Le gouvernement du Bangladesh a été victime du « virus qui rend fou » : « Alors qu’on y mourait de la dengue, du cholera, de la peste, et de virus inconnus, […] après quelques cas de Covid, il se sangle dans le confinement. »* Il a annoncé le 26 mars un mois et demi de vacances, la fermeture des bureaux et des restrictions sur le transport et la mobilité. En confinant les trois quarts de la population, le gouvernement a provoqué l’arrêt de travail de 13 millions de salariés. Les conséquences économiques ont été désastreuses pour ce pays pauvre qui s’est hissé à la seconde place mondial dans le prêt-à-porter.
L’INTÉRÊT RÉCIPROQUE AVEC LA CORÉE DU SUD
Lorsqu’il s’est séparé du Pakistan en 1971, le Bangladesh exportait seulement du jute et son principal défi était de créer des emplois. Un défi que la Corée du Sud avait surmonté en développant une industrie à haute intensité de main-d’œuvre. Cette expérience a intéressé les Bangladeshis. Et vice versa : les Sud-Coréens, qui redoutaient les conséquences de l’accord Multifibres (1975-2005), se sont intéressés au Bangladesh. Ils ont réagi à l’AMF en délocalisant dans des pays qui n’arrivaient pas à remplir les quotas d’exportation qui leur étaient accordés par cet accord. C’était le cas du Bangladesh. Daewoo, alors le premier exportateur sud-coréen d’habillement, a coopéré avec Quesh, une entreprise bangladaise, et construit la première usine de grande taille : initialement de 500 salariés, les effectifs atteignent 2 000 en 1980* alors que le secteur en employait 50 000.