La Chine au centre des enjeux hydrauliques asiatiques

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Cet article du général Alain Lamballe (2S) est paru dans la revue Géopolitique d’octobre 2009 [dirigée à l’époque par Marie-France Garaud, revue qui a ensuite pris le nom de Nouvelle revue Géopolitique  avant de disparaître] mais il conserve toute son actualité. Aussi, nous le publions ici. À noter que lConvention des Nations unies sur les droits relatifs aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation, adoptée en 1997, mentionnée dans l’article, est entrée en vigueur en 2014, le nombre minimum de ratifications nécessaire ayant été atteint à cette date.

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La Chine est magnifiquement dotée par la géographie car elle possède le plus grand château d’eau d’Asie, le Tibet bordé au Sud par l’Himalaya, le Karakoram et l’Hindukush, et plusieurs autres régions pourvoyeuses de moindre importance comme les Monts Célestes, les Monts Qilian et les Monts Altaï. Sa position en amont l’avantage par rapport à tous les pays qui l’entourent mais l’expose aussi aux critiques de ceux-ci. Partie prenante à de nombreux différends relatifs aux fleuves et rivières internationaux, elle se trouve au centre de la problématique de l’eau en Asie continentale et n’en mérite que mieux son appellation d’Empire du milieu[1].

Cet article est consacré aux relations de la Chine avec ses voisins dans le domaine de l’eau. Il mentionnera d’abord les particularités de ce pays avant d’aborder les problèmes région par région, dans l’ordre inverse des aiguilles d’un montre (Asie du Nord-Est, Asie du Nord, Asie centrale, Asie du Sud et Asie du Sud-Est) qui correspond à une emprise chinoise grandissante susceptible d’engendrer des tensions. En dernier lieu, il esquissera les grands traits de la politique suivie par la Chine tels qu’ils se dégagent des analyses régionales et de sa diplomatie mondiale. 

Des sources d’approvisionnement importantes mais éloignées pour faire face à d’énormes besoins

            La Chine, rassemblant près du quart de l’humanité avec presque un milliard quatre cents millions d’habitants très inégalement répartis sur un territoire de 9.500.000 km², étalé sur plus de 5.000 kilomètres du nord au sud et de l’ouest à l’est, est déjà très industrialisée et en passe de l’être bien davantage. Elle a d’énormes besoins. La majorité de la population et des sites industriels se concentre au nord-est et à l’est, alors que les ressources en eau se trouvent essentiellement au sud mais aussi à l’ouest et au nord-ouest.

Il existe un ministère chinois des ressources en eau, chargé de préparer et mettre en œuvre les projets hydrauliques mais bien d’autres institutions sont impliquées dans la gestion de l’eau. Toutefois, c’est le Parti communiste qui définit les grandes lignes de la politique nationale en la matière. Le Président Hu Jintao s’implique personnellement. Ce n’est pas le fruit du hasard ; il est hydraulicien et a occupé de 1988 à 1992 les fonctions de secrétaire du Parti communiste chinois pour la Région autonome du Tibet.

Les ressources sont purement nationales. Elles ne viennent pas de l’étranger. Au contraire, de nombreux cours d’eau parfois puissants partent de Chine pour rejoindre d’autres pays. La Chine est un pays amont pour tous ses voisins. Si l’on se réfère à la géographie, ce n’est pas un pays receveur mais un pays potentiellement donneur.

Le plateau tibétain revêt une importance majeure non seulement pour la Chine elle-même mais aussi pour les pays au sud parce qu’il constitue, avec les chaînes montagneuses qui le flanquent dans sa partie méridionale, l’Himalaya, le Karakoram et l’Hindukush, un gigantesque château d’eau, sans conteste le plus grand d’Asie et même du monde si l’on exclut les calottes polaires. Son potentiel en eau ainsi que sa richesse en matières premières justifient le nom que les Chinois ont donné au Tibet, Xizang, ce qui signifie la maison des trésors de l’ouest. La démesure caractérise cette région. Le plateau tibétain s’étale à une altitude moyenne de 4.500 mètres, inégalée partout ailleurs, et l’Himalaya possède les sommets les plus élevés du monde dépassant les 8.000 mètres.

Certains puristes préfèrent dire que c’est l’Himalaya le véritable château d’eau et non pas le Tibet. La plupart des grands cours d’eau qui arrosent la Chine, l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est prennent leurs sources sur le plateau qui s’étend au delà des limites actuelles de la Région autonome du Tibet pour englober l’ensemble du Tibet historique mais sans l’Himalaya ils n’atteindraient pas la puissance qui les caractérise. Il en est ainsi des fleuves nationaux, le Yangzi Jiang et le Huanghe et internationaux, Indus, Salouen, Mékong et de certains de leurs affluents. Le Gange constitue une exception puisqu’il naît dans l’Himalaya proprement dit, côté indien.

