Xavier Paulès, Les Belles Lettres, novembre 2019
Les 37 ans qui séparent la chute de l’empire des Qing (1912) de la proclamation de la république populaire de Chine (1949) sont la période dite républicaine (民國時代). Cette période met un terme à la trame de l’histoire chinoise des successions dynastiques sur plus de 2000 ans. Ce livre s’efforce de montrer que la victoire du Parti communiste chinois (PCC) en 1949 résulte d’une conjonction de facteurs heureux dont le parti a su tirer profit mais qui ne sont pas de son fait. Ainsi, il n’est plus légitime de lire toute la période à la lumière de la victoire finale du PCC. C’est un choix contestable et difficile, explique l’auteur, mais nécessaire pour faire émerger une interprétation de la période plus équilibrée et redonner toute leur importance aux différents acteurs comme les seigneurs de la guerre ou les technocrates du Kuomintang. De plus, en l’absence d’un pouvoir central fort, le pays enregistre quand même des avancées significatives dans la construction de l’État, du développement économique, de l’éducation et de la vie intellectuelle.
Dans son ouvrage, l’auteur s’en tient à la « Chine des 18 provinces », zone dominée par le peuple Han et intégrée dans la structure administrative de l’empire. En sont exclus la Mongolie septentrionale et méridionale, le Xinjiang, la Mandchourie, Taïwan et le Tibet où les peuplements sont majoritairement non Han. L’absence de leur intégration dans le maillage administratif standard de l’empire se traduit par de très larges délégations de pouvoir aux élites locales. Mais, dans ses dernières décennies, l’empire Qing a la volonté de les intégrer en y imposant un lien que l’auteur qualifie de colonial. Sous la période républicaine, le pouvoir central ne détourne jamais ses yeux de ces zones et tous les gouvernements successifs revendiquent une forme de tutelle sur elles :
- accord du 7 juin1915 après des négociations entre la Chine, la Russie et la Mongolie : Yuan Shikai obtient le principe du maintien de la suzeraineté chinoise sur la Mongolie ;
- 1928 : Chiang Kaishek met en place une commission des Affaires mongoles et tibétaines (蒙藏委員會) dans le gouvernement qu’il organise.
- février 1940 : Chiang Kaishek envoie Wu Zhongxin à la cérémonie d’intronisation du nouveau dalaï-lama pour tenter d’y réaffirmer l’existence d’un lien de vassalité avec la Chine.
L’auteur explique que ces régions sont totalement émancipées de la tutelle chinoise et entretiennent des liens avec la Chine, en fait, moins étroits qu’avec d’autres puissances voisines comme, par exemple, Taïwan devenue colonie japonaise en 1895, ou la Mandchourie satellisée par le Japon dès 1932 ou le Turkestan (Xinjiang) qui regarde plus vers Moscou. Pour l’auteur, l’arrimage de cette « périphérie » au bloc Han après 1949 n’a rien d’une fatalité et il estime que l’appartenance de ces régions à ce que l’on doit appeler « la Chine », durant la République, pose clairement question. Pour preuve, explique l’auteur, la Chine républicaine est reliée bien plus intimement à ses communautés d’outre-mer qu’au Tibet ou à la Mongolie.
C’est grâce à l’accessibilité à de nouvelles sources foisonnantes (accès aux archives -dont des archives dans des dépôts provinciaux et municipaux- accès aux bibliothèques de Chine, photos, cinéma, radio, témoignages excluant les héros de l’épopée communiste pour donner la parole à ceux qui s’y sont opposé ou qui n’en ont pas été partie prenante) que l’auteur a pu écrire cet ouvrage.
Structuré en deux parties, la première historique et la seconde thématique, ce livre est un ouvrage fondamental pour comprendre cette période de l’histoire.
Une question cependant : le peuple de Taiwan entre 1912 et 1945 est majoritairement peuplé de Hans arrivés dès le XVIIe siècle, fuyant la nouvelle dynastie mandchou (Qing) qui prend le pouvoir aux Ming mais aussi avant cette période. Certes, des aborigènes y sont déjà installés mais ils ont toujours été minoritaires. Et certes, beaucoup de main d’œuvre fut importée avec l’interdiction aux hommes d’y emmener des femmes. Et bien qu’il y eut un certain métissage, Taiwan, dans la période républicaine étudiée ici, peut-il être traité comme le Tibet, le Xinjiang ou la Mongolie ?
