Les élections législatives thaïlandaises se sont déroulées comme prévu le 14 mai 2023. Si la défaite des partis pro-militaire était prévisible, cette dernière est plus importante qu’envisagée initialement1. Les deux partis réformistes ont remporté une victoire nette. En arrivant légèrement devant le Pheu Thai, le Move Forward a même fait une percée significative. Cela ne veut pas pourtant dire que son candidat au poste de Premier ministre, Pita Limjaroerat, sera en mesure de prendre la tête d’un gouvernement de coalition. Les résistances resteront fortes dans les milieux conservateurs s’associer à un parti qui a clairement pour ambition de placer la question institutionnelle au cœur de sa politique. Cela promet des tractations longues et délicates entre l’ensemble des parties prenantes.
En Thaïlande, gagner une élection ne signifie pas forcément pouvoir gouverner. Si la victoire des deux partis réformistes est claire, cette dernière n’est pas suffisante pour leur permettre de gouverner seuls, même en s’alliant. Les premières projections laissent penser qu’ensemble les deux partis devraient obtenir environ 292 sièges à l’Assemblée nationale (151 pour le Move Forward et 141 pour le Pheu Thai), loin des 376 nécessaires pour avoir une majorité totale (Assemblée nationale et Sénat).
Aucun parti n’est en mesure d’apporter seul les 84 sièges nécessaires à la constitution d’un gouvernement réformateur. On se dirige donc vers la constitution d’une coalition multipartis. Les négociations devraient être longues et hasardeuses avant […]
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n° 172/2023-05