Les deux fleuves nationaux par excellence, ne coulant que sur le territoire chinois, constituent les artères vitales du pays. Le Yangzi Jiang (« Long fleuve » en chinois mais connu en Occident sous le nom de « Fleuve bleu », l’appellation tibétaine étant Drichu), le plus long, parcourt 6.300 kilomètres et se classe à la troisième place mondiale. C’est sur le cours moyen de ce fleuve qu’a été achevé en 2009 le plus grand ensemble hydroélectrique du monde, le barrage des Trois Gorges, haut de 185 mètres et long de 2 kilomètres, le lac de retenue s’étendant sur 600 kilomètres. Ce barrage a fait naître des controverses. Les opposants dénoncent les risques d’obstruction par l’apport de sédiments en amont et la suppression de dépôt de limons fertiles en aval. Le Huanghe (« Fleuve jaune », Machu en tibétain), le deuxième fleuve chinois par sa longueur de plus de 5.400 kilomètres, coule plus au nord. Il a été lui aussi aménagé, y compris dans sa partie tibétaine. Douze barrages ont été construits sur l’ensemble de son cours dont celui de Xiaolangdi. Les installations sur ces deux grands fleuves visent à contrôler les inondations souvent catastrophiques, à développer l’irrigation et à fabriquer de l’électricité. Les grands projets d’aménagement menés à terme ont nécessité le déplacement de millions de personnes.

La partie méridionale de Chine rassemble 80°% des ressources nationales en eau alors qu’elle est relativement peu peuplée. Trois canaux de jonction sont prévus pour approvisionner le nord déficitaire à partir du sud excédentaire. Ils partiront des parties inférieure, moyenne et supérieure du Yangzi Jiang et rejoindront le Huanghe, plus ou moins parallèlement en parcourant une distance moyenne de 1.500 kilomètres. Un prolongement est également prévu jusqu’à Pékin. Le canal oriental reliant les parties aval des deux fleuves, utilisant le tracé du Grand canal historique, devrait être achevé en 2010 et le médian en 2014. Le canal occidental devrait être creusé à partir de 2010 pour être achevé en 2050 mais sa construction pose d’énormes problèmes techniques et autres.

 Ces projets ne suffiront pas car la population augmente, le niveau de vie s’accroît, l’industrialisation se poursuit et les ressources fournies par les cours d’eau et nappes souterraines dont les contours et réserves restent encore mal connus[2], diminuent. La Chine qui n’est plus autosuffisante pour son alimentation, intensifiera l’utilisation à son profit des cours d’eau internationaux qui prennent naissance sur son territoire et coulent ensuite dans d’autres pays. Le Brahmapoutre et certains de ses affluents sont déjà partiellement aménagés. Il en est de même pour le Mékong. Les nouveaux sites potentiels se trouvent en amont dans des régions difficiles mais le développement spectaculaire des infrastructures routières et ferroviaires au Xinjiang (signifiant nouvelle frontière en chinois), au Tibet et au Yunnan permettront l’acheminement rapide et aisé des matériaux nécessaires à leur aménagement. La construction de futurs barrages pose aussi des problèmes politiques puisqu’ils se situent dans des régions certes relativement peu peuplées mais habitées par des minorités mongoles, ouïgoures, tibétaines et autres.

            Les ponctions opérées par la Chine en amont et la pollution charriée par les cours d’eau qui en sont issus suscitent des inquiétudes en aval, dans tous les pays de la périphérie.

De l’affrontement à la conciliation avec l’Asie du Nord-Est et l’Asie du Nord

Le fleuve Yalu long de 790 kilomètres sert de frontière entre la Chine et la Corée du Nord. Dans l’histoire, il a souvent été le théâtre de combats. Les ponts, détruits lors de la guerre de Corée (1950-1953) mais reconstruits, constituent des liens entre les deux pays, dont les régimes politiques présentent des similitudes. La gestion du fleuve ne pose aucun problème, certaines centrales hydroélectriques étant exploitées en commun. Le Yalu est par ailleurs utilisé pour la navigation.

Le fleuve Tumen sert aussi de frontière entre la Chine et la Corée du Nord sur la majeure partie de son cours d’une longueur de 590 kilomètres. A la fin de son parcours, il sépare la Corée du Nord et la Russie. Sa source est proche de celle du Yalu. Ce dernier coule vers le sud-ouest alors que le Tumen se dirige vers le nord-est. Des combats historiques ont eu lieu sur les rives du Tumen. Depuis des années, des Nord-Coréens fuient leur pays vers la Chine en le traversant car, peu profond, il est aisément franchissable. Ces exodes ne nuisent pas aux relations bilatérales. Les deux pays polluent le fleuve par leurs industries, sans s’incriminer réciproquement.

