C’est un euphémisme de dire que les élections du 9 mai 2018 ont suscité espoir et confiance en Malaisie. Non seulement la victoire a été belle et sans violence mais l’expérience du Premier ministre Mahathir a été présentée comme un atout décisif pour conduire la Malaisie sur le chemin, largement nécessaire des réformes. Un an après, où en est la Fédération ? Le gouvernement de Mahathir a-t-il tenu ses promesses et la Malaisie se dirige-t-elle vraiment vers une nouvelle ère de son développement national ?
FAITS
Un an après son arrivée triomphale au pouvoir, le gouvernement de Mahathir Mohamad ne parvient pas à satisfaire les attentes des Malaisiens et à enclencher un basculement décisif : plus il attend, plus les choix et configurations se compliquent, fournissant des arguments à ses détracteurs.
Après avoir découvert l’ampleur des dégâts, la marge de manœuvre du gouvernement s’est amenuisée : il était difficile de réintroduire d’emblée bonne gouvernance, transparence et indépendance des institutions (la Commission anticorruption a arrêté plus de 418 fonctionnaires, la plupart du temps remplacés par des personnes sans expérience) après plus de 60 ans de règne incontesté de l’UMNO, pendant lesquels les intérêts du parti se sont confondus avec ceux de l’État.
Le nettoyage des finances publiques après le scandale 1MDB a occupé toute l’année et déjà, l’ancien Premier ministre Najib fourbit ses armes, prêt à exploiter la moindre faiblesse du vieux dirigeant.
Le taux de popularité du gouvernement a chuté de 79 % (juin 2018) à 39 % (mars 2019) et ne parvient pas à rebondir. Celui du Premier ministre est passé de 83 à 46 % sur la même période. Mahathir reconnaît lui-même que ce mandat est particulièrement difficile. Dans un climat socio-politique délétère, il ne parvient pas à regagner une autorité reconnue et le fait qu’il n’annonce toujours pas le choix de son successeur est mal vécu et contribue à approfondir les clivages.
L’opposition profite de ces flottements et a gagné trois élections partielles (Semenyih, Selangor and Rantau) grâce à une alliance entre l’UMNO, devenu parti d’opposition, et le PAS, le parti islamiste. […]
Sophie Boisseau du Rocher, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°130 juillet-août 2019
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