Depuis 2006, la Thaïlande a connu des temps troublés avec les coups d’État et la mort d’un roi vénéré et stabilisateur. Après plus de quatre années de quasi dictature militaire et l’avènement d’un nouveau roi, les élections générales vont déterminer l’orientation que va prendre la seconde économie de l’Asie du Sud-Est. La donne, nouvelle à plus d’un titre, conduit à des scénarios fortement contrastés.
Since 2006, Thailand has experienced troubled times with coups and the death of a revered and stabilizing king. After more than four years of near military dictatorship and the advent of a new king, the general elections will determine the direction that will take the second economy of Southeast Asia. The deal, new in more ways than one, leads to highly contrasted scenarios.
FAITS
Prayuth Chan-o-cha, Premier ministre du gouvernement issu du coup d’État de mai 2014, après avoir renoncé à tenir sa promesse d’un retour à un pouvoir civil en 2016 après des élections générales, a réitéré cinq fois, tandis que son gouvernement dépassait la durée de quatre ans respectée par tous ses prédécesseurs. Le 25 juin 2018, sous la pression d’une opinion scandalisée par la corruption de certains ministres, le harcèlement des partis démocratiques et le maintien prolongé d’un régime privatif des droits civiques, la Commission électorale thaïlandaise a finalement évoqué quatre dates possibles entre février et mai 2019. La date retenue devrait être connue le 4 janvier 2019.
Le nouveau roi, Vajiralongkorn, 66 ans, mal connu et dépourvu de l’auréole de son père, a vu son image s’améliorer depuis son accession au trône. Il a :
- imposé à son avantage des modifications à la constitution de 2017 rédigée par la junte,
- remodelé avec ses proches son Conseil privé – un État dans l’État –,
- repris la gestion directe des biens de la Couronne des mains de l’administration,
- choisi le chef de l’église bouddhiste,
- mis sur pied un mouvement d’action civique à sa dévotion de 4 millions de « Volontaires du roi »
- et surtout, il veut réconcilier les camps politiques opposés.
Les généraux ne sont désormais plus sûrs de leur allié traditionnel.
NB. La Thaïlande, 69 millions d’habitants, est la seconde économie de l’ASEAN après l’Indonésie. Des réformes clés s’imposent pour augmenter la demande intérieure et préparer le pays aux effets du vieillissement de sa population. Le rythme de la croissance, estimé à 4 % environ en 2018, n’est que la moitié de celui de 2012 et reste fortement dépendant des événements politiques (en 2011, séquelles de l’année d’émeutes de 2010 ; 2013-2014, crise politique et coup d’État).
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Rémi Perelman, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°122 novembre 2018
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