Le fleuve Amour qui naît avec la réunion de deux cours d’eau près du point de jonction oriental de la Russie, de la Mongolie et de la Chine, forme la frontière sino-russe sur presque 1.600 kilomètres avant de pénétrer en territoire russe et de se jeter dans la mer d’Okhotsk après un parcours de plus de 4.300 kilomètres que en fait le quatrième fleuve d’Asie. En Chine, il s’appelle Heilongjiang (fleuve du Dragon noir), nom également de la province s’étalant sur sa rive droite. Il est rejoint sur cette même rive par la Sungari (Songhua Jiang en chinois) puis par l’Oussouri. L’Oussouri constitue aussi la frontière sino-russe sur une partie de son parcours long au total de près de 900 kilomètres. Des différends ont opposé pendant de longues années Pékin à Moscou au sujet de la possession de certaines îles sur l’Amour et l’Oussouri, apparues lors de changements de lits de ces cours d’eau. Des incidents armés sont même survenus provoquant de nombreux morts. Plusieurs accords ont été signés, le dernier en date du 21 juillet 2008 mettant un terme, au moins provisoirement, au problème frontalier. Mais d’autres litiges ont surgi à cause de la pollution de l’Amour et de ses affluents et de prélèvements opérés par la Chine qui suscitent de vives inquiétudes en Russie. En 2005, la ville de Khabarosk, au confluent de l’Oussouri et de l’Amour, a été polluée par du benzène déversé en amont dans la Songhua Jiang. Une commission bilatérale s’intéresse désormais à la dépollution des cours d’eau de la région. Mais les ponctions chinoises demeurent, en particulier sur la Songhua Jiang qui joue un rôle essentiel pour la Mandchourie en déficit d’eau ; sur son cours, à Fengman, a été édifié un barrage, formant un lac de retenue de 100 kilomètres.

La Chine pourrait faire preuve de la même avidité pour se procurer de l’eau en Mongolie si celle-ci recelait des nappes souterraines de grande dimension supérieures à ses besoins relativement limités du fait de sa faible population. La confirmation de l’existence d’importantes zones aquifères sous les dunes de part et d’autre de la frontière ne devrait pas engendrer de tensions.

Des doléances des pays d’Asie centrale

Avec l’Asie centrale, les relations deviennent moins amènes. Contrairement à la configuration politique de l’Asie du Nord-Est, les cours d’eau ne servent pas de frontières mais les traversent. La Chine possède 5.000 kilomètres de frontières avec trois pays, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan.

Le Xinjiang, désertique dans sa partie centrale, est flanqué à l’ouest par le Pamir et au nord par les Monts Célestes, (appelés Tian Chan en chinois), les Monts Qilian et les Monts Altaï qui constituent des châteaux d’eau importants.

L’Ili est le principal cours d’eau venant des Monts Célestes. Sa longueur dépasse les 1.400 kilomètres dont plus de 800 au Kazakhstan où il alimente le lac Balkhach. Les ponctions chinoises en amont nuisent à l’alimentation du lac dont la superficie a fortement diminué au cours des dernières décennies. Le Kazazhstan fait part de ses inquiétudes, en comparant le sort de ce lac à celui de la mer d’Aral.

L’Irtych naît dans les Monts Altaï en Mongolie où il effectue un court parcours avant de passer en Chine puis au Kazakhstan et en Russie où il se jette dans l’Ob. La Chine utilise intensivement le tronçon qui la traverse pour développer le nord du Xinjiang. Elle a construit un canal de 300 kilomètres qui a pour effet de réduire le débit du cours d’eau de manière significative. Or l’Irtych revêt une importance majeure pour le Kazakstan qui a édifié sur son cours des ouvrages hydroélectriques proches de la frontière chinoise et construit un canal de 450 kilomètres pour irriguer les steppes et alimenter Almaty, la plus grande ville du pays. Le Kazakhstan s’estime frustré, de même que la Russie.

La Chine convoite également les ressources hydroélectriques de cours d’eau d’Asie centrale qui ne coulent pas sur son territoire mais se trouvent relativement proches. Il en est ainsi des parties supérieures du Syr-Daria et de l’Amou-Daria, qui naissent respectivement au Kirghizistan et au Tajikistan et traversent l’Asie centrale en direction de la mer d’Aral[3]. La Chine veut importer de l’électricité à partir des centrales construites à l’époque de l’URSS ou à construire par elle ou la Russie sur ces fleuves et leurs affluents mais doit tenir compte des besoins régionaux, essentiellement de l’Ouzbékistan, le pays le plus peuplé et très sensibilisé au problème de l’eau, de même que de l’Afghanistan et du Pakistan voisins, très intéressés par cette manne.

 

Des relations potentiellement conflictuelles avec l’Asie du Sud[4]

En Chine et en Asie du Sud continentale rassemblant l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh, le Népal et le Bhoutan vit près de la moitié de la population mondiale. L’Asie du Sud qui en rassemble plus du quart, soit plus que la Chine, dépend très largement pour son alimentation en eau du plateau tibétain et de ses franges. L’Inde dispose d’un autre château d’eau, plus modeste, avec le plateau du Deccan. Pour le Pakistan, l’Indus est vital, les quelques cours d’eau issus du Baloutchistan étant de faible importance et parfois non pérennes. Le Bangladesh dépend largement du Gange et du Brahmapoutre, l’autre cours d’eau important qui l’alimente provenant de l’Etat indien du Manipur (rivière Barak donnant naissance à la Meghna). Les Chittagong Hill Tracts, zone de collines au nord de Chittagong, constituent le seul château d’eau du pays, au potentiel limité. C’est là que prend naissance le Karnaphuli, le seul fleuve d’importance coulant uniquement sur le sol national. Les pluies de moussons constituent par ailleurs un important apport pour l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh mais elles sont aléatoires.

