Asie orientale : y aura-t-il une guerre des monnaies ?

Description

FAITS

Le yen japonais a servi de monnaie de refuge jusqu’à la fin de l’été 2012 lorsque la pérennité de la zone euro semblait incertaine, tout comme l’aptitude des États-Unis à régler leur fiscal cliff (falaise budgétaire). L’afflux de capitaux erratiques au Japon entraîna une forte appréciation de yen qui affecta la compétitivité du pays et sa balance commerciale. La Corée du Sud, concurrent du Japon en fut avantagée. Ses parts de marché ont alors progressé au détriment du Japon en Asie et dans le reste du monde. Une prudente confiance revenant dans la zone euro et l’économie américaine, des capitaux ont quitté le Japon et le cours du yen s’est déprécié au début de l’automne. Mais M. Shinzo Abe trouve que ce n’est pas assez.

1-  Le 22 janvier, il obtient de la Banque du Japon :

•  qu’elle injecte des liquidités dans l’économie pour la relancer et pour peser sur le cours du yen,
•  qu’elle intervienne sur le marché des changes pour accélérer sa baisse. 

2-  Le 23 janvier, une réunion de crise est organisée à Séoul avec les industriels exportateurs pour trouver une parade. Un produit japonais de 100 yens valait 1 467 wons en juillet, il n’en vaut plus que 1 193 fin janvier 2013. Il y a péril pour les exportateurs coréens, principalement sur les marchés asiatiques.

3-  Le 24 janvier, Mme Angela Merkel, à Davos, fait publiquement part de sa « vive préoccupation » devant la décision monétaire du Japon. Le Japon est le principal concurrent de l’Allemagne dans les produits de haute technologie en Asie, notamment sur le marché chinois. Un produit japonais de 100 yens valait 1€ en juillet il ne vaut plus que 0,8 € en janvier 2013 et M. Abe veut encore faire baisser le yen.  Les exportations allemandes seront compromises en Asie.

4-  Le 25 janvier, non sans malice, Jin Liqun 金立群, le président de China Investment Corporation, CIC, déclare que le vrai problème viendra des États-Unis. « Il va falloir que la planche à billets […]  

Philippe Delalande, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°59 février 2013