Chine : De nouveaux motifs pour investir en France
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La crise économique qui dure en France modifie les raisons d’investir des Chinois. Mais le flux d’investissement chinois en France ne diminue pas, au contraire. Tous les investissements ne sont pas bénéfiques pour la France. Elle doit trouver les moyens de se prémunir contre les projets nocifs et d’encourager les autres.
Description
FAITS
Lors de sa visite en Europe en mars dernier, Xi Jinping a exhorté les Chinois à y investir. Il fut accueilli à bras ouverts dans cette Europe en stagnation. Tout investissement semble bon à prendre si on ne mesure pas ses conséquences à terme. Le stock d’investissements chinois en France est encore modeste :
- 250 entreprises chinoises sont établies en France,
- 9 000 entreprises françaises en Chine.
Mais c’est la croissance des flux qu’il faut considérer :
- le flux d’investissement direct français en Chine fut de 1,7 Mds €, selon la banque de France, en 2012 ;
- celui de Chine en France (Hong Kong inclus) de 4,2 Mds €, 16 fois plus qu’en 2005.
La stagnation économique française modifie les motifs d’investissement en France pour les Chinois.
Une raison ancienne d’investir s’estompe : maîtriser des portes d’entrée sur le territoire français pour y exporter et éventuellement y investir. L’aménagement des 14 hectares d’entrepôts que la société de Hsueh Sheng Wang, Eurasia 欧花商贸中心, a achetés au Havre pour importer des matériaux de construction chinois a pris 10 mois de retard. Le secteur du bâtiment est en récession en France. Peut-on espérer des profits en fournissant un secteur en crise ? Même chose pour le « Business district » à Châteauroux et « Terra Lorraine » à Illange sur la Moselle. Ces deux projets n’avancent guère car ils peinent à convaincre les PME chinoises qu’elles peuvent gagner de l’argent dans un pays en stagnation.
Un motif se développe : ramasser des entreprises françaises au bord de la faillite, pour pas cher. Mais des Chinois peuvent-ils les redresser si le marché européen stagne et les marges se rétrécissent ? Oui peut-être, si on les transporte en Asie où la croissance demeure forte. Fosun 㚆星 qui tente une OPA sur le Club Med dont la santé s’était gravement dégradée depuis fin 2011 a pour but de développer ses activités en Asie où les industries de loisir explosent. L’intention de l’Italien Andrea Bonomi qui mène une controffensive est de poursuivre en priorité le redressement du Club sur le marché français et européen. De multiples exemples illustrent cette tendance d’acquérir une entreprise française pour transférer son activité en Asie.
Un motif d’investissement chinois se développe, la spéculation immobilière et foncière. La tentative, avortée, de la State administration of foreign exchange, SAFE, d’acquérir le Centre commercial Beaugrenelle reposait sur l’espoir d’une plus value garantie par l’emplacement exceptionnel de ce centre en bord de Seine. Les acquisitions chinoises qui s’accélèrent de vignobles français d’appellation contrôlée reposent sur le même calcul. Le prix de ces vignobles délimités ne peut qu’augmenter puisque la consommation de vin de qualité croît. Cette hausse des prix entrave l’installation de jeunes vignerons français.
Un motif d’investissement est en plein essor. Les Chinois achètent l’État de droit en France qui leur fait défaut. […]
Philippe Delalande, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°77 octobre 2014