Indo-Pacifique, portrait d’un monde tiraillé entre Washington et Pékin

Peu de pays de la région ont une attitude tranchée à l’égard des deux grandes puissances. Les raisons sont nombreuses et ne sont pas toujours explicitées, par prudence d’une part, par difficulté de démêler intérêts et risques dans les deux domaines qui comptent aujourd’hui, l’économie et la politique. La succession des gouvernements dans les pays à régime démocratique font varier les sympathies. Certains, comme l’Indonésie, font ouvertement appel à l’aide des deux camps, la proximité géographique de la Chine dans la région conduit d’autres soit à se méfier du voisin, comme l’Inde, soit à s’y livrer, comme le Cambodge… Chaque pays a son histoire et ses projets. Ce qui suit n’est qu’une esquisse très sommaire de la diversité des situations.

L’Inde

Le Bharatiya Janata, parti nationaliste hindou du Premier ministre Narendra Modi a, en cinq ans, poussé le pays vers une relation stratégique plus étroite avec les États-Unis. Toutefois, l’Inde n’est pas satisfaite de ses relations économiques avec ceux-ci, compte tenu de la décision de l’administration Trump de la priver de son précédent statut tarifaire préférentiel pour la vente de produits indiens sur le marché américain. Aussi, pour renforcer son autonomie stratégique, équilibrer ses relations et en maximiser les avantages pour faire avancer ses priorités fondamentales, pratique-t-elle une stratégie proactive du multi-alignement. Exemple : tout à la fois se rapprocher de Pékin – depuis le sommet bilatéral entre Narendra Modi et Xi Jinping à Wuhan en avril 2018 – et mieux gérer les tensions le long de la frontière, acheter des S-400 à Moscou et signer les accords militaires (COMCASA et LEMOA) avec Washington.

 

Le Sri Lanka

En obtenant la disposition du port de Hambantota moyennant un bail de 99 ans, la Chine a durablement pris pied dans ce pays placé stratégiquement sur les lignes de navigation. Pour leur part, les États-Unis, dont les jours sont comptés à Diego Garcia, s’efforcent de faire du Sri Lanka le centre de leur politique de « l’Indo-Pacifique libre et ouvert » en signant un accord de statut des forces à l’étranger (SOFA Status of Forces Agreement, entente juridique entre un pays et une nation étrangère stationnant des forces armées dans ce pays). Le hic est non seulement une forte opposition locale mais un profond désaccord entre le président Sirisena, hostile au SOFA et Ranil Wickremesinghe, son Premier ministre, pro-occidental.

 

L’ASEAN

Cette Association est partenaire stratégique des États-Unis depuis 2018. Elle est actuellement engagée avec eux dans un Plan  […] 

Rémi Perelman, Asie21

Extrait du n°2 du HORS-SÉRIE d’Asie21 septembre 2019

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