L’intolérance religieuse s’accroît dans tous les pays d’Asie du Sud. Les extrémistes hindous persécutent les minorités musulmane et chrétienne de l’Inde, les radicaux musulmans maltraitent les communautés hindoue et chrétienne du Pakistan et du Bangladesh, et à Sri Lanka les militants bouddhistes s’attaquent aux hindous et aux musulmans, ces derniers s’en prenant par ailleurs violemment aux chrétiens. Au sein de ces pays, les migrants internes sont mal reçus dans les provinces d’accueil.
FAITS
En Inde, les déclarations contre l’islam sont fréquentes, allant jusqu’à la critique du Prophète. Les habitations des musulmans à l’origine de manifestations sont détruites. Des lynchages de musulmans accusés parfois à tort de tuer des vaches et de manger du bœuf ne sont pas rares. Des accusations sont faites à l’encontre de musulmans accusés d’épouser des femmes hindoues en les obligeant à se convertir à l’islam. Le boycott des boutiques tenues par des musulmans se pratique dans certaines provinces. Des jeunes filles portant le hijab ne peuvent étudier dans certaines universités. Des appels au génocide des musulmans (plus de 200 millions sur une population d’un milliard quatre cents millions) sont même proférés par des extrémistes hindous. En décembre 2021, à Hardwar dans le nord de l’Inde, des chefs religieux, adeptes de l’hindutwa qui prône l’avènement d’un État hindou, ont lancé un véritable appel au meurtre de masse des musulmans. Les radicaux hindous affirment que les dalits (intouchables) constituent une race inférieure.
Des discriminations frappent également la communauté chrétienne forte de 30 millions de fidèles, par exemple l’interdiction pour des organismes de charité de recevoir des fonds de l’étranger. Des lois interdisant les conversions ont été votées dans les dix États gouvernés par le Bharatiya Janata Party (BJP), qui détient le pouvoir fédéral.
Les traditionalistes hindous prônent le remplacement de la Constitution indienne par la Manusmriti, un des textes fondateurs de l’hindouisme, datant du IIe siècle avant Jésus-Christ.
La révocation, en août 2019, de l’article 370 de la constitution indienne qui accordait au Cachemire une certaine autonomie, a provoqué des tensions dans cette province désormais scindée en deux Territoires de l’Union, Jammu et Cachemire d’une part et Ladakh d’autre part. Les militants autonomistes et indépendantistes cachemiris s’opposent à l’arrivée au Cachemire de personnes venant du reste de l’Inde. Depuis le début de l’année 2022, au moins 19 migrants venant de diverses provinces indiennes et installés au Cachemire, ont été assassinés. Les militants islamistes [•••]
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n° 163/2022-07&08