Japon – Chine : Un retour du nucléaire agité

Ce n’est que pendant quelques semaines que le Japon a pu se réjouir de son retour au nucléaire : l’accord donné à la remise en route de la plus grande centrale nucléaire au monde Kashiwazaki-Kariwa et, avec le blanc-seing de l’AIEA, le début du déversement en mer des eaux de Fukushima décontaminées. Mais il lui a fallu rapidement déchanter. La légitimité des rejets a été sévèrement mise en cause par la Chine et, le 1er janvier 2004 le tremblement de terre de NOTO, à 65 kilomètres de l’épicentre, a mis à mal la centrale nucléaire de Shika insuffisamment protégée. Il lui fallait reconnaître que toutes les leçons de la catastrophe de Fukushima n’avaient pas été tirées. Il devait se montrer plus rigoureux et mettre à jour ses normes de sécurité.  Un moment de lucidité qui devrait inspirer tous les États nucléaire dans le monde.

For only a few weeks, Japan was able to celebrate its return to nuclear power: the agreement to restart the world’s largest nuclear power plant, Kashiwazaki-Kariwa, and, with the IAEA’s green light, the start of the discharge of decontaminated Fukushima water into the sea. But he was soon disillusioned. The legitimacy of the discharges was severely questioned by China, and on January 1, 2004, the NOTO earthquake, 65 kilometers from the epicenter, damaged the inadequately protected Shika nuclear power plant. He had to acknowledge that not all the lessons of the Fukushima disaster had been learned. It had to be more rigorous and update its safety standards.  A moment of lucidity that should inspire nuclear states the world over.

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Corée du Nord : L’agriculture de Kim

Le 28 février 2023, Kim Jong a demandé que s’opère « une transformation fondamentale de la production agricole en DPRK fondée sur une modernisation et une mécanisation sans précédent ». Une nécessité. Car en s’appuyant sur des déclarations officielles nord-coréennes, on montre ce qu’il en est : des paysans dans une situation misérable, plus de bras que de machines pour produire, des fermes d’un autre temps. Sans doute plus de famine mais 45 % de la population sous-alimentée. Pour remédier à une situation devenue insupportable, enfin une politique rationnelle et, on l’espère, résolue et l’aide à venir de la Russie et de la Chine qui permettent d’espérer une autre vie en Corée du Nord d’ici peut-être cinq ans.

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Corée du Sud – Japon – États-Unis : À l’est du nouveau

Trois mois à peine après avoir fait allégeance aux États-Unis pour relever ensemble les plus grands défis de notre époque, les ministres des Affaires étrangères de la Corée du Sud, du Japon et de la Chine se réunissent pour annoncer l’organisation prochaine d’une rencontre entre leurs trois chefs d’État. Enfin réconciliés à l’initiative de Yoon Suk Yeol, le Japon et la Corée du Sud ont pu faire acte d’indépendance et prendre des distances d’avec les USA. Les voilà proches, envisageant même la constitution d’une alliance militaire. En termes financiers elle serait la troisième au monde, et la troisième puissance militaire mondiale si elle se trouvait dotée d’armes nucléaires. C’est ce que souhaitent ouvertement leur chef d’État. Unis, Japon et Corée du Sud sont en capacité immédiate d’en assembler, s’ils n’en disposent pas déjà.

Barely three months after pledging their allegiance to the United States to tackle the greatest challenges of our time together, the foreign ministers of South Korea, Japan and China met to announce a forthcoming meeting between their three heads of state. Reconciled at last, thanks to Yoon Suk Yeol’s initiative, Japan and South Korea were able to act independently and distance themselves from the USA. They are now close, and are even considering forming a military alliance. In financial terms, it would be the world’s third-largest, and the world’s third-largest military power if it were equipped with nuclear weapons. That’s what their heads of state openly want. The United States, Japan and South Korea have the immediate capacity to assemble them, if they don’t already have them.

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Corée du Sud – États-Unis : Des SNA pour Séoul

Unanimes derrière Le vice-amiral Kim Myung-Soo, président du Comité des chefs d’état-major interarmées de la république de Corée, les dirigeants et l’opinion publique coréenne souhaitent que leur pays puisse se doter au plus tôt de sous-marins nucléaires d’attaque. Ceux-ci semblent être déjà à l’étude, dérivés des sous-marins KS III en service dont les dimensions sont comparables aux sous-marins d’attaque français. D’ici 2035, date estimée de leur mise en service, Séoul, dont les réacteurs nucléaires sont parmi les meilleur au monde, saura bien concevoir la chaufferie nucléaire navalisée et disposer des charges d’uranium fortement enrichi qui leur sont nécessaires. Le prix à payer sera le bras de fer à engager avec Washington. Séoul ne semble pas s’en effrayer. Il envisage même d’aller plus loin jusqu’à se doter de sous-marins nucléaires lanceur d’engins, des SNLE, noyau d’une future force de dissuasion à venir.

