Nouvelles Routes de la soie : ralentissement ou second souffle ? 新絲綢之路:放緩還是再出發?

Le président chinois Xi Jinping lors de son discours de clôture du 2e Forum des nouvelles Routes de la soie à Pékin, le 27 avril 2019. (Source : Asia Times)
Le second sommet des nouvelles Routes de la soie marque un changement d’attitude des autorités chinoises sur ce programme pharaonique. Ce qui pourrait le ralentir.
Au premier trimestre 2019, la Chine a marqué des points en Europe.
  • L’Italie a adhéré à la Belt and Road Initiative (BRI), suivie plus discrètement du Luxembourg et de la Suisse.
  • La Grèce a adhéré à la plateforme « 16+1 » – l’organisation associant la Chine à 16 États européens de l’Est et du Sud qui a été rebaptisée le « 17+1 ».
Autant de bonnes nouvelles pour Pékin qui a organisé fin avril le second sommet de la BRI, car depuis le premier en 2017, les déconvenues se sont multipliées et la Chine a été accusée de surendetter les pays émergents. Pour autant, ces pays, y compris ceux qui ont dénoncé des projets chinois, ne se détournent pas des Chinois.

新絲綢之路:放緩還是再出發?

新絲綢之路第二次髙峯會,最大的特點,乃是中國當局對"一帶一路"的有関計劃,態度正在改變中,此即步調可能放緩。

根據評估,2014年及2015年,中國銀行給予"一帶一路"有関國家的貸款,年高達一千五百億美元,而2017年及2018年,則已低於一千億美元。美國的一家企業研究所则指出,從2013年"一帶一路"開始運作,直到2017年舉辦第一屆一帶一路國際合作高峰論壇,中國企業簽署的建造合約,金額逐年增加,從680億美元升高到9610億美元。但也從此時開始,合約金額已開始減少。

又據估計,這種放緩的趨勢,在2019年第一季度,更形加劇。由於中國經常帳盈餘遽減,連帶影響有関作業。也因此,2019年第二屆一帶一路高峰論壇的縂結公報中指出:"成立多邊開發融資合作中心"、"共同提高債務管理水平,促進可持續融資"。換言之,中國當局已呼籲該國金融機構,應加強與國際的合作,分散融資來源,以利各項計劃的順利實施。然而,為了吸引國際金融銀行的支援,中國本身就必須透明度,如此一來,在對外開放的國際合作下,"一帶一路"各類計劃的實施腳步自然會放緩,品質也會提高得以改善。值得注意的,前述與外國機構合作的宣言,正標示著,中國加入萬隆不結盟會議以來,不干涉內政的獨立自主外交政策,未來勢必發生轉變!

 

Publié par Asialyst le 30 avril 2019

LA CHINE, PARTENAIRE INCONTOURNABLE

  • Après avoir accordé un bail très critiqué de 99 ans à la Chine pour la gestion du port d’Hambantota, Sri Lanka lui a demandé un crédit d’1 milliard de dollars pour construire une route.
  • Le Bangladesh qui a préféré le Japon pour la réalisation de son premier port en eau profonde, s’est adressé à Pékin pour le second.
  • Au Népal, le nouveau gouvernement négocie avec les Chinois la construction d’une ligne de chemin de fer entre Katmandu et Lhassa, alors que le précédent avait refusé deux barrages proposés par la Chine.
  • Après avoir abandonné la construction de pipeline en Malaisie et suspendu l’East Coast Rail Link construit par une entreprise chinoise, Mahatir a décidé de la reprise des travaux et accepté une participation de 50 % de la Chine dans l’exploitation.
  • Confronté à une crise financière en partie provoquée par l’accélération des décaissements de crédits chinois, le gouvernement pakistanais préfère renégocier l’échéancier du China–Pakistan Economic Corridor plutôt que d’abandonner ce vaste programme d’infrastructures.
Il n’existe pas vraiment d’alternative aux crédits chinois. La Banque mondiale et les banques régionales de développement ont moins de moyens et leurs procédures sont longues. Les crédits chinois, souvent plus chers, sont décaissés rapidement par des banques qui posent moins de question. La Chine est une alternative recherchée par les pays les plus pauvres : selon le FMI, dans 37 de ces pays, la part des bailleurs traditionnels a été divisée par trois et celle des banques chinoises a doublé : elle représente un montant deux fois plus élevé.
Depuis les premières demandes adressées par les pays africains à la fin des années 1960, la Chine se soucie plus de faisabilité technique que de rentabilité économique. Cependant, soucieuses du risque d’insolvabilité de leurs clients, les banques chinoises proposent parfois des crédits garantis sur les exportations de ressources naturelles : Pékin demande à une banque publique de financer la réalisation par une entreprise chinoise de l’infrastructure souhaité par le gouvernement étranger, sous réserve que ce dernier autorise une entreprise chinoise à exploiter un gisement de pétrole ou une mine dont les exportations rembourseront le prêt. S’inspirant du Japon qui à la fin des années 1970 leur avaient proposé ce type de contrat, les Chinois l’ont adopté en Angola. Répondant aux critiques, ils faisaient remarquer qu’en garantissant une utilisation productive des ressources naturelles, ce mode de financement évite le gaspillage et les fuites de capitaux. Toutefois, des scandales ont révélé que l’opacité des procédures encourageait également les détournements de fonds.
Les Chinois justifient leur désinvolture sur la rentabilité en citant un proverbe. « Pour devenir riche, il faut commencer par construire une route. » Critiquant la Banque Mondiale qui propose des réformes pour améliorer le fonctionnement des marchés sans s’inquiéter au préalable de l’absence d’infrastructures, ils demandent : à quoi servent ces réformes s’il n’existe pas de routes pour accéder aux marchés ? Toutefois, si la construction de route ne permet pas d’augmenter la productivité, le pays aura du mal à rembourser ses prêts. Une série de déconvenues – Éthiopie, Kenya, Pakistan, Tadjikistan ou Venezuela – a refroidi l’enthousiasme pour la BRI et alimenté les critiques internes de ce programme qui gaspillerait l’argent public.

