La Sibérie est le coeur et le coffre-fort de la Russie avec les richesses de son sous-sol et ses réserves de terre et d’eau. La conquête de l’Arctique a été une constante de la politique russe. Ivan le terrible l’initia en 1582 avec Ermak, suivi par tous les tsars et par Staline avec l’odyssée du Tcheliouskine et la construction de la Stalinka. Poutine la continue avec la priorité donnée à l’extraction minière et pétrolière et l’ouverture de la voie maritime nord (NSR*) qui va bouleverser les échanges de l’Eurasie sud-nord et de l’Asie-Europe. L’amélioration de la navigabilité des grands fleuves favorisera les échanges de marchandises jusqu’au Xinjiang et, à l’image du Mississippi, facilitera la mise en valeur des terres nouvelles russes cultivables. Le 20 mai 2021, Lavrov et Blinken ont discuté à Reykjavik au sommet de l’Arctique sur un fond de désaccord : pour l’un, la côte nord de la Sibérie et son exploitation relève des lois russes, pour l’autre « l’Arctique n’est pas seulement stratégique. It is our home ». Sous prétexte de l’écologie, on voit poindre l’idée d’un bien mondial à gérer selon un droit international à définir, un peu comme l’Amazonie pour le Brésil.Avec l’exploitation de l’Arctique, la Russie retrouve son statut de grande puissance, au grand dam des États-Unis, alors que la Chine, par la NSR, se rapproche de l’Europe.
FAITS
- Les 24 140 km de côtes russes constituent 53 % de l’Arctique. Les États-Unis (1700 km de côtes) inactifs jusqu’alors dans le Conseil de l’Arctique, redécouvrent, à l’image de la réunion d’Anchorage avec la Chine, l’arme écologique.
- Le réchauffement climatique de la région se marque par des hausses de température 3 fois supérieures à la moyenne mondiale, le Groenland redevient vert, comme au temps de sa découverte par Eric le Rouge.
- Le 22 septembre 2011, Poutine déclare : […]
Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n° 151/2021-06