Birmanie : Reprise des violences en Arakan entre minorité rohingya, autorités arakanaises et police fédérale, un danger pour la normalisation du pays ?

Description

FAITS

Dans la nuit du 9 au 13 octobre 2016, un groupe de 200 hommes armés non identifiés a attaqué un poste frontière près de Maungdaw, à la limite territoriale avec le Bangladesh, dans l’État de l’Arakan* (Rakhine en anglais comme certaines agences francophones écrivent à tort).  Neuf policiers ont été tués.  La police a riposté, tuant dix assaillants et récupérant des armes.  Selon les autorités, les assaillants appelaient les Rohingyas au djihad. Les Rohingyas, dont le nom lui-même n’est pas accepté par les autorités birmanes, sont une population musulmane originaire du Bangladesh et concentrée dans l’Arakan, que les gouvernements birmans successifs, y compris l’actuel, dirigé par Mme Aung San Suu Kyi, ne reconnaissent pas comme minorité nationale, mais comme une population immigrée largement « flottante ». Beaucoup vivent dans des camps du Haut Comité de l’ONU pour les réfugiés. Il est possible que cette attaque soit une réplique à la décision récente des autorités de l’Etat d’Arakan de détruire douze mosquées, quinze écoles coraniques et trois cents habitations ou commerces, majoritairement occupés ou tenus par des musulmans, tous construits sans autorisation. S’agissant des écoles coraniques, les autorités précisent qu’indépendamment de l’absence de permis de construire, l’enseignement qu’elles dispensent est de mauvaise qualité (limité le plus souvent à l’étude du Coran) et ne permet pas l’accès à l’emploi. […]

Jean Hourcade, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°99 octobre 2016