Pour la première fois dans l’histoire de l’Australie, la plus grande puissance économique du monde sera située en Asie. Il lui faut reconsidérer le fondement de sa politique sécuritaire qui date encore aujourd’hui des années 1950.
En décembre 1941, mettant Churchill en rage, John Curtin, le Premier ministre australien travailliste annonçait que l’alliance américaine prendrait le pas sur la communauté britannique. L’avenir lui a donné raison : seuls les États-Unis se sont successivement révélés capables de vaincre le Japon – dont l’aviation avait bombardé Darwin en décembre 1942 –, puis de contenir l’expansion communiste en Asie. Signé en 1951, huit jours seulement avant le traité de paix avec le Japon, l’ANZUS venait en avant-coureur de l’OTASE (établissant un système de sécurité régionale dans le Pacifique) et lui a survécu. Mais ce bref rappel montre à l’évidence que les circonstances géopolitiques dans lesquelles l’ANZUS a été créé n’existent plus. Les incertitudes de l’administration Trump aidant, les stratèges australiens s’interrogent de plus en plus nombreux. L’évolution des circonstances offre la possibilité d’une « réinitialisation stratégique ». […]
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°139/2020-05