Chine : Le piège de la non-ingérence
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La Chine fait l’apprentissage de son rôle de banquier du Sud.
China advances in its learning curve as a creditor.
Description
FAITS
Depuis 2010, les banques publiques chinoises (ExIm et China Development Bank) prêtent davantage aux pays émergents que l’ensemble des banques de développement – Banque mondiale, Banque africaine de développement, Banque asiatique de développement et la Banque interaméricaine de développement.
- Concentrés sur l’énergie et les infrastructures, leurs financements sont plus complémentaires que concurrents de celui des institutions internationales.
- Un faible pourcentage de leurs prêts relève de l’aide publique au développement et dans la majorité des cas, leurs conditions financières (taux d’intérêt, délai de grâce et maturité) sont plus proches de celles des banques commerciales.
- La simplicité des procédures et la souplesse d’utilisation sont le principal avantage de ces prêts de même que leur disponibilité, car ils sont ouverts à tous les pays y compris ceux auxquels les banques de développement ne sont pas autorisées à prêter car trop endettés selon le FMI qui mène régulièrement des analyses de soutenabilité de la dette.
La croissance des prêts chinois s’est accélérée depuis le lancement de la BRI qui s’étend bien au-delà de la ceinture terrestre ou des routes maritimes reliant la Chine à l’Europe. Les estimations des prêts chinois montrent que depuis 2016, leur croissance ralentit du fait des mesures prises par les autorités chinoises contre les sorties de capitaux.
La disponibilité des crédits chinois a contribué à élever le taux d’endettement de nombreux pays.
- En Afrique, ce taux a retrouvé son niveau d’avant la mise en œuvre par l’OCDE, de l’initiative de réduction des dettes des pays pauvres.
- L’analyse exhaustive1 des pays situés le long des Routes de la soie a révélé que 23 d’entre eux sont en situation de surendettement – dont le Cambodge, le Kenya, le Laos, le Monténégro, le Tadjikistan).
- Au Pakistan, l’accélération des décaissements dans le cadre du Corridor économique a précipité la énième crise financière de ce pays.
- La Chine est le principal créancier de l’Équateur qui a fait appel au FMI pour résoudre sa crise et du Venezuela qui traverse une crise (économique, politique et humanitaire) sans précédent. […]
Jean-Raphaël Chaponnière, Asie21
Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°130 juillet-août 2019