La Chine a commencé à aménager les cours d’eau issus du Tibet et se dirigeant vers l’Asie du Sud. Elle a édifié à Sengi-Ali un barrage sur le cours supérieur de l’Indus (appelé Senge Khabab en tibétain et Senge Zanggbo en chinois), au sud-ouest du Tibet où le fleuve parcourt 330 kilomètres (sur un total de 3.180). Cette infrastructure compromet un projet indien au Ladakh et peut nuire au Pakistan encore plus en aval. La Chine aménage aussi certains affluents majeurs du fleuve, sans en informer l’Inde. Des barrages ont été édifiés sur la partie tibétaine de la Sutlej (où elle porte les noms de Parechu ou Langchen Khabab en tibétain et Langquen Tsangbo en chinois), qui se jette dans l’Indus au Pakistan après avoir traversé l’Himachal Pradesh et le Punjab indiens. L’Inde qui a, elle-même, construit des barrages sur ce cours d’eau s’en inquiète. La Karnali, la Ghaghara, le Gandak, la Kosi et l’Arun proviennent du Tibet et traversent le Népal avant de rejoindre le Gange en Inde. Par souci de ménager le Népal, pays avec lequel elle entretient des relations de plus en plus amicales, la Chine n’édifiera sans doute pas des infrastructures importantes sur les parties supérieures de ces cours d’eau.

Dans le bassin du Brahmapoutre, la Tista est un cours d’eau vital pour le Sikkim[5]. Son aménagement côté tibétain nuirait aux projets de l’Inde dans cet Etat, une ancienne principauté qu’elle a annexée en 1975, mais aussi mécontenterait le Bangladesh où elle se jette dans le Brahmapoutre. La Manas, rivière de 400 kilomètres, qui traverse la partie orientale du Bhoutan avant de pénétrer dans l’Etat indien de l’Asom (nouveau nom de l’Assam), pourrait aussi être aménagée par la Chine dans sa partie supérieure. Le Lohit, affluent important du Brahmapoutre, sur sa rive gauche, offre également d’intéressantes possibilités d’aménagement en territoire tibétain avant qu’il ne pénètre en Inde.

La Chine aurait l’intention de lancer un projet grandiose, peut-être encore plus imposant que le barrage des Trois Gorges, sur le Brahmapoutre qui naît dans la partie occidentale du plateau tibétain. Le fleuve parcourt dans la Région autonome du Tibet 2.000 kilomètres, sous les noms tibétain de Yarlung Tsangpo et chinois de Yaluzangbu, à une altitude moyenne de 4.000 mètres. Ses eaux pourraient être détournées partiellement ou totalement afin d’alimenter le Xinjiang, pauvre en eau où ne coulent guère que des rivières endoréiques comme le Tarim, ou bien de fournir un apport au Yangzi Jiang. L’Inde ne pourrait alors concrétiser son intention d’édifier des barrages sur le Brahmapoutre dont le tronçon sur son territoire long de plus de 700 kilomètres est, de plus, considéré comme sacré par les hindous. Le projet controversé de la Chine pourrait être abandonné pour des raisons écologiques et pour ne pas déplaire au Bangladesh, pays ami. L’une des raisons des revendications chinoises sur l’Arunachal Pradesh, une province du Nord-Est de l’Inde est son riche potentiel hydroélectrique centré sur le Brahmapoutre.

New Delhi a déploré la non fourniture en temps utile par la Chine d’informations qui lui auraient permis de réduire les dommages causés par des inondations catastrophiques en Himachal Pradesh sur la Sutlej et en Arunachal Pradesh et en Asom sur le Brahmapoutre et ses affluents. L’Inde se plaint aussi de la pollution des cours d’eau venant du Tibet, provoquée par l’exploitation de minerais les plus divers, et du charriage de sédiments favorisé par un déboisement intensif. Une certaine forme de coopération apparaît néanmoins mais elle reste encore bien modeste. Un mécanisme réunissant des experts des deux pays a été mis sur pied en 2007 pour permettre des échanges d’informations. Des études conjointes pourraient être conduites sur les conséquences dans l’Himalaya du réchauffement climatique. Par ailleurs, des firmes chinoises participent à la réalisation de certains ouvrages hydroélectriques et d’irrigation, tout particulièrement dans les Etats du Sud de l’Inde.