Unanimously behind vice-admiral Kim Myung-Soo, Chairman of the Republic of Korea’s Joint Chiefs of Staff, Korean leaders and public opinion want their country to acquire nuclear attack submarines as soon as possible. These appear to be already under consideration, derived from the KS III submarines currently in service, whose dimensions are comparable to those of French attack submarines. By 2035, the estimated date of their commissioning, Seoul, whose nuclear reactors are among the best in the world, will be able to design the naval nuclear boiler room and obtain the loads of highly enriched uranium they need. The price to be paid will be the arm wrestling with Washington. Seoul doesn’t seem to mind. It even plans to go so far as to acquire nuclear-powered ballistic missile submarines, the core of a future deterrent force.

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Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n° 178/2023-12 sommaire

1- ÉVÉNEMENTS MAJEURS RÉCENTS ET ENJEUX DE DEMAIN EURASIE Kazakhstan Le Kazakhstan s’émancipe, l’UEE se désagrège, Rémi Perelman, Asie21 Encadré 1 Rappels relatifs aux deux dirigeants successifs du Kazakhstan Encadré 2 Les émeutes de janvier 2022, une tentative de coup d’État bien planifiée, l’OTSC Encadré 3 Russie et Biélorussie, vers d’intégration ? Encadré 4 Bref rappel … Lire la suite

Chine – Hongrie : Un portail pour la Chine

L’accueil hors de l’ordinaire qui a été réservé par toute la Chine au Premier ministre de la Hongrie, Viktor Orbàn, lors du troisième forum international de l’initiative « la ceinture et la route » a une explication : Pékin salue une Hongrie malmenée par l’Europe qui a choisi de collaborer avec la Chine pour assurer son développement. Nombre des pays des PECO la suivent, offrant à la Chine un point d’ancrage solide en Europe. Inconscients, nous les laissons manœuvrer.

There is an explanation for the unusual welcome that Xi Jinping gave to Hungarian Prime Minister Viktor Orbán at the third international forum of the Belt and Road Initiative: Beijing welcomes a Hungary that has been mistreated by Europe but has chosen to cooperate with China to ensure its development. Many CEE countries are following suit, offering China a solid foothold in Europe. Unaware, we let them maneuver.

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Chine – États-Unis : Pour que le yuan puisse s’envoler

S’il était possible de prendre au comptant le rapport de la Banque populaire de Chine sur l’internationalisation du renminbi, celui-ci serait sur le point de s’imposer comme la seconde monnaie à l’internationale. Il n’en n’est rien. En réalité, dans les réserves de change des banques centrales, le renminbi n’atteint pas 3 % des encours et se situe au cinquième rang. Il pourrait en être différemment si les argentiers internationaux pouvaient être assurés de la valeur d’un yuan adossé à d’importantes réserves en dollars de la Chine. C’est là un paradoxe, le RMB à l’international ne peut se passer du dollar et la dédollarisation n’est pas pour demain.

If it were possible to take the People’s Bank of China’s report on the internationalization of the renminbi at face value, it would be on the verge of becoming the world’s second most important currency. But this is not the case. In fact, the renminbi accounts for less than 3% of central bank foreign exchange reserves, ranking fifth. The situation would be different if international money managers could be sure of the value of a yuan backed by substantial dollar reserves in China. Paradoxically, the international RMB cannot do without the dollar, and de-dollarization is a long way off.

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Japon – États-Unis : Quatre cents missiles

Pour répondre à la dégradation continue de son environnement sécuritaire, le Japon acquerra un an plus tôt que prévu 400 missiles de croisières Tomahawk qui équiperont ses destroyers Aegis. Ce programme matérialise la nouvelle stratégie de défense nationale du Japon. Elle met fin à la fiction de « forces d’autodéfense » car elle a pour ambition de faire du Japon, remilitarisé et tourné vers le large, la septième puissance militaire dans le monde et le premier allié des États-Unis sur la zone Asie-Océanie.