中華民國
— 1912-1949的中國歷史
—雅文出版社
—2019年11月
從1912年清朝覆亡,到1949年中華人民共和國建立,這中間的37年被稱為民國時代,該時期結束了歷経二千多年的中國王朝史。本書在闡明,1949年中國共產黨的勝利,係集結了許多有利因素,中共從中得利,但並不能完全歸功其成果。也因此,祗研讀該段時期中共最終獲勝的有関資料,是不夠的。事實上,對該時期做更平衡的解說,乃是困難並引起爭議的抉擇,但卻是必要的。那段時期,扮演不同角色的各地軍閥,或國民黨的技術官僚,均應再現
其重要性。更何況,就是因為欠缺強有力的中央政權,那時期的中國,無論是在國家建設丶經濟發展丶教育及知識領域,均有非比尋常的進步!
本書作者把精力不祇集中在"18省中國",該地區長期以來均由漢人所主宰,並溶入在帝國的行政架構之中,而被排除的內蒙古、外蒙古、新疆、滿州、西藏及台灣,主要是非漢族居住。這些地區雖然沒有溶入在標準的帝國行政管理轄區,但是當地的精英份子,卻獲得極大的授權,尤其是清朝最後數十年,更致力於正如作者所稱的"殖民化"。民國時期,中央從未放鬆對這些地區的関注,一代接一代的政府,實施下列的監管措施:
-根據1915年6月7日,中、俄、蒙古三方談判達成的協定,袁世凱統治中國時仍對蒙古擁有宗主權。
-1928年,蔣介石在其組建的政府,亦成立蒙藏委員會。
-1940年2月,蔣介石派遣吳忠信前往西藏,參加達賴喇嘛的就職大典,以表明西藏附屬中國的事實。
作者卻認為,這些地區根本已擺脫中國的監控,其與中國的聯繫,反而不如鄰近的國家密切,辟如台灣就於1895年成為日本殖民地,滿州自身於1932年成為日本衛星國,而新疆的土庫斯坦更是跟著莫斯科走。也因此,在民國時期把這些地區稱呼為隸屬"中國",顯然是有問題的。最佳的證明,就是中華民國與海外華僑的親密関係,要遠勝於和西藏或蒙古的關係。
由於能接觸豐富的新資料,作者才能幸運的完成此書。辟如能接觸存於中國各省市的檔案、各地圖書館、照片、電影、廣播,以及採訪中共黨員以外的証人。本書分兩大部分,第一部分陳述歷史,第二部分主題討論,乃是一本明瞭該時期歷史的基本着作。
現有一疑問待解:1945年前的台灣人民,大部分是17世紀的明朝被清朝滅亡時,開始移民到台灣。雖然,那時台灣早己有原住民,可是根據本書的說法,難道民國時期,對台灣人民,可能和西藏、新疆、或蒙古的待遇是一様嗎?
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Résumé 摘要
Sous la dynastie mandchou, les Qing reprennent à leur compte le modèle dynastique traditionnel. Mais ils maintiennent une identité mandchoue distinct de celle des Hans. Ainsi, l’organisation militaire des bannières est cruciale. Une bannière englobe des soldats, leurs familles et des domestiques. Et on finit par confondre rapidement Mandchous et Han, ce qui va favoriser une acculturation des Mandchous et un net recul de leur langue au profit du chinois.
La population Han accepte bien la domination mandchoue durant le XVIIe et la première moitié du XIXe siècle.
La dynastie mandchoue sort très affaiblie de plusieurs grandes révoltes (Taiping et Nian) et d’une série de défaites et reculades (guerres de l’opim, guerres contre la France, puis contre le Japon, et guerre des Boxeurs). Elle doit accorder concessions, extraterritorialité etc.)
Dance contexte, émerge une opposition révolutionnaire qui s’active pour réanimer des sentiments antimandchous.
Tokyo, 20 08 1905 : fondation de la Ligue jurée (Tongmenghui 同盟會) par Sun Yat-sen, Liao Zhongkai et Wang Jingwei, pour unifier le mouvement révolutionnaire. La Ligue jurée, révolutionnaire, promeut un nationalisme antimandchou virulent et prône l’instauration d’un régime républicain aux accents socialistes. Tous les soulèvements de la Ligue, notamment dans le Guangdong, sont réprimés. Rien ne laisse donc présager que la révolte improvisée et apparemment mineure du 10 10 1911 à Wuhan puisse sonner le glas des Qing.
L’étincelle de Wuhan
La dynastie mandchoue n’était pas condamnée à s’écrouler par le poids de ses insuffisances et faiblesses. Non, ce n’était pas une dynastie sclérosée, succombant à son incapacité à se réformer. Elle a succombé par ce qu’elle a mis en place des mesures révolutionnaires, les Nouvelles Politiques, à partir de 1901 avec :
- refonte du droit,
- création de nouvelles forces armées,
- suppression du système des examens impériaux,
- réformes institutionnelles vers une monarchie parlementaire prévue en plusieurs étapes avec élections d’assemblées provinciales (ziyiju諮議局 ) au suffrage censitaire en 1909.
