Après avoir annoncé, début février 2020, l’abrogation de l’Accord sur les forces hôtes (VFA*), accord qui organise depuis 1998 la coopération militaire entre les Philippines et les États-Unis, le président Duterte a surpris ses interlocuteurs par une volte-face inattendue le 2 juin 2020. Cet accord est central dans le déploiement de puissance américaine dans la région.
FAITS
Sur une instruction du président Duterte, le ministre des Affaires étrangères philippin, Teodoro Locsin, a suspendu l’abrogation annoncée de l’accord bilatéral du droit de visite des Forces armées. Cette abrogation, annoncée en février 2020 à la suite du refus des autorités américaines d’accorder un visa à l’ex-chef de la police philippine responsable de la mise en œuvre de la « guerre contre la drogue » en 2016, aurait eu des répercussions immédiates sur l’engagement militaire américain en Asie du Sud-Est à une période où les tensions (notamment en mer de Chine) atteignent un nouveau seuil.
Cette suspension, même si elle est temporaire, pourrait être reconduite jusqu’au terme du mandat présidentiel de 6 ans du président Duterte. Ce délai laisse du temps aux Américains pour réorganiser leur dispositif et réfléchir à une relation militaire plus équilibrée avec leur allié historique (notamment sur l’impunité judiciaire des soldats américains sur le sol philippin), dans le cadre du traité d’assistance militaire (signé en 1951).
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°140/2020-06