 

            Ami de la Chine, le Pakistan n’affiche aucune préoccupation à l’égard de son puissant voisin, même pas lorsqu’il édifie des infrastructures sur la partie amont de l’Indus. Tout au moins, il ne l’annonce pas publiquement. Sur un plan plus général, il a besoin de la Chine pour contrebalancer l’Inde, considérée comme menaçante. Des sociétés chinoises ont contribué à la construction de barrages dans la Province Frontière du Nord-Ouest, dans les zones tribales fédérales et même dans la partie du Cachemire administrée par le Pakistan et elles ont participé à l’élévation du barrage de Mangla, sur la Jhelum. Elles réalisent divers autres projets partout dans le pays. Le futur grand barrage de Basha-Diamer, sur l’Indus, à la limite entre les Zones Nord du Cachemire (désormais dénommées Gilgit-Baltistan) et la Province Frontière du Nord-Ouest, pourrait être construit avec une participation chinoise, technique et financière. Par ailleurs, la Chine partage son savoir avec le Pakistan en matière de nouvelles variétés de semences moins gourmandes en eau et offrant de meilleurs rendements.

La Chine s’efforce de rassurer le Bangladesh, avec lequel elle développe ses relations dans tous les domaines, en fournissant des informations sur le débit du Brahmapoutre en amont, afin de se prémunir en aval des risques d’inondations. Aucune discussion n’a eu lieu entre la Chine et le Bhoutan sur l’aménagement des rivières communes mais le relâchement de l’emprise indienne sur ce royaume bouddhiste himalayen pourrait lui fournir l’occasion d’offrir ses services. Le gouvernement de Thimphu se méfie cependant de son puissant voisin du nord qui s’intéresse de près au Sikkim dont il n’a pas officiellement reconnu l’annexion par l’Inde, qui revendique la province indienne de l’Arunachal Pradesh et qui bride le bouddhisme au Tibet.

 

Des relations tendues avec l’Asie du Sud-Est

La majeure partie de l’Asie du Sud-Est continentale dépend pour son approvisionnement en eau des cours d’eau provenant du plateau tibétain. Deux grands fleuves en sont issus, la Salouen et le Mékong. Le Fleuve rouge, quant à lui, provient du Yunnan.

La Salouen, portant le nom de Nu sur son tronçon chinois (l’appellation tibétaine étant Gyalmo Ngulchu), deuxième fleuve en Asie du Sud-Est par sa longueur de 2.800 kilomètres, prend sa source dans la partie orientale du plateau tibétain. Elle traverse ensuite la province du Yunnan, pénètre en Birmanie et forme frontière avec la Thaïlande avant de se jeter dans le Golfe de Martaban, à Mawlamyine (nouveau nom de Moulmein), capitale de l’Etat Mon de Birmanie. Les projets chinois de construction en amont de barrages hydroélectriques sont susceptibles de perturber l’écosystème. Pékin a certes réduit ses ambitions pour tenir compte des craintes exprimées par les pays aval mais sans renoncer pour autant à l’aménagement complet du cours supérieur du fleuve. La Chine participe avec d’autres pays à la réalisation d’infrastructures sur le tronçon birman ; cinq barrages dont le plus grand, celui de Tasang, érigé par des firmes chinoises et thaïlandaises, profiteront, il est vrai, surtout à la Thaïlande. Mais la Chine pourra aussi importer une partie de l’électricité produite.

 

Le Mékong, appelé Lancang Jiang dans sa partie chinoise (l’appellation tibétaine étant Zachu), naît dans la partie nord-est du plateau tibétain, arrose le Yunnan, sert de frontière entre la Birmanie et le Laos, traverse le nord-ouest du Laos, forme frontière entre le Laos et la Thaïlande, entre dans le sud-ouest du Laos et enfin pénètre au Cambodge puis au Vietnam où il se jette dans la mer de Chine méridionale. Avec 4.800 kilomètres, dont plus du tiers en Chine, c’est le plus long fleuve de l’Asie du Sud-Est. Héritière d’organisations précédentes, une Commission du Mékong (Mekong River Commission) rassemble depuis 1995 quatre pays, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam. La Chine et la Birmanie ont refusé d’en faire partie mais participent néanmoins aux réunions en qualité d’observateurs. La Chine a commencé à construire des infrastructures à vocation essentiellement hydroélectrique, barrages de moyenne importance sur la partie amont du fleuve au Tibet mais ouvrages majeurs au Yunnan. Trois existent aujourd’hui dans cette dernière province et cinq autres sont en cours d’édification dont l’un à Nuozhadu avec une hauteur de 258 mètres se classera parmi les plus grands barrages du monde. D’autres sont envisagés avec des finalités diverses. De plus, de gros travaux, notamment la destruction de rapides, ont été effectués, côté chinois, pour améliorer la navigabilité du fleuve. Les pays en aval s’émeuvent de toutes ces infrastructures qui n’ont pas fait l’objet de consultations. La Chine insiste sur les avantages de ses réalisations pour les pays du bassin car elles régularisent le fleuve, permettent un meilleur contrôle des inondations, réduisent l’érosion des berges et facilitent la navigation[6]. Les pays aval n’en sont pas tous convaincus. Victimes en août 2008 d’inondations catastrophiques comme jamais auparavant, certains ont accusé la Chine d’en être responsable ; selon eux, elle aurait ouvert les vannes des barrages déjà édifiés de manière intempestive et sans les prévenir. Un rapport établi en mai 2009 par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et l’Institut asiatique de technologie (Asian Institute of Technology) situé en Thaïlande justifie les craintes car il indique que les infrastructures chinoises infligent de graves dommages à l’environnement, tout particulièrement pour le Tonle Sap au Cambodge et le delta au Vietnam. La remontée d’eau salée due à la diminution du débit du fleuve stérilise les terres. Mais les pays en aval ne présentent pas un front uni. Les autorités birmanes entretiennent d’excellentes relations avec Pékin. Le Laos et dans une moindre mesure la Thaïlande et le Cambodge construisent eux-mêmes des barrages sur le Mékong et ses affluents, parfois même avec une aide chinoise, ce qui mécontente le Vietnam, pays le plus en aval et donc le plus vulnérable. De plus, ces pays de la partie méridionale du bassin s’opposent pour diverses raisons politiques dont certaines historiques, ce qui favorise les actions unilatérales de la Chine.

