Bangladesh : La liberté de la presse menacée

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UGS : Asie21-Futuribles 94-11 Catégories : , Étiquettes : , , ,

Description

FAITS

Le 3 février 2016, Mahfuz Anam, directeur et rédacteur en chef du Daily Star, le meilleur quotidien en langue anglaise du Bangladesh, a reconnu à la télévision que la plus grande erreur de sa carrière avait été de publier un article accusant de corruption Sheikh Hasina, présidente de la Ligue Awami et actuelle Premier ministre, sans vérifier ses sources, et cela en 2007, à l’époque du gouvernement intérimaire où la réalité du pouvoir était détenue par l’armée. Il a fait cet aveu lors d’une émission destinée à célébrer les 25 ans de son journal en réponse à la question d’un interviewer. Dès le lendemain, des militants de la Ligue Awami ont commencé à déposer des plaintes contre Mahfuz Anam pour sédition et diffamation, ils l’ont brûlé en effigie et caricaturé en diable. Le rédacteur en chef du Daily Star fait aujourd’hui l’objet de 79 poursuites devant les tribunaux de 53 (sur 64) districts du pays et le montant total des dommages et intérêts qui lui sont réclamés s’élève à 17 milliards de dollars, soit l’équivalent de 8 % du PIB du pays. Les milieux de la presse à Dacca ont cru pendant plusieurs semaines que ces plaintes étaient le fait de quelques militants exaltés et qu’un mot du Premier ministre suffirait à calmer leurs ardeurs. C’est le contraire qui s’est passé : Sheikh Hasina a demandé à Mahfuz Anam de démissionner de ses fonctions (ce qu’il n’a pas fait) et de faire face à ses responsabilités devant les juges. Depuis lors, ce grand journaliste va de tribunal en tribunal pour s’entendre signifier les accusations portées contre lui. À chaque fois, il est laissé en liberté dans l’attente de son procès. […]

Michel Lummaux, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°94 avril 2016

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