Asie du Sud-Est : Un terrain propice pour l’État islamique ?
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Les événements de septembre 2001 ont rappelé la position stratégique de l’Asie du Sud-Est dans les réseaux terroristes islamiques ; on apprenait en effet dans les semaines qui ont suivi les attentats que les terroristes islamistes s’étaient entraînés dans la région (Malaisie, Philippines, Indonésie) et qu’ils y avaient des soutiens bien organisés. Alors que l’État islamique progresse au Moyen-Orient et menace la sécurité des pays occidentaux, quelle stratégie a-t-il adopté envers l’Asie du Sud-Est et quel accueil y reçoit-il ? Des événements récents comme l’arrestation à Jakarta de ressortissants turcs soupçonnés d’être liés à Daesh ou l’enlèvement d’un couple de touristes allemands à Basilan (sud des Philippines) pour exiger la fin des frappes américaines contre l’EI en Syrie laissent présager d’inquiétants développements.
Description
FAITS
Ces derniers mois, les polices, services de renseignements et forces armées d’Asie du Sud-Est sont éprouvés par des indices qui tendraient à prouver que Daesh développe activement ses réseaux dans une région qui sert de zone de transit, d’espace d’entraînement et de vivier de recrutement. L’Asie du Sud-Est rassemble 25 % des musulmans recensés dans le monde (tendance sunnite). Selon des estimations officielles, 10 % des étrangers combattant dans les rangs de l’EI seraient originaires d’Asie du Sud-Est où les « réseaux de charité » ont été actionnés dès 2011 pour financer les départs vers la Syrie et le Proche-Orient.
En avril 2014, un couple d’Allemands a été capturé à Basilan où, selon le maire de la municipalité, « plusieurs groupes armés musulmans – Abu Sayaf, les Combattants islamiques pour la liberté des Bangsa Moro – ont été infiltrés par l’EI. En mai 2014, un jihadhiste malaisien, Ahmad Maliki, est « mort en martyr au combat » dans le Nord de l’Irak après avoir lui-même tué dans une attaque suicide « plusieurs dizaines de personnes » ; depuis les annonces de ce genre se multiplient. Le ministère de l’Intérieur déplore le départ de plusieurs centaines de personnes, dont des jeunes femmes parties « réconforter » des combattants. Même processus au sud de la Thaïlande et à Singapour où les militants, souvent recrutés par leurs frères malais, s’engagent vers la Syrie. Et en Indonésie où plusieurs méga attentats avaient fait plusieurs centaines de morts entre 2002 et 2009, la tension est montée d’un cran après qu’Abu Bakar Baachir, chef de la Jemaah Islamiyah, eut prêté allégeance à l’EI début août. Les groupuscules qui gravitent autour des mouvances radicales s’organisent pour « contribuer à l’effort de guerre ». […]
Sophie Boisseau du Rocher, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°77 octobre 2014