Réélu en 2019 avec un meilleur score qu’en 2014, le président Joko Widodo a soulevé beaucoup d’espoir en Indonésie. Sa manière de gouverner, plus informelle et inclusive que ses prédécesseurs, son sens du compromis et son expérience des affaires en faisaient un dirigeant atypique dans un pays en pleine transition. Les réformes engagées pour réduire les pesanteurs administratives qui plombent l’économie, les grands projets d’infrastructure et les ambitions diplomatiques d’un archipel charnière entre l’océan Indien et l’océan Pacifique constituaient autant de signaux encourageants dans le traitement de la longue liste de problèmes qui rendent les changements difficiles. Las ! La crise de la covid-19 aura exposé ces problèmes au-dessus de la normalité et exposé le pays à de nouveaux défis qui vont bien au-delà de la sévère crise sanitaire. Et comme ailleurs dans le monde, la pandémie a amplifié des tendances souterraines jusqu’à menacer la trajectoire en cours. Le président a encore trois ans pour contredire ceux qui le critiquent ouvertement. Et en dépit de résultats discutables, sa popularité ne se dément pas.
FAITS.
Les derniers chiffres officiels montrent la dégradation d’une situation sanitaire qui échappent de plus en plus aux autorités compétentes. Le 1er mars 2021, plus d’un million 400 000 cas ont été recensés et déjà près de 40 000 Indonésiens sont morts de la Covid-19. Selon certains experts, ces chiffres sont largement sous-estimés et le variant britannique semble trouver un terrain propice. La pandémie est à présent hors de contrôle des autorités sanitaires et l’Indonésie est, après l’Inde, le second pays d’Asie le plus touché. Cette crise a révélé les faiblesses et manquements d’un système de santé obsolète et d’infrastructures insuffisantes, résultats d’un manque cruel de ressources ; elle a aussi […]
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n° 148/2021-03