Le Fleuve rouge (Song Cai ou Sông Hông en vietnamien, Yuanjiang en chinois) issu du Yunnan pénètre au Vietnam et se jette dans le Golfe du Tonkin après un parcours de 1.500 kilomètres. Il connaît de violentes inondations. Bien qu’en mauvais termes avec elle pour diverses raisons, le Vietnam n’a formulé aucune critique à l’égard de la Chine concernant l’aménagement du cours supérieur du fleuve. Mais il n’en sera peut-être pas toujours ainsi.

La Chine érige des centrales sur des cours d’eau ne coulant qu’en Birmanie, la mieux lotie des pays d’Asie du Sud-Est en potentiel hydraulique. L’Irrawaddy, le fleuve birman le plus long avec un parcours dépassant 2.100 kilomètres et jusqu’à présent non exploité pour fabriquer de l’électricité, offre d’excellents sites. Sept grands barrages sont prévus sur sa partie supérieure, plus particulièrement au confluent des deux rivières qui lui donnent naissance, la Mali et la N’Mai, sur ces rivières elles-mêmes mais surtout sur la seconde offrant de meilleurs emplacements. Le barrage de Myitsone, au confluent, aura une hauteur de 152 mètres. L’électricité produite par toutes ces centrales dont la Chine assurera la gestion pendant de nombreuses années alimentera le réseau chinois. Des lignes à haute tension achemineront la majeure partie de l’électricité produite vers le Yunnan voisin. La Chine se retrouve en compétition avec la Thaïlande et le Vietnam également très intéressés par cette forme d’énergie mais elle domine ses concurrents. Les dirigeants birmans tireront profit des infrastructures construites par la Chine mais la population ne bénéficiera d’aucune retombée favorable significative. De plus, les habitants de la ville de Myitkyina, la capitale de l’Etat kachin, située à une quarantaine de kilomètres au sud du confluent, craignent une rupture du barrage, d’autant plus que la zone présente des risques sismiques. Les conséquences sur la faune et la flore du fleuve paraissent très néfastes. De vives protestations des populations locales contre ces projets chinois ne font pas reculer le gouvernement birman. En cas de changement de régime à Nay Pyi Daw, les privilèges octroyés à Pékin pourraient être remis en cause.

Nay Pyi Daw, la nouvelle capitale depuis novembre 2005, bénéficie d’une réalisation chinoise. Elle est alimentée en électricité par le barrage de Lower Paunglaung, situé sur la Paunglaung affluent du Sittang, l’un des principaux fleuves du pays. Situé à l’est de la capitale, dans les collines de l’Etat shan du Sud, le barrage a été achevé en mars 2005 avec l’aide technique et financière de la Chine. D’une hauteur de 131 mètres, il ne suffit plus à assurer les besoins de la ville en expansion. Un nouveau barrage est en voie d’achèvement, sous une maîtrise d’œuvre chinoise, avec la participation d’une société allemande. D’une hauteur de 99 mètres, situé en amont sur la même rivière et dénommé Upper Paunglaung, il devrait permettre une meilleure utilisation du premier barrage. C’est un peu plus à l’est qu’avait été édifié dans les années 1960, avec également une aide chinoise, le barrage de Mobye pour alimenter Rangoun. Les habitants locaux, des Kayahs formant une petite minorité ethnique, avaient alors protesté comme ils manifestent aujourd’hui car dans un cas comme dans l’autre, ils n’ont pas été consultés. Les Kayahs n’avaient tiré aucun bénéfice du barrage de Mobye et craignent qu’il en soit de même pour le nouveau barrage de Upper Paunglaung[7].

Les grands traits de la politique chinoise en matière de gestion de l’eau avec ses voisins

Les analyses précédentes montrent que la Chine, le plus souvent, ne prend guère en compte les intérêts des pays en aval qui comme elle connaîtront une pénurie en eau de plus en plus sévère. Elle accorde une priorité absolue à la satisfaction de ses besoins nationaux en utilisant au maximum les avantages que lui procure la géographie qui en fait un pays amont pour tous ses voisins. Elle utilise l’eau comme un outil politique tout particulièrement à l’égard de l’Asie centrale, de l’Asie du Sud et de l’Asie du Sud-Est.