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Asia21-Futuribles confidential letter n° 176/2023-10 summary

1- MAJOR RECENT EVENTS AND FUTURE CHALLENGES

FAR EAST

China Uncertainties in China’s agricultural policy. A challenge for the BRICS? Maurice Rossin, Asie21

China – Pakistan Silk Road in Pakistan, celebration, Rémi Perelman, Asie21

Box 1  Pakistan’s socio-economic deficiency, in brief PR

Box 2  « 10e – 8e CPEC anniversary

China – United States – South Korea The semiconductor war is over!, Edouard Valensi, Asie21

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Corée du Nord – États-Unis – Israël : Un État responsable ?

Des missile F-7, armes légères nord-coréennes, ont été vue à Gaza. Pyongyang en nie l’existence et sans chercher à en expliquer la présence, affirme qu’il s’agit là d’une invention, une tentative de Washington pour- rejeter sur un pays tiers la responsabilité de la crise du Proche-Orient, alors que c’est la sienne. Pour mieux accabler Washington , Pyongyang veille à ménageant Israël avec un seul objectif : être perçu comme un État responsable qui reste à distance du terrorisme.

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Chine – États-Unis – Corée du Sud : La guerre des puces, c’est fini !

Il n’a fallu que quatre ans après le prononcé des sanctions informatiques infligées à la Chine par Donald Trump pour que Huawei annonce la mise sur le marché de son portable haut de gamme 5G en technologie 7 nanomètre, Mate60 Pro, et qu’Apple et son IPhone 15 vedette se voient écartés du marché Chinois. Quatre ans pour que l’administration américaine capitule et laisse le champ libre à une industrie informatique chinoise en plein essor et que l’on pourrait voir rejoindre l’industrie américaine dès 2025.

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Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n° 176/2023-10 sommaire

1- ÉVÉNEMENTS MAJEURS RÉCENTS ET ENJEUX DE DEMAIN

EXTRÊME-ORIENT

Chine Incertitudes de la politique agricole chinoise. Un défi pour les BRICS ? Maurice Rossin, Asie21

Chine – Pakistan Route de la soie au Pakistan, célébration, Rémi Perelman, Asie21

Chine – États-Unis – Corée du Sud La guerre des puces, c’est fini ! Edouard Valensi, Asie21

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Chine – États-Unis – Émirats arabes unis  – Pakistan : Une Chine impatiente, des Émirats prudents

La presse mondiale a relayé l’annonce qu’en ce mois d’août 2023 un d’entraînement Falcon Shield-2023 réunirait au Xinjiang les forces aériennes de la Chine et des EAU. Avec cet exercice, Pékin allait beaucoup gagner. Les pilotes de l’armée de l’air des Émirats arabes unis pourraient transmettre l’expérience acquise dans une série de conflits au Proche Orient, et surtout, la Chine allait pouvoir expertiser et évaluer les F-16 émiratis au combat. Mais le coup a manqué. Pas d’exercice. La réaction américaine a été suffisamment vive, pour que les Émirats rentrent dans le rang et renoncent. La leçon est sévère pour la Chine. Ne va-t-elle pas devoir admettre que ce n’est que progressivement, par petites touches, qu’elle pourra prendre pied au Proche Orient.

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Chine. Corruption ? Non, dissuasion 

Ce serait faire preuve de complaisance à l’égard du régime chinois que d’accepter de croire que c’est pour des faits de corruption que tout l’état-major des forces stratégiques de missiles, la Rocket Force, a soudain disparu. L’éclat donné à la prise de fonction de ses successeurs en présence de Xi Jinping force à regarder au-delà de la corruption pour trouver une explication à ces sanctions. Ce pourrait être des imprudences du commandement de la Rocket Force qui toucheraient à la politique internationale, des transferts technologiques inconsidérés qui ont permis à la RPDC de disposer de forces stratégiques au bout seulement de quelques petites années. Des forces qui l’ont mise en capacité de faire monter la tension de toute la région et d’être à l’origine de sa déstabilisation, ce que Pékin déplore. Un enchaînement d’erreurs que Xi Jinping vient de sanctionner.

It would be just complacency towards the Chinese regime to accept that corruption is the reason why the entire staff of the strategic missile force, the Rocket Force, has suddenly disappeared. The pomp surrounding the inauguration of their successor in the presence of Xi Jinping forces us to look beyond corruption to find an explanation for these sanctions. It could be imprudence on the part of the Rocket Force’s commanding officers, touching on international politics, or ill-considered technology transfers that gave the DPRK strategic forces after just a few short years. These forces have enabled the DPRK to raise tensions throughout the region and destabilize it, something Beijing deplores. A series of errors that Xi Jinping has punished.

