La montée des tensions avec les États-Unis et le déclenchement de la guerre d’Ukraine a conduit Pékin à faire connaître quelles étaient les situations et les procédures qui régissaient le passage au nucléaire de la Russie et donc de la Chine qui s’en inspire. Pas d’engagement nucléaire hors riposte sans qu’il soit constaté que l’existence même de l’État est menacée (éventuellement par une cyberattaque). Il faut encore que le chef d’état-major des armées et le ministre de la Défense activent le réseau crypté qui transmettra le code de tir composé par le Président. Il ne peut pas y avoir de frappe nucléaire folle et aujourd’hui, pas de guerre nucléaire à redouter.
FAITS
À l’inverse des médias français qui ont pu voir dans la mise en alerte renforcée des forces de dissuasion russes une menace de guerre nucléaire, la Chine, par l’intermédiaire de l’officieux Global Times n’y a vu qu’un avertissement adressé aux États-Unis et à l’OTAN (l’Europe n’est pas citée) pour qu’ils ne s’aventurent pas avec des forces armées et ne deviennent pas des acteurs dans le différend qui oppose la Russie à l’Ukraine.
Dix-huit mois plus tôt, au vu de la montée des tensions, la Chine avait donné dans ses médias toute son importance à la publication du décret « Principes fondamentaux de la politique d’État de la fédération de Russie en matière de dissuasion nucléaire ». Un document majeur dont l’existence est restée sans échos en Occident.
Deux manifestations de l’approche raisonnée de la dissuasion nucléaire, et une manière de faire discrètement savoir où se situent les limites qui justifient le recours au nucléaire par la Chine. [•••]
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n° 159/2022-03