LA CHINE LÈVE LE PIED

Depuis un an, des indices montrent que l’attitude de la Chine a évolué. A commencer par les discours. En 2018, Xi Jinping a indiqué que la BRI évoluerait vers des projets de meilleure qualité et de plus petite taille offrant des bénéfices localisés. Il a demandé de faire des efforts pour renégocier les contrats et d’ouvrir les projets à d’autres partenaires. L’attitude de Pékin a changé aussi sur les réalisations. Il est difficile de connaître l’état d’avancement de ce programme – on évoque 1000 milliards de dollars d’ici 2049, mais ce montant n’a rien d’officiel – car la Chine ne publie aucune statistique et qu’il n’existe pas encore de liste des projets « labellisés » BRI. A l’occasion du dernier sommet, le ministre chinois des Finances a déclaré que les banques chinoises avaient engagé 440 milliards de dollars de prêts, sans indiquer le pourcentage décaissé. L’absence de transparence a amené des bureaux d’études à construire des bases de données en suivant les annonces et les réalisations. Si les montants varient selon les sources, elles signalent que la Chine a levé le pied.
Selon RWR Advisory, le montant des crédits accordés par les banques chinoises aux pays BRI qui avait été de 150 milliards de dollars par an en 2014 et 2015, serait passé sous la barre des 100 milliards en 2017 et 2018. Selon American Entreprise Institute qui suit les contrats de construction signés par les entreprises chinoises, leur montant annuel avait augmenté de moitié, de 68 à 961 milliards de dollars entre le lancement de la BRI à Astana (2013) au premier sommet (2017). Depuis, ils ont diminué.
Évolution des contrats signés par les entreprises chinoises dans le monde, entre 2013 et 2018. Source : AEI)
Évolution des contrats signés par les entreprises chinoises dans le monde, entre 2013 et 2018. Source : AEI)
 
Ce ralentissement selon Bloomberg s’est fortement accentué au premier trimestre 2019. En cause, l’érosion de l’excédent de la balance des paiements courants de la Chine qui réduit néanmoins sa marge de manœuvre. Le sommet du BRI s’est conclu par un communiqué appelant à la coopération entre institutions financières nationales et internationales pour assurer un financement diversifié et soutenable des projets. Au préalable, le ministre des Finances a annoncé que la Chine allait concevoir son analyse de la soutenabilité de la dette des « pays BRI » : un clin d’œil au FMI qui fait régulièrement ce type d’exercice à l’occasion de ses missions Article IV. La Chine devra faire un effort considérable de transparence pour attirer des banques multilatérales. Cette mutualisation ralentira la réalisation du programme et améliorera la qualité des projets. Au-delà de la BRI, ces déclarations signalent une inflexion de la Chine vis-à-vis du principe de non-ingérence, la marque de fabrique de sa politique étrangère depuis le sommet des Non Alignés à Bandung.
Jean-Raphaël Chaponnière, Asie21

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