Birmanie : Des enjeux sensibles
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Depuis « l’autodissolution » de la junte en mars 2011, la Birmanie est entrée dans un processus actif de réformes, sur les terrains politique et économique. Deux événements majeurs permettent d’attester des progrès parcourus depuis cinq ans : l’accord de cessez-le-feu avec certains des groupes armés (octobre 2015) et l’organisation des élections législatives (novembre 2015). Après vingt ans d’un pouvoir exclusif exercé par la junte militaire et précédés par un « socialisme à la birmane » qui l’a épuisé, le pays retrouve le chemin d’une relative normalité ; d’ailleurs, les sanctions internationales ont été progressivement levées. Reste à confirmer ou pas « l’irréversibilité » de la transition rendue difficile et complexe par plusieurs décennies de pesanteurs politiques et économiques
Description
FAITS
Le 15 octobre 2015, un accord de cessez-le feu est signé à Naypidaw entre le gouvernement birman et les chefs de huit mouvements séparatistes d’ethnies minoritaires dont celui de l’Union nationale Karen. Treize organisations séparatistes ont refusé de le signer (comme les Kachins) ou ont été écartées des négociations (comme les Kokangs ou les Palaungs). Les minorités ethniques représentent 30 % d’une population de 52 millions d’habitants. Certains experts estiment qu’il faudrait dès à présent commencer à négocier sur l’organisation d’un État fédéral, sujet sur lequel aucun progrès substantiel n’a été fait depuis le dernier cessez-le-feu il y a 17 ans.
Le 8 novembre 2015 aura lieu le premier scrutin ouvert depuis 1990 dont les résultats (la LND d’Aung San Suu Kyi avait remporté près de 80 % des votes) n’avaient pas été acceptés par le régime en place. Aujourd’hui, 92 partis (dont 60 partis enregistrés) présentent des candidats à la fois au Parlement national mais aussi aux parlements régionaux.
Figure emblématique, Aung San Suu Kyi, 70 ans, ne peut toutefois prétendre à la fonction suprême. L’article 59F de la Constitution de 2008 interdit en effet aux citoyens birmans ayant au sein de leur famille des membres de nationalité étrangère d’occuper la fonction de chef de l’État. Malgré des tentatives pour modifier la Constitution, ces derniers mois (pétition de près de 5 millions de signatures), le Parlement a rejeté la dernière motion visant à modifier cette clause en juin 2015. La LND est le parti qui présente le plus de candidats (plus de 1000) ; Aung San Suu Kyi a déclaré que si son parti remportait les élections, elle exercerait « d’une façon ou d’une autre » le pouvoir.
Ouverte depuis le 8 septembre, la campagne s’est déroulée dans le calme, à l’exception d’une tension fin octobre à l’égard d’un candidat de la LND. De nombreux observateurs internationaux sont sur place pour veiller à ce que le scrutin soit « libre et équitable ». Les membres de l’organe local qui veille au bon déroulement des élections (UEC) restent proches du pouvoir sortant. […]
Sophie Boisseau du Rocher, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°89 novembre 2015
Informations complémentaires
Région | Asie du Sud-Est |
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Pays | Birmanie |