) et le tourisme (10 millions de Chinois en 2018) ; la consommation privée est bridée par l’endettement des ménages aisés, l’investissement privé est anémique, l’excédent des paiements courant considérable (10 % du PIB en 2017, 7 % en 2018) et depuis 2016, les entreprises thaïlandaises investissent plus à l’étranger que les étrangers n’investissent en Thaïlande (respectivement 16 et 10 milliards aux 9 premiers mois de 2018).
Le plan à 20 ans (2017-2036) (inscrit dans la constitution) envisage de porter la croissance annuelle à 5 % ce qui amènerait la Thaïlande dans la catégorie des pays à haut revenu. Le déclencheur de cette accélération serait la réalisation d’infrastructures dans le Corridor économique de l’Est et des investissements massifs dans les nouvelles technologies. […]
Jean-Raphaël Chaponnière, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°125 février 2019