La situation s’est à ce point détériorée au Cambodge qu’un groupe d’avocats américains a demandé au secrétaire d’État Mike Pompeo de recourir à des sanctions pour dénoncer les pratiques abusives du régime Hun Sen. L’Union européenne n’avait pas attendu aussi longtemps puisqu’en février 2020, Bruxelles annonçait des sanctions commerciales, mises en œuvre en août 2020. Depuis plusieurs années maintenant, avec une accélération ces derniers mois, la mise en place d’un régime autoritaire inquiète. Le Cambodge, qui s’était relevé après les accords de Paris (1991) grâce à l’aide massive de la communauté internationale (notamment ONU, Europe et États-Unis), a tourné le dos à ses soutiens et aux pratiques démocratiques qu’ils préconisent pour s’aligner sur les pratiques politiques chinoises. C’est le même Premier ministre, Hun Sen, qui dirige le pays depuis 35 ans.
FAITS
Le 16 novembre 2017, la dissolution du Parti du Sauvetage national du Cambodge et l’arrestation de Kem Sokha, un de ses fondateurs, annoncent la fin du pluralisme politique.
Le 29 juillet 2018, les élections législatives donnent l’intégralité des 125 sièges au parti du Premier ministre, le Parti du peuple cambodgien (PPC). Dans la foulée, les autorités intensifient les arrestations des membres de l’opposition et des organisations de défense des droits de l’Homme.
Le 15 janvier 2020, s’ouvre le procès du chef du parti d’opposition Kem Sokha, interdit aux journalistes ; Kem Sokha est accusé d’avoir fomenté une « révolution » contre le gouvernement de Hun Sen.
Depuis février 2020, plus d’une cinquantaine de personnes ont été arrêtées arbitrairement, accusées notamment de répandre des fake news sur la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement. Les réseaux sociaux sont étroitement surveillés et les médias censurés.
Le 29 avril 2020, la loi sur la gestion de la nation en état d’urgence est adoptée qui élargit les pouvoirs du gouvernement en cas d’état d’urgence.
Le 1er juin, Hun Sen déclare que des membres du Parti du Sauvetage National « utilisent la pandémie pour comploter, semer le trouble et créer le chaos ».
Le 31 juillet 2020, le leader syndical Rong Chhun est arrêté. D’autres arrestations se succèdent (des rappeurs qui dénoncent les excès arbitraires du régime dans leurs chansons, des activistes environnementaux, des jeunes et des étudiants…).
En décembre 2020, les trois fils de Son An […]
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Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n° 146/2021-01