Le Quad est une « chimère organisationnelle » sans siège ni structure pérenne, qui perdure depuis 2007 comme plateforme de discussion entre administrations des Affaires étrangères et point nodal d’un réseau multi-partenariats entre quatre pays de l’Indo-Pacifique. Sa seconde réunion, qui vient de se tenir à Tokyo, est restée au niveau du symbole mais a mis en évidence une fêlure entre Washington d’une part et ses trois partenaires de l’Indo-Pacifique, Australie, Inde et Japon, de l’autre.
The Quad is an « organizational chimera » without a headquarters or a permanent structure, which has continued since 2007 as a platform for discussion between foreign affairs administrations and the nodal point of a multi-partnership network between four countries of the Indo-Pacific. Its second meeting, which has just been held in Tokyo, remained at the symbol level, but highlighted a rift between Washington and its three Indo-Pacific partners, Australia, India and Japan.
FAITS
La première réunion du Quad, tenue en 2019 en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, avait été considérée comme une réaction au raidissement de la politique étrangère de la Chine.
La deuxième a eu lieu à Tokyo le 6 octobre 2020 intervient alors que les quatre pays concernés ont avec la Chine des relations exacerbées par la pandémie.
Mis à part Washington qui déclare son opposition frontale à Pékin et cherche à institutionnaliser le Quad comme une « OTAN asiatique », les positions de ses partenaires restent nuancées, voire en retrait (encadré 1).
Yoshihide Suga, nouveau Premier ministre depuis le 16 septembre 2020, confirme la continuité de la vision d’un Indo-Pacifique libre et ouvert comme sa volonté d’établir des relations paisibles avec la Russie et la Chine – malgré le contentieux des îles Senkaku. Dès le 25 septembre, il tenait avec Xi Jinping une téléconférence de 30 mn, faisant état d’une conviction partagée quant à « l’extrême importance pour la région et la communauté internationale de relations stables entre leurs deux pays ».
L’Inde est restée dans la discrétion et l’Australie, le plus « indo-pacifique » des quatre pays, culturellement proche des États-Unis, apparaît comme le plus touché par la méfiance qui s’est instaurée à l’égard d’une administration américaine incapable de proposer à ses partenaires un plan cohérent pour faire face à la Chine. Elle pourrait être tentée de rejoindre l’Inde et le Japon.
Une fêlure apparaît ainsi dans le dispositif initial du Quad. Malgré la promesse de M. Pompeo de faire des annonces significatives, la réunion s’est achevée sans communiqué commun (en termes diplomatiques : un désaccord).
Sept rencontres indo-pacifiques avaient précédé celle de Tokyo au cours de l’été 2020 (encadré 2).
Sans surprise, la Chine a […]
Encadrés
- Positions des pays membres du Quad lors de sa 2e réunion ministérielle, Tokyo, 6 octobre 2020
- Réunions tenues avant la réunion du Quad (été 2020)
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°143/2020-10
Lire également :
- Asie21 n° 143/2020-10 :
- Initiative trilatérale de résilience de la chaîne d’approvisionnement, Rémi Perelman
- Inde – États-Unis : Un accord de coopération logistique qui fonctionne, Alain Lamballe
- Chine – Australie : La Chine se dirige-t-elle vers une nouvelle guerre commerciale ? Patrick Hébert
- ïAsie21 n° 112/2017-12 Océans Indien et Pacifique : dialogue quadrilatéral de sécurité, Daniel Schaeffer
- ïAsie21 n°140/2020-06 Inde-Australie : nouvel accord de défense, Arnaud Leveau