La présidente de la république de Corée, Mme Park Geun Hye, est prise dans la tourmente d’un scandale mettant en cause une confidente, fille d’un prédicateur douteux, à qui elle aurait communiqué des informations dangereuses pour la sécurité nationale, qui aurait détourné de fortes sommes initialement destinées à des fondations d’utilité publique et qui l’aurait amenée à présider des rituels chamaniques à la Maison-Bleue, siège de la présidence. L’intrusion de pratiques religieuses dans la politique doit se comprendre dans le contexte d’un pays qui n’a jamais eu une religion de référence majoritaire et de ce fait demeure à beaucoup d’égards conflictuel.
FAITS
Objet de manifestations hostiles gigantesques qui ne faiblissent pas, la présidente Park Geun Hye, refusant de céder aux demandes de démission, a présenté ses excuses au peuple coréen à la télévision pour ses comportements « inappropriés » et demandé au parlement de proposer une issue légale à la crise, ce qui lui a permis de gagner du temps, la fin de son mandat étant fixée à 2018. Le parlement vient de voter la destitution demandée par l’opposition. La Cour suprême devra la confirmer dans quelques mois.
Parmi les graves accusations portées contre elle figure la pratique de rituels chamaniques dans les locaux de la présidence. Pour comprendre cette apparente bizarrerie, il faut savoir qu’à la différence de pays comme le Japon, qui pratique deux religions de référence mais en même temps (bouddhisme et shintoïsme, version soft du chamanisme) ou l’Indonésie (très majoritairement musulmane), les différentes religions qui se pratiquent dans la péninsule coréenne ont rarement fait bon ménage. Favorisé par les anciens rois de Corée et l’aristocratie (les yangban), le confucianisme venu de Chine au temps où le pays en était un royaume tributaire, plus code de relations sociales que religion au sens « occidental » sans définition très claire de la transcendance, imprègne …
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°101 décembre 2016