Les tensions entre l’Australie et la Chine nées en 2017 se sont avivées début 2018. Deux faits ont piqué Pékin au vif. Le refus du sino-britannique Huawei & Global Marine Systems comme opérateur de la pose d’un câble Internet reliant les îles Salomon au réseau australien, mais surtout une déclaration ministérielle évoquant les « routes n’aboutissant nulle part » de l’aide chinoise. Par ailleurs, les perspectives d’une relation militaire renforcée entre Canberra et Tokyo inquiètent la Chine, notamment parce que le Japon pourrait s’inviter dans le controversé programme de « souverainisation » de la mer de Chine du Sud.
PERELMAN Rémi
AUSTRALIE 2 – Canberra s’oppose à l’entrisme informatique chinois
Considéré comme un risque de sécurité important par l’Australie, Huawei & Global Marine Systems ne posera pas le câble sous-marin connectant au réseau Internet australien ceux des îles Salomon et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les progrès rapides réalisés en Chine en matière d’IA et de traitement de données en masse ont attisé l’appétit de ses régiments d’informaticiens pour l’acquisition des stocks et des flux de données qui se multiplient dans le monde. La connectivité universelle et l’existence de back doors sont des aubaines pour qui veut dominer le monde.
MALDIVES Le piège de la dette chinoise
L’accord de libre-échange entre la Chine et les Maldives signé en décembre 2017 marque confirme l’ouverture de cet archipel de l’océan Indien à l’influence chinoise, remplaçant sa longue et confiante relation avec l’Inde. Influence, investissement et… piège, celui de la dette qui va faire de Malé l’obligée de Pékin et une perle de plus dans son collier stratégique.
Global Switch, ou comment une société stratégique britannique passe sous contrôle chinois en trois étapes
Global Switch ou comment une société stratégique britannique passe sous contrôle chinois en trois étapes par Rémi Perelman, Asie21, janvier 2018 L’historique À l’origine. Global Switch Holdings, GS, est l’un des leaders mondiaux du marché des datacenters. Aldersgate Investments Ltd, l’une des sociétés du groupe financier britannique Reuben Brothers en avait pris le contrôle en … Lire la suite
Opération « Australia »
Faute de pouvoir investir l’Inde, la Chine cible l’Australie pour devenir une puissance indopacifique. Ce pays-continent dispose d’un territoire enviable, d’une importante communauté d’origine chinoise et pourrait constituer un relais vers l’Antarctique. Pékin se projetterait ainsi vers deux autres quasi-continents à sa mesure et de surcroît relativement vulnérables.
Australie : Ingérence chinoise… et réactions
L’influence chinoise en Océanie mérite l’attention. Plusieurs faits récents en témoignent. D’abord, la publication du Livre blanc de la politique étrangère australienne pour les dix années à venir montre que l’agressivité de Pékin suscite de l’anxiété. Puis, le journalisme d’investigation ayant patiemment mis en évidence les modalités de l’ingérence de la Chine en Australie, une législation destinée à y mettre fin a été mise en chantier à Canberra, provoquant l’ire de Pékin. La Nouvelle-Zélande présente les mêmes symptômes. La route de l’Antarctique serait-elle fermée ?
Lettre confidentielle Asie21-futuribles n°113 janvier 2018 – sommaire
1 – ÉVÉNEMENTS MAJEURS DU MOIS ET ENJEUX DE DEMAIN
ASIE MÉDIANE
IRAN
Révolte ou révolution ? Patrick Dombrowsky, Asie21
Opération Australia, la campagne d’influence de la Chine
Opération Australia,
La campagne d’influence secrète de la Chine en Australie,
Rémi Perelman, Asie21, janvier 2018
Pour devenir une puissance indopacifique – une visée à long terme – et faute de pouvoir investir l’Inde, la Chine cible l’Australie, territoire enviable et relais vers l’Antarctique. Pékin se projetterait ainsi vers deux autres quasi-continents à sa mesure, a priori relativement vulnérables de surcroît.
Dans cette perspective, les objectifs du Parti communiste chinois, PCC, sont au nombre de trois : contrôler les communautés soupçonnées d’hostilité à son égard, se doter de complices et, via de zélés donateurs, influencer favorablement le cours de la politique australienne.
Si l’agence de sécurité australienne, l’Australian Security Intelligence Organisation, l’ASIO, s’en inquiète aujourd’hui sérieusement, le caractère apparemment limité et subreptice des actions incriminées ne soulève pas de vagues sur le plan international, où l’attention est accaparée à juste titre par la première étape du processus qu’est l’avancée en mer de Chine du Sud.
Lettre confidentielle Asie21-futuribles n°112 décembre 2017 – sommaire
1 – ÉVÉNEMENTS MAJEURS DU MOIS ET ENJEUX DE DEMAIN
EURASIE
EURASIE La face sombre des Routes de la soie, Rémi Perelman, Asie21
OBOR ou BRI ? Les deux et plus…
Yidai Yilu, 一带一路, littéralement « une ceinture et une route », expression utilisée au tout début (automne 2013) sont à l’origine de plusieurs sigles souvent employés indifféremment. OBOR, pour One Belt One Road en anglais, est le sigle le plus connu. BRI, pour Belt and Road Initiative, a pris le relais pour, semble-t-il, la raison suivante : Pékin, par souci de gommer une éventuelle interprétation hégémonique susceptible d’être prêtée au mot One (un, une mais aussi unique, comme dans the one coutry/party who could do it), le mot initiative étant apparemment plus neutre. BRI est quelquefois abrégé en B&R selon l’acronyme anglais.
Eurasie : la face sombre des Routes de la soie
Le système des Routes de la soie prend progressivement place, ici et là, dans les réseaux routiers et ferroviaires eurasiatiques. Il en est attendu un accroissement des échanges commerciaux à travers le continent. Il pourrait s’accompagner de risques pour la sécurité et la santé qui, pour l’instant, n’ont pas fait l’objet de réflexion approfondie. Le sujet mériterait pourtant une véritable « étude d’impact ».
Iran – Russie : l’offre et la demande de gaz naturel se situent en Asie
Selon le rapport « Perspectives énergétiques 2017 à l’horizon 2040 » d’ExxonMobil, l’utilisation du gaz naturel enregistrera une forte croissance, représentant un quart du mix énergétique mondial à l’horizon 2040, à égalité avec l’énergie nucléaire et renouvelables. Au cours des 25 prochaines années, 55 % de la hausse de la demande énergétique seront consacrés à la production d’électricité. … Lire la suite
Iran – Russie : tirer profit des nouvelles Routes de la soie
La Russie et l’Iran veulent prendre des parts dans le marché de l’énergie de l’Asie du Sud en alimentant les centrales construites avec le financement chinois.
Asie – États-Unis : D. Trump préfère voyager en Indo-Pacifique plutôt qu’en Asie-Pacifique
Le président Donald Trump est en tournée asiatique du 5 au 14 novembre 2017 (Japon, Corée du Sud, Chine, Vietnam, Philippines). Il a décidé d’appeler désormais « Indo-Pacifique » la région connue jusqu’à présent comme l’ « Asie-Pacifique ». Les raisons en seraient diplomatiques.
Hong Kong : le bac à sable des investissements transfrontaliers et le défi des normes
Lors d’une récente Conference tenue à Hong Kong destinée aux professionnels de l’investissement, chefs d’entreprise et économistes, un ancien président de la Commission de régulation bancaire de Chine a proposé de créer un « bac à sable » à Hong Kong pour stimuler l’innovation financière et l’éclosion de « FinTech ». Les grands opérateurs chinois tels que Baïdu, Alibaba ou Tencent, veulent les outils qui leur permettront d’étendre leurs activités dans le monde entier, tandis que Pékin souhaite peser sur la définition des normes universelles qui seront amenées à les régir.
Chine : nomination à la tête du Centre de recherche sur le financement et le développement
30 octobre 2017, Ma Jun, 53 ans, vient d’être nommé à la tête du Centre de recherche sur le financement et le développement de l’Université Tsinghua. Créé en 2016, ce Centre est un groupe de réflexion relevant de la Tsinghua PBC School of Finance, une coentreprise entre la Banque centrale et la prestigieuse université Tsinghua.
Mongolie : entre Chine et Russie, un petit plus pour Moscou
Un article de la précédente Lettre Asie21 publiait sous la plume de Patrick Dombrowsky un article consacré à une Mongolie tentant de se dégager d’une économie fondée sur les ressources considérables de son sous-sol. Celui-ci en prend la suite en évoquant l’arrivée d’une nouvelle équipe gouvernementale. Le président Khaltmaa Battulga et son Premier ministre Khurelsukh Ukhnaa, issus de deux partis opposés, vont devoir assumer une cohabitation, ce qui est loin d’être l’idéal pour conduire une politique économique radicalement différente de l’exploitation de la rente minière des décennies passées. Le tout sous l’œil attentif de Pékin, de Moscou et des grandes compagnies minières internationales.
Chine – Djibouti : le flagrant délit des chalutiers chinois
L’inauguration en fanfare à Djibouti de la première base militaire chinoise outre-mer, le 1er août 2017 a été précédée de peu par une scandaleuse opération de pêche pratiquée par une flottille de six chalutiers chinois à proximité du littoral, accumulant toutes les infractions. Alors que les chalutiers sont interdits dans l’ensemble des eaux territoriales de Djibouti, elle a opéré de surcroît en pleine aire maritime protégée où, par conséquent, la pêche industrielle est interdite, en utilisant de surcroît une catégorie de filets interdits depuis 1992 … Le tout avec la bénédiction du président de la république de Djibouti.
L’Arctique russe, difficultés et promesses de son développement
Éléments documentaires
Le 6 septembre 2017, le Valdai Discussion Club et Russia 24 Channel ont tenu des débats télévisés intitulés « Pivot de Russie vers l’est : résultats et nouveaux objectifs ».
Russie : le développement malaisé de l’Arctique russe
Le frein mis par les sanctions occidentales au développement de la frange septentrionale de la Russie conduit Moscou à rechercher des coopérations financières et techniques, notamment avec la Chine. L’exploitation d’importants gisements de gaz et de pétrole dans l’offshore des mers de Barents et de Kara attend des jours meilleurs. Le réchauffement de l’atmosphère offre des perspectives incertaines à la navigation circumpolaire entre l’Asie et l’Europe dont la Russie veut tirer profit. L’armée est requise pour, outre la défense, assurer l’administration de cette voie et le support des activités d’extraction des ressources naturelles. Le fruit de ces efforts sera long à mûrir.