L’attitude de Pékin dans les instances internationales et lors des grandes conférences sur l’eau confirme cette volonté. Rien ne la résume mieux que les négociations ayant abouti à l’adoption le 21 mai 1997 de la Convention des Nations unies sur les droits relatifs aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation. La convention reprend le principe des règles dites d’Helsinki de 1966 en les rendant plus contraignantes pour les pays amont afin qu’ils prennent en compte les besoins des pays aval. Elle a été adoptée par 103 pays, 3 s’y étant opposés, la Chine, la Turquie et le Burundi et 27 s’étant abstenus. Ce refus chinois montre les discordances entre la Chine et les pays concernés voisins. Il augure mal de l’avenir, alors que les sources pourraient se tarir, notamment les glaciers de l’Himalaya et des Monts Célestes qui régressent de manière préoccupante. La Convention n’est pas encore appliquée, faute d’un nombre suffisant de ratifications, mais elle représente néanmoins d’ores et déjà une norme internationale morale. Les Nations Unies examinent un projet de convention sur les zones aquifères transfrontalières, visant à combler un vide juridique mais il est vraisemblable que la Chine refusera de la signer.

Les organisations régionales pourraient jouer un rôle positif dans la recherche de solutions en vue d’une gestion plus rationnelle de l’eau. Mais la Chine ne souhaite pas discuter du problème de l’eau dans le cadre de l’Organisation de Coopération de Shanghai dont font partie en plus de la Chine et la Russie quatre pays d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan et Ouzbékistan) et à laquelle sont associés en tant que membres observateurs la Mongolie, le Pakistan et l’Inde. Il est vraisemblable qu’il en sera de même au sein de la South Asian Association for Regional Cooperation (SAARC) qui rassemble les sept pays d’Asie du Sud (Inde, Pakistan, Bangladesh, Népal, Bhoutan, Sri Lanka, Maldives) et l’Afghanistan, et à laquelle la Chine a été admise en 2007 comme membre observateur. La gestion de l’eau n’est pas non plus abordée dans le cadre des réunions du Forum régional de l’Association of South-East Asian Nations (ASEAN Regional Forum – ARF) auquel la Chine est associée.

La Chine préfère aborder les problèmes de manière bilatérale avec chacun de ses voisins. Encore, le fait-elle le moins souvent possible, lorsque la pression étrangère apparaît trop forte. Elle fait alors davantage valoir ses droits que prendre en compte les intérêts des autres. N’acceptant aucune contrainte de portée générale ou régionale, la Chine ne conclut pas de véritables accords bilatéraux avec les pays voisins qui permettraient l’utilisation équitable par tous des cours d’eau internationaux coulant en Chine et dans les pays frontaliers. Quelques uns de ces derniers se contentent d’arrangements limités dans le temps et en substance et consentent à être les victimes du géant qui les domine. Certains sollicitent l’aide chinoise pour la mise en valeur de leurs ressources. La Chine accepte volontiers dans la mesure où elle en tire des bénéfices en utilisant partiellement, à son profit, les potentiels en matière de fabrication d’électricité. De plus, elle envoie certains de ses paysans à l’étranger proche, où elle loue des terres pendant plusieurs mois chaque année, notamment en Birmanie, pour cultiver des produits divers qu’elle importe. C’est une façon pour elle d’économiser l’eau sur son propre territoire.

Cette politique ultra-nationaliste ne suscite pas de réactions officielles bien affirmées dans les pays frontaliers. Seules des organisations non gouvernementales défendent les intérêts des populations lésées. Aucune tentative d’union contre la Chine n’a été faite par les pays voisins d’Asie centrale, d’Asie du Sud et d’Asie du Sud-Est. Ils n’adoptent aucune attitude commune. Il est vrai que la Chine n’hésite pas à faire étalage de sa supériorité écrasante, dans tous les domaines politique, économique et militaire, sur tous ses voisins à l’exception de la Russie. Cette puissance étouffe toute velléité de protestation des pays en aval, encore moins de recours à la force, même s’ils s’unissaient pour dénoncer l’égoïsme de la Chine.

La Chine peut faire ce qu’elle veut. Elle ne connaît que les contraintes politiques et économiques nationales et les limites imposées par la géographie. Elle possède les capacités techniques et financières pour mener à bien tout type de projet, sans aucune aide extérieure. Elle peut se passer du savoir-faire des pays en pointe en matière d’eau bien qu’elle ne refuse pas l’apport de techniques innovantes et n’a nul besoin d’avoir recours aux institutions bancaires internationales.

Conclusion

Le réchauffement climatique qui se traduit par la fonte des glaciers de l’Himalaya, des Monts Célestes et de l’Altai fait naître de vives inquiétudes dans tous les pays concernés. Malgré une raréfaction prévisible de l’eau, la Chine n’assouplira pas ses positions de manière significative. Elle maintiendra la plupart de ses projets d’aménagement sur les cours d’eau nationaux et internationaux, tout en cherchant à économiser au maximum ses ressources. Les ponctions déjà opérées par la Chine au détriment des pays aval et son refus de signer la Convention des Nations unies sur les droits relatifs aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation sont ressentis de manières diverses. Certains pays s’en accommodent, d’autres expriment leurs craintes.