Ces profondes réformes de structure ébranlent l’assise politique, sociale et intellectuelle traditionnelle du pouvoir impérial. Et certaines de ces institutions enfantées par la dynastie Qing se retourneront contre elle pour devenir des fers de lance de la révolution.
De plus les Nouvelles Politiques pèsent fortement sur les finances publiques déjà fragiles. Armée et éducation coûtent cher. .À cela s’ajoute le renoncement aux taxes sur l’opium à la suite du plan d’éradication adopté en 1906. Aussi, l’effort fiscal considérable demandé lors de la première décennie du XXe siècle a engendré le mécontentement populaire. Or, ce mal fiscal nécessaire, analyse l’auteur, aurait pu être mieux étalé dans le temps. De plus, dans cette même période, le pouvoir impérial a voulu recentraliser et renforcer sa mainmise politique.
Car, à la mort de l’impératrice douairière CiXi (novembre 1908), c’est le régent Zaifeng, brouillon et médiocre, qui exerce le pouvoir au nom de son fils Puyi. Yuan Shikai, bras droit de Cixi et grand architecte des Nouvelles Politiques est écarté en janvier 1909 : il était Han et avait concentré de pouvoir entre ses mains : il avait mis sur pied la composante majeure des nouvelles forces militaires, l’armée Beiyang.
Le régent est intransigeant et maladroit vis-à-vis de la vindicative Assemblée nationale, issue des Nouvelles Politiques, réunie à Pékin en octobre 1910. Le 8 mai 1911, la création du premier cabinet ministériel cause une profonde déception parmi les élites réformistes qui restent majoritairement loyales aux Qing. Ces dernières souhaitent évoluer vers une monarchie constitutionnelle. Une vague de protestation balaie le pays. Les projets du gouvernement central de nationalisation des chemins de fer locaux (volonté centralisatrice pour une meilleure gestion) provoquent une première révolte ouverte au Sichuan en septembre 1911. Les élites locales mécontentes de l’indemnisation proposée, organisent la contestation, présentant le projet comme un premier pas vers une aliénation de leurs chemins de fer au profit des puissances étrangères. La répression disproportionnée fait basculer la province vers une révolte réprimée par les Qing.
Cette révolte du Sichuan est un des facteurs du déclenchement de la révolution de 1911 : le gouvernement a du dégarnir les garnisons de certaines villes créant des circonstances favorables pour qu’une seconde étincelle jaillisse à Wuhan (Wuchang, Hankou, Hanyang). Les troupes de l’armée nouvelle (新建陸軍) sont « travaillées » depuis plusieurs années par les révolutionnaires. C’est l’explosion accidentelle d’une bombe le 9 octobre qui force les révolutionnaires à passer à l’action. Le gouverneur général Ruicheng s’enfuit. Les villes de Hankou et Hanyang tombent aux mains des révolutionnaires. Les élites progressistes de la ville se rallient dès le 11 octobre. Li Yuanhong est désigné gouverneur militaire (都督) et le président de l’assemblée de la province, Tang Hualong, devient gouverneur civil.
Le régent Zaifeng réplique de façon énergique en envoyant des troupes mais la révolte s’étend à d’autres provinces. Face à cette grave crise, le régent rappelle Yuan Shikai… qui fait grimper le prix de son retour sur la scène politique… et devient chef suprême des armées puis Premier minsitre (7 novembre). Il devient vite clair qu’il cherche surtout à consolider sa position personnelle, plaçant ses hommes. Il obtient la démission du régent (6 décembre). Et alors que le pouvoir dynastique vacille, en bon stratège, il se ménage le rôle avantageux d’arbitre en prenant l’initiative d’ouvrir des négociations avec les révolutionnaires.
La chute atypique de la dernière dynastie
Depuis la dynastie des Zhou, la perte du « mandat céleste » peut être « retiré » à une dynastie pour manquement au principe de bon gouvernement. Cela se manifeste par des anomalies climatiques et des catastrophes naturelles, inondations et sécheresse provoquant des famines donc des révoltes qui portent leur chef sur le trône impérial, ce dernier fondant une dynastie nouvelle. Les dynasties changent ainsi mais l’empire perdure dans la continuité.
Cependant, la chute des Qing n’est pas conforme à ce modèle : il n’y a pas de désastres climatiques ni de famines, ni d’intrusions de puissances voisines. C’est un mouvement urbain dans lequel la population des campagnes ne joue aucun rôle. Cette révolution de 1911 est exempte de batailles rangées des révoltes traditionnelles et n’a pas été un bain de sang. Cette révolution ressemble à un cancer foudroyant … grâce au télégraphe. Les Qing avaient donc eu des craintes bien fondées sur le rôle politique de cet outil de communication. La révolution de 1911 est fille du télégraphe qui a permis la coordination des actions et le soutien d’assemblées provinciales qui ont pu simultanément se déclarer en faveur de la révolte et proclamer leur indépendance. Les provinces qui restent sous le contrôle de la dynastie, fin 1911, sont les plus proches de la capitale. Face à l’empire, il y a un semblant d’alternative politique organisée avec la Ligue jurée forte de son implantation parmi les communautés des Chinois d’outre-mer apportant hommes et capitaux et du prestige de son chef, Sunt Yat-sen, vétéran des luttes révolutionnaires. Cependant, la Ligue jurée, totalement étrangère au soulèvement de Wuhan, ne planifie pas la révolution. Et Sun Yat-sen est à Denver au moment des événements.
L’une des caractéristiques fondamentales de cette révolution est qu’elle est multipolaire, ce qui la rend délicate à décrire. Elle mûrit de façon simultanée dans les provinces et on observe ainsi une série de foyers révolutionnaires relativement indépendants, suivant des dynamiques différentes. Même si les masses paysannes peuvent servir de forces d’appoint, la révolution est un phénomène urbain.
Ironie de l’histoire, la dynastie Qing, en voulant structurer son pouvoir en monarchie parlementaire, a créé trois des institutions qui causeront sa perte :
- des assemblées provinciales, émergent des hommes qui deviendront des chefs de la révolte et ceux vers qui les révolutionnaires se tournent naturellement.
- Les chambres de commerce (商會), 900 entre 1904 et 1912, ont un rôle important de par leurs réseaux et leurs moyens financiers.
- Les forces militaires nouvelles (新軍) organisées sur le modèle européen dès 1895 : les troupes deviennent le fer de lance de la révolution et leurs officiers deviennent des leaders.
Les sociétés secrètes, bras armé des révoltes, sont liées aux forces révolutionnaires depuis la fin du XIXe siècle. 【。。。】
1905年8月20日同盟會在東京成立。
1911年的革命乃是都市革命。
1911年武昌起義。
中國最後一個王朝的垮台。
中國從周代以來,就有"君權神授"的想法,當一個王朝不是好政府時,其權位就會被"撤換"。其有常規模式可循,此即發生天災和氣候異常,造成自然災害瘟疫等,諸如洪水氾濫及旱災都會引發飢荒,人民因此造反,把他們的領䄂送上皇帝的寶座,從而建立新的王朝。朝代更迭,君王垮台,但是中國帝國仍然持續。
然而,清朝的墜落,卻並不符合前述的模式,因為當時旣未天候異常,也未發生飢荒,或是外國势力的入侵。這是一樁都市革命運動,而鄉間的老百姓根本沒有參與。1911年的革命,並非傳統上的此起彼伏造反,也非血流成河的殺戮。相反的,此次革命卻類似駭人的癌症⋯⋯因新科技發明,電報之賜而快速漫延。滿清政府對此種通訊科技扮演的政治角色,的確懷有恐懼之心。1911年的革命,實乃電報之賜,其促成了各省的支持及合作,以致能同時宣佈起義及獨立。到了1911年末,仍被清朝控制的省份,都是靠近首都的城市。清帝國面對的,乃是同盟會這樣的政治組識,該團體主要存在於海外華僑之中,除了提供人才及資金,更推出孫中山這位革命家做為他們的領袖。然而,武昌起義之際,根本與孫中山的同盟會沒有聯繫,他當時遠在美國丹佛市。
1911年的革命,基本的特點,其中之一就是多頭併發,這還真不容易描述。許多省份都是同時爆發革命,而且幾乎都是獨立行動,以後的速度與熱度也各不相同。雖然廣大的農民,可以提供支援,但是1911年的革命,基本上是奇特的都市革命!
歷史縂是夠諷刺的,滿清想以君主立憲的方式,改造其權力結構,但是清朝創立的三項新制度,卻是其敗亡的催命符!
-各省議會:這些新冒出的地方人士,反而成為反對滿清的領導人,並自然而然的走向革命。
-商會:1904年到1912年之間,全國共出現了900個商會,由於他們遍及全國的関係網,以及他們的財力,因此在革命運動中,扮演了重要角色。
-新軍:從1895年開始,這批新組建軍隊,就以歐洲為師,並成為革命的先鋒,其帶隊的軍官,後來往往成為革命的領袖人物。
此外,造反的重要武力-中國的幫會,早從19世紀末葉,就已成為革命的一支重要隊伍。
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