Jusqu’à il y a peu, le programme des nouvelles Routes chinoises de la soie s’était honorablement déroulé au Pakistan et à Sri Lanka mais non sans accumuler les difficultés. La situation de crise larvée qui caractérise ces deux pays s’est subitement aggravée. Au Bangladesh et en Birmanie, la méfiance pour l’un et l’instabilité pour l’autre, empêchent la Chine d’y avoir les coudées franches. Dans l’océan Indien, la « stratégie du collier de perles » s’est ternie.
FAITS
La Chine vise deux objectifs cruciaux dans l’océan Indien : sécuriser le transport maritime de son approvisionnement et de son commerce, réduire au maximum l’influence de l’Inde. Sont ainsi stratégiques le détroit de Malacca, Sri Lanka, le Pakistan, les Maldives et le détroit d’Ormuz. Y disposer de points d’appui portuaires sur la route qui relie la Chine au Moyen-Orient et à l’Europe du Sud en découle.
Si l’objectif a été atteint dès 2017 à Djibouti, petit État qui joue son autonomie avec le feu, de sérieux projets engagés tant bien que mal dans les parages de l’Inde connaissent aujourd’hui de graves vicissitudes dues à des raisons propres à chaque pays.
Au Pakistan, le port de Gwadar, concédé à China Overseas Port Holding pour quarante ans, est le débouché maritime du coûteux corridor économique Chine-Pakistan. Reliant la Chine à la mer d’Oman, il vise à stabiliser en la développant la province du Xinjiang, aux prises avec les Ouïgours. Le port devrait en outre assurer à sa flotte de guerre la continuité logistique dans ses relations vers l’ouest. Mais, s’ajoutant à l’instabilité du pays, la recrudescence de la guérilla irrédentiste de la province du Baloutchistan contre le gouvernement pakistanais et ses comparses chinois fait vaciller son développement. Le Pakistan accuse l’Inde d’y mener une guerre par procuration.
À Sri Lanka, les constructions d’un port et d’un aéroport à Hambantota devaient en faire un avant-poste stratégique pour Pékin au débouché du détroit de Malacca. Ces équipements, devenus un boulet mortel ont contraint Colombo à concéder à Pékin (China Merchants Port Holdings) un droit souverain pour [•••]
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n° 162/2022-06
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