L’Asie profite des problèmes de l’Europe. La crise russo-ukrainienne a été un révélateur des faces cachées de la croissance mondiale dont les résultats, en 2023, donnent les grandes tendances économiques. L’Europe voulait « provoquer l’effondrement de l’économie russe » en la privant de ses recettes pétrolières. L’histoire nous a appris que « mettre la Russie à genoux » était une sacrée gageure. A-t-on oublié l’aigle bicéphale du blason d’Ivan le Terrible, avec ses deux têtes, l’une dirigée vers l’ouest, l’autre vers l’est ? Il était simple d’imaginer qu’elle ne plierait pas, qu’elle se tournerait vers l’Est. Elle le fit avec succès et rapidité, une surprise pour tous. Le monde n’a pas changé, il a seulement révélé au grand jour ses pôles de croissance. La Russie a contribué à ce mouvement, en jouant la Sibérie et ses perspectives. Les dragons asiatiques voisins sont réactifs et voraces. Le transsibérien a été un cordon ombilical sauveur comme il le fut aux périodes cruciales de la Russie, avec une réorganisation étonnamment performante. L’avenir est à l’Est, la crise est à l’Ouest : l’Ukraine est devenue une opportunité pour l’Asie.
FAITS
- Entre 2020 et 2023, les échanges commerciaux de la Russie avec l’Occident se sont effondrés. Ceux avec l’Asie, s’envolent : de 107 à 240 Mds $ US pour la Chine, de 8,5 à 60 Mds $ US pour l’Inde, de 25,5 à 68 Mds $ US pour la Turquie.
- Une dizaine de trains de sanctions à l’encontre de la Russie depuis 2022.
- Le FMI* publie ses chiffres sur la croissance de 2023 et ses prévisions de 2024 : l’Asie, 34 % de la richesse mondiale, avec la Chine et l’Inde, mène la danse, la Russie suit et l’Europe piétine.
- 1er janvier 2024 : la Russie préside les BRICS*. [•••]
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n° 181/2024-03