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Chine – États-Unis – Nations unies : Le message remis à Kissinger par Pékin

Alors que le voyage semi-officiel n’était qualifié que de visite surprise à Washington, c’est un accueil de chef d’État qui a été réservé à Henry Kissinger à Pékin en ce mois de juillet 2023.

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Chine États-Unis : Galium et germanium, une griffure, pas plus

Pour saluer la visite du secrétaire au Trésor américain, Janet Yellen, Pékin a annoncé le 3 juillet 2023 qu’il allait conditionner les ventes de gallium et de germanium à l’obtention d’une licence d’importation. Le prétexte avancé : la sauvegarde de sa sécurité, l’objectif réel : disposer d’une monnaie d’échange pour lever les sanctions dont la Chine est l’objet dans le domaine électronique. Mais l’atmosphère n’était pas à la conciliation. La Chine n’a rien obtenu, pas plus d’ailleurs que Janet Yellen qui espérait que Pékin reprendrait ses achats de bons du trésor pour aider les États-Unis à lutter contre l’inflation. Il y a là un paradoxe. Les deux pays sont inextricablement liés par leurs échanges commerciaux qui s’élèvent dans l’année à près de sept cent milliards de dollars, mais au niveau officiel, dès qu’une difficulté surgit, Pékin et Washington sont bien en peine de se comprendre et de trouver des compromis. Par chance, les industriels des semi-conducteurs sont là pour rappeler les administrations à la raison. La Chine absorbe plus d’un tiers des ventes à l’étranger de l’industrie américaine des semi-conducteurs Ce marché ne peut pas être sacrifié. Il ne faut donc pas trop s’alarmer, à propos des deux métaux stratégiques. Il n’y a à leur sujet qu’une bouffée de chaleur. Il ne faut donc pas perdre espoir, avant longtemps la guerre des puces devrait prendre fin.

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Corée du Nord – France – Nations-Unies : La France dans le déni

Lors de la réunion du Conseil de sécurité demandé par les États-Unis, le Japon et la France pour condamner le tir d’essais d’un missile intercontinental qui s’est achevé dans les eaux de la zone économique exclusive de la Russie, sans menacer aucun des pays voisins, Nicolas de Rivière, le représentant permanent de la France auprès des Nations Unies, s’est totalement aligné sur les États-Unis. Que de contorsion pour cela. Aller jusqu’à proclamer que « la France ne se résoudra pas à ce que la Corée du Nord (RPDC) devienne un État nucléaire » alors que le groupe d’experts des Nations unies a reconnu que les forces de dissuasion de la RPDC étaient substantielles et de haut niveau. S’aventurer jusqu’à dire que « ne pas condamner Pyongyang serait banaliser la prolifération nucléaire », alors qu’il n’y a qu’un État concerné, l’Iran étant déjà sous sanctions. Et comment parler encore d’unanimité au sein du Conseil pour condamner la Corée du Nord, alors que depuis deux ans la Russie et la Fédération de Russie bloquent toute sanction ? Ne faut-il pas enfin manquer de sens commun et avoir un singulier aplomb pour oser demander encore que la Corée du Nord « abandonne ses programmes de manière complète, vérifiable et irréversible », alors que l’on n’a rien à offrir en échange. Hélas, n’est-ce pas la crédibilité de la France qui est mise à mal par ces dénis de la vérité, cet atlantisme inconditionnel ?

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Lettre confidentielle Asie21-Futurible n° 174/2023-07&08 sommaire

1- ÉVÉNEMENTS MAJEURS RÉCENTS ET ENJEUX DE DEMAIN

EURASIE

Eurasie  Entre Moscou et Pékin, l’UEE se désagrège, Rémi Perelman

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Chine – États-Unis – Argentine – Brésil : Quelques yuans pour les Amériques

L’annonce a ému les marchés financiers : l’Argentine et le Brésil abandonnent le dollar pour le yuan pour leurs échanges avec la Chine. Va-t-on vers une mise en cause de la doctrine de Monroe ? Cela ne semble pas. Hors la Bolivie, en Amérique latine rien ne change. Ce ne sera donc que dans la durée, en tirant parti d’opportunités ou de la défaillance locale du dollar que par petites étapes le renminbi trouvera la place que Pékin peut vouloir lui donner.

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