Indonésie : La lutte contre les trafiquants de drogues justifie-t-elle la peine de mort ?

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Trois mois après son arrivée à la présidence, Joko Widodo a décidé de ne pas gracier les prisonniers qui attendaient leur exécution en dépit des multiples pétitions qui sont arrivées sur son bureau pour demander leur grâce. Cette décision a surpris le monde entier alors que Jokowi avait rappelé à plusieurs reprises pendant la dernière campagne électorale son attachement aux droits de l’homme et que son sourire engageant semblait un gage de ses bonnes intentions. 11 étrangers, dont un Français, ont épuisé leurs recours et attendent à présent leur exécution. Encore une fois, en dépit des appels à la clémence présidentielle, Jokowi a annoncé qu’il n’avait pas l’intention de céder à la pression : « 18 000 personnes meurent chaque année en Indonésie à cause de la drogue : nous ne pouvons pas faire de compromis » a-t-il assuré sur CNN le 27 janvier 2015. « Il n’y aura pas d’amnistie pour les affaires de drogue qui plongent l’Indonésie dans un état d’urgence ».

UGS : Asie21-Futuribles n°81-6 Catégorie : Étiquettes : , , , , , , , ,

Description

FAITS

La décision des autorités indonésiennes de faire fusiller six détenus dont cinq étrangers (quatre hommes – un Brésilien, un Néerlandais, un Malawi et un Nigérian – ainsi qu’une femme, une Vietnamienne) le 18 janvier 2015 pour trafic de drogue a surpris et consterné le monde entier. Dans le plus grand pays musulman au monde, la drogue est devenue un fléau : c’est « au nom de la défense de la jeunesse » que le gouvernement a réagi :

le pays compterait environ 4,5 millions de toxicomanes sur une population de 250 millions d’habitants. De plus en plus de parents déplorent les phénomènes d’addiction dans lesquels sont tombés leur(s) enfant(s), notamment envers l’ecstasy ;

l’Indonésie a décidé, sous la présidence de Susilo Bambang Yudhoyono, de durcir la législation et en octobre 2009, la loi numéro 35 relative au trafic de stupéfiants a été considérablement renforcée. Cependant, aucune exécution n’avait eu lieu en 2014 alors que 60 condamnés – dont la moitié d’étrangers – sont en attente ;

le Brésil et les Pays-Bas ont rappelé leur ambassadeur en signe de protestation ; Michel Sapin a évoqué le cas du Français condamné lors de sa récente visite (janvier 2015) à Jakarta et a rappelé que la France était fermement opposée à la peine capitale, dans quelque contexte que ce soit et où que ce soit. […]

Sophie Boisseau du Rocher, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°81 février 2015