La gestion de l’eau forme une composante de la diplomatie chinoise. La Chine qui a développé son savoir-faire dans les divers domaines relatifs à l’eau (fabrication d’électricité, irrigation, purification des eaux usées, amélioration des semences, …) grâce à des techniques innovantes le plus souvent acquises auprès de firmes étrangères notamment françaises, britanniques, allemandes, suisses, israéliennes et singapouriennes, offre son aide, le plus souvent intéressée, aux pays voisins et à d’autres. L’Afghanistan accepte volontiers de bénéficier de l’expertise de la Chine en matière d’irrigation au goutte-à-goutte dans la province de Parwar. Le Pakistan s’empresse d’obtenir son concours pour la construction ou la modernisation de barrages, petits et grands, destinés à l’irrigation et à la production d’électricité, dans ses quatre provinces ainsi que dans la région Gilgit-Baltistan et en Azad Kashmir. Les techniques chinoises de développement des pêcheries fluviales l’intéressent aussi. Même l’Inde ne refuse pas l’intervention de firmes chinoises, très demandées pour édifier des mini-barrages par les Etats du sud et pour obtenir des technologies modernes de purification de l’eau. 

A l’avenir, les ressentiments à l’égard de la Chine, déjà perceptibles, pourraient s’intensifier, sans toutefois aboutir à des conflits armés car les pays voisins, même s’ils s’unissaient, ce qui est loin d’être le cas, paraissent bien faibles face au géant qui les domine largement dans les domaines politique, économique, démographique et militaire et qui fait preuve d’une volonté inébranlable.

A vrai dire, la Chine n’est pas le seul pays à soutirer l’eau de ses voisins. Profitant de situations géographiques favorables, l’Inde agit de même à l’égard du Pakistan et du Bangladesh dans les bassins de l’Indus et du Gange, la Turquie envers la Syrie et l’Irak avec l’Euphrate et le Tigre et les Etats-Unis envers le Mexique avec le Colorado. Bien que pays en aval, l’Egypte contraint, en mettant en exergue sa supériorité politique, économique, démographique et militaire, le Soudan et l’Ethiopie à restreindre leurs programmes d’équipement du Nil.

Alain Lamballe, Asie21

 

[1] Dans son excellent et fort utile livre Géopolitique de la Chine. Du bronze antique au plutonium, paru aux éditions Ellipses, en avril 2009, qui présente la Chine sous tous ses aspects, Denis Lambert préfère utiliser le terme de « nation du Milieu », avec inversion des majuscules (page 4). Pour lui, la Chine n’a jamais été un empire mais elle se trouve à un point cardinal, au milieu.

[2] D’importantes nappes aquifères ont été découvertes sous les dunes du désert de Badain Jaran, en Mongolie intérieure. Elles seraient alimentées de manière régulière par la fonte des neiges des Monts Qilian, situés à plusieurs centaines de kilomètres au sud-ouest. L’eau s’infiltrerait dans des failles et cheminerait jusqu’au sous-sol du désert.

[3] Voir L’eau en Asie du Sud : confrontation ou coopération  ? Alain Lamballe, L’Harmattan, 2009, pages 40 et 41.

[4] Voir L’eau en Asie du Sud : confrontation ou coopération  ? Alain Lamballe, L’Harmattan, 2009, pages 67 à 78

[5] Certains affirment que la Tista a sa source au Sikkim. Tout dépend de la définition de la source. Si l’on admet cette affirmation, c’est un affluent important de la Tista qui provient de Chine.

[6] La Chine a peut-être l’intention de créer avec les pays aval de la vallée du Mékong un corridor reliant le Yunnan, enclavé, à la mer de Chine méridionale. Elle agit de même en Birmanie et au Pakistan pour avoir accès à l’Océan indien. L’établissement de liaisons fluviales, routières et ferroviaires lui permet de diversifier ses voies d’importation de gaz et pétrole et d’exportation de produits manufacturés. Actuellement, le transit se fait essentiellement par le détroit de Malacca, lequel peut être bloqué à tout moment. En avril 2001, la Chine, le Laos, la Birmanie et la Thaïlande ont signé un accord de navigation sur le Mékong. La quasi-totalité des embarcations fluviales est chinoise. La Chine qui améliore par ailleurs les liaisons routières nord-sud et envisage même la construction d’une voie ferrée dans la vallée du fleuve tire le plus grand profit du développement des relations. La conclusion d’un accord de libre-échange entre la Chine et la Thaïlande concrétise cette avancée.

[7] Drowning the green ghosts of Kayanland. Impacts of the Upper Paunglaung dam in Burma, publication de la Kayan Women’s union, 2008 (kayanwu@yahoo.com, site internet www.salweenwatch.org).

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