Aung San Suu Kyi a décidé d’aller elle-même, à la Cour de Justice internationale (CIJ), assurer la défense de son pays accusé par la Gambie, elle-même mandatée par l’Organisation de la Coopération islamique, de violer la convention sur la prévention et la répression du crime de génocide de 1948. La Birmanie est accusé d’avoir violé cette convention en perpétrant un génocide organisé. La plainte avait été déposée le 11 novembre 2018. Beaucoup se sont interrogés sur la présence d’Aung San Suu Kyi à La Haye et l’ont interprétée comme un acte de défiance ; les médias occidentaux ont, dans leur grande majorité, fait haro sur le prix Nobel en l’accusant de toutes les responsabilités. Qu’est-ce qui se joue avec ce procès ? Quel est l’avenir d’Aung San Suu Kyi et celui de son pays ?
FAITS
Le 10 décembre 2019, le ministre gambien de la justice, Aboubacar Tambadou, a débuté les auditions en rappelant les faits à partir des enquêtes des experts de l’ONU et des avocats gambiens qui ont recueilli des centaines de témoignages de réfugiés Rohingya dans les camps de Cox’s Bazar au Bangladesh. Le ministre demande des mesures d’urgence pour mettre fin au « génocide en cours ». Le lendemain, c’est au tour d’Aung San Suu Kyi de prendre la parole. Elle a décidé de s’exposer personnellement pour défendre son pays. Son audition est courte (40 mn) et claire : en substance, ASSK* tente de rétablir le déroulement des faits (la crise a commencé par l’attaque de postes de police par des militants de l’ARSA*) et d’expliquer les mécanismes et les rôles de chacun sans escamoter les responsabilités de l’armée.
- Pour la première fois, elle […]
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°134 décembre 2019
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