Mer de Chine du Sud – hydrocarbures : reprise des pressions chinoises sur les droits des autres riverains

Réduites en intensité après 2012 à l’encontre des pays d’Asie du Sud-Est, riverains de la mer de Chine du Sud, pour s’opposer à leurs activités d’exploration – exploitation des hydrocarbures dans leurs zones économiques spéciales (ZEE) respectives, les menaces chinoises de rétorsion reprennent depuis ce printemps 2017.

FAITS

Entre mai et juillet 2017, en trois occasions, les Chinois ont exprimé de véhémentes protestations, voire dans deux cas exercé des menaces d’action de force à l’encontre des Philippines et du Vietnam. Tout simplement parce que ceux-ci ont prétendu vouloir continuer ou reprendre des activités d’exploration – exploitation des hydrocarbures sur des gisements incontestablement dans leurs ZEE respectives. Le problème est que les secteurs concernés se situent à l’intérieur de la « langue de buffle », ce vaste territoire marin délimité par le tracé en neuf/dix traits (cf. carte jointe n°1) sur lequel la Chine prétend détenir la souveraineté.

Ainsi la Chine s’est-elle montrée péremptoire contre :

  • le projet, pour Manille, de reprendre les opérations d’exploration-exploitation sur plusieurs champs de la ZEE du pays (cf. carte jointe n°2). Le 15 mai 2017 le président Duterte en a exprimé le projet devant son suzerain, Xi Jinping, à Pékin, en marge de la conférence internationale sur le programme chinois des nouvelles Routes de la soie (One belt, one road 一路). En réponse, celui-ci lui a signifié à son vassal que s’il persistait dans son projet, cela contraindrait la Chine à la guerre (cf. encadré1). À partir de là toutefois chemine l’idée, actuellement au seul niveau philippin, de proposer à la Chine une coopération pour opérer en commun sur des gisements situés dans la ZEE philippine (cf. encadré1) ;
  • l’extension à deux ans supplémentaires des droits d’exploitation octroyés en 2006 par le Vietnam à l’indien ONGC sur le lot 128. L’accord a été officialisé par lettre dans la première semaine de juillet 2017 ;
  • l’autorisation donnée par Hanoï, le 21 juin 2017, à la compagnie espagnole Repsol, de commencer les opérations sur le block 136-03, dans le secteur de Vanguard (Tu Chinh pour les Vietnamiens, Wan Anbei pour les Chinois), situé à l’extrême sud-ouest des Spratleys (cf carte jointe n°3). À cette date, le bâtiment spécialisé dans les forages en grande profondeur Deepsea Metro I 1, est sur place pour démarrer les travaux. Pour faire cesser l’activité Pékin menace Hanoï de lui enlever par la force quelques-uns des rochers que les Vietnamiens occupent encore dans les Spratleys. Le 7 juillet, Hanoï capitule et demande à Repsol de suspendre ses activités. Le Deepsea Metro I quitte la zone au début du mois d’août pour rejoindre le port malaisien de Labuan où il arrive le 14 août.

ENJEUX […]

Daniel Schaeffer, Asie21

Encadré 1 – Le projet commun d’exploration – exploitation d’un secteur, contesté par les Chinois, de la ZEE philippine

Encadré 2 – La saga du contentieux sur le banc Vanguard (Vanguard bank)

Voir également :

Asie21 n°89 : Mer de Chine du Sud – Chine – États-Unis : l’USS Lassen dans les 12 nautiques des récifs Subi et Mischief, encadré 4 : problématique de la sortie en sécurité des SNLE de la base navale de Sanya (15 novembre 2015)

Asie21 n°97 : Mer de Chine du Sud – Chine – Cour permanente d’arbitrage (CPA) : Pékin parviendra-t-il à susciter le doute sur le jugement rendu de la CPA dans l’affaire philippine contre Chine ? et encadré 3 : Rappel de l’intérêt stratégique de la mer de Chine du Sud pour la Chine, juillet-août 2016

Asie21 n°105 : Chine – États-Unis – Mer de Chine du Sud, Nouvelle alerte sur les îles, avril 2017

 

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°109